L’Europe et la Méditerranée:une union de projets ou un projet d’union ?

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La Méditerranée ne cesse pas d’être encore une fois le carrefour de nombreux événements. Dans le dernier siècle, ses frontières se sont rendues plus prochaines ainsi que plus proches ses peuples et ses cultures. Mais la proximité plutôt qu’unir les deux rives, elle a développé de nouveaux problèmes. Le bassin semble devenu plus petit, une zone de frontière entre deux mondes qu’ils ne communiquent plus comme avant.

Les données statistiques montrent que dans les derniers vingt ans, la richesse des pays de la Rive-Nord a triplé tandis que la pauvreté de la Rive-Sud n’est pas augmentée. Si nous regardons la réalité économique de la Méditerranée, nous nous apercevons que le bassin est coupé en deux : d’une partie nous trouvons pays avec des structures industrielles robustes, beaucoup de services, formation et santé adéquate, un bien-être diffus, mais des populations plutôt vieillissantes ; de l’autre, des pays avec un apparat industriel faible, des conditions de vie pas toujours acceptables, une population à majorité jeune. L’écarte du niveau de vie entre l’Union européenne et les Pays méditerranéens de la Rive-Sud, il est considérable. Il est dans un rapport de 1 à 20 et les PIB de l’ensemble des Pays méditerranéens ne représentent que 5% de celui de l’Union européenne.

Il y a à se demander comme il soit possible que de pays riches de matières premières doivent dépendre de la Rive-Nord et vivre en conditions de vie de pure survivance. Un écart énorme compte tenu de la proximité géographique entre ces pays. L’Euro-Méditerranée fait donc voisiner deux ensembles économiques aux réalités disproportionnées, séparés par une fracture de richesse qui ne va pas en s’amenuisant. La Méditerranée s’articule en différentes mers auxquelles appartiennent autant de terres. Celles-ci vont des Balkans à l’Asie Mineure, de la Péninsule ibérique à l’Afrique du Nord. Dans son ensemble, l’ancienne mer représente une réalité spécifique en même temps obstacle et lien, point de départ et articulation. Lieux, où d’univers différents ont retrouvé des éléments unifiants dans un contexte unique de vitalité extraordinaire.

Une et multiple: la Méditerranée a une mémoire commune et fracturée, fissurée par tant de conflits à travers les siècles, ressoudée par tant de rencontres. Ils ont été ces événements à donner de la forme au monde méditerranéen. Il faut donc tenter de penser la Méditerranée dans la complexité et non selon une logique binaire: elle existe/elle n’existe pas. Il faut tenter de penser la Méditerranée à la fois comme monde frontière ou comme monde passage par ses replis et par ses ouvertures. Climat, nature, nourriture, manières de vivre, religions changent, ils se mélangent et ils se reconstituent selon s’ils ses trouvent au nord ou au sud de la mer.

Dans l’âge de l’Atlantique, la Méditerranée avait déjà été reléguée à une fonction secondaire. Maintenant la montée de l’économie chinoise et asiatique il nous apporte devant à un autre tournement dans l’histoire des civilisations, d’un océan à un autre océan. L’axe du monde pourrait se déplacer de l’Atlantique au Pacifique, en comportant pour les Européens la responsabilité historique de ne pas transformer ce passage dans un définitif déclin pour la Méditerranée. Tentons donc de discerner les fractures qui se dessinent actuellement en Méditerranée, de comprendre l’histoire idéologique et culturelle de ses représentations, ses identités de frontière, d’apprendre enfin les visages de son possible avenir.

Antonio Torrenzano.

 

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