Benoît XVI : un geste historique. Réflexions de Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de Radio Vatican, section française.

Benoît XVI a décidé de quitter ses fonctions. Il l’a lui-même annoncé lundi en fin de matinée. La nouvelle a créé une forte émotion dans toute l’Église catholique. Le Pontife s’est exprimé en latin à la fin d’un Consistoire public convoqué pour l’approbation de trois décrets concernant des canonisations. Le moment était donc bien choisi.

Benoît XVI a reconnu qu’il s’agissait d’une décision de grande importance pour la vie de l’Église. Le Pape démissionne parce qu’il estime que son âge ne lui permet plus d’exercer la mission qui lui a été confiée. Il reconnait son incapacité à bien administrer son ministère. Le Pontife continuera à servir l’Église par une vie consacrée à la prière. À partir du 28 février, le siège sera vacant et un conclave sera convoqué. Benoît XVI continuera à résider au Vatican, dans un monastère cloitré.

Nous avons demandé à Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de la section française de Radio Vatican, ses réflexions sur les décisions de Benoit XVI : « Le Pape ne recule pas devant les loups. Il ne fuit pas les nombreuses crises et polémiques qui ont jalonné son pontificat : Vatileaks, le scandale des abus sexuels. Sa démarche, sans précédent, désoriente, certes, une large partie du peuple de Dieu ; mais quand on y regarde de plus près, elle suscite l’admiration. Car il faut du courage pour partir, il faut de l’humilité pour admettre ses limites, il faut beaucoup de finesse et de clairvoyance pour savoir ce dont l’Église a besoin, à ce moment précis de l’histoire. Benoît XVI n’est pas un impulsif qui agit sous le coup d’une émotion. C’est un homme de foi, cohérent, animé par son amour de Dieu et de l’Église. Sa décision profonde et spirituelle est sans aucun doute le fruit d’une longue réflexion, un geste qui lui ressemble. Le Pape aura le temps jusqu’au 28 février d’en expliquer lui-même le sens et la portée. Dès le début de son pontificat, il avait marqué sa différence, alors qu’on le comparait à son prédécesseur Jean-Paul II dont la souffrance, largement relayée par les caméras des télévisions, avait ému le monde entier ».

Peu à peu, précise Romilda Ferrauto, « il a imprimé sa marque dans l’Église faisant preuve de fermeté et de transparence. L’intellectuel austère a tenu la barre avec détermination et n’a jamais donné l’impression de ne plus pouvoir gouverner. Ces dernières semaines, on l’avait vu faiblir, prendre de l’âge ; il apparaissait parfois très fatigué. Or Benoît XVI, estime que les temps ont changé, qu’ils sont plus exigeants. Et il sait que l’Église ne se résume pas à la personne du Pape. Certains commentateurs affirment déjà que sa démission et cette annonce publique et inédite a fait entrer l’Église dans la modernité. Un signe prophétique qui ouvre la porte à des changements ».

Antonio Torrenzano

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