Les États-Unis et la Russie n’ont pas trouvé d’accord à Genève sur une possible coopération militaire contre Daech en Syrie. La rencontre à Genève a permis de “clarifier” la route dont les modalités doivent encore être définies.
«Nous sommes parvenus à clarifier la voie» pour une cessation des combats, a affirmé le secrétaire d’État américain John Kerry dans la soirée, à l’issue d’une réunion d’une douzaine d’heures avec son homologue russe Sergueï Lavrov. De son côté, le chef de la diplomatie russe a souligné des «pas très importants en avant». Il reste toutefois «encore quelques points de désaccord». «Nous ne voulons pas parvenir à un accord juste pour avoir un accord […]. Nous voulons quelque chose qui soit efficace pour le peuple syrien, qui rend la région plus stable et plus sûre et qui nous ramène à la table de négociations ici à Genève pour trouver une solution politique» a affirmé le secrétaire américain John Kerry.
Les chefs de la diplomatie américaine et russe avaient entamé leurs entretiens dans la matinée près d’un hôtel genevois sur les bords du lac Léman en suscitant le possible espoir de relance des pourparlers de paix en Syrie. Les deux responsables ont été rejoints en milieu de journée par l’envoyé spécial de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. John Kerry et Sergueï Lavrov ont précisé que des experts des deux pays iront continuer de travailler à Genève dans les jours à venir pour régler les points non résolus. Plusieurs sessions de discussions intersyriennes de paix, destinées à mettre fin au conflit, ont déjà eu lieu à Genève depuis le début de l’année. Elles toutefois n’ont abouti à aucun résultat tangible.
La situation diplomatique reste toutefois très compliquée : Moscou et Washington ont l’État islamique comme ennemi commun. Mais la Russie soutient militairement le régime de Damas, tandis que les États-Unis donnent leur appui à l’opposition syrienne qui réclame le départ du président Bachar al-Assad. Cette semaine, le conflit est entré dans une nouvelle phase avec l’intervention militaire de la Turquie en Syrie qui n’est pas là pour chasser l’Éat islamique,mais avant tout d’arrêter la progression des milices kurdes le long de la frontière. L’hebdomadaire allemand Der Spiegel a ainsi titré l’intervention de la Turquie : “Opération turque en Syrie: l’EI est un prétexte, les Kurdes sont la cible”. De sa part, le premier ministre turc Binali Yildirim a démenti vendredi ces analyses selon lesquelles Ankara se concentrait sur les Kurdes. La situation sur le terrain reste catastrophique : plus de 290.000 morts depuis 2011.
Antonio Torrenzano