Conversation avec Angelo Del Boca , essayiste, historien italien auprès de l’Institut d’histoire du temps présent de Piacenza et de Milan, journaliste, spécialiste de la période coloniale italienne. Il est également directeur de la revue d’histoire contemporaine. Après avoir participé à la résistance au fascisme, Angelo Del Boca devient journaliste et il se consacra des années 1960 à nos jours, à étudier l’histoire coloniale italienne en Libye, Éthiopie, Érythrée pendant la première moitié du XXe siècle. Ses recherches se sont développées notamment sur les méfaits causés par l’emploi de gaz et la création de camps de concentration dans les anciennes colonies. Récemment, il a regretté que la traduction en langue arabe de sa dernière étude consacrée à la colonisation italienne de la Libye par le titre « Naissance de la nation libyenne», aux éditions Milelli en 2008 , elle ait été interdite. Comme auteur il a publié nombreux essais en langue italienne dont « Gli italiani in Africa orientale », Milan, édition Mondadori 2000; « Le guerre coloniali del fascismo », Rome, édition Laterza, 1991; « L’Africa nella coscienza degli italiani. Miti, memorie, errori, sconfitte », Rome, édition Laterza, 1992 ; « Gli italiani in Libia », Volume 1 et Volume 2, Milan, édition Mondadori, 1997; « Gheddafi. Una sfida dal deserto », Rome, Laterza, 2001; « L’impero africano del fascismo. Nelle fotografie dell’Istituto Luce», ensemble Nicola Labanca, Rome, Editori Riuniti, 2002; « La storia negata. Il revisionismo e il suo uso politico », aux éditions Neri Pozza en 2009. Le dialogue a eu lieu dans la ville de Piacenza et Milan.
Antonio Torrenzano.Comment jugez-vous la situation en Libye ?
Angelo Del Boca. Les dernières nouvelles nous indiquent que le Pays il est fendu en deux. Les villes de la région de la Cyrénaïque, elles sont dans les mains des insurgés. Dans le Désert oriental, les tribus Zuwayya et les habitants menacent Tripoli de bloquer les exportations de pétrole si la violence ne cesse pas. Après l’est du pays et de nombreuses villes de l’ouest, la résistance gagne toujours plus de terrain. La situation est au contraire tout à fait différente dans la région occidentale de la Nation. Mais le clan Kadhafi tient toujours Tripoli. Nous ne savons pas encore exactement le numéro des victimes,les numéros de réfugiés et le grand nombre de travailleurs égyptiens qui sont à la frontière avec la Tunisie pour retourner dans leur Pays. La situation reste très incertaine.
Antonio Torrenzano. Après les révoltes en Tunisie et en Égypt, en Libye pouvions-nous prévoir ces événements ?
Angelo Del Boca. Pour ce qui concerne la région de la Cyrénaïque, je réponds sans hésitation oui ! Sans hésitation pour de nombreuses raisons : la très forte influence forte de la confrérie politique religieuse de la famille clanique de Senoussi, mais aussi pour les anciens événements du 1996 quand le régime bloqua dans le sang la révolte islamiste de la population de cette région avec une violence inouïe.
Antonio Torrenzano. Sur la révolte du 1996 nos avons encore peu d’informations.
Angelo Del Boca. Sur la révolte du 1996, la communauté internationale n’est jamais venue à la connaissance du numéro de victimes et du numéro des individus arrêtés. Dans la révolte du 1996, l’aviation tira aussi des coups contre la Montagne verte qui est le symbole pour la population de cette région du héros Omar Al Muhtar. En Cyrénaïque, il y avait donc un ressentiment très ancien vers le régime de Mouhammar Ghadafi.
Antonio Torrenzano