Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, devant les appareils des télévisions du monde entier, de jeunes Allemands de l’est et de l’ouest brisent le Mur de la honte qui divise Berlin depuis le 13 août 1961. L’effondrement du mur (3,60 mètres de haut, 160 kilomètres de long et 300 miradors) met fin à cinquante ans de séparation et d’antagonismes entre les deux parties de l’Allemagne, la République fédérale allemande (RFA) et la République démocratique allemande (RDA). Dans l’enthousiasme général, personne ne s’inquiète encore des lendemains difficiles de la réunification et nul ne sait encore comment qualifier cette ère nouvelle dans laquelle nous sommes entrés.
Les principales mutations provoquées par le séisme de 1989 ont été nombreuses : guerre du Golfe, explosion de l’URSS, conflits dans l’ex-Yougoslavie, guerres du Caucase, le 11 septembre 2001, la guerre en Irak, la guerre en Afghanistan, le terrorisme international. À tous ces bouleversements, nous devons encore ajouter les conflits anciens et endémiques, comme ceux du Proche-Orient et du Continent africain.
Il est plus difficile, mais encore plus nécessaire de définir ce qui oppose cette courte période, qu’on peut définir de manière théorique comme celle qui s’étend symboliquement de la chute du mur de Berlin en passant par la destruction des tours du World Trade Center jusqu’à la crise du capitalisme d’aujourd’hui. Nous avons découvert peu à peu dans ces vingt ans que les événements, les conflits politiques, les crises sociales qui se produisent près de nous sont commandés par des événements lointains. Les circonstances locales ne portent pas vraiment le sens des événements qui s’y déroulent, bien que la situation particulière ajoute un sens secondaire à des événements qui s’expliquent avant tout dans le domaine de la mondialisation.
Ce carnet numérique, vingt ans après l’effondrement du mur, tente donc de discerner les fractures et les principales mutations provoquées par le séisme de 1989 qui se dessinent à présent .
Antonio Torrenzano