Pour un universel réconcilié, le monde a besoin de la vision féminine. Conversation avec Michelle Bachelet, ONU Femmes.

Conversation avec Michelle Bachelet, chirurgienne de formation, ancienne présidente du Chili du 2006 au 2010. Michelle Bachelt est la première Secretaire générale adjointe et directrice exécutive d’ONU Femmes. L’ancienne présidente chilienne est à la tête de la nouvelle agence des Nations Unies, depuis le 14 septembre 2010. L’entière conversation, recueillie par la journaliste Jasmina Sopova, a été publiée sur la revue « Le courrier de l’UNESCO », numéro 02, mois avril-juin 2011, 64e année, dirigée par Éric Falt. Tous les numéros de la version électronique du Courrier de l’UNESCO peuvent être lus à la suivante indication numérique  http://www.unesco.org/fr/courier

Jasmina Sopova. Quelle est la place de l’égalité des genres dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ? Comment pensez-vous pouvoir lui donner plus d’importance ?

Michelle Bachelet. Parvenir à l’égalité des genres, objectif numéro trois des OMD, est primordial pour la réalisation de tous les autres objectifs. Nous continuerons à faire valoir, d’ici à 2015 – année butoir des OMD – le lien crucial existant entre l’égalité des genres et tous les autres objectifs, qu’ils concernent la pauvreté, la santé, l’éducation ou l’environnement. Un des problèmes prioritaires qui nous concernent est la mortalité maternelle. Sur le plan mondial, nous sommes loin d’avoir progressé suffisamment. Nous pouvons – et devons – faire plus. Sauver davantage de vies lors de l’accouchement demande des connaissances élémentaires et des moyens peu chers qui pourraient être facilement disponibles partout, si les gouvernements et la communauté internationale décidaient vraiment d’en faire une priorité.

Jasmina Sopova. Avez-vous l’intention de vous engager davantage dans certains pays? Pour quelles raisons ?

Michelle Bachelet. Nous allons travailler avec tous les États membres de l’ONU qui font appel à nous, que ce soit des pays développés ou en développement. L’ONU Femmes est actuellement présente à des niveaux variables dans environ 80 pays, et nous aurons besoin de renforcer notre présence dans les pays qui en ont le plus besoin. Nous allons le faire progressivement, notamment au fur et à mesure que nous développerons nos capacités et ressources institutionnelles.Dans chaque pays, une des priorités sera d’atteindre les groupes de femmes les plus marginalisées. Ce sont elles qui ont le plus besoin du soutien de l’ONU Femmes et les atteindre peut être la meilleure façon d’utiliser nos ressources. Comme l’UNICEF a commencé à le démontrer, la méthode la plus efficace consiste à investir dans la partie de la population la plus exclue.

Jasmina Sopova. Le nombre de femmes élues à la tête des États, des gouvernements et des agences de l’ONU est en hausse ces dernières années. Ce phénomène a-t-il déjà des effets positifs sur les questions les plus brûlantes concernant les femmes dans le monde ?

Michelle Bachelet. Dans une perspective historique, des progrès immenses ont été accomplis. Bien qu’il reste toujours des défis, l’égalité des genres est entrée dans une dynamique qu’elle n’a jamais connue par le passé. Cela est vrai à la fois sur le plan international et au sein de la majorité des pays. La raison en est que les femmes ont pris en main la défense de l’égalité des genres, à différents niveaux, aussi bien au sein de leur communauté qu’à la tête des États. Les femmes dirigeantes ont fait en sorte qu’un nombre croissant de personnes comprennent que les femmes doivent être impliquées dans l’économie, que la violence dont elles sont l’objet doit être endiguée, et leur capacité à être des moteurs de changement encouragé pour le bien de tous. Et, bien entendu, que nous devons fournir les moyens et entreprendre les actions nécessaires pour atteindre ces objectifs – comme nous l’avons fait en partie avec la création de l’ONU Femmes, promue «championne » de la défense des droits de la femme dans le monde.

 Jasmina Sopova

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