La guerre, qui bouleverse le nord de l’État de l’Ouganda, est une du plus féroce entre celles du continent africain. Ce conflit pourrait sembler un conflit local, mais la réalité de cette crise est plus complexe et très articulée. Les rebelles du LRA (Lord’s Resistance Army), nommés Olum en langue acholi, ont semé dans ces ans dans les districts de Gulu, Kitgum, Pader, Lira, Apac, Katakwi, Soroti morts et destruction ainsi que dans le voisin Soudan méridional. L’histoire du LRA commence en 1987 à peu près, à la suite de la défaite militaire d’Alice Lakwena, leader d’une faction militaire antigouvernementale appelée “Armée du Saint-Esprit ” contre le président Yoweri Museveni qui avait pris la gestion du Pays dans le janvier 1986. En 1986, Omukama (le surnom donné au président qui signifie Chef en langue bantoue) Museveni avait déposé par un conflit très rapide les généraux Basilio Olara et Basilio Okello. La victoire de Museveni avait aussi été due à l’enrôlement dans son “Armée de résistance nationale (NRA)” de beaucoup de petits enfants que de fait, ils constituaient la structure de ses troupes militaires. C’est avec la prise du pouvoir du président Museveni que Joseph Koni, soi-disant cousin d’Alice Lakwena, fonde un nouveau groupe rebelle dénommé avant “Force mobile du Saint-Esprit”, successivement “Armée de résistance du Signeur ”.
La région dans laquelle le LRA (Lord’s Resistance Army) sème de la terreur et morte, elle est habitée par des groupes ethniques principalement “Acholi” et “Lango” mais aussi par des familles claniques “Kuman” et “Tendu”. La région située dans le nord de l’Ouganda, c’est une immense plaine colorée par de taches de savane et des montagnes rocheuses comme l’Ologa et le Pagoro autant que le mont Langia qu’il se pousse même jusqu’au fond de la nation soudanaise. Un temps dans cette région, il me raconte le journaliste et missionnaire Giulio Albanese, la faune était très riche et nombreuse. On pouvait trouver tous les animaux typiques de la région équatoriale et tropicale, mais depuis peu d’ans la pauvreté et la guerre ont produit une extermination de beaucoup d’espèces. Les familles claniques les plus frappées par la férocité du LRA sont celles des “Acholi” et “Lango”. Les rebelles du LRA ont en effet enrôlé dans leur milice beaucoup d’enfants de ces deux clans, mais aussi des petits entre les huit et les dix-huit ans des familles claniques “Tendu” et “Madi”.
Le Soudan du président Omar Hassan el Beshir a appuyé et, officiellement financé, pour presque d’une décennie la milice du Lord’s Resistance Army, pendant que le gouvernement de Kampala a continué à être un fidèle allié du colonel John Garang, leader de l’ Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), formation antigouvernementale au sud de Khartoum.La collaboration entre Khartoum et les rebelles du LRA serait terminée officiellement en 2002 à la suite de la normalisation des relations politiques entre Khartoum et Kampala, mais témoignages directs de la société civile ougandaise démentent ces affirmations du leader soudanais. Khartoum continue de facto à appuyer Joseph Koni en fournissant aux rebelles équipement militaire dans des localités au sud de Juba contrôlé par le LRA ou dans d’autres champs sur la frontière entre les deux pays. La guerre dans le nord de l’Ouganda continue de plus à être fonctionnelle pour le même gouvernement de Yoweri Museveni pour tenir en respect le groupe ethnique “Acholi”, traditionnellement hostile au Président ougandais. L’accord de paix entre le gouvernement soudanais et la formation militaire guidé par John Garang, paraphé à Nairobi le neuf janvier 2005, il ferait bien espérer aussi pour une possible paix dans le Nord Ouganda. Seulement bien espérer ! Car d’autres tentatives de pacification comme l’amnistie de l’an 1999 pour tous les membres de la guérilla, accordée par Yoweri Museveni, il n’a pas produit résultats certains ni les initiatives de dialogue du 2004 acheminassent par l’ancien ministre Betty Bigombe. À aujourd’hui, le conflit continue à moissonner de victimes et l’avenir reste incertain.
La presse internationale a rarement garanti une riche couverture de nouvelles pour ce qui arrive depuis beaucoup de temps dans le Nord Ouganda. Avec la crise iraquienne, une bonne partie des correspondants de guerre ont été transférés entre les Tigres et l’Euphrate en oubliant cette guerre pas moins dramatique et sanglante. Comme rares, ils ont été aussi les délégations diplomatiques de l’Union Européenne, du Canada, des États-Unis qui joignent au nord de l’Ouganda pour prendre note du dégrade humain, de la totale violation des droits humains ou de la pauvreté indescriptible dans laquelle les individus de cette région vivent. Ici, les individus coulent dans leurs mêmes excréments. Il suffit de visiter le champ des réfugiés de Cwero pour faire revenir à l’esprit la dénonciation de Primo Levi dans l’essai “Si c’est un Homme.” J’ai été dans le champ de Cwero, Giulio Albansese me raconte encore, en 2002 . L’émotion brutale est toujours indescriptible. Les cabinets étaient tous embouteillés au point que l’air était irrespirable. Je m’arrête dans le champ pour saluer des gens évacués et un garçon se rapproche pour me demander où je suis dirigé. Je lui explique que je suis dirigé au Kitgum, il me regarde étonné et il me dit, qui est très dangereux se diriger à Kitgum. À ce point il me dit des mots, fidèlement transcrits, qui sont devenus ma mission à respecter jusqu’à la fin de mes jours : “Tu dois être très courageux si tu es venu dans ces lieux, chez nous. Tes mots puissent s’envoler comme de gazelles avant qu’il soit trop tard pour nous tous”.
Antonio Torrenzano