De la faillite de Lehman Brothers à la crise de la monnaie unique : une chronologie des événements.

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L’histoire économique de ces trois ans, de la faillite de Lehman Brothers à la crise de l’euro, a vu une répétition des chocs économiques qui continuent à bouleverser la communauté internationale. Comment en est-on arrivé là ? La crise cessera-t-elle? Voilà, alors, une petite chronologie des événements sur ces temps de restrictions. Commençons.

Première phase. Cette première crise financière du XXI siècle, affirme Jacques Attalì, s’explique très largement par l’incapacité de la société américaine à fournir des salaires décents aux classes moyennes; elle les pousse alors à s’endetter pour financer l’achat de leur logement, entraînant une croissance de la valeur des patrimoines et de la production. Les subprimes, ces crédits immobiliers produits aux États-Unis entre 2003 et 2007, ont été en effet le déclencheur de la crise. De quoi s’agit-il ? Ce produit financier consiste à vendre à un emprunteur financièrement illettré un crédit dont les échéances augmentent très vite au fil du temps. Ses revenus lui permettent de payer les premières, mais pas les suivantes. Encore, les producteurs de ces crédits ne les gardaient pas dans leur bilan et les faisaient aussitôt transformer par les banques d’affaires de Wall Street en produits financiers vendus aux investisseurs institutionnels du monde entier comme produits d’investissement avec une bonne notation, un bon rendement. Les subprimes titrisés étaient ainsi en apparence très séduisants. Cette technique, apparue aux États-Unis dans la décennie 1980, a été appliquée d’abord aux crédits hypothécaires classiques, puis aux flux générés par les cartes de crédit, puis pratiquement à tous les types de délai de paiement. Cette technique crée aux États-Unis, elle s’est développée sans freins, sans de limites, sans de vérifications dans le monde entier. Première sonnette d’alarme ? À fin de l’année 2006 et début de l’an 2007 par les premiers bruits et l’augmentation de taux de défaut des subprimes produits et titrisés parmi l’année 2003 et l’année 2006. Ce premier signal est suivi au mois d’août 2007 par un inconvénient généralisé du marché interbancaire. Inconvénient intervenu dans tous les pays d’Europe au même moment et peu remarqué par l’opinion publique en vacances estivales. C’était le premier indice d’une grave crise de confiance. Dans la même année, mais dans cette occasion en automne, les marchés de tous les crédits titrisés subissent une nouvelle augmentation de défaut et un premier sinistre de taille limitée se produit en Grande-Bretagne près de la banque Nothern Rock. Banque commerciale que le gouvernement britannique sauva par une nationalisation immédiate.

Deuxième étape. Au début de l’année 2008, sous l’effet de la récession des économies, les risques de crédit montent fortement provoquant l’écroulement de tous les produits financiers à base de crédits titrisés. La communauté économique internationale découvre aussi les premières faillites des principaux opérateurs de ce marché. Des banques commerciales comme Bear Stern, Merrill Lynch, elles sont sauvées par d’autres banques plus robustes. Les principaux assureurs spécialisés dans ce secteur doivent être recapitalisés par leurs actionnaires. La société d’assurance AIG, qui avait été très active dans ce secteur, elle est sauvée par une aide monétaire du gouvernement américain. Mais, c’est la faillite de Lehman Brothers qui jette le monde dans la panique. À partir de ce moment, la crise des subprimes dégénère en crise bancaire. La panique gagne, les banques cessent d’accorder du crédit, l’économie est au bord de l’asphyxie. Le système avait perdu presque toutes les boussoles qui avaient gouverné le monde d’avant-hier. La belle époque bancaire des années 2000/2007 était terminée. L’économiste et philosophe Frédéric Lordon sur cette absurde situation affirmera : «La finance de marché a eu la propriété à faire voir dans une longue période les résultats catastrophiques d’une situation où tous les agents sont simultanément laissés libres de poursuivre frénétiquement leurs intérêts… Et si même des catastrophes de cette magnitude ne parviennent pas à dessiller l’escouade des experts, on se demande quel degré de convulsion il faudra atteindre pour obtenir d’eux le premier doute ». La communauté internationale s’interroge vers où aller. Quelle nouvelle direction prendre par quel genre de boussole ?

Troisième phase. Les États occidentaux s’endettent hors de proportion pour sauver leurs banques et relancer l’économie. Les finances publiques jouent dans ce contexte un rôle de pompier pour éteindre l’incendie. Entre la fin de l’année 2008 et le milieu de l’année 2009, la crise de la finance privée se convertit en gonflement de la dette publique et en crise sociale. Dans les pays occidentaux, le chômage grimpe très vite avec un taux à deux chiffres, mais les Bourses stimulées par le nouvel afflux d’argent public et par des taux d’intérêt quasi nuls reprennent leurs affaires quotidiennes.

Quatrième étape. L’attaque spéculative sur la dette souveraine des pays de l’Europe est à présent la dernière phase de cette chronologie. L’attaque, il a commencé par la révélation du maquillage du déficit public grec effectué avec l’aide de la banque d’affaires américaine Goldman Sachs. Le 3 mai 2010, les ministres des Finances de la zone euro adoptent un plan d’aide à la Grèce de 110 milliards d’euros. La semaine suivante, dans la nuit du 9 au 10 mai, les mêmes adoptent un fond de 750 milliards d’euros en ayant comme objectif celui de protéger la monnaie unique contre de nouvelles attaques par la spéculation financière internationale et interdire un possible effet domino aux autres États de l’UE. « La crise, affirme Pierre Rimbert, elle a fait découvrir la fragilité d’une construction qui, depuis son origine, repose sur un pari : l’union douanière et monétaire entraînera l’union politique et populaire ».

Antonio Torrenzano

 

 

* Bibliographie électronique.

– Benoit Coeuré (sous la direction de), « Le monde a-t-il encore besoin de la finance ? », les cahiers du Cercle des économistes, Paris, éditions PUF, 2010.

– Bertrand Jacquillat (sous la direction de), « 1929-2009 : Récession (s) ? Rupture (s) ? Dépression (s) ? », les cahiers du Cercle des économistes, Paris, éditions PUF, 2009. Le Cercle des économistes réunit trente économistes qui ont le souci d’associer réflexion théorique et pratique de l’action.

– Jacques Attalì, « Survivre aux crises », Paris, éditions Fayard, 2010.

– Jacques Attalì, « La crise et après ? », Paris, éditions Fayard, 2009.

– Roger-Pol Droit et François Henrot, « Le Banquier et le Philosophe », Paris, éditions Plon, 2010.

 

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