Des caractères imprimés aux pixels? Conversation avec Nadia Lamlili, journaliste à l’Économiste et blogueuse.

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Conversation avec Nadia Lamlili, écrivaine, journaliste à la revue l’Économiste au Maroc, 31 ans. La télévision américaine CNN la primée pour un article sur l’émigration clandestine, intitulé «Quand je serai grand, je veux être migrant ». Nadia Lamlili est la première journaliste marocaine à remporter ce prix dans la catégorie «presse écrite francophone». Après des études supérieures à l’institut de journalisme, Nadia Lamlili enrichit sa formation sur le fonctionnement des institutions européennes à Bruxelles puis en techniques journalistiques à Dakar. Cette journaliste au regard tranchant est, selon tous ses collègues, bourrée de talent. «J’ai couru beaucoup de risques en menant mes enquêtes.La conversation a eu lieu par téléphone. Elle est également auteure de nombreux essais en langue française. Son carnet virtuel http://www.nadialamlili.com. Le dialogue avec Nadia Namlili est la dernière conversation du cycle rencontres d’été. Rendez-vous au mois de septembre pour la rentrée avec nouvelles conversations, débats, reportages. 

 

Antonio Torrenzano.Vous-etes journaliste et blogueuse. Comment avez-vous eu l’idée de créer votre propre carnet numérique ? Pourquoi dans l’herder de votre blog, avez-vous écrit la citation:«un voyage de mille lieus commence toujours par un premier pas» ?

Nadia Lamlili. L’idée m’est venue quand j’étais aux USA dans le cadre d’un programme de visite en formation auprès des médias américains. Là bas, j’ai suivi la bataille opposant les éditeurs de presse aux blogueurs. Le phénomène m’a intrigué et, à mon retour, j’ai voulu tenter l’expérience.Je suis blogueuse depuis trois ans. Maintenant, je crois que j’ai pris le virus. La citation que j’ai affichée dans l’herder de mon carnet, elle est une devise dans ma vie. Je suis de nature ambitieuse et je n’aime pas l’inaction ou l’impuissance. Rien n’est impossible. Il suffit de commencer. Créer mon blog est pour moi un premier pas pour découvrir l’univers du blogging. Je crois que ce n’est que le début de l’aventure. Les cybercarnets seront peut-être les médias du futur. Je compte aussi sur les internautes pour enrichir mes billets.

Antonio Torrenzano. Vous avez remporté le prix journalistique CNN dans la catégorie presse écrite francophone pour un reportage sur l’émigration clandestine. Pourrez-vous nous donner quelques suggestions à ce sujet ? Je pense, encore, au roman de Tahar Ben Jelloun «Partir» qui décrit l’histoire du garçon Azel et de son idée fixe de quitter son Pays pour aller en Europe.

Nadia Lamlili. L’émigration clandestine, c’est dramatique. On a l’impression que tout le monde veut aller en Europe et par tous les moyens. Finis les petits qui veulent devenir pilotes, médecins, enseignants…La migration est devenue un métier. Le reportage est un ensemble d’articles qui appelle les gouvernements européens et maghrébins à avoir une vision plus humaine du phénomène de la migration. Au lieu de réprimer ou d’élever les grillages des frontières à coups de millions d’euros, pensons aux causes de la migration et associons les pays d’origine. Rien n’y fait ! Nos jeunes sont obnubilés par l’idée de partir. Les subsahariens fuient les guerres, les famines et les maladies. Doit-on les réprimer? La migration clandestine ne s’arrêtera pas si les conditions d’une vie digne ne se réalisent pas en Afrique.

Antonio Torrenzano. Les médias numériques seront-ils l’avenir de la presse mondiale ?

Nadia Lamlili. Le Net est maintenant le champ de bataille de la presse mondiale. Nous sommes à la veille d’une révolution technologique qui fera disparaître les journaux en papier. Cette révolution ne touche pour le moment ni la télévision ni la radio. Les médias audiovisuels offrent plus possibilités pour une femme de se distinguer.Etre une femme est un avantage à l’antenne, car le téléspectateur est plus attiré par un visage féminin. S’il est accroché par l’image, il reste sur la chaîne. Même constat pour la radio, où les voix féminines sont plus captivantes. Il ya encore le problème que l’actualité dans les médias marocains, surtout dans les journaux, est très politisée. Peu de publications s’intéressent à des sujets qui touchent réellement le citoyen et la société profonde marocaine. Peut-être parce qu’il n’y a pas beaucoup d’investigation, pas de presse régionale forte et pérenne et très peu de lecteurs. Le Net, en revanche, est utilisé par de nombreux de lecteurs qui cherchent de l’actualité bien approfondie qu’il n’y a pas dans la presse écrite.

Antonio Torrenzano

 

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