Le devoir d’un journaliste? Éclairer la réalité pour la faire comprendre aux lecteurs. Conversation avec Carl Bernstein, prix Pulitzer en 1976.

 

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Conversation avec Carl Bernstein, journaliste, écrivain, prix Pulitzer en 1976. En 1972, avec son collègue Bob Woodward au quotidien Washington Post, il fut auteur de l’enquête qui porta à l’impeachment de l’ancien président des États-Unis Richard Nixon pour le scandale nommé Watergate, c’est-à-dire l’action d’espionnage, menée par l’ancien président, au quartier général du parti démocrate. La conversation a eu lieu dans la ville italienne de Pérouse pendant le festival international du journalisme, du 09 au 13 avril 2008.

Antonio Torrenzano. Le réseau web aide-t-il un reporter dans sa recherche de nouvelles données et sources d’informations?

Carl Bernstein. Le réseau net est une grande opportunité pour les reporters parce qu’il offre nombreuses sources et il donne nouvelles solutions aux ressources institutionnelles. Aux États-Unis, mais plus en général dans le monde anglo-saxon, nous sommes en train de développer de synergie entre les médias numériques et la presse écrite. Je constate, en revanche, qu’en France, en Italie, en Espagne ou en Belgique, la presse écrite prévaut encore sur les nouveaux moyens d’information numériques, mais les analyses et les manières de procéder de la presse écrite européenne ressemblent trop souvent au journalisme de la télévision. Je crois encore que le net soit une grande occasion pour les lecteurs, qui peuvent se créer de propres journaux en base à leurs préférences. Un lecteur par exemple qui étudie les dynamiques régionales du Moyen-Orient, il peut décider de visiter des sites de quotidiens israéliens, puis ceux de la télévision al-Jazeera, lire après les commentaires de la presse Britannique et Européenne. Dans cette manière, chaque lecteur construit son journal fondé sur la hiérarchie de ses intérêts. La presse traditionnelle européenne survivra à cette évolution, mais elle restera toujours dans un précaire équilibre avec ces nouveaux moyens numériques.

Antonio Torrenzano.Pourquoi croyez-vous important savoir écouter ?

Carl Bernstein. Pour le simple motif que, dans la plus grande partie de circonstances, les gens parlent en affirmant toujours de choses intéressantes et, en les sachant écouter, les journalistes obtiennent de nouvelles qui ont de la valeur. Presque chaque histoire que j’ai racontée pendant ma profession, elle s’est toujours révélée différente depuis le début de ma recherche. Par exemple, dans le scandale Watergate, au début de mon enquête, je croyais qu’il pouvait y être l’agence CIA derrière l’événement d’espionnage aux dommages des démocrates. Si j’étais resté sur cette certitude, je n’aurais rien découvert. Je n’imaginais pas que beaucoup d’individus pouvaient être impliqués au scandale. Moi et Bob Woodward, nous n’avions pas cette certitude comme après nous avons découvert. Les préjugés n’aident pas d’être des bons journalistes. Il faut faire parler beaucoup les protagonistes d’un événement et il faut écouter tout ce qu’ils affirment. C’est celui-ci, le meilleur moment, dans lequel les journalistes obtiennent les meilleurs morceaux d’une nouvelle qui peut devenir unique. On peut certainement rester très surpris comme individu et journaliste par ce qu’on écoute, mais on se découvre dans cette manière les nouvelles les plus exclusives. Je me souviens, à ce sujet, quand j’étais reporter à ABC news, comment je trouvai la nouvelle relative à l’armement des mujaheiddin en l’Afghanistan contre l’ancienne Union Sovietique de la part des États-Unis,de la Chine, de l’Égypte et du Pakistan. Ces États avaient paraphé une alliance secrète pour armer les mujaheiddin contre l’armée rouge soviétique. Il fut par hasard, parce que la source qui me donna cette nouvelle, je l’avais contactée pour avoir de nouvelles informations sur le Nicaragua. Je l’écoutai dans une manière attentive et je me suis rendu tout de suite compte que les informations étaient très intéressantes. La nouvelle et le dossier que j’ai écrits successivement, ils furent confirmés dans la réalité par l’embarras de ces États.

Antonio Torrenzano. Comment fournir aux lecteurs les meilleurs renseignements possible ?

Carl Bernstein. Chaque journaliste devrait toujours donner la meilleure version de la vérité. Il devrait toujours être un humble vérificateur, entêté dans la recherche des sources, un individu curieux. Avec Bob Woodward, nous avons employé beaucoup de temps pour mener à terme notre enquête sur la situation Watergate. Nous avons écouté beaucoup de gens et, tout ceci, il a exigé du temps. À l’époque de la circonstance Watergate, tout fonctionna à la perfection parce que nous fîmes notre travail de reporters, mais aussi les institutions américaines, du Congrès à la magistrature, elles firent leur partie. Dans la crise iraquienne, au contraire, il n’a pas été ainsi. Et la confirmation a été que le président George W. Bush a été réélu malgré tous les médias, ils ont démenti la version officielle communiquée par la Maison Blanche sur la guerre irakienne. Les médias américains ont été très lents à reconnaître que seulement le président George W. Bush voulait cette guerre contre Saddam Hussein avec le mensonge des armes de destruction de masse. Nous ne pouvions pas savoir la vérité sur les armes de destruction de Saddam Hussein, nous avons été trop lents à découvrir ce mensonge parce que ce qu’ils nous racontaient sur les armes ou sur les collusions entre le dictateur irakien et les auteurs des attentats du 11 septembre, c’était plausible. Puis le mensonge a été effacé par la vérité, les médias américains ont découvert les tortures en Iraq, le chaos et il est apparu évident la faillite catastrophique du conflit. Celui-ci, il est l’objectif qui doit poursuivre un vrai reporter. Pour faire notre activité il sert beaucoup d’humilité, un sévère entêtement, savoir écouter, haute curiosité. Nous déroulons une fonction pour laquelle, ce n’est pas important être un personnage connu, mais le but fondamental de poursuivre le bien public. Nous ne devons jamais viser à un résultat politique ou personnel auquel nous aspirons. Notre devoir est celui d’éclairer la réalité pour la faire voir et la faire comprendre à nos lecteurs. Trouver la meilleure version de la vérité ne signifie pas aller à la chasse de papillons, mais écouter beaucoup de gens, être tenaces, n’ être jamais séduit par l’idée d’un journalisme sensationnel.

Antonio Torrenzano.

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