Les États-Unis accueilleront le sommet du G20 sur la crise économique les 24 et 25 septembre prochains à Pittsburgh en Pennsylvanie. Dans la même période à New York, au siège des Nations Unies, il se déroulera le débat général de la soixante-quatrième assemblée de l’organisation mondiale. La dernière quinzaine du mois de septembre 2009, elle sera donc riche d’engagements pour la communauté diplomatique mondiale et pour le monde de l’économie.
Douze mois plus tard de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, après la réunion du G20 à Washington, le sommet G20 de Londres, les assemblées de printemps des deux institutions mondiales de l’économie FMI et Banque mondiale et la réunion du G8 à l’Aquila, la communauté internationale se retrouvera à New York et à Pittsburgh pour trouver d’autres solutions et faire le point sur la crise économique mondiale. Le problème de la récession est là, la crise continue à produire de nouveaux chômeurs, elle continue à toucher très profondément les travailleurs, les consommateurs, les entreprises, les épargnants sauf… que pour les bonus bancaires et les paradis fiscaux. L’ancienne économie de la confiance est encore une économie de la panique.
Le sommet de Pittsburgh ne devra pas encore perdre de vue que cette crise est aussi une crise de la mondialisation libérale. Mondialisation libérale qui a appauvri l’idée de démocratie, car elle soutenait l’absence de règles, de transparence, l’absence de vérifications, l’absence de légalité. Absence de la légalité que la catastrophe financière a mise en évidence à travers la croissance d’un capitalisme illégal et l’absence d’institutions internationales apte à le contrarier ou à en balancer l’influence et son vorace pouvoir.
Aujourd’hui, le phénomène de la misère touche même l’Occident capitaliste qui s’en croyait à l’abri. Selon les chiffres statistiques internationaux (FMI, World Bank, Trade Union Advisory Committee), presque 60 millions de personnes vivent aux États-Unis avec moins de sept dollars par jour. La situation est analogue dans l’Europe de Maastricht où presque 20 millions de chômeurs courent un risque de pauvreté et 28 millions d’autres n’ont pas accès à un logement décent selon les statistiques publiées par la Commission européenne. Aujourd’hui, 200 sociétés transnationales gèrent plus de 23% du commerce mondial et 1% des plus riches détient plus de 57% des richesses produites.
L’augmentation des richesses a-t-elle produit l’enrichissement de tous les individus de la planète? Non. Au niveau mondial 103 200 individus, pour la plupart propriétaires privés de l’économie, détiennent un patrimoine financier de plus de 30 millions de dollars. Mais, si l’on se réfère aux statistiques de l’organisation des Nations Unies, plus de 80 pays ont aujourd’hui un revenu par habitant plus bas qu’il y a dix ans. Après plusieurs années de domination de l’économie sur la politique et après plusieurs années de mépris des règles des marchés financiers, le rêve idéologique d’une perfection du marché qui pouvait se réguler tout seul, il est terminé. La main invisible et les vertus du marché (le marché qui doit s’occuper du marché), n’ont pas montré leur efficacité ni leurs mérites.
Comme le professeur Ralph Dahrendorf avait affirmé avant sa disparition dans les pages de ce carnet numérique, aujourd’hui nous nous trouvons devant à un concept vide de démocratie et un principe vide d’égalité d’opportunités. Si, comme Hannah Arendt écrivait, la politique repose sur la pluralité humaine et sur l’agir ensemble. La démocratie contemporaine n’est plus donc l’expression privilégiée. La mondialisation jusqu’à présent n’a pas offert une chance unique de donner à la démocratie une nouvelle dimension: celle de la défense de l’identité, de la diversité et du pluralisme.
Cette mondialisation encore n’a pas eu une dimension véritablement universelle : celle d’une communauté mondiale qui aurait eu en commun la diversité et la liberté en partage. La tâche n’est pas simple, mais les puissances occidentales semblent encore avoir quelques difficultés à imaginer l’architecture de leur structure de discussions sur les problèmes du monde.
Les réunions internationales du G8, G14, G20, par exemple, peuvent-elles être la nouvelle architecture pour gérer les problèmes de cette nouvelle période historique? Reste à savoir si trouver le bon point « G », comme affirme Hubert Vedrine, changera véritablement quelque chose à la représentativité et à la marche du monde. On s’achemine vers un système baroque fait de multiplication de «G» dans tous les sens. Mais pour autant, continue Hubert Vedrine, pas de gouvernance ni de communauté internationale. Pas de solutions ni de préconisations globales. Parce qu’il n’y a pas d’autorité mondiale, pas de vainqueur, comme après la guerre. Pas d’harmonisation d’un monde fondé sur des valeurs communes.
Antonio Torrenzano