Syrie : Kobané «vidée à 90% de ses habitants».

kobané_femme_kurde_quittelaville_imageNous assistons avec tristesse à l’œuvre meurtrière d’Etat islamique, continue à répéter plusieurs fois Cafer Seven, un Kurde turc témoin des bombardements depuis le poste-frontière turc de Mursitpinar. Nos frères sont dans une situation très difficile, c’est très violent. C’est un massacre commis sous les yeux du monde entier, affirme un autre témoin des combats, Burhan Atmaca. Pourquoi le monde reste-t-il silencieux alors que les Kurdes sont massacrés ? Lui non plus n’espère rien de la Turquie : nous n’avons plus confiance dans la Turquie, nous allons devoir nous débrouiller tout seuls, déplore-t-il. Les réticences du gouvernement turc montrent l’hostilité de l’État turc envers les Kurdes.

Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation. Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les jihadistes, au moment dont la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l’EI pourraient avoir fait l’objet d’un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la ville de Kobané s’est «vidée à 90% de ses habitants» et les villages environnants sont désormais «quasiment déserts et contrôlés par l’EI. Terrorisés par l’avancée des djihadistes, des centaines de civils résidant dans les Quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine», a-t-il précisé l’Observatoire. Selon l’OSDH, il ne resterait que quelques milliers de civils à Kobané, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre et avait accueilli un nombre équivalent de réfugiés. S’ils conquièrent Kobané, les djihadistes de l’État islamique s’assureront le contrôle sans discontinuité d’une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

La coalition américano-arabe, qui a entrepris ses raids en Syrie le 23 septembre, n’a mené qu’un nombre limité de frappes dans le secteur, ne permettant pas d’arrêter l’avancée de l’EI. Les raids sont insuffisants pour battre les terroristes au sol, a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant des armes et des munitions. L’offensive de l’EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.

Antonio Torrenzano