Somalie: après la crise et l’urgence, quelques réflexions pour le futur.

La Somalie est un pays uni en surface, la population y est homogène, et les habitants parlent presque tous la même langue : le Somali. Encore, ils ont tous la même religion (l’Islam), la même culture et la même appartenance ethnique. Pourquoi alors le Pays se trouve-t-il près d’un paradoxe ? Pourquoi le Pays, depuis vingt ans de guerre civile, de famine, de sous-développement, d’enfer, de violence et d’un million et demi de réfugiés se trouve-t-il encore près d’un abîme ? Les mouvements extrémistes religieux ont été et sont encore seulement une petite variable de l’équation historique somalienne. Variable de la dernière décennie surtout liée à l’actualité contemporaine de la menace de Al-Quaida qui était devenue la principale préoccupation de la communauté internationale. Mais, cette progression de mouvements extrémistes en Somalie doit être restituée à un temps plus long de l’histoire du pays et pas seulement aux évènements récents. Faits marquants qui pourraient faire perdre le sens d’une longue perspective. La religion a toujours été en Somalie un agent unificateur qui a été le principal lien entre nombreuses variables : sociales, économiques, culturelles, claniques. Les familles claniques forment la société ethnique somalienne où tout se développe  sur une multitude de combinaisons sociales entre les tribus : Marehan, Ogadeen, Dulbahante, Hawije. Les premiers trois tribus appartiennent à la même famille : le clan Darod.

En Somalie, ces combinaisons sociales entre les tribus nomades et la rareté des ressources naturelles ont toujours été le problème de nombreux conflits. Toujours confrontées à cette ancienne réalité historique, les différentes tribus ont développé des méthodes de prévention et de résolution des collisions. Les dernières analyses sur le désordre somalien n’ont jamais étudié de manière approfondie le rôle de ces familles dans un conflit qui perdure depuis longtemps. Le possible pris d’une prochaine et urgente solution à long terme pour l’avenir du Pays, elle devra prendre en compte cette question. Le rôle des clans somaliens pourra-t-il être un facteur déterminant pour la paix durable en Somalie ? Une possible réponse pourrait dériver par l’utilisation d’une résolution traditionnelle. C’est-à-dire par un contrat socio-politique, appelé dans la langue Somali le heer. Le heer, c’est un accord juridique typique de la culture somalienne, accord développé au XVI siècle, que signifie « protéger la société contre les dangers extérieurs et de rassembler ses membres autour des mêmes valeurs et intérêts ». Ce contrat contient de plus un ensemble de règles morales ayant pour but un renforcement de la solidarité et la paix entre les tribus.

L’application et la signature générale du contrat se font entre groupes claniques de taille égale, mais des groupes petits peuvent s’allier avec des groupes plus forts. La relation alors qui s’établit entre ces deux groupes est appelée dans la langue Somali sheega. La communauté internationale n’a jamais accordé que peu d’attention aux lois traditionnelles somaliennes pour nombreuses raisons : à priori parce qu’elles ne sont pas de lois écrites. Elles sont transmises qu’oralement de génération en génération. Ces méthodes traditionnelles méritaient d’être utilisées en détail pour la situation complexe et chaotique du Pays à présent. L’échec de l’intervention internationale pourrait alors dériver par l’incapacité de régler le conflit de manière traditionnelle. La paix jusqu’à aujourd’hui n’a pas été restaurée et les efforts n’ont pas eu le succès espéré. Aucune nouvelle solution digne de ce nom ne s’annonce à l’horizon. Sauf l’expérimentation réussie du Somaliland, basée sur la reconnaissance des structures claniques traditionnelles.

Antonio Torrenzano

 

 

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