Sur la crise économique et la crise de l’emploi. Conversation avec Mario Monti, université Bocconi de Milan.

mario_monti_bruxelles_image.1255719585.jpg

Conversation avec Mario Monti, économiste, professeur d’économie et management, président de l’université Bocconi de Milan depuis le 1994. En 1994, il a été nommé à la Commission européenne en qualité de commissaire pour les secteurs « marché intérieur, services financiers et intégration, droits de douane et taxes ». Quatre ans plus tard, dans son deuxième mandat, sous la présidence de Romano Prodi, il a été commissaire responsable de la concurrence jusqu’à l’année 2004. Il a été aussi membre de différentes institutions de l’État italien, dont celle du Ministère du Trésor pour ce qui concerne le système du crédit. À présent, il est membre du groupe de réflexion «Europe 2020-2030», fondé par le Conseil européen et présidé par l’espagnol Felipe Gonzales et membre du think tank européen Bruegel fondé en 2005. Le dialogue a eu lieu à plusieurs reprises dans les villes de Bologne pendant un séminaire près de l’université américaine Johns Hopkins au mois de mai, à Rome au mois de septembre et à Milan près de l’université Bocconi pendant un autre séminaire au mois d’octobre 2009.

Antonio Torrenzano. Après l’assemblée générale des Nations Unies, après le sommet de Pittsburgh, la communauté internationale a-t-elle compris l’urgence d’un nouveau système de rapports internationaux ?

Mario Monti. Je constate à présent qu’il y a des phénomènes d’intégration régionale comme l’Union européenne où il transparaît la conscience que les États ne sont pas plus aptes à exercer leur souveraineté sur toutes les questions devant à la mondialisation. Au-delà de l’Union européenne, je note qu’aussi le G20 a la même orientation. La communauté internationale travaille pour qu’une institution mondiale ait une vraie autorité et la capacité de décision politique sur sujets qui concernent désormais tous les individus de la planète. La crise a fait percevoir à une grande multitude d’individus que l’ancien système financier était sans des règles et surveillance. L’opinion publique a compris ce qu’elle ne voyait pas avant. La crise est devenue alors l’exemple qui a fait comprendre les pervers mécanismes du système. La récession économique nous a montré au contraire que l’économie de marché ne peut pas être soutenable par l’ancienne vision. Maintenant, nous devons affronter tout de suite les problèmes inhérents aux extrêmes inégalités.

Antonio Torrenzano. Et sur les questions éthiques ?

Mario Monti. Le débat sur les valeurs éthiques reste l’objectif prioritaire de cette nouvelle phase historique. À cause de cette crise, l’éthique est entrée diffusément dans presque tous les documents d’institutions et des banques. Ces institutions ont compris que l’éthique est à la base de chaque action et de chaque décision parce que les valeurs éthiques ne sont pas de règles extérieures à la finance ou plus en général au marché économique. Sur ces principes, tout le monde est en train de converger.

Antonio Torrenzano. Sa sainteté Benoit XVI a affirmé dans sa dernière encyclique «Caritas in veritate» que l’humanité mondialisée a besoin de règles et de valeurs.

Mario Monti. Je trouve très important que l’Église affirme que la dignité de l’homme en économie doit être défendue. Dans les dernières années avant la brutale circonstance du crack financier, nous avions assisté à deux situations contradictoires : d’une part l’élaboration de phénomènes exagérés dans le marché financier avec des actions sans aucune vérification ; de l’autre côté à une rapide croissance d’un volontariat diffus et de l’économie sociale. L’économie sociale s’est énormément développée dans ces dernières années et cette croissance nous indique qu’au-delà de «l’homo oeconomicus» il y a aussi un «Homme» qui veut vivre autrement.

Antonio Torrenzano

 

 

* Un particulier remerciement au Service audiovisuel de la Commission européenne pour l’image de Mario Monti.

 

Join the discussion

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *