Selon Luke Hayman, designer et expert de nouveaux médias américains, celui qui a refait le style et le nouveau nom en ligne de quotidiens comme «Time», «New York» ou des magazines comme «Travel» et «Leisure», le monde de l’édition de demain sera un métissage entre le web et les plus innovantes solutions réalisées par la presse écrite dans ces dernières années. Le nouvel environnement communicationnel, caractérisé par la centralité de la Toile, est en train de modifier en profondeur la nature traditionnelle des liens spatio-temporels qui définissent le travail journalistique (par exemple le bouclage) avec pour conséquence une mutation du métier de grande ampleur dans les processus productifs et des critères éditoriaux. Cette transition est en cours et elle suscite souvent des réserves dans la plupart des rédactions.
Luke Hayman écrit dans son carnet virtuel : « le nouveau iPad de la société Apple ou le lecteur Kindle sont en train de produire le passage définitif de la presse écrite au numérique ». L’auteur, toujours dans le même billet de son carnet, énumère de plus les possibles orientations des médias traditionnels caractérisés par la nouvelle centralité d’Internet. Jusqu’à aujourd’hui, le reportage journalistique se déployait dans un domaine spatio-temporel bien précis qui peut être résumé par trois phases : a) la phase de la production de l’événement, b) le temps de sa représentation journalistique, c) la phase de sa consommation. Ces trois phases jusqu’à présent se sont suivies et se sont engrenées selon une séquence logique : production, représentation, consommation. Mais, le Réseau net en devenant le lieu d’une convergence croissante, où il est en train de se développer une différente méthode journalistique de travailler: rédaction intégrée entre rédactions des formats imprimés et en ligne, interactivité/participation du lecteur, mashup et distribution multisupport et enfin l’interactivité, il a modifié quasi définitivement l’ancienne logique.
Pour Luke Hayman dans un futur très proche, la cadence journalière ou mensuelle d’un quotidien ou d’un magazine ne devrait plus avoir du sens. Par l’iPad ou par le lecteur Kindle, affirme l’expert, les quotidiens ou les revues mensuelles pourront être constamment ajournés comme il se produit déjà sur le web. Pour ce qui concerne, en revanche, la publicité, Luke Hayman soutient que les anciennes bannières publicitaires seront substituées à une nouvelle formule de communication publicitaire interactive. Communication capable de véhiculer beaucoup plus de renseignements comme déjà il arrive dans les modèles utilisés de la télévision. Les mêmes pour les textes qui seront plus longs et articulés, car l’iPad ou le lecteur Kindle sont pensés pour lire des livres en ayant un écran plus limpide que celui d’un microordinateur et une batterie de grande durée.
Pour s’adapter à la nouvelle puissance des technologies numériques, l’industrie des médias traditionnels devra modifier en profondeur la vision qu’elle a eue jusqu’à aujourd’hui de soi-même. Luke Hayman affirme encore que cette transition soit presque arrivée et qu’elle puisse provoquer un fort séisme dans l’industrie des médias traditionnels. Dans un tel contexte d’un monde pluridimensionnel et une société plus dense et complexifiée par la multiplication des acteurs sociaux, le monde du journalisme a-t-il compris sa nouvelle centralité sociale ?
Antonio Torrenzano