La Rive Sud de la Méditerranée, le monde méditerranéen et l’Europe à l’époque de la génération Twitter.

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Les événements qui sont en train de se dérouler dans la Rive-Sud de la Méditerranéenne ouvriront-ils une nouvelle saison sociale, politique et institutionnelle dans l’évolution historique de ces États ? Ces demandes de changement seront-elles seulement des phénomènes isolées ou très bientôt ces questions seront réabsorbées par un retour au statu quo précédent de la tradition autocratique ? Une réponse correcte, clairvoyante et multidimensionnelle à ce phénomène social, aujourd’hui encore obscur, c’est crucial : pour les Européens et pour tout le Peuple de l’Afrique du Nord, car les deux sont membres de la même région, c’est-à-dire la Méditerranée.

 

Par ces faits marquants, l’Europe a été surprise. Pour mieux dire, par ces événements l’Europe a fatigué beaucoup de temps à comprendre que cette fois la rébellion des jeunes méditerranéens de la rive sud avait des racines bien plus profondes. Cette hésitation ou cet effroi, ils posent une multiplicité de questions : l’Europe a-t-elle par hasard oublié que son histoire et sa culture elle vient aussi de la même Mer Méditérannéenne ? L’évolution des sociétés du sud de la Méditerranéenne est ou elle n’est pas un élément très important pour la politique étrangère de l’UE ? À l’Europe du XXI siècle peut-elle seulement intéresser la stabilité politique d’un présent aveugle de l’avenir ? À l’Europe peut-il seulement intéresser la sûreté énergétique, la lutte contre le fantôme du terrorisme, un simple partenariat économique ? Eh de tout le reste, ce qu’il reste ?

 

L’observation des événements nous fait déduire que les événements sont différents, nouveaux, imprévus. La révolution de la génération facebook est un séisme politique majeur et le 14 janvier 2011 restera peut-être dans l’histoire de la Tunisie, du Maghreb et du monde arabe, mais comme une date historique. Dire que rien ne change serait faux. Les jeunes de l’Afrique du Nord, ils ne revendiquent ni du pain ni un simple emploi. Ils revendiquent le respect des règles du jeu, la fin du favoritisme et de la corruption généralisée. Ils revendiquent d’être les nouveaux sujets de leurs pays en soulignant avec ces protestations que la classe dirigeante est déconnectée des réalités. Les syndicats et les partis politiques ne jouent plus leur rôle politique ou social et le pouvoir s’est retrouvé face à la colère de la rue.

 

Ces événements naissent d’expectatives de gens ordinaires, qui sont tous de jeunes hommes et de jeunes filles. Et dans la Rive-Sud de la Méditerranée, les jeunes sont la société. Ces jeunes réclament avec la force de leurs vingt ans leur avenir. Leurs revendications sont spontanées et fraîches comme les ans de leur jeunesse et le parfum d’un jasmin. Tous et toutes utilisent les nouvelles technologies. Twitter, Facebook, mais aussi d’autres réseaux sociaux comme le site tunisien www.naawat.org ou le site algérien www.forumdz.com. De manière plus générale, toutes les nouvelles technologies ont été jusqu’aujourd’hui de moyens numériques très puissants. Les manifestants tunisiens, algériens, égyptiens ne sont pas organisés entre eux, mais ces moyens numériques ont permis de savoir ce qui passait ou il est en train de passer chez le voisin et avoir le même courage. Internet dans ce dernier mois de janvier a été l’agora non plus virtuel de ce qui se produit dans les rues. Tous et toutes sont indignés de leurs gouvernants parce qu’ils ont dépassé la limite de la décence. Ces jeunes ne brûlent pas de drapeaux, ces jeunes sont exaspérés par un quotidien d’un goût amer. Ces jeunes sont indignés parce qu’ils ont dénoncé que la limite entre justice et abus avait été dépassée. Ces jeunes, ils demandent une amélioration des leurs conditions de vie :de la responsabilité, de la créativité afin d’imaginer un nouveau parcours qu’il puisse conjuguer de la démocratie, les valeurs religieuses de l’Islam, la construction d’une modernité autochtone.

 

Est-ce qu’il a eu une logique fructueuse poursuivre pour l’Europe seulement des objectifs économiques ? Est-ce qu’il a eu une logique fructueuse pour l’Europe lutter contre le fantôme du fondamentalisme ? Est-ce qu’il a eu une logique clairvoyante consolider simplement l’aspect commercial avec la Rive-Sud du même espace régional ? Je crois que le prix politique payé par l’Europe devant à la profondeur de ces événements historiques est très haut. L’Europe apparaît encore une fois non préparée à approfondir le rapport entre le principe de la démocratie et le monde musulman. L’Europe apparaît encore une fois sans de nouveaux instruments pour comprendre une réalité si proche et si voisine à elle. L’Europe vraiment a-t-elle oublié comment utiliser son ancienne «Grammaire des civilisations » dont Fernand Braudel écrivait en 1963?

 

” La Méditerranée, écrivait encore Fernand Braudel , c’est … mille choses à la fois. Non pas un paysage, mais d’innombrables paysages. Non pas une mer, mais une succession de mers. Non pas une civilisation, mais plusieurs civilisations superposées… La Méditerranée est un carrefour antique. Depuis des millénaires, tout conflue vers cette mer, bouleversant et enrichissant son histoire”.

 

Antonio Torrenzano

 

Un remerciement particulier à l’artiste et journaliste Noémi Thepot pour l’illustration. Son carnet numérique http://actuencouleurs.blog.lemonde.fr

 

 

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