Les multinationales et la finance face au devoir d’une économie différente. Dialogue avec John Perkins, économiste de l’essai «Les Confessions d’un assassin financier».

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Conversation avec John Perkins, écrivain, économiste, consultant financier. Perkins naît le 28 janvier du 1945 à Hanover dans le New Hampshire. Il a fréquenté le Tilton High School, le Middlebury Collège et le Boston University School of Management dans les années 60. Il a travaillé pour une société internationale de conseil de Boston comme chef économiste, mais il était, dans la réalité, un sicaire de l’économie. Il a vécu et travaillé en Afrique, en Asie, au Moyen-Orient, en Amérique latine. Il a tenu caché son rôle jusqu’aux événements du 11 septembre 2001 qui l’a convaincu à révéler les secrets de sa vie et la corruption économique de la mondialisation. Aujourd’hui, John Perkins est un écrivain et un partisan pacifique pour les droits des tribus autochtones et dans les mouvements à défense de l’environnement. Auteur de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues diplomatiques, dont «Les Confessions d’un assassin financier», Paris, éditions Ariane, 2006 et «The Secret History Of The American Empire», New York, Peguin group, 2008. Le dialogue s’est développé en deux reprises :à Milan où l’auteur a présenté son livre «Les Confessions d’un assassin financier» en 2007 près de la librairie Feltrinelli et par téléphone dans l’été 2008. Son site web http://www.johnperkins.org.

 

Antonio Torrenzano. Quels rôles ont-ils joués les grandes corporations dans ces dernières années? Pourquoi parlez-vous de pouvoir absolu de corporations dans votre dernier livre «The Secret History Of The American Empire» ?

John Perkins. À la base du pouvoir absolu des corporations, il y a les grandes multinationales. Ce sont les grandes corporations à définir la manière et le style de vie de tous les citoyens de la planète. Les corporations sont de dictatures impérialistes dans lesquelles un numéro très resserré d’individus prend d’importantes décisions planétaires en produisant une grande quantité de profits. Les corporations se sont montrées, dans ces dernières années, très efficaces dans la gestion des ressources rares, dans la manipulation de l’opinion publique, dans l’accroissement d’une grande quantité de profits. Contrairement aux vrais idéaux de justice, ces patrimoines privés sont terriblement avides, matérialistes et ils agissent par la plus grande discrétion. Je compare les corporations à des nuages qui entourent la planète et qu’ils influent sur les décisions politiques de chaque État. Dans mes nombreux débats avec des étudiants, j’ai expliqué que les présidents de ces multinationales sont comparables à des souverains absolus, mais ils ne sont pas élus par le peuple ni sujets à la volonté de la loi et avec un mandat de gestion illimitée dans le temps. Ces individus contrôlent les médias, les gouvernements et, à travers des portes à tambour, ils se remuent avec désinvolture entre le monde des affaires et le monde de la politique dans presque tout le monde occidental. Toujours dans mes discours, j’avertis en outre et souvent l’exigence de rappeler à qui m’écoute un élément pas connu souvent par tout le monde. C’est-à-dire, que les grandes institutions économiques internationales comme le Fond monétaire international ou la Banque mondiale ne sont pas des institutions indépendantes. Elles ont été depuis longtemps, au contraire, des institutions vivement conditionnées par la politique américaine. Les États-Unis maîtrisent presque le 17% de votes près du Fond monétaire international et presque le 16% de votes auprès de la Banque mondiale. Les étudiants que j’ai rencontrés, à la fin de chaque débat, ils m’ont toujours dit: «continuez-vous à dire la vérité, nous avons besoin de nouveaux espoirs, continuez-vous à indiquer de nouvelles solutions ».

Antonio Torrenzano. Vous avez travaillé pour ces corporations comme sicaire financier, comme vous vous appelez dans l’essai «Les Confessions d’un assassin financier». Pourquoi avez-vous décidé de dénoncer cette partie secrète de l’économie mondiale et aussi secrète à l’opinion publique .

John Perkins. Oui, j’ai travaillé pour ce système, mais après les événements du 11 septembre 2001, j’ai choisi de dénoncer et décrire la réalité. Sicaire financier… ? Oui, c’est comme ça que nous nous appelions. Officiellement, j’étais un économiste en chef. Mais nous nous appelions les tueurs à gages économiques. C’était de l’ironie! Notre travail consistait à construire le maximum de profits, créer des situations où le maximum de ressources était drainé vers nos multinationales, vers le marché financier, vers notre gouvernement et nous avons été très efficaces. Nous travaillions en créant des manipulations économiques, des fraudes aussi par la corruption de personnes dans d’autres États qui aimaient notre mode de vie. Pour une longue période, j’ai été séduit par ce système: le pouvoir, l’argent, le sexe; ils exerçaient une forte attirance sur moi. Mais, un jour un très haut sentiment de culpabilité m’a convaincu à dénoncer cette partie secrète de l’économie globale. La crise financière d’aujourd’hui est une conséquence de ce système malade. Je savais que je devais raconter la vraie histoire. C’est la seule manière pour retrouver la sécurité de tout le monde, reconstruire les régions dévastées de la planète, effacer définitivement la pauvreté et les personnes qui meurent de faim chaque jour… désormais un peu partout. Je crois à présent que le système peut-il changer.

Antonio Torrenzano

 

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