Sos Planète. Conversation avec Edgar Morin.

edgar_morin_image.1199403409.jpg

Conversation avec le sociologue et philosophe Edgar Morin. L’entretien a eu lieu à Rome, auprès de l’Ara Pacis à la fin du mois de novembre, où le maitre à penser a présenté son dernier essai en langue italienne “L’anno I Dell’era ecologica” publié par la maison d’édition Armando editore, avec le philosophe italien Gianni Vattimo.

Antonio Torrenzano.Qu’est-ce qu’espérer dans la première ère de l’écologie?

Edgar Morin. Aujourd’hui la planète ne réussit plus à affronter ses problèmes mortels ni à résoudre ses problèmes vitaux. De nos jours, un système qu’il ne réussit plus à affronter ses problèmes vitaux ou il se désintègre ou il arrive à effectuer une métamorphose en se transformant dans un système plus riche, plus complexe, capable d’affronter ces problèmes.

Antonio Torrenzano.Comment pouvons nous aborder cette question en termes humains?

Edgar Morin. Nous sommes dans la mondialisation, mais celle-ci devrait être dépassée par une nouvelle société monde. Nous sommes dans le développement, mais celui-ci devrait être dépassé par l’idée d’une nouvelle politique de la civilisation et d’une nouvelle politique de l’humanité. Nous sommes dans un état de chaos, un état agonique.Dans certaines circonstances, puis que vous me le demandez, je pense que nous avons probablement déjà dépassé la possibilité de nous adapter. Là où les écosystèmes sont menacés et les systèmes sociaux ont été mis sous pression, la vie des hommes pourrait être réellement menacée. Savez-vous quoi, il signifie le mot agonie ? Il signifie : lutte extrême entre les forces de la mort et les énergies de la vie. Et ce qu’il peut paradoxalement apporter la mort, il peut apporter une nouvelle vie. La grande majorité de la population peut encore faire quelque chose pour s’adapter aux changements écologiques. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons besoin de plus d’initiatives, tant planétaires que régionales.

Antonio Torrenzano. Est-ce qu’il y a donc l’espoir d’une métamorphose de nos actuelles sociétés vers une société de type nouveau?

Edgar Morin. S’il n’y avait pas, alors on peut dire que nous sommes plus capables d’affronter nos problèmes vitaux. Je crois que le plus grand défi, en premier lieu, est de comprendre le danger, c’est-à-dire l’ampleur exacte des changements écologiques et sociaux. J’ai peur qu’il y ait encore du monde, et certains sont dans des positions de responsabilité, qui ne comprennent tout simplement pas ce que sont les changements climatiques. Plus nous nous rapprochons à une catastrophe, plus nous nous avançons à une possible métamorphose. Aussi la certitude peut grandir avec le désespoir. Le poète Holderlin disait que où il grandit le danger, il croît aussi ce qui sauve l’homme.Albert Einstein affirmait que nous utilisons seulement le quinze pour cent de nos capacités cérébrales.C’est un chiffre arbitraire, mais il nous indique à mon avis que nous sommes encore dans la préhistoire de l’esprit humain. Les capacités de génération et de régénération de l’homme tendent à s’apaiser, à se scléroser pendant les civilisations comme Jean Jacques Rousseau affirmait. Jean Jacques Rousseau, il voyait dans les civilisations une certaine forme de décadence et de corruption en relation aux capacités naturelles de l’être humain. Il vaut à dire que, cette capacité génératrice il peut se trouver inhibée dans les civilisations. La capacité génératrice ou régénératrice a souvent besoin d’une irruption, d’une éruption pour se révéler, comme il arriva en France en 1789. Nous devons penser qu’aujourd’hui les forces génératrices et régénératrices se révèlent de manière dispersive et embryonnaire, mais ils n’arrivent pas encore à se déployer.

 

Antonio Torrenzano

 

Join the discussion

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *