La crise de l’Euro vécue à travers de la crise grecque a suscité beaucoup de questions. Cette dernière crise financière a montré par exemple à quel point les économies des pays de l’Union Europénne sont étroitement liées et en particulier celles de la zone de la monnaie unique. L’Euro avait perdu 19% de sa valeur depuis décembre 2009 et tout cela avait commencé au moment où il était apparu évident le risque que la Grèce était dans l’incapacité d’honorer ses dettes.
Conformément au traité de Lisbonne (article 122.2), « lorsqu’un État membre connaît des difficultés ou une menace sérieuse de graves difficultés, en raison de catastrophes naturelles ou d’événements exceptionnels échappant à son contrôle, le Conseil, sur proposition de la Commission, peut accorder, sous certaines conditions, une assistance financière de l’Union à l’État membre concerné », le 3 mai 2010, les ministres des Finances de la zone euro ont adopté un plan d’aide à la Grèce de 110 milliards d’euros. La semaine suivante, dans la nuit du 9 au 10 mai, les mêmes ont adopté un fond de 750 milliards d’euros en ayant comme objectif celui de protéger la monnaie unique contre de nouvelles attaques par la spéculation financière internationale et interdire un possible effet domino aux autres États de l’UE.
Le chiffre de 750 milliards d’euros, c’est le montant total du dispositif adopté par les ministres des Finances de l’Union européenne pour faire face au risque de contagion de la crise grecque. Un mécanisme qui devrait aider les pays en difficulté à régler leur dette. Ce dispositif financier, communautaire et intergouvernemental en même temps, se compose par deux volets : A) la création d’un fonds communautaire de soutien pour la zone euro (60 milliards d’euros); B) l’octroi de prêts de la part des États membres les plus solides financièrement (440 milliards d’euros maximums). À ce fond européen de soutien de 500 milliards d’euros, ils pourront s’ajouter 250 milliards d’euros du Fond monétaire international, pour une somme globale de 750 milliards d’euros. En contrepartie pour le nouveau dispositif adopté , les dirigeants de la zone euro se sont engagés à réduire par des lignes d’action concrètes leurs déficits publics. Première question : ce dispositif déjà prévu pour trois ans ouvrira-t-il le chemin vers l’institutionnalisation d’un véritable fonds monétaire européen ?
Mais, la crise grecque a mis en lumière aussi certains dysfonctionnements de l’Union européenne par rapport non seulement à la gestion de sa monnaie unique. Par exemple, l’harmonisation d’une politique fiscale égale dans tous les 27 pays membres et une vraie politique économique commune. La décision de vérifier les budgets nationaux par la Commission européenne pourrait être un autre petit signe sur lequel réfléchir autant que la responsabilité de tous les acteurs économiques et sociaux pour dessiner des budgets nationaux plus économes, des systèmes sociaux et de retraites équilibrées. Mais, d’autant plus que toutes ces lignes d’action soient définitivement négociées autour d’une table européenne unique. Si l’Union européenne vérifiait les budgets de 27 pays membres, cela ne serait pas pour dire à un État membre de réduire son budget à un endroit et de l’augmenter à un autre, mais le but serait d’éviter qu’une nouvelle circonstance comme celle de la Grèce ne puisse plus se proposer. Sur ces grands objectifs communs, pourquoi est-il ainsi difficile de se mettre d’accord ?
La gravité de la situation ne doit pas être sous-estimée. La crise financière contemporaine commencée en 2007 par les subprimes américains, elle est devenue une crise de l’endettement public. Il culmine à 78,7% dans la zone Euro, c’est-à-dire qu’un petit européen qui nait aujourd’hui doit déjà 21,585 euros. Les chiffres donnent le vertige : 9000 milliards d’euros de dette publique pour les Pays de la zone euro et la Grande-Bretagne, c’est-à-dire les quatre cinquièmes du produit national brut cumulé de ces Pays. Cet endettement tue la recherche, l’innovation, la compétitivité sur les autres marchés internationaux et il affaiblit en général l’économie du continent. Pour survivre dans la concurrence multipolaire, préserver ce modèle historique unique et laboratoire d’idées, l’Europe saura-t-elle faire des efforts ?
Antonio Torrenzano