Conversation avec George Soros, financier américain, né le 12 août 1930 à Budapest (Hongrie) et devenu célèbre pour ses activités de spéculation sur les devises dans les années 1990 et ses activités de philanthropie. George Soros est actuellement président de Soros Fund Management et de l’Open Society Institute. Ancien élève de Karl Popper, il est auteur de nombreux essais dont «The New Paradigm for Financial Markets: The Credit Crisis of 2008 and What It Means», New York (2008); «The Age of Fallibility: Consequences of the War on Terror», New York (2006);«The Bubble of American Supremacy: Correcting the Misuse of American Power» (2003);«Open Society: Reforming Global Capitalism», New York (2000);«Science and the Open Society: The Future of Karl Popper’s Philosophy» ècrit ensemble à Mark Amadeus Notturno, New York (2000);«The Crisis of Global Capitalism: Open Society Endangered», New York (1998) et «The Alchemy of Finance», New York (1988). L’entretien a eu lieu au World economic Forum 2009 à Davos.
Antonio Torrenzano. La tourmente financière mondiale continue de causer des dégâts à travers le monde. La récession a, en effet, gagné de nouveaux pays tels que la Finlande et le Danemark alors que plusieurs États continuaient de payer pour soutenir leurs banques, sans rassurer les Bourses déprimées. Selon vous, la crise économique sera-t-elle longue ? Est-ce que la stimulation monétaire injectée dans le système financier jusqu’à présent, elle a été suffisante ?
George Soros. C’est difficile à le prévoir. Ce qu’on peut imaginer, c’est que les États-Unis difficilement reverront une croissance de leur PIB du 3% chaque année dans la prochaine décennie. La stimulation monétaire a été importante pour freiner l’effondrement, mais elle n’est pas suffisante pour inverser la route. Le système a besoin encore au moins de mille milliards de dollars.
Antonio Torrenzano. Est-ce qui devrait débourser ces mille milliards nécessaires au système? Le secteur bancaire reste sinistré et les États continuent à intervenir, le plus souvent en entrant au capital des banques.
George Soros. Il faudra les trouver parce que le système financier mondial est ainsi uni qu’il ne peut pas avoir de nouvelles crises bancaires aux périphéries moins avancées de la planète. Pour financer tout ceci, il faudra créer de la monnaie internationale, c’est le moment de relancer les droits spéciaux de prélèvement et en émettre pour les mille milliards qu’ils servent. Japon, Europe et les autres Pays OECD devront donner ou prêter argent par le Fond monétaire international.
Antonio Torrenzano. Quels seront-ils les régions périphériques intéressées par la crise économique? Déjà, plusieurs banques internationales ont décidé de donner leurs secours aux Pays de l’Europe de l’Est. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement et la Banque européenne d’investissement, par exemple, elles ont déjà communiqué qui sont disposées à apporter jusqu’à 25 milliards d’euros sur deux ans aux banques et entreprises d’Europe de l’Est pour les aider à surmonter la crise.
George Soros. L’Europe de l’Est est une région intéressée par la crise économique, mais aussi l’Amérique latine et les Pays producteurs de matières premières. Après la faillite de la banque Lehman Brothers, tous les pays industrialisés ont dû garantir que leurs banques ne seraient pas échouées, mais les pays les plus périphériques n’ont pas pu garantir la même chose avec la même crédibilité.
Antonio Torrenzano. Qu’est-ce que vous pensez de la création d’une “Bad Bank” dans laquelle concentrer les titres toxiques ?
George Soros. La formule doit être originale parce que contrairement aux solutions mêmes exposées jusqu’à maintenant, la meilleure solution serait de faire confluer dans la “Bad Bank” pas seulement les titres toxiques, mais aussi le capital roulant pour créer une “Good Bank”.
Antonio Torrenzano