Homme et Nature, un rapport qui n’existe plus ? Conversation avec Barry Commoner, professeur émérite au Centre de biologie du Queens College, New York.

barry_commoner_by_liz_o_baylen_image.1261331744.jpg

Conversation avec Barry Commoner, biologiste américain, né à Brooklyn le 28 mai 1917. Il fait ses études jusqu’au bachelor à l’Université Columbia, puis obtient son master et son doctorat à Harvard. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il sert comme lieutenant au sein de l’US Navy. Après la guerre, il s’installe à Saint-Louis dans le Missouri, où il obtient un poste de professeur de physiologie des plantes à l’université Washington, poste qu’il occupe pour 34 ans. À la fin des années 1950, à la suite de ses travaux sur la présence de strontium-90 radioactif dans les dents de lait des enfants, Barry Commoner s’engage dans la lutte contre les essais nucléaires. Il est notamment à l’origine d’une pétition avec Linus Pauling. Il écrit également plusieurs livres sur les effets écologiques néfastes des essais nucléaires en surface. En 1970, il est lauréat de l’International Humanist Award de l’International Humanist and Ethical Union. En 1980, il fonde le parti des citoyens pour l’aider à véhiculer son message écologiste. Il est candidat à l’élection présidentielle américaine de 1980 sous la bannière de ce parti. À la suite de cette candidature infructueuse, Commoner retourne à New York où il devient chef du Centre de biologie et d’étude des systèmes naturels du Queens College. Il quitte son poste en 2000 et il devient jusqu’à présent professeur émérite du même institut de recherche. Il est membre de l’American Association for the Advancement of Science. Dans son livre « The Closing Circle » de 1971, Commoner a établi ses quatre lois de l’écologie, qui sont : 1) chaque chose est connectée aux autres. Il y a une seule écosphère pour tous les organismes vivants et ce qui affecte l’un affecte tous les autres. 2) Il n’y a pas de déchet dans la nature, et il n’y a pas un ailleurs où l’on peut jeter les choses. 3) La Nature le sait. Le genre humain a développé la technologie pour améliorer la nature, mais un tel changement tend à être nocif pour le système. 4) Un repas gratuit, cela n’existe pas. Dans la nature, chaque côté de l’équation doit être en équilibre, pour chaque gain il y a un coût et toutes les dettes seront payées. Barry Commoner est auteur de nombreux essais dont « Making Peace with the Planet », New York, éditions Pantheon 1990; « The Politics of Energy », New York, éditions Knopf, 1979; «The Poverty of Power: Energy and the Economic Crisis », New York , Random House, 1976;«The Closing Circle: Nature, Man, and Technology», New York, édition Knopf, 1971; «Science and Survival», New York, édition Viking, 1966. L’entretien a été développé dans l’ancienne villa de la renaissance Villa Caruso Bellosguardo en Toscane que depuis l’année 2002 est le siège du Congrès international annuel sur les biotechnologies. Sur la page web www.consigliodirittigenetici.org, le lecteur peut lire tous les actes scientifiques depuis l’année 2002. Le congrès est organisé chaque année par la Région Toscane en collaboration avec la Fondation des instituts de crédit mutuel Cassa di Risparmio et le réseau coopératif COOP.

Antonio Torrenzano. Je voudrais commencer ce dialogue par une phrase d’un votre ancien essai “ The Closing Circle: Nature, Man, and Technology”. Un repas gratuit, vous affirmez, n’existe pas. Dans la nature, chaque côté de l’équation doit être en équilibre, pour chaque gain il y a un coût et toutes les dettes seront payées.

Barry Commoner. Les progrès pour la défense des écosystèmes et de la Nature sont encore trop lents. La manière unique pour affronter la pollution de l’environnement reste la prévention avant que la situation devient dangereuse et au dehors d’une possible autorité. Aux États-Unis, par exemple, la qualité de l’air est améliorée de manière très graduelle, mais la plus importante source de pollution est encore les fumées de bioxyde d’azote qui reste stable depuis les années 1970.

Antonio Torrenzano. Le problème est évident. Le rapport Homme et Nature n’existe plus. Les temps de la politique ne sont pas les temps de la Nature. Mais pourquoi persévérer ?

Barry Commoner. C’est un problème politique, vous l’avez souligné. À partir de l’administration de Ronald Reagan, l’Environmental Protection Agency (EPA), l’agence pour l’environnement de mon pays, elle a vu se réduire son budget, son efficacité et sa capacité de vérification et surveillance. Les législations américaines pour l’environnement qui avaient été approuvées au début des années soixante-dix elles ont été progressivement réduites et à l’organisme national de contrôle ont été progressivement réduits les fonds de bilan et de recherche. Depuis l’administration de Ronald Reagan à aujourd’hui, je constate donc que la sauvegarde de l’environnement a été vivement réduite. Les conséquences ont été inévitables: une forte aggravation de la sauvegarde de l’environnement.

Antonio Torrenzano. Les poussières très fines qui polluent l’espace et la même dioxine introduite dans l’air en se vaporisant viennent transportées dans l’atmosphère. Mais où vont-elles finir tout ceci ?

Barry Commoner. Les poussières très fines viennent transportées dans l’atmosphère dans de lieux plus frais où elles se déposent. Une étude récente de mon équipe a découvert que toute la production de poussières très fines et de dioxine introduite dans l’air, elle s’est accumulée au nord du cercle polaire arctique. Le peuple Inuit du Canada, par exemple, a plus dioxine et PCB de nos sociétés occidentales parce que ces substances se concentrent dans ces zones. Ceci il est un danger direct que nous faisons subir à ce peuple. Nous sommes obligés à prévenir le problème, parce que ce que nous voyons dans les régions polaires c’est un signal dangereux pour tous. Encore plus dangereux par les effets d’un réchauffement mondial.

Antonio Torrenzano

 

 

** Un particulier remerciement à l’artiste, photoreporter et photographe Liz O. Baylen pour l’image de Barry Commoner.

 

Join the discussion

Il tuo indirizzo email non sarà pubblicato. I campi obbligatori sono contrassegnati *