Réunion G20 à Londres: un sommet et des attentes. Conversation avec Giulio Tremonti, Aspen Institute.

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Conversation avec Giulio Tremonti, professeur de droit fiscal à l’université de Pavie, avocat , il a été visiting professor auprès de l’Institute Comparative Law à l’université d’Oxford. Ministre de l’Économie et des Finances dans l’actuel gouvernement italien , il dirige la branche italienne de l’Institut Aspen. Directeur de la revue italienne de droit fiscal et de science des finances, il est auteur de nombreux essais, dont «Il fantasma della povertà»,Milan, aux éditions Mondadori, 1995; «Lo Stato criminogeno», Roma, éditions Laterza, 1998; «Rischi fatali. L’Europa vecchia, la Cina, il mercatismo suicida: come reagire», Milan, éditions Mondadori,2005; «La paura e la speranza. Europa: la crisi globale che si avvicina e la via per superarla», Milan, 2008. L’entretien a eu lieu à Rome, à la fin du mois de mars 2009.

Antonio Torrenzano. La tourmente financière mondiale continue de causer des dégâts à travers le monde.Comment expliquez-vous la crise globale ?

Giulio Tremonti. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que nous sommes comme dans un jeu vidéo. Chaque moment que nous abattons un monstre, nous croyons avoir gagné, mais un deuxième monstre plus fort resurgit. Dans ce moment, dans notre jeu vidéo, nous avons à présent presque six monstres: les sub-primes, l’effondrement du crédit, la faillite des grandes institutions financières, l’effondrement de marchés financiers, une récession économique.

Antonio Torrenzano. Professeur Tremonti, quand vous étiez en train de répondre, j’ai compté cinq monstres… le sixième ?

Giulio Tremonti. J’ai oublié l’ensemble des produits dérivés, dont l’encours représente douze fois le PIB mondial et que personne n’est en mesure de cerner précisément. Au cours de la dernière décennie, la mondialisation a entrainé une dégénérescence du capitalisme. L’ancien capitalisme était basé sur un type idéal d’entreprises; aujourd’hui, en revanche, le coeur du capitalisme mondial n’est plus dans les mains de ces entreprises, mais dans celles des fonds d’investissement. Une fois, la gestion des entreprises reposait sur deux piliers : le bilan et le compte de résultat. Dans ces dernières années, au contraire, tout le monde s’était focalisé sur le résultat en oubliant la valeur patrimoniale telle qu’elle s’exprime dans le bilan d’une entité. Or la valeur patrimoniale est essentielle dans une perspective de long terme.

Antonio Torrenzano. La mondialisation a produit donc un marché unique avec toutes ses limites.

Giulio Tremonti. La globalisation a produit un marché mondial unique, mais les juridictions sont restées différentes et nationales. Nombreux sont les endroits où les réglementations restent théoriques et sans que personne ne les respecte.

Antonio Torrenzano. Le G8 est-il encore représentatif ?

Giulio Tremonti. Maintenant le G8 pèse seulement la moitié du PIB mondial. Il y a dix ans, le PIB du G7 représentait presque 80% de la richesse du monde. Aujourd’hui, le G8 n’est donc plus représentatif de la planète dans laquelle nous vivons. D’un autre côté, le G20 n’est pas optimal non plus. Comment, par exemple, peut-on justifier l’absence de l’Égypte et de l’Espagne dans cette nouvelle institution internationale ? En qualité de ministre du Gouvernement italien, nous sommes ouverts à toute solution qui élargit le G8 à la nouvelle situation internationale. Mais, pour nous, la chose plus importante, c’est surtout d’avancer sur le fond de problèmes. Le siècle passé était fondé sur le capitalisme originel, il faut que ce siècle fonctionne sur de nouveaux standards juridiques. Cela signifie que c’est la loi qui transmet les valeurs éthiques vers l’économie.

Antonio Torrenzano

 

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