Libye, enjeux et perspectives. Les tribus quel rôle auront-elles dans la succession au régime de Mouhammar Ghadafi ?

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Après la Tunisie et l’Égypte, la contestation du monde arabe a gagné la Libye. Mais, la révolte éclatée à Tripoli, au contraire des conflits tunisien et égyptien, elle semblerait être d’origine tribale et clanique. Les contestations en Libye ne viennent pas des intellectuels ou des travailleurs plutôt des tribus qui pourraient arranger l’action définitive pour détrôner le régime du Colonel Mouhammar Ghadafi. Le rôle du tribalisme dans la politique libyenne a été toujours bien évident et il a représenté un pilier fondamental du pouvoir de Muhammar Gheddafi depuis 40 ans. La société libyenne se compose de quasi 140 familles claniques qui incluent presque toutes les six millions d’habitants. Sur une population totale de six millions, presque les quatre-vingt-cinq pour cent d’individus ils appartiennent à une tribu. Les plus importantes sont les tribus de Warfala, de Zintan, de Rojahan, d’Orfella, de Riaina, al Farjane, al Zuwayya et la famille tribale de Tuareg. De tribus très anciennes et riche d’histoire dont leur rôle était déjà présent en Libye pendant la société précoloniale, durant la colonisation italienne et après l’accession à l’indépendance. Le tribalisme constitue donc la structure principale de cette communauté.

Quand on parle de tribus, il s’agit d’un ensemble social polyvalent singulièrement adapté aux conditions écologiques du milieu géographique et climatique de la région où ce groupe social vit. Une analyse interne de différents groupes nous relève encore l’absence du concept de classe sociale. Cette caractéristique a des raisons précises, parce qu’elle rend possibles l’homogénéité et la cohérence d’un groupe clanique. La propriété tribale ou familiale par exemple elle prévaut sur la propriété personnelle qui est reléguée au second plan. La lutte victorieuse contre la colonisation italienne modifia radicalement les relations entre toutes les tribus libyennes avec l’apparition de l’État. L’apparition de l’État (dans le sens juridique occidental) modifia leurs relations, leurs intérêts et les enjeux. L’État apparaît comme: le symbole de richesse, le pouvoir extraordinaire, l’employeur. En d’autres termes, l’État représente l’argent, le travail, l’épée. Dans leur rivalité, les tribus tendent par le jeu des influences et des alliances à s’assurer la maîtrise de l’appareil de l’État. Et cette domination signifia avant tout appropriation des privilèges et non-enrichissement des possibilités offertes. Par définition, l’État et la tribu constituent deux entités antithétiques.

Comment alors Mouhammar Ghadafi a-t-il pu gouverner pour 40 ans ? Pour un motif simple : parce que chaque tribu a exercé son pouvoir dans les différentes fonctions publiques suite à sa projection et sa localisation spatiale dans le pays. Toutes les tribus, par exemple, ont toujours eu leurs leaders politiques dans l’establishment militaire autant que dans les Comités populaires et révolutionnaires constitués par le colonel après la prise du pouvoir en 1969. Il a été ce pacte qui a permis au régime de gouverner. Mais ce pacte tribal depuis quelques mois s’est brisé en produisant les révoltes de ces jours et une nouvelle possible alliance. La tribu Tuareg participe à la révolte ensemble à la tribu Warfala. Les tribus Zuwayya du Désert oriental menacent Tripoli de bloquer les exportations de pétrole si la violence ne cesse pas. Actions que les nombreuses tribus de la Cyrénaïque ( Zuwayah, Awaqir, Abid, Barasa, Majabrah, Awajilah, Minifah, Abaydat, Fawakhir) ont déjà produites. Toutes les tribus de la Cyrénaïque, il faut ajouter encore, elles ont toujours considéré le coup d’État de 1969 contre le Roi Idris et la monarchie Senussi comme une action d’hégémonie des tribus occidentales sur la destinée du pays.

Dans la brève durée, les perspectives d’une stabilisation politique pour la Libye sembleraient très incertaines, mais c’est sûr que la communauté internationale devra dialoguer avec ces anciennes tribus pour ce qui concerne la Libye d’après Ghadafi… Au moins pour conjurer une nouvelle Somalie.

Antonio Torrenzano

 

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