Réflexions sur les Droits de l’Homme et l’impunité des tyrannies.

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Le dix décembre sera la Journée internationale des Droits de l’Homme. À ce propos, le point de repère essentiel est sans doute la Déclaration universelle des Droits de l’Homme, élaborée à la fin de la deuxième guerre mondiale en réponse à ses atrocités et qui constitue le premier moyen international de protection des droits humains, en étant la grande innovation du droit international de la seconde moitié du vingtième siècle. La Déclaration Universelle des Droits de l’Homme est devenue le texte fondamental pour l’élaboration des actes et des instruments internationaux suivants en matière de droits humains. Ses normes ont été consacrées comme dispositions jus cogens, étant admises dans la catégorie des normes internationales auxquelles on ne peut pas déroger.

En d’autres termes, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme a consacré une nouvelle vision de l’individu que les Nations Unies et d’autres institutions tendent à promouvoir. De nos jours, on s’accorde donc à considérer les droits de l’Homme comme l’expression directe de la dignité de la personne humaine; et que l’obligation pour les États d’en assurer le respect et la réalisation découle de la reconnaissance de cette dignité et que cette obligation internationale est une obligation erga omnes qui incombe à chaque État vis-à-vis de la communauté internationale dans son ensemble. Ce texte fondamental comprend, sans aucune graduation d’importance, tous les droits humains, soit les droits civils et politiques – définis par une certaine doctrine comme droits de première génération – soit les droits économiques, sociaux et culturels, décrits comme les droits de deuxième génération. La Déclaration a constitué et constitue donc le principal instrument pour la réalisation de l’être humain.

Depuis l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la communauté internationale a adopté le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et le Pacte international relatif aux droits civils et politiques en 1966, en vigueur en 1976. Ces Pactes ont prévu pour les États signataires des obligations juridiques et des droits réciproques en donnant une forme explicite aux droits consacrés dans la Déclaration.Les actes internationaux surnommés – et surtout la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme – ont inspiré la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981, la Convention américaine relative aux droits de l’homme de 1969 et l’activité d’institutions spécialisées comme l’UNESCO, l’ILO ou l’OMS. Par ailleurs, l’Acte final de la conférence internationale d’Helsinki de 1975 sur la sécurité et la coopération en Europe constitue une application de la Déclaration pour certains profils, notamment pour ce qui concerne la coopération dans le domaine humanitaire et d’autres secteurs. La même Convention européenne des Droits de l’Homme de 1950, adoptée dans le cadre du Conseil de l’Europe, a été inspirée au texte de la Déclaration Universelle. Certainement, les actes internationaux inspirés des principes consacrés dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme sont la preuve qu’il y a désormais une modification de la communis opinio au niveau international. En effet, même si cette doctrine n’a pas d’effet direct sur la subjectivité internationale de l’individu, elle amène à considérer d’une façon différente les droits de l’être humain.

Je constate, toutefois, que les tyrannies, qu’elles soient de droite ou de gauche, d’orient ou d’occident, d’hier ou d’aujourd’hui ou de demain, se ressembles encore toutes. Tout est identique:les systèmes de répression, les arrestations, les interrogatoires, les cellules d’isolement, les gardiens obtus qui confisquent même le stylo et le papier pour écrire, identiques les persécutions quand on fait sortir de prison le réprouvé qui a osé désobéir, les contrôles et menaces et les tentatives pour l’éliminer s’il est incorrigible. Mais il ya un point particulier que partagent toutes les tyrannies,une chose curieuse au premier abord:le refus de laisser partir le réprouvé qui de s’en aller dans un autre Pays. Car s’il part, s’il ne dérange plus,comment faire pour se venger de sa désobéissance. Comment fait-on pour le surveiller, le tourmenter, le remettre dans une prison? Comment fait-on surtout pour l’empêcher de s’exprimer ou plutôt de penser ? Pour les tyrannies, le réprouvé en exil constitue un problème plus grave que le réprouvé dans le Pays. Pourquoi? Car , en exil, il pense,il s’exprime,il agit et,pour se débarrasser de lui, il faut prendre la peine d’envoyer un tueur qui l’abatte à coups de pistolet.

Exemples concrets? Bien sur chers amis:le Dalaï-Lama, Haung San Suu Kyi au Myanmar qui attends un passeport depuis une vie, les peuples africains violés par la misère, l’égoïsme des multinationales et l’avidité du Nord du monde, les registres des certifiés de naissance brulés en Bosnie dans la région des Balkans, le riche (sic!!!) peuple chinois sans liberté de presse, de parole ou cohésion sociale.Au fond, Hobbes a raison: l’homme est animé de pulsions violentes envers son espèce. Mais l’auteur du Léviathan a tort de nous assimiler au loup. La meurtre du loup par le loup est tabou. Depuis la nuit des temps, le loup a aboli la peine de mort.Les États-Unis et la Chine en sont loin. Aucune bête sauvage n’aurait jamais assassiné ses congénères comme nous nous y employés à Srebenica, Sarajevo, Kigali au Rwanda, dans l’Ouganda du Nord, au Congo, à Mogadiscio,au Myanmar, au Tibet, au Darfur, en Cecenie. Aucun animal n’aurait pu concevoir et exécuter cet ordre que je retiens le plus barbare.

Qu’est-ce que alors un Homme privé de sa dignité ? Qu’est-ce que alors un Homme sans ses droits et sans liberté ? Qu’est-ce que alors une vie humaine sans dignité? Quand l’existence d’un homme et d’une femme n’a plus rien d’humain, le demain n’est pas un autre jour . Bien plus que le tigre de Racine, nous sommes altérés de sang. Meurtriers,tortionnaires et fiers de l’être. L’Homme est-il capable de maitriser les forces qui le poussent à la tyrannie? Reussira-t-il à réfréner son aggressivité pour tendre vers un but collectif qui le dépasse? La survie de l’humanité au vingt et unième siècle dépend de la réponse qui sera donnée à ces questions. Mon coeur voudrait dire oui. Ma raison répond non! On n’aurait rien fait, affirme Patrick Wachsmann, si l’on s’était contenté de déclarer, de proclamer les droits de l’homme: c’est évidemment leur réalisation qui importe et celle-ci suppose la mise en place de mécanismes de garantie qui soient effectivement au service et à la disposition des titulaires de ces droits.

 

Antonio Torrenzano

 

*Special thanks to Jean-Stéfane Cantero photography pour l’image “People”. Website: www.stef-cantero.com

 

One comment

  • Je suis d’accord avec vous. Dans notre systeme mondialisé, les droits de l’homme et la dignité de la personne est encore ecrasée. Compliments pour l’article. Raffaella

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