Soixante années après l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qu’en est-il du respect fondamental dû à toute personne humaine, en tant que sujet de droit, libre et responsable ? Qu’en est-il du respect de la dignité et de l’intégralité de l’individu, point de repère à partir duquel s’édifient et se déploient les droits humains ? Le chaos international de notre présent a-t-il de conséquences aussi sur les droits de l’homme, une discipline en pleine évolution?
La Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée par l’assemblée générale des Nations Unies, le 10 décembre 1948 à Paris, a été le premier pas vers la réalisation de cet objectif. Avec le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, tous les deux adoptés en 1966, la Déclaration universelle constitue ce que l’on appelle la charte internationale des droits de l’individu. Depuis le 1966, les droits humains et les libertés fondamentales ont été codifiés dans des centaines d’instruments juridiques universels et régionaux qui touchent presque tous les aspects de la vie humaine et ils couvrent un large éventail de droits civils, politiques, économiques et sociaux.
Ces codifications fixent les limites dans lesquelles l’État peut exercer son pouvoir et elles exigent des obligations de la part de l’État pour qu’il prenne des mesures afin de garantir un environnement pour faire jouir à tous les êtres humains de leurs droits. Les droits humains peuvent donc se définir comme la somme des droits de chaque individu, reconnus par les États souverains et codifiés dans le droit international. Si, jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les droits de l’homme ont évolué essentiellement à l’intérieur de l’État-nation, les Nations Unies ont joué, dans ces 60 derniers ans, le meilleur rôle dans le développement et la définition de ces garanties pour tous.
L’universalité des droits de l’homme a été parfois contestée. Certaines critiques dénonçaient, par exemple, que la notion même de droit humain était occidentale et elle ne valait sa diffusion à travers le monde qu’à une attitude des pays développés. Mais, une étude effectuée par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) en 1968 a clairement montré que les aspirations profondes qui sous-tendent les droits de l’homme correspondent à des notions (celles de justice,d’intégrité et de dignité de l’individu, le droit de ne pas être opprimé ni persécuté et le droit de l’individu de participer aux affaires de la collectivité) que l’on retrouve en tout temps dans toutes les civilisations. Aujourd’hui, l’universalité des droits de l’homme n’est plus à prouver, car la grande majorité des pays, parmi lesquels se retrouvent les cultures, les religions et les traditions politiques les plus diverses, ont adopté et ratifié les principaux instruments relatifs aux droits de l’individu. Le défi, comme l’a fait récemment remarquer l’ancien secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan,est aujourd’hui de solliciter les normes déjà adoptées.
C’est à ces interrogations fondamentales que s’emploient à répondre les dialogues avec des juristes et des philosophes, les contributions photographiques et vidéo contenues dans ce dossier du mois de décembre de mon carnet numérique.
Antonio Torrenzano
*Un spécial remerciement à l’artiste Patrick Chappatte pour l’illustration.