La crise et après ? Le reste dépend de nous. Conversation avec Jeremy Rifkin, Fondation pour les tendances économiques.

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Conversation avec Jeremy Rifkin, écrivain, économiste, futurologue. Il est également fondateur et président de la Fondation pour les tendances économiques basée à Washington. Auteur de nombreux essais, publiés dans plusieurs langues étrangères, dont «Le rêve européen», Fayard, 2005; «L’économie hydrogène : après la fin du pétrole, la nouvelle révolution économique», La Découverte, 2002 ; «L’âge de l’accès : la vérité sur la nouvelle économie», La Découverte, 2000; «Le siècle biotech : le commerce des gènes dans le meilleur des mondes», La Découverte, 1998; «La Fin du travail», toujours aux éditions la découverte, 1996, et «Les apprentis sorciers : demain la biologie » écrit en collaboration avec Ted Howard), aux éditions Ramsay, 1979. Le livre «La Fin du travail», paru en 1995 à New York, est encore un livre à gros tirage aux États-Unis avant de rencontrer le même succès en Europe. Le dialogue a été développé à Reggio Émilia où Jeremy Rifkin a été reçu auprès de l’université de la ville et de Modène dans le printemps 2009.

Antonio Torrenzano. Je voudrais commencer cet entretien par le un votre essai paru en 1998 et titré «Le siècle biotech». Selon vous le XXIe siècle sera-t-il une époque des biotechnologies ou une période historique de l’information ?

Jeremy Rifkin. L’économie mondiale est en train de vivre une transformation bien profonde. De la mise en commun de l’informatique et de la génétique est en train de se manifester une puissance techno-économique qui sera le fondement du siècle biotech. Nos futurologues, nous avions défini par une manière trop restrictive le XXI siècle comme l’ère de l’information numérique. Désormais, les ordinateurs sont de plus en plus mis à contribution pour décoder et organiser l’énorme masse d’informations génétiques qui constituent la matière première de la nouvelle économie mondiale.

Antonio Torrenzano. Quelle nouvelle économie mondiale ? La croissance globale pour l’année 2009 est négative avec une dépression d’au moins 5% aux États-Unis et 4% en Europe. Cette crise n’est pas la première dans l’Histoire, elle est simplement la première qui est véritablement planétaire. Je me permets de vous souligner aussi que cette crise est la première de la mondialisation et elle explique très largement l’incapacité de la communauté internationale jusqu’à aujourd’hui à corriger la finance.

Jeremy Rifkin. La pensée libérale qui estimait le marché comme dernier arbitre final, elle est terminée. Pour moi, l’idée de laisser le marché et les consommateurs décider de notre futur était et c’est encore… la plus terrifiante des perspectives. Le reste dépend de nous ! L’avenir appartient maintenant à la nouvelle génération en particulier. Cette nouvelle génération devra poser des questions, débattre, faire entendre sa voix dans la rue, devant les tribunaux. Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. Je ne sais pas si la génération actuelle saura faire le bon choix. Mais je suis plein d’espoir. Il y a d’autres chemins pour amener le changement que de compter sur les institutions, qui entretiennent le statu quo. Le militantisme ne se limite pas à manifester dans la rue. Nous ne devons pas seulement formuler notre désaccord, mais aussi proposer une vision alternative. À bref, par exemple, le monde agricole sera le théâtre d’une confrontation très violente entre le Nord et le Sud de la planète.

Antonio Torrenzano. L’opinion publique peut-elle jouer un rôle important dans le changement ?

Jeremy Rifkin. Je pense qu’il n’y a pas encore d’opinion publique. Nous sommes dans une période de transformation bien profonde. Pourtant, chacun sent bien qu’un événement bouleversant soit en cours. D’une certaine façon, chacun devine que quelque chose de très profond dans mode de vie et notre manière de penser est confusément en train de changer. L’attention des citoyens est devenue beaucoup plus haute et le débat se développera très rapidement.

Antonio Torrenzano

 

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