Conversation avec Robert Reich, professeur d’économie à la Goldman school of public policy l’université de Berkeley, ancien secrétaire au travail de l’administration Clinton. Aujourd’hui, il est l’un des conseillers économiques de Barack Obama, 44e président américain. Le professeur Reich est auteur de nombreux essais économiques et il vient de publier en France, aux éditions Vuibert:«Super-capitalisme. Le choc entre le système économique émergent et la démocratie». Le dialogue avec le professeur Reich a eu lieu par téléphone.
Antonio Torrenzano. J’aimerais commencer ce dialogue avec la différence entre capitalisme et super-capitalisme dont vous parlez dans votre dernier essai. Un super-capitalisme qui a porté la planète à une extraordinaire crise financière, à une crise alimentaire, à une crise des ressources rares.
Robert Reich. Le capitalisme que nous avons eu dans le passé est différent de celui d’aujourd’hui. Le super-capitalisme contemporain est très compétitif. Les tarifs d’accès aux marchés sont très bas, les consommateurs peuvent choisir de biens économiques et de produits dans chaque angle du monde, les investisseurs peuvent tourner la planète à la recherche de profits toujours plus élevés, l’argent voyage à la vitesse de la lumière, biens économiques et actions ils peuvent être achetés sur internet. Chaque investisseur et consommateur, il a l’entier globe à disposition. Tout ceci a créé un capitalisme différent de ce que nous avions il y a dix ans. Avoir eu plus d’occasions pour acheter ou investir, il a produit de hautes discriminations et cette nouvelle phase que j’appelle super-capitalisme, il a dramatiquement réduit la sphère des droits civils et des droits publics des citoyens. Un élève pourcentage de conservateurs aux États-Unis croyait, avant de la crise financière, que le bien-être de consommateurs était la valeur unique dont il fallait s’occuper. Au contraire, beaucoup de monde dans plusieurs reprises, ils croyaient que cette évolution aurait pu imploser. Le super-capitalisme doit être balancé par de nouvelles règles juridiques et économiques. La seule manière aujourd’hui pour protéger la démocratie et nos droits civils,c’est limiter cette évolution de l’économie.
Antonio Torrenzano. Vous affirmez que les citoyens sont impuissants devant le super-capitalisme. Je crois, en effet, que la crise des «subprimes» aux États-Unis et la crise financière planétaire, il est une confirmation de sa théorie. Mais, comme pourra-t-on changer le système économique occidental, défendre l’intérêt public et la dignité de l’individu ?
Robert Reich. Les citoyens sont devenus impuissants à cause des immenses capitaux des grandes entreprises qui ont noyé les institutions démocratiques. Aux États-Unis, de hauts dirigeants, des gestionnaires des grandes corporations, les sociétés de lobbying ont pris Washington. Le même arrive à Bruxelles ou dans d’autres Capitales de l’économie mondiale. Si nous cédons à la tentation de penser seulement sur la base des consommations et des investissements, nous oublions notre rôle de citoyens. Je vous fais un exemple:le droit à l’éducation. Un citoyen bien instruit est fondamental au fonctionnement de la démocratie, mais maintenant on discute d’éducation seulement comme fruit d’un investissement privé. Pas plus comme un bien public! Considérer une maîtrise universitaire seulement comme un passepartout vers un salaire plus haut, il signifie confirmer l’idéologie d’un super-capitalisme qui érode l’idée même d’avoir des intérêts communs ou des intentions solidaires. Est-ce que vous me demandez de ce qui est la responsabilité pour fortifier la démocratie? Il touche à nous tous de le faire, c’est une responsabilité et une obligation de tous les citoyens. Les institutions publiques sont composées par des citoyens. Si l’opinion publique permet que les institutions soient dégradées, corrompues, conquises par des fortunes privées ou par de grandes corporations, l’État il ne pourra plus fonctionner. Chacun de nous, il est avant tout un citoyen puis un consommateur. Nous devrons retourner à nous comporter comme citoyens : protéger nos droits civils et sauvegarder la démocratie des règles.
Antonio Torrenzano. La crise financière mondiale impose une nouvelle réglementation des marchés, mais plus en général de l’ingénierie financière même utilisée jusqu’à aujourd’hui. Le sommet économique du 15 novembre du G20 pourra-t-il remédier à ce désastre?
Robert Reich. Pour une longue période, de Ronald Reagan à Margaret Thatcher, la tendance a été celle de ne pas donner de règles aux marchés financiers. Maintenant, on ira dans une direction opposée. Si les institutions politiques étaient encore dominées par des richesses privées et par le pouvoir des grandes corporations, les règles ne pourraient plus être dans l’intérêt collectif. Au contraire, ils serviraient seulement à protéger les riches et les puissants. L’opinion publique mondiale nous y communique plus que jamais, aujourd’hui, qu’il faut se doter de nouvelles et plus efficaces lois à l’intérêt de tous.
Antonio Torrenzano
Net Bibliogr@phie.
Pour d’autres renseignements sur les activités scientifiques, les publications et les colloques du professeur Robert Reich, consulter son carnet numérique http://robertreich.blogspot.com ou son home page http://www.robertreich.org.Encore, le site universitaire de la Goldam school of public policy de l’université de Berkeley http://gspp.berkeley.edu