Après le sommet de Pittsburgh qui a officialisé le G20 comme principal forum de coopération économique internationale, plusieurs questions restent encore sans réponse. La première : le G20 est une institution internationale sans statut, mais qui s’est réunie à quatre reprises depuis novembre 2008 (Washington, Londres, Pittsburgh et Toronto), avec de nombreux problèmes à régler pour ce qui concerne son organisation à l’intérieur.
«C’est en 2010 – les dirigeants affirmaient à Pittsburgh – que nous essaierons de discuter de la nouvelle architecture du G20». Mais, à aujourd’hui, quels pays devront-ils devenir membres? Encore à quelle fréquence devra-t-il se réunir le sommet ? Aux prochains sommets du G20, les économies à faible développement participeront-elles à la gouvernance mondiale? D’autres questions pratiques restent toutefois en suspens: le G20 devrait-il comporter un secrétariat permanent de façon à assurer le suivi de ses travaux? Quel pouvoir aura-t-il ? Ses décisions auront-elles force de loi ? Comment ce forum économique international pourra-t-il faire respecter ses engagements vers les Pays membres ? Encore, quelles seront-elles les relations entre le G20 et l’ONU ?
Sur cette dernière question, un groupe d’une trentaine de petits États, dont la Suisse, a lancé des propositions à l’ONU à New York pour mieux coopérer avec les pays du G20. Le président de l’Assemblée générale de l’ONU, Joseph Deiss, a lui souhaité des réunions près des Nations Unies avant chaque sommet et après chaque réunion internationale du G20. Ce groupe de travail est retourné à souligner cette urgence pendant sa troisième réunion ministérielle en marge de l’Assemblée générale de l’ONU au mois de septembre 2010. À cette réunion, la Corée du Sud et la France, hôte du prochain sommet à Cannes, ont participé comme invités à la rencontre autant que le président de l’Assemblée générale Joseph Deiss. Le groupe soutient qu’établir un rapport constructif entre le G20 et l’ONU est désormais devenu crucial. Pourquoi ? Parce que les plateformes internationales de l’ONU déjà existantes devraient mieux interagir dans les efforts du G20. Il ne s’agit pas de nier le rôle que peuvent jouer les sujets membres du G20, mais la crise économique et financière a montré l’importance d’une réponse coordonnée et rapide. Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon a lui aussi reconnu ce défi et insisté sur le fait que l’organisation doit rester la « boussole morale » du monde.
Selon Michael Hodin, chercheur près du Council on foreign relations de New York, le G20 fait désormais concurrence à l’ONU. Le même analyste pronostique encore que les Nations Unies resteraient un endroit pour faire des discours, mais les activités pour la prospérité économique proviendraient du G20. Mais le G20 comme forum principal de la coopération économique internationale, a-t-il vraiment réussi ? Le G20 pourra-t-il être un forum de la pensée multilatérale ? L’ambition du mandat après la réunion de Pittsburgh, elle semble contraster avec les maigres résultats obtenus à Toronto. Il faut encore rappeler que le Fond monétaire international et la Banque mondiale, parmi d’autres, ont déjà les ressources et le mandat pour fournir tous les éléments nécessaires à la concertation. Il est évident, dans ces conditions, que redéfinir les rôles de ces deux institutions reflète la nouvelle réalité géopolitique et économique. La crise a amplifié les déséquilibres mondiaux, et par là même le besoin de solutions globales.
Antonio Torrenzano