Rareté de ressources et potentiels déséquilibres.Conversation avec Boris Biancheri,Institut de politique internationale de Milan.

borisbiancheri_image.1205446924.jpg

Conversation avec Boris Biancheri, président de l’agence de presse italienne ANSA, directeur de l’Institut de politique internationale ISPI de Milan, écrivain. Ancien ambassadeur, il a représenté son Pays du 1979 au 1984 à Tokio, puis à Londres du 1987 au 1991, enfin à Washington jusqu’au 1995. Rentré en Italie, il devient jusqu’au 1999, secrétaire générale du Ministère des Affaires étrangères de son Pays. Il est auteur de nombreux essais et romans, dont le dernier, titré «L’ambra del Baltico», il a été publié par les éditions Feltrinelli. L’entretien a eu lieu auprès de l’Institut de politique internationale ISPI à Milan.

Antonio Torrenzano.Vivons-nous dans une époque d’un profil incertain? Est-ce que les nouveaux conflits seront pour la gestion des ressources naturelles ?

Boris Biancheri. L’émergence d’une communauté internationale qui n’est plus seulement celle des États et de leurs gouvernants, mais aussi celle des peuples et des hommes, longtemps réduits au rôle de figurant des relations internationales, elle est devenue une réalité. L’idée qu’il existe un patrimoine commun de l’humanité ou encore des biens naturels mondiaux qui ne peuvent être gérés seulement par chaque État, elle progresse lentement. L’eau, ressource rare comme vous l’avez définie, est devenue un problème de notre présent. Il reste à inventer, par la négociation internationale, des modes de gestion qui permettront de dégager et de prendre en considération l’intérêt général de l’humanité toute entière. Je constate qu’il y a une prise de conscience d’un droit à la survie pour les hommes d’aujourd’hui et pour les générations futures. Mais, je note encore que cette prise est fragile. Elle cède souvent devant la vigueur des nationalismes, des intérêts et des égoïsmes de toute nature. Nous vivons dans une époque d’un profil incertain. L’opposition frontale entre ouest et les pays communistes, elle est maintenant à nos épaules. Cependant, c’est encore difficile dessiner les lignes du nouvel ordre du monde, qui peut être représenté à présent comme une trame de conflits, d’antagonismes (souvent mortels), sédimenté dans le temps. Les gouvernants ne jouent sans doute pas, dans ce domaine, un rôle d’impulsion assez prononcé, par crainte de compromettre à court terme les intérêts nationaux dont ils ont la charge. J’ajoute qu’il n’existe pas encore de mécanisme de régulation qui soit légitime et efficace, en vue d’une répartition équitable des fruits de la mondialisation. Cela explique l’acuité contemporaine d’une véritable question sociale internationale qui concerne l’humanité toute entière. Les inégalités et la pauvreté s’accroissent en même temps que la richesse.

Valentina Brini. Dans un tableau ainsi dramatiquement écrasé, dans une scène internationale en instable équilibre entre mondialisation et nationalismes, comment recomposer les contrastes par le dialogue ? Encore, quel sera le travail d’un diplomate par rapport au nouveau temps mondial ?

Boris Biancheri. Henry Kissinger, ancien secrétaire d’État américain affirmait, il y a quelques années, que les agents diplomatiques n’avaient plus de raison d’être dans la mondialisation. Mais, il y a qui, en revanche de Henry Kissinger , pense qu’il soit encore temps de dialogue diplomatique et, que seulement par les moyens diplomatiques, la communauté internationale puisse arriver dessiner la nouvelle carte géographique du monde. Un nouvel ordre capable de donner satisfaction aux droits des peuples. Je crois que dans notre présent contemporain, le dialogue et le travail diplomatique pourront servir à interpréter les diversités du monde en effaçant les oppositions. Redessiner le monde est, à présent, impossible. Il y a certainement un nouveau procès en cours. La mondialisation annule les frontières, mais elle ne les annule pas complètement et nous le voyons tous les jours.Il s’agit de trouver une nouvelle manière de vivre ensemble, de cohabiter parmi toutes les traditions,histoires et cultures différentes. Il est certainement devenu plus compliqué qu’il y a dix-huit ans, mais il faudra trouver la solution. Pendant la guerre froide, nous avions la menace imminente d’une guerre nucléaire; aujourd’hui nous avons des conflits que nous ne pouvons pas honnêtement prévoir. Il y a maintenant beaucoup de risques localisés, donc plusieurs zones de crise de nouveau type, et cela exige un travail d’ajustement, d’analyse pour dépasser les difficultés de nouveaux conflits et trouver de solutions certaines.

Antonio Torrenzano. Est-ce que la mondialisation a compliqué ce nouveau processus historique?

Boris Biancheri. La mondialisation, d’un côté, elle nous a donné une communication instantanée ou de transports devenus faciles;de l’autre côté, un processus où les appartenances de groupe se renforcent et les religions sont utilisées en fonction identitaire. Le monde traverse donc un changement profond qui amène plusieurs peuples non européens à chercher de nouveau leur identité et le chemin de leur avenir. Mais, la mondialisation signifie aussi interdépendance et cohabitation. Ce qui arrive aujourd’hui, dans quelque part dans le monde, nous touche tous. Mais cela signifie aussi que la culture mondiale ne détruit pas les identités, mais les transforme. Il s’agit de quelque chose d’absolument nouveau, mais en même temps d’ancien. L’ancienne Union Sovietique s’est désagrégée en quinze républiques, depuis le 1990. L’ex-Yougoslavie a été la circonstance typique : il y a eu une longue période d’ajustement, de crise, de guerre, d’activité diplomatique et cinq nouveaux États à présent. La Bosnie a été, par exemple, un processus diplomatique. Un calcul réussi aussi pour la forte pression de l’opinion publique mondiale autant que de médias, de télévisions et de la presse écrite dans une manière particulière. La faillite emblématique, en revanche, que nous avons sous nos yeux, c’est au Moyen-Orient. Dans ce moment, c’est la région la plus chaude de la planète. Depuis cinquante ans, la diplomatie ne réussit pas à trouver de solution où, le noyau central de la crise, c’est le conflit entre l’État d’Israël et l’Authorité palestinienne. Depuis longtemps, la diplomatie développe de grands efforts, mais sans succès. Je crois, toutefois, que aussi dans un monde virtuel, dont beaucoup de choses se peuvent faire sans une participation directe, l’action diplomatique sur le terrain reste nécessaire. La réalité d’un pays, l’on apprend de l’intérieur. Les zones géographiques, nous les intériorisons en vivant pour longues périodes sur le terrain en discutant avec la population locale des leurs affaires courantes, leurs intérêts. Savez-vous pourquoi ? Parce qu’en réalité le monde, malgré toutes les mondialisations, il est fait encore de réalité et de cultures différentes. Il est important n’oublier jamais l’idée d’altérité, l’histoire de chaque individu devant à nous, ses espoirs, ses mythes, sa culture, sa religion. Nous mangeons grosso modo toutes les mêmes choses, nous mettons grosso modo tous les mêmes vêtements, mais nous ne pourrons jamais effacer l’histoire passée de chacun de nous.

Valentina Brini.

Antonio Torrenzano.

 

Join the discussion

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *