Le génie feminin pour la Méditerranée. Conversation avec Wassyla Tamzali, ancienne responsable des droits de femmes à l’UNESCO.

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Conversation avec Wassyla Tamzali, écrivaine, ancienne directrice des droits de femmes à l’UNESCO de Paris, avocate à Alger. Aujourd’hui, elle partage son temps entre l’écriture et les actions militantes au sein du mouvement féministe maghrébin et pour un dialogue entre les peuples de la Méditerranée. En qualité d’autrice, elle a publié « Une éducation algérienne », en 2007 et pour les éditions Gallimard « Une femme en colère, lettre d’Alger aux Européens désabusés » 2009. Wassyla Tamzali a reçu le Prix Méditerranéen pour la Culture 2008 pendant une cérémonie qui s’est déroulée au Complesso Museale Santa Maria La Nova de Naples. La Fondazione Mediterraneo lui a assigné le Prix pour avoir su exprimer, à travers son œuvre de témoignage de la guerre de libération algérienne, sur les multiples dimensions et contradictions de la Rive Sud de la Méditerranée et pour avoir donné voix aux femmes victimes d’abus. Le dialogue a eu lieu en plusieurs fois dans la ville de Rimini auprès de la Fondation Pio Manzù pendant les journées internationales d’étude, dans la ville de Naples près de l’université Federico II-L’orientale et dans la ville de Erice au mois de juillet 2010.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi la voix des femmes est-elle presque absente de la politique mondiale ?

 

Wassyla Tamzali. Dans ce temps de complexité, la vision féminine serait une très bonne approche. Les pays du nord et du sud de la planète auraient besoin de la vision politique des femmes comme nouvel élément pour la gestion politique. Les femmes ont une très grande sensibilité par laquelle elles analysent les problèmes sous multiples aspects. La sensibilité féminine pourrait apporter à la communauté internationale une nouvelle manière pour dialoguer parmi les États et de nouvelles valeurs. Je crois vraiment que le XXIe siècle a besoin de la vision féminine pour retrouver la juste orientation. Les femmes possèdent de nouveaux éléments qui manquent dans le panorama politique contemporain.

 

Antonio Torrenzano. Et dans le Continent africain et l’Afrique du Nord ?

 

Wassyla Tamzali. L’Afrique a besoin des femmes. Le rôle de la femme en Afrique a eu un rôle très important dans la période avant la colonisation. Annie Lebeuf, mais aussi Catherine Coquery-Vitrovich, historiennes et spécialistes pour ce qui concerne le rôle de la femme en Afrique, elles décrivent la femme comme point de repère, comme mère du territoire où elle déroule son action politique, sociale et économique. La femme africaine a été une souveraine très influente dans la période avant la colonisation. Déjà au XVIe siècle, dans certaines sociétés africaines, ils existaient de cercles et de comités féminins qui discutaient et résolvaient les possibles problématiques. Puis, dans la période coloniale et successivement dans la période moderne, tous les préjugés importés par le colonialisme pour ce qui concerne l’identité féminine, ils commencèrent à se développer de manière négative. Dans la période moderne, au contraire, avec l’entrée de la femme africaine dans l’univers féminin mondial, on pourrait affirmer de ses soumissions ou exclusions presque totales de la gestion politique et sociale du continent. De plus, la femme africaine aujourd’hui est encore tourmentée par le problème de son identité et elle n’a pas encore trouvé son espace et une image très claire de soi-même.

 

Antonio Torrenzano. Vous avez affirmé que la situation est devenue pire dans la première décennie du siècle XXIe. Pourquoi le fantôme du fondamentalisme a-t-il rendu aveugle le monde occidental ?

 

Wassyla Tamzali. Sans doute. D’une manière plus générale, j’y vois un aveuglement pour tout ce qui relève à tort ou à raison de l’Islam. L’islam est devenu le continent noir de la pensée occidentale. À tous les échelons de la société. Cela est tellement répandu que j’y vois, sinon de la discrimination du moins de l’ethnicisme. Le monde européen a oublié peut-être Fernad Braudel qui affirmait : « Quatre ou cinq siècles durant, l’Islam fut la civilisation la plus brillante de tout l’Ancien Monde ». Aujourd’hui, cette aggravation des circonstances a bloqué chaque possibilité d’avoir une démocratie durable dans tout le continent africain et aussi dans l’Afrique du Nord. Les gouvernements, effrayés par ces faits marquants, ils ont blindé le dialogue.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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