Situation humanitaire en Syrie : quelle issue après sept ans de guerre ?

La situation humanitaire en Syrie est toujours très critique. Les féroces combats dans la Ghouta orientale, dans la région rurale de Damas et à Afrine, au nord-ouest du pays, ont causé de nouveaux déplacements massifs. Dans ces derniers jours, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés a réitéré ses appels à la protection et la sécurité des nouveaux déplacés et des centaines de milliers de civils qui sont toujours pris au piège au milieu des combats.

Dans la Ghouta orientale, plus de 45.000 Syriens ont fui leurs foyers ces derniers jours. Parallèlement, une autre situation d’urgence est en évolution dans le nord-ouest de la Syrie. Dans la région d’Afrine, environ 104.000 personnes sont déracinées de leurs foyers suite à la dernière recrudescence des combats. La majorité de ces personnes, 75.000 individus sont déplacées à Tal Rifaat, tandis que 29.000 autres ont trouvé refuge à Nubol, Zahraa et dans les villages environnants de la région rurale d’Alep au nord. Par ailleurs, quelque 10 000 personnes seraient bloquées à Az-Ziyara, tentant en vain de traverser des zones contrôlées par le gouvernement syrien. Selon le personnel de l’agence onusienne, les besoins dans ces territoires sont immenses et augmentent d’heure en heure.

Les enfants sont les plus touchés par les combats. Chaque fille, chaque garçon syrien sont aujourd’hui traumatisés à cause de la violence extrême dont il a souffert dans le conflit syrien, a déclaré le Représentant régional de l’UNICEF pour le Moyen Orient, Geert Cappelaere. Selon l’UNICEF, la Ghouta orientale est « l’enfer pour les enfants » qui vivent sous les bombes tous les jours et doivent se réfugier dans des caves, sans nourriture essentielle et sans soins médicaux, car les médicaments n’arrivent pas à être livrés. La malnutrition aiguë dans la Ghouta orientale s’est multipliée par dix au cours des six derniers mois, avec 40% des enfants qui pâtissent désormais de malnutrition sévère aiguë.

L’UNICEF signale que 50% enfants de plus ont été tués lors du conflit syrien en 2017 par rapport à 2016, et qu’au moins 1.500 enfants ont été tués ou gravement blessés depuis le début de cette année. « Des dizaines de milliers d’enfants sont devenus handicapés à cause de la guerre, des enfants paralysés, qui ont perdu des jambes, des bras » a déploré l’agence onusienne. Il n’y a aucune amélioration de la situation humanitaire en Syrie depuis l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité samedi réclamant un cessez-le-feu immédiat, a déclaré à New York le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires humanitaires, Mark Lowcock.

Le Secrétaire général aux affaires humanitaires a déclaré en outre qu’il y a eu en 2017 une réduction de 40% de l’accès à travers des lignes de front vers des zones assiégées et difficiles d’accès par rapport à 2016.  « En moyenne, en 2017, nous avons apporté une aide à 165.000 personnes par mois, ce qui est un niveau totalement insuffisant », a-t-il dit. « Nous apportions une aide à 50 fois plus de personnes dans des zones difficiles d’accès et assiégées l’année passée par rapport à cette année-là […] Si la situation ne change pas, nous verrons davantage de personnes mourir de faim et de maladie que dans des bombardements […] Il n’y a pas de paroles pour exprimer notre frustration au sujet de l’échec collectif de la communauté internationale pour mettre fin à ce conflit. Mais cette frustration n’est rien comparée à la souffrance et à la destruction qui accablent sans relâche le peuple syrien».

Antonio Torrenzano