Apprendre… Conversation avec Edgar Morin, CNRS Paris.

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Conversation avec Edgar Morin, écrivain,sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS. Edgar Morin est docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde dont de l’université de Natal, Université de Porto Alegre et Université de Joa Pessoa au Brésil. Son travail a exercé et il continue à exercer une forte influence sur la réflexion contemporaine, notamment dans le monde méditerranéen et en Amérique latine. Il a créé et préside l’Association pour la pensée complexe (APC). Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Il soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif Non-Violence XXI. Auteur de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues étrangères, nous rappelons les derniers: «Éduquer pour l’ère planétaire, la pensée complexe comme méthode d’apprentissage dans l’erreur et l’incertitude humaine» (avec Raul Motta, Émilio-Roger Ciurana), Balland,2003; «Université, quel avenir?» (avec Alfredo Pena-Vega), Paris, éditions Charles Léopold Mayer, 2003; «Pour entrer dans le XXIe siècle», réédition de Pour sortir du XXe siècle publié en 1981, éditions Le Seuil, 2004; «L’an I de l’ère écologique» (avec la collaboration de Nicolas Hulot), Paris, Tallandier, 2007; «Vers L’abîme», Paris, L’Herme, 2007. Le dialogue a eu lieu à Rome au mois de janvier 2008 et à Paris au mois de septembre 2008.

Antonio Torrenzano. Comment l’école devrait-elle éduquer les nouvelles générations à l’ère planétaire ?

Edgar Morin. L’école n’enseigne pas comment affronter l’incertitude ou vivre dans une époque mondiale. L’école offre une fragmentation de savoirs qui tuent la curiosité. Je vous fais un exemple. Il y a quelque temps en France, il était de mode la sémiotique. Les professeurs de langue française ne faisaient plus lire des textes : Racine, Voltaire, Molière, Pascal. Ils prenaient quelques pages des textes et ils les analysaient par la méthode sémiotique. Le résultat ? Les jeunes qui aimaient lire, après ce parcours didactique, ils ne voulaient plus lire. L’école n’a pas d’âme. L’Émile de Rousseau dit: je veux apprendre à vivre. L’école manque, en outre, de passion. Sans passion, nous ne pouvons pas transmettre aux garçons et aux jeunes filles ni de savoirs ni la curiosité du futur . Enseigner est une mission. Une mission laïque, comme aussi d’autres métiers: le médecin, l’infirmier, le magistrat.

Antonio Torrenzano. Comment expliquez-vous la crise de l’école secondaire dans presque tout l’occident démocratique ?

Edgar Morin. La crise de l’école secondaire parcourt presque tout l’ouest démocratique. Cette crise est si violente et elle a la même intensité dans tous les Pays du continent européen. Elle est différente seulement dans la manière dont chaque nation et culture décline la façon de l’affronter et de la résoudre. Une crise de ce genre n’a pas précédents: plus virulente du 1968. Nous sommes en train de vivre une crise profonde et, dans les moments de crise, les adolescents sont les plus faibles engrenages de la société. Aujourd’hui, je constate que la situation est plus grave respect au passé. Le nihilisme du présent a produit un manque de sens de l’avenir. La crise de la société occidentale n’a jamais été si aiguë. Cette situation est comparable à un fort état décadent et les jeunes, ils subissent plus que d’autres ce manque d’avenir. L’école, toute seule, elle ne suffit pas. Le problème est multidimensionnel et l’école devrait enseigner l’histoire et les cultures de tous. De qui est né au Kabul, à Palerme, à Paris, à Helsinki, à Pékin. Il faut que l’histoire mondiale soit unie aux histoires locales. Les jeunes sont égaux dans le monde entier : ils sont des êtres humains faits de biologie, de curiosité intellectuelle, de poésie. Il faut espérer dans une nouvelle renaissance, une redécouverte humaniste des valeurs du monde entier. Les jeunes de cette génération n’ont pas de certitude; devant à eux, il existe seulement le chômage. Et personne, il ne répond pas à leurs questions.

Antonio Torrenzano. Pour apprendre, j’ai toujours pensé qu’il fallait le faire avec passion et respect vers mes étudiants. J’ai eu de la chance ou je me suis trompé ?

Edgar Morin. Il faut avoir beaucoup d’amour et passion. Ce n’est pas mon idée, je me réfère à Platon. Il faut réveiller dans les jeunes la curiosité, le sens de l’invention, l’étude par une méthode interdisciplinaire.

Antonio Torrenzano

 

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