Sur le vent de printemps qui souffle sur la Rive-Sud de la Méditerranée. Conversation avec Shirin Neshat, vidéaste et photographe.

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Conversation avec Shirin Neshat, vidéaste, photographe, Lion d’or de la XVIIIe Biennale de Venise. Shirin Neshat a quitté l’Iran pour étudier l’art aux États-Unis et en Europe. Après ses études universitaires, elle a travaillé à New York, San Francisco, Los Angeles. Son travail artistique se rapporte aux codes sociaux, culturels et religieux des sociétés musulmanes et à la complexité du temps présent. Le travail de Shirin Neshat analyse les dimensions sociales, politiques et psychologiques de la vie des femmes dans les sociétés islamiques contemporaines. Mais, Sherin Neshat n’offre jamais des représentations stéréotypées de la société musulmane. Ses objectifs artistiques ne sont pas formellement polémiques. Plus exactement, son travail reconnaît la complexité des forces intellectuelles et religieuses formant l’identité des femmes musulmanes dans le monde. Shirin Neshat est devenue internationalement connue en 1999, quand elle a obtenu le Lion d’or de la XVIIIe Biennale de Venise avec Turbulent et Rapture, un ouvrage avec 250 figurants, produit par la galerie Jérôme de Noirmont. Avant Venise, elle avait déjà rencontré un grand succès critique et de public après son avant-première mondiale à l’Institut d’art de Chicago au mois de mai de la même année. Ses oeuvres récentes sont : Fervor, ans 2000. Installation vidéo et sonore sur deux écrans; Passage, ans 2001. Installation vidéo; Logic of the Birds, ans 2002 (une performance multimédia);The Last Word, ans 2003 (installation vidéo); Zarin, ans 2005 (installation vidéo); Munis, de l’année 2008 (film vidéo) et le film vidéo Faezeh dans la même année. Comme photographe ses principales expositions individuelles ont été en 1998 près de la Maison européenne de la photographie à Paris, en 1999 avec Rapture à l’Art Institute de Chicago et au Kunstmuseum de Bonn, en 2001 au Musée d’art contemporain de Montréal, en 2002 auprès du Castello di Rivoli de Turin, en 2005 avec «Women without Men and Other Works» à la Neue Nationalgalerie de Berlin. Le dialogue a eu lieu à Rome, Venise et Berlin au mois de janvier 2011.

 

Antonio Torrenzano. Les prétentions des individus de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient,elles me semblent identiques au reste du monde : liberté de pensée, liberté d’expression, liberté de choisir leurs gouvernants. Encore, la transparence dans la gestion des biens publics !

 

Shirin Neshat. Les jeunes désirent seulement que leur avenir soit meilleur. Cette nouvelle génération bien éduquée est en train de dénoncer la corruption, la censure, le déclin économique, l’absence d’un dialogue démocrate, la liberté d’expression. Au mois de décembre, je me trouvais en Égypte et je comparais la force des jeunes Égyptiens à la volonté des jeunes Iraniens d’obtenir de changements sociaux et économiques.

 

Antonio Torrenzano. Les jeunes sont-ils exaspérés d’un quotidien sans avenir ?

 

Shirin Neshat. Les protestations des nouvelles générations arabes en Tunisie, en Égypte, en Algérie ou les mêmes revendications des partis d’opposition dans mon Pays : l’Iran, ils n’ont rien d’idéologique. Ces revendications désirent simplement un changement social.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi la voix des femmes est-elle presque absente de la politique?

 

Shirin Neshat. Le travail des artistes et des intellectuels femmes consiste à raconter une possible et nouvelle société musulmane. Mon travail artistique, par exemple, il reflète ma propre vie, mes propres anxiétés et mes désirs. Mon intérêt pour une certaine narration du monde et l’analyse de certains sujets, il reflète ma sensibilité et ma vision politique au féminin. Mes sujets racontent de situations sociales, ils racontent des désirs, mais aussi la complexité d’un passé très ancien et riche et d’un avenir incertain pour les sociétés du Proche-Orient. Le Proche-Orient peut avoir un avenir meilleur et les femmes ont déjà perçu depuis longtemps cette nouvelle vision du changement.

 

Antonio Torrenzano

 

* Dans l’image, Shirin Neshat avec Silvia Lucchesi pendant un séminaire à Rome.

 

 

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