G8 à Deauville: les nombreux enjeux du sommet.

Le groupe des huit grands pays industrialisés se réunira jeudi et vendredi à Deauville pour son 37e sommet. La France cumule cette année les présidences du G8 et du G20. Déchargé de la gestion des grands dossiers économiques, désormais traités à l’échelon du G20 avec les pays émergents, le G8 est en quête d’une nouvelle légitimité. Le groupe cependant représente encore 65% de la richesse économique mondiale et les deux tiers du commerce international.

Pour que le G8 continue à vivre, la présidence française a proposé de revenir à « l’esprit de Rambouillet », du nom du lieu du premier sommet de ce qui n’était alors que le G6, en 1975. La France a retenu comme priorités pour ce sommet, prélude à celui du G20 au mois de novembre à Cannes, les enjeux d’internet, la sécurité dans le monde et l’aide au développement de l’Afrique. Sur ce dernier point, neuf chefs d’État et de gouvernement du continent africain ont été invités vendredi à Deauville. Mais les événements internationaux de ces cinq derniers mois ont largement modifié l’ordre du jour de Deauville. L’économie mondiale, par exemple, reste encore très volatile et cette faiblesse demeurera aussi dans les années qui viennent. La reprise des pays du G7 n’a pas été chorale, malgré une politique de relance de grande ampleur. Aux États-Unis par exemple, malgré les très forts efforts, le chômage reste stable autant que dans certains Pays de l’Europe. Parallèlement, le déficit et la dette sont augmentés tant en valeur absolue qu’en comparaison avec les pays émergents et les primes de risque liées à la dette des pays avancés dépassent en moyenne celles des pays émergents. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, cette situation ne répond pas à l’attente des responsables politiques et économiques qui avaient focalisé leurs efforts de politique économique sur la stimulation de la croissance dans la période qui a suivi la crise.C’est une économie mondiale dans laquelle il faudra naviguer prudemment.

Le réveil du monde arabe autant que la situation en Syrie, en Libye et au Yémen sera au centre du dîner de jeudi soir, ainsi que les possibles et nouvelles relations avec le monde islamique. La Tunisie revendique 25 milliards de dollars sur cinq ans et l’Égypte évalue entre 10 et 12 milliards ses besoins pour tenir jusqu’à mi-2012. Aussi les insurgés libyens exigent une aide financière. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a pour sa part annoncé son intention de développer ses activités vers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. Selon l’Élysée, le sommet du G8 devrait s’engager dans un « partenariat de longue durée » avec les pays du printemps arabes, comme celui qui avait été instauré avec les ex-pays communistes d’Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin en 1989. La région Méditerranée est en train de vivre une transformation politique monumentale et les manifestations populaires dans les pays de la Rive-Sud ont entamé un premier processus d’instauration de la démocratie. De manière sans doute moins visible à tous, la Méditerranée est en train de connaitre une autre renaissance, tout aussi important en matière de géopolitique.

La démission du directeur général du Fonds Monétaire International et sa succession pèseront enfin jeudi et vendredi à Deauville sur un sommet du G8 déjà bousculé par une économie mondiale encore très volatile, le printemps arabe et la catastrophe nucléaire de Fukushima. L’Union européenne paraît décidée à obtenir qu’un Européen succède à Dominique Strauss-Kahn. Une perspective contestée par certains grands pays émergents, qui toutefois seront absents à Deauville. La station balnéaire alors offrira-t-elle aux dirigeants français, allemand, britannique et italien une occasion de convaincre leurs homologues américain, canadien, japonais et russe ?

Antonio Torrenzano


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