Le prochain sommet du G20 s’ouvre à Séoul du 11 au 12 novembre 2010 après la rencontre des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales qui s’est déroulée du 22 au 23 octobre passé. La Corée du Sud est le premier pays parmi les non-membres du G8 à organiser le sommet du G20. Alors que les trois derniers sommets se sont concentrés sur la lutte contre la crise économique, le sommet à Séoul devra cette semaine être un endroit de propositions pour les orientations futures. Cette réunion internationale se distinguera d’autres dans la mesure où les dirigeants traiteront de questions fondamentales comme le nouveau modèle à créer pour une croissance durable et équilibrée de l’économie internationale.
La crise dans laquelle nous nous trouvons depuis 2008 a encore plusieurs noms. Dans un premier temps, presque tous les médias l’ont appelée « crise de subprime », après on a parlé de « crise Lehman » pour se concentrer sur l’événement principal de la panique financière, en Asie on parle simplement de « crise atlantique ». Pour Marc-Olivier Padis, rédacteur en chef de la Revue internationale Esprit, parler en Asie de crise atlantique, c’est aussi marquer les distances avec le monde occidental, le monde euro-américain et affirmer l’évolution historique de cette nouvelle ère. La création de richesse se déplace vers l’Asie et une période nouvelle s’ouvre. Les Pays émergents ne se voient plus comme des émergents, mais comme reprenant la place qui était la leur pendant un millénaire d’histoire économique : la première. La crise atlantique n’est pour eux qu’un épisode qui accélère leur retour au rang des principales puissances économiques. Pour l’Europe, en revanche, il y a une double prise de conscience : dans l’économie contemporaine, elle est en recul; vue d’Asie, c’est la fin d’une parenthèse historique. Dans la longue durée, en effet, la croissance européenne n’est qu’un cas parmi d’autres développements économiques et décollages de prospérité : l’Empire musulman (632-1005), la Chine de Song (960-729) ou encore la région de l’océan Indien aux XIIIes et XIVes siècles en sont d’autres exemples.
Le sommet de Séoul représente tout ceci. L’histoire économique de ces derniers trois ans a presque dessiné aujourd’hui cette nouvelle ère et ses effets géopolitiques : l’Asie et l’Amérique latine se développent jour après jour, l’Europe affiche toutes ses divisions, les États-Unis sont contestés dans leurs interventions. La mondialisation n’est plus un fait occidental. La crise économique a enfin un sens historique pour l’Occident : sa crise de légitimité vers toute la communauté internationale. Un proverbe chinois affirme: «lorsque souffle le vent du changement, certains construisent des murs, d’autres des moulins à vent ».
Antonio Torrenzano