Cauchemar Kosovo. Conversation avec Migjen Kelmendi, directeur de l’hebdomadaire Java de Pristina.

Balcani
Conversation avec Migjen Kelmendi,journaliste,écrivain, annaliste très sévère sur l’identité de son pays, directeur de l’hebdomadaire JAVA de Pristina.Le dialogue avec Migjen Kelmedi a été développé par téléphone.

Antonio Torrenzano. Est-ce que le défi de l’indépendance a été désormais réalisé?

Migjen Kelmendi. Maintenant, le Kosovo est un État, dans la réalité il s’agit d’une énorme voiture bureaucratique. À Pristina on se perçoit déjà cette drôle voiture bureaucratique par d’énormes bâtiments entourés par murs aussi plus haut et très fortifiés. Il s’agit d’une manière de gouverner qui est perçue par la population comme joint de l’extérieur. L’arrivée des organisations internationales au Kosovo, il a inauguré une nouvelle approche de la société basée sur l’idée d’État. Pendant la gestion politique des Nations unies et de l’OTAN de mon pays, la population n’a pas vraiment compris d’une manière nette et claire les choix mis en place par UNMIK. UNIMIK a vécu un peu isolé, dans une propre réalité, au dehors du contexte social, sans bien comprendre ce qui lui succédait autour. Les renseignements ou les analyses que la communauté internationale développe sur notre société, ils ne peuvent pas alors qu’être fragmentaires et stéréotypés. Aujourd’hui au Kosovo, il manque une classe d’experts de qualité, vraiment intéressés à l’engagement public et à un vrai développement du territoire. Je crois que la population ne soit pas encore prête à la participation politique ou sociale parce qu’elle ne sent pas la société dans ces termes. La participation politique et sociale vient pas considérée comme un droit et comme un devoir. La participation est perçue par une manière succube, la participation est exercée comme des disciples non critiques, pas comme d’électeurs, pas comme des citoyens.

Antonio Torrenzano. Qu’est-ce qu’il arrivera maintenant? La presse nationale comme raconte-t-elle ce qui est en train d’arriver dans le pays ?

Migjen Kelmendi. La situation ne changera pas rapidement au Kosovo. La corruption reste le vrai problème. Problème qui fait perdre ultérieurement la crédibilité de la classe politique de mon pays. Ils sont en train d’essayer de simuler un vrai gouvernement, mais n’ont pas des compétences proportionnées. La vie en Kosovo est toute politisée et roue autour de cette élite politique. En un des derniers numéros de “Java”, j’ai traité de ce sujet dans le secteur de la culture. Quelques artistes m’ont raconté que pour réussir à s’imposer, il ne suffit pas force et talent, mais ils doivent apparaître à côté de quelques politiques pour faire coup sur le public. C’est désastreux, mais c’est aussi comme ça dans la presse. La presse au Kosovo n’a pas de voix critiques. Presque tous les fondateurs de télévisions et canaux médiatiques au Kosovo ont utilisé leur travail comme canal de promotion à la carrière politique. Les médias n’ont pas beaucoup de voix à l’intérieur du débat politique, ils ne font pas que reporter ce qui arrive sans cependant être critique et ils sont encore moins indépendants. Nous avons nombreux journaux, plusieurs télévisions, mais ils ne sont pas capables de produire un débat dans la société, de se mesurer avec les partis politiques. Il semble qu’ils soient d’accord sur tout et les citoyens, ils sont tombés dans un état de passivité absolue. Dans notre télévision règne la totale absence de débat, les émissions politiques sont une partie ridicule de la programmation et la plus grande majorité du public regarde les télévisions de Tirana qui ne font pas de débat sur le Kosovo. La presse écrite vend peu comme le même hebdomadaire Java dont je suis le directeur de la rédaction.

Antonio Torrenzano.Comment évaluez-vous les partis politiques aujourd’hui dans votre Pays ? Est-ce qu’ils seront capables de comprendre les ferments et les expectatives de la société ?

Migjen Kelmendi. Je ne pense pas qu’ils soient aptes à interpréter la société et d’être des vrais porte-parole, je pense encore moins qu’ils peuvent mobiliser de classes de la société. Dans le Kosovo d’aujourd’hui, il n’y a pas d’homme politique de talent, mais la société est extrêmement politisée au point qu’on a l’impression que les hommes politiques se soient imposés à la société et pas qu’ils se sont levés d’elle. Au Kosovo, les partis politiques sont perçus seulement comme de moyens pour le pouvoir ou, de toute façon, comme sujets liés au pouvoir. Il faut devenir membre d’un parti politique si on veut entrer dans les bureaux des institutions publiques ou entrer dans la vie publique. Aussi pour devenir un chanteur célèbre, le public doit te voir assis dans un café avec un homme politique. Avoir ou ne pas avoir du talent, il n’importe pas, le chanteur obtiendra son succès seulement s’il est vu avec celui-ci ou il fréquentera celui-là. Maintenant que le procès d’indépendance est réalisé, les partis politiques devront travailler sur problèmes concrets, sur objectifs qu’ils naissent de la société civile, sur des exigences réelles. L’indépendance était du reste la chose la plus facile à exiger et sur laquelle faire de la politique. Autre problème, c’est le manque d’une méthode démocratique de dialogue à l’intérieur des partis. À ce sujet, il n’y a pas trace de dialogue entre les sommets et la base sociale. Jusqu’à hier c’était très plus facile de s’agripper à l’autodétermination, aux choses faites, à partir d’aujourd’hui il faudra s’asseoir à une table et essayer de trouver de solutions pour un possible avenir du Kosovo. Les choses ne sont pas si simples et ainsi belles dans la réalité de prochaines années. Il ne serait pas exagéré affirmer que les partis politiques ne laissent pas place à la participation ou à la représentation de la société, mais les gens ne sont pas stupides, il se rend compte qu’on n’ira d’aucune partie sans dialogue et sans l’Aide économique international. Une fois, j’étais très critique vis-à-vis d’Ibrahim Rugova. Les gens s’étonnaient aussi parce que nous avons les mêmes origines de famille. Mais il avait de visions que maintenant je partage, il n’imagina pas par exemple jamais l’avenir du Kosovo comme d’une région périphérique de l’Albanie, il disait que cette dernière aurait été seulement un partenaire de même dignité d’un futur État du Kosovo et il soutenait aussi que le Kosovo s’ouvrit à l’Albanie comme à la Serbie.

Antonio Torrenzano. Est-ce que rôle joue l’Albanie dans les relations avec les partis politiques du Kosovo?

Migjen Kelmendi. Il y a une version dominante qui considère toujours l’Albanie comme le point de repère. Quand on parle de l’Albanie, nous ne sommes jamais critiques en public, mais je pense que la situation est en train de changer. Les gens sont en train de devenir de plus en plus réalistes et ils n’ont plus de mythes romantiques. C’est seulement fruit d’un procès intérieur au Kosovo. Tirana, pour le moment, elle est indifférente.

Antonio Torrenzano

Join the discussion

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *