L’Europe face aux nouveaux défis. Conversation avec le président de la Commission Européenne, M. José Manuel Barroso.

 

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Conversation avec M.José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. L’entretien a eu lieu à Parme,le 11 janvier 2008 à l’auditorium Paganini, auprès de la Fondation Collège Européen de l’Université des études de Parme où le Président de la Commission a ouvert la nouvelle année académique 2008 du Collège. La première partie du dialogue a été publiée mercredi 30 janvier 2008.

Antonio Torrenzano. Je voudrais continuer cette conversation en vous demandant quels seront les objectifs de l’Europe après la conférence internationale de Bali sur le climat.

José Manuel Durão Barroso. La politique énergétique que la Commission a proposée en 2007 pour l’Europe, c’est celle d’un XXI siècle qui verra le tarissement des sources d’énergie fossile et qui doit trouver d’urgence des alternatives. Mais c’est aussi, sur le plan de la politique européenne, une nouveauté absolue, dans un continent dépendant de sources d’approvisionnement extérieures situées dans les zones les plus instables du monde. Le plan d’action ambitieux permettra d’assurer, à l’échelle de l’Union, la sécurité de notre approvisionnement, la viabilité de notre consommation à long terme et la compétitivité de notre marché.Ensuite, parce que l’un ne va pas sans l’autre, nous avons lancé un plan très concret et contraignant de lutte contre le changement climatique, qui est en train d’asphyxier notre planète. Ce plan nous place en position de précurseur international. Il nous donne une longueur d’avance dans la mise en place d’une économie sobre en carbone et en pointe dans les écotechnologies. Je suis convaincu que cette double stratégie «d’ouverture offensive» va amener l’Europe au seuil d’une troisième révolution industrielle. Certains voudraient aussi faire croire que la mondialisation est un prétexte pour adopter une attitude fermée et égoïste. C’est faux. Prenons l’exemple du changement climatique. Nous sommes six milliards d’êtres humains à partager une seule et même Terre. S’attaquer au réchauffement planétaire et prendre la tête de ce chantier mondial comme l’a fait l’Europe, c’est faire preuve de responsabilité collective. C’est aussi faire preuve de solidarité et, je tiens à le souligner, de générosité. Solidarité avec les générations futures, mais aussi solidarité et générosité à l’égard des pays en développement, qui n’ont pas les ressources financières et technologiques des pays industrialisés, et que nous voulons aider à maîtriser le changement climatique. Je pense en particulier à l’Afrique, qui a besoin de notre soutien, notamment sous forme de transferts de technologie. Dans le même ordre d’idée, je voudrais dire que les récents accords politiques conclus pour Galileo et pour l’Institut européen de technologie vont faire franchir à l’Europe un pas décisif dans le XXI siècle des technologies, de la recherche et de l’innovation. Je suis très fier de la contribution que la Commission européenne a apportée à ces deux projets phares.

Antonio Torrenzano. Les Pays du Continent asiatique connaissent depuis longtemps une croissance économique continue et sans arrêt. Mais je constate que, en même temps, à la croissance économique il y a aussi une croissance de contradictions entre valeurs (négation des plus élémentaires droits humains par exemple) et intérêts. Quoi pensez-vous à ce sujet?

José Manuel Durão Barroso. Bien sûr, la croissance que connaissent certains pays d’Asie fait rêver. Mais la croissance européenne incorpore une valeur ajoutée inestimable: nos valeurs. Ces valeurs, ce sont celles que nous attachons par exemple à l’éducation, à la formation tout au long de la vie, à la mise au point de nos universités, à la recherche, à l’innovation, à la solidarité, à l’équité, à la protection sociale. Il n’est pas question de renoncer à ces valeurs. C’est précisément en renforçant les capacités d’adaptation de l’Union que nous assurerons le bien-être des citoyens dans tous les États membres. Les libertés du marché intérieur, l’efficacité de notre politique de concurrence et notre politique de cohésion active sont les meilleurs moyens de diffuser la prospérité dans les États et les régions de l’Union, tout en préservant la solidarité, qui est l’essence même de notre projet commun.Je ne nie pas qu’il y ait parfois des contradictions entre valeurs et intérêts. Ces contradictions existent et il faut les surmonter par une dynamique constructive. La Commission européenne joue là un rôle essentiel. Les pays tiers avec lesquels nous négocions, par exemple, essaient parfois d’utiliser les intérêts économiques de certains États membres et de certaines entreprises nationales comme moyens de pression. Mais la Commission européenne n’a pas d’intérêts économiques propres à défendre! Elle défend l’intérêt général européen en jouant son rôle de «gendarme intransigeant» et en appliquant les règles de concurrence. Ces règles sont une arme extraordinaire, non pas pour nous retrancher derrière des barrières protectionnistes, mais bien pour protéger les intérêts de l’Union. La Commission européenne parle au nom de tous. Et je peux vous l’assurer, elle se montre aussi ferme sur les principes du marché intérieur que sur le respect des droits de l’homme dans les Pays tiers.

Antonio Torrenzano

 

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