OGM,vache folle,oestrogènes… le marché de nos folies! Conversation avec Carlo Pedrini, président Fondation Slow Food.

carlopetrini_photo.1200603667.jpg

Conversation avec Carlo Petrini, fondateur et président de la Fondation internationale Slow Food de Turin. Le mouvement Slow Food est une association qui a pour but celui de sauvegarder le secteur alimentaire. Il est soutenu par une philosophie bien déterminée et qui se jette contre le fast life (voit comme un virus à écraser). La Fondation Slow Food, depuis quelques années, à mis en place Terra Madre:la rencontre mondiale des communautés de la nourriture, le plus grand farmer market du globe qui fait rencontrer intellectuels et pêcheurs, presque 250 universités, milliers de paysans avec toujours le même but :sauvegarder le secteur alimentaire, les produits agricoles locaux, le gout et la santé.

Antonio Torrenzano. Les États Européens sont de plus en plus réticents à accepter les OGM. En Autriche, en Allemagne, en Grèce, en Italie et maintenant en France, l’application de la clause de sauvegarde, prévue par l’article 23 de la directive 2001-18 sur les organismes génétiquement modifiés, est invoquée et utilisée. Les positions de plusieurs États européens vont renforcer le courant critique en Europe sur les OGM. Pourquoi si tard ?

Carlo Petrini. La production de la nourriture, aujourd’hui ainsi internationalisée, c’est une absurdité non plus soutenable. Faire voyager de la nourriture fraîche d’un continent à l’autre, user énergie, détruire biodiversité, rendre les sols moins fertiles par l’usage excessif d’engrais et pesticide, avoir des monocultures qu’ils sucent eau par une manière disproportionnée, elle est devenue une folie. Il faut revenir à une économie locale en champ agroalimentaire avec le but de construire un rapport plus harmonique avec la nature vivement enracinée sur le territoire. L’économie de la nature ne doit pas remplacer celle du tertiaire, mais elle garantit la nourriture et elle est pour ce motif primaire. Dans ce moment, l’économie primaire est revenue à avoir une centralité stratégique parce que les ressources sont en train de finir. Dans dix ans, nous ne mangerons pas d’ordinateur. Je ne dis pas que tout doive devenir agroalimentaire, il faut cependant que l’économie agroalimentaire soit plus localisée. Dans le secteur agricole plus je réduis les coûts, plus je favorise des externalités négatives. Une idée économique, pas un principe éthique, une déséconomie. Si j’achète, par exemple, une tomate de la Chine, obtenue par main-d’oeuvre sous-payée, elle me coûte moins, mais j’ai fait voyager un navire qui a usé d’énergie: celle-ci est une externalité négative. Toujours en achetant cette tomate chinoise nous produisons une autre externalité négative: faire disparaître la tomate autochtone. Encore, nous produisons nourriture pour 13 milliards de gens, nous sommes 6 milliards et 300 millions, mais 800 millions d’individus ne mangent pas chaque jour. Je vous fais un autre exemple, celui du café. Pourquoi dois-je griller tout le café en Europe? Est-ce qu’on ne peut pas griller le café en Guatemala et l’exporter déjà beau et confectionné dans les sachets ? Un paysan sur une tasse de café prend 2 %: c’est-à-dire sur 01 euro il gagne 2 centièmes. Si je lui apporte le bénéfice sec, le grillage, l’habillement, au lieu du 2% en Guatemala il reste 42 %. Tel processus pourrait faire devenir plus riche l’économie du Guatemala. Nous croyons, comme mouvement, qu’on doit revenir à une économie locale. Pourquoi ? Parce que notre point de départ a été la constatation que le procès de mondialisation et l’agriculture industrielle, ils sont en train de porter de plus en plus à une rapide érosion de produits alimentaires et à une évidente extinction d’espèces animales et végétales inexorables. Par ces réflexions naît le mouvement Slow Food.

Antonio Torrenzano.OGM, amiante, vache folle, oestrogènes ou hormones pour augmenter le rendement des élevages, il me semble être des tragédies antiques. Sophocle, Eschyle ou Euripide auraient pu les écrire…En autorisant la mise sur le marché de nos folies, préparons-nous nos tragédies de demain?

Carlo Petrini. La différence est que l’agriculture industrielle, standardisée, tente de devenir hégémonique, à éliminer l’agriculture de la sauvegarde, de la qualité. Il y a en jeu deux débuts différents : le début de Prometeo, ce du progrès obtenu qui soumet la nature au vouloir de l’homme et qu’il nous a apporté où nous sommes à présent ; le début de Noé, ce qui considère conserver, à sauvegarder la biodiversité, les espèces animales et végétales, tous les produits exclusifs des différents endroits de la Terre. Notre projet de sauvetage des produits au risque d’extinction, de la qualité de la nourriture et du goût, nous fait ranger ouvertement de la partie du début de Noé. De Seattle à Gênes, avant et après, le problème de la nourriture et de la manière dans laquelle les biens agricoles se produisent, il est devenu ( comme il n’a pas succédé peut-être jamais) un des sujets sur lesquels il se remue un mouvement social avec d’idées bien claires. Seattle a été un événement très important, les grands du monde étaient déjà prêts à se répartir le gâteau et ils se sont aperçus de la présence d’une opposition qu’ils avaient du tout sous-estimée. J’ai rencontré en France José Bové, un des paladins de la lutte contre la globalisation alimentaire et pour la défense des produits de l’agriculture locale. C’est un mouvement, le sien, très intéressant et qu’il va dans une direction qu’il me trouve d’accord. Mon idée est celle d’une nouvelle régionalisation de l’agriculture en valorisant des produits du marché local et en créant des liens plus forts parmi l’agriculture et le territoire d’origine.

 

Antonio Torrenzano

 

Join the discussion

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *