Le groupe des vingt pays émergents et industrialisés se réunira des 3 et 4 novembre à Cannes pour son énième sommet de crise et d’incertitude. La France a cumulé cette année les présidences du G20 et du G8. La communauté internationale est encore ébranlée par la crise financière et le fossé des déséquilibres macroéconomiques il reste encore profond. L’économie mondiale est encore très volatile et cette faiblesse demeurera aussi dans les années qui viennent. Dans ce contexte, la réunion de Cannes devra être porteuse d’un message fort, ordonné autour d’un double principe. D’une part, la croissance n’est pas une fin en soi, elle doit être au service du bien-être de l’humanité sans oublier la dimension sociale, la lutte contre les inégalités et la pauvreté. De l’autre côté, pour que le monde émerge de cette épreuve avec une croissance équilibrée et durable, il est nécessaire que la communauté occidentale entreprenne des réformes radicales qui s’attaquent aux raisons profondes de ce long et grave désastre économique.
Parallèlement, la crise de la dette dans la zone euro et le risque de la voir se répercuter au reste du monde préoccupent tellement les dirigeants du G20 qu’ils devraient en faire une priorité de ce sommet. L’Europe sera-t-elle au centre de toutes les attentions au sommet de Cannes ? Les partenaires du G20 ont l’impression que, si l’Europe ne résout pas la crise de la dette souveraine qui l’affecte aujourd’hui, l’économie mondiale pourrait subir de graves répercussions. Les réunions des chefs d’État et de gouvernement de l’UE de la semaine passée à Bruxelles ont cherché, de prouver que l’Union européenne est déterminée à faire tout ce qui est nécessaire pour surmonter les difficultés contemporaines. Mais, la situation n’est pas meilleure aux États-Unis où le taux de chômage et le taux de croissance restent stables malgré les efforts de l’Administration américaine.
Les thèmes inscrits au programme du G20 de Cannes sont nombreux et complexes. Les décisions qui seront prises ou les lignes d’action pas prises, ils auront un impact sur la vie quotidienne des salariés, des entrepreneurs, des populations dans leur ensemble. Le pouvoir politique doit reprendre la main sur une économie dérégulée. Les mesures prises lors des G20 des années 2009 et 2010 – par exemple – n’ont pas produit de résultats vers un changement profond des principes de la régulation financière. La mise en œuvre de ces nouvelles règles s’avère lente et ces vérifications sont encore incomplètes. Il faut poursuivre ces efforts pour une meilleure régulation des marchés, mais surtout il faut restaurer la confiance des citoyens vis-à-vis des acteurs économiques et financiers. L’ancien système financier, comme nous l’avons connu jusqu’à la crise financière de 2008, est-il presque arrivé à sa solution finale ? Après des décennies de laisser-faire, la question de fond reste à développer : c’est-à-dire devrons-nous continuer à vivre dans une mondialisation financière et spéculative ou construire une véritable mondialité? Martin Luther King, s’il avait été encore vivant, il aurait aujourd’hui affirmé que l’occident est en train de se préparer à périr comme un imbécile.
L’enjeu de cette réunion internationale sera alors d’inscrire son action dans la durée et d’avancer vers un nouvel ordre économique mondial. Les points de repère restent toujours les mêmes : le développement, une concrète réglementation du système financier. Dans l’urgence de la catastrophe des années 2008 et 2009, le G20 a su démontrer sa capacité de réaction. Le défi reste de passer d’un G20 de crise à un G20 de construction.
Antonio Torrenzano