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Conversation avec Fatima Bhutto, écrivaine, journaliste. Héritière de la puissante famille des Bhutto qui a longtemps dominé la vie politique pakistanaise. Comparés aux Kennedy, les Bhutto sont une riche et puissante famille qui a dominé la vie politique du Pakistan. Zulfiqar Ali Bhutto, le père de Benazir, a dirigé le Pakistan dans les années 1970 avant d’être renversé par un coup d’État et exécuté par le dictateur Zia ul-Haq. Fatima Bhutto avait seulement 14 ans lorsque son père a été abattu devant les grilles de leur maison de Karachi, à quelques encablures de la chambre où la jeune fille se cachait avec son petit frère. Elle n’a pas oublié. Elle a vécu l’assassinat de sa tante, treize ans plus tard, comme une répétition de la malédiction tragique qui semble frapper sa famille. Fatima Bhutto est également autrice de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues étrangères, dont «Le chant du sabre et du sang». L’entretien avec l’autrice a eu lieu à Rome au mois de mars 2011.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi la voix des femmes est-elle presque absente de la politique mondiale ?

 

Fatima Bhutto. Dans ce temps de pensée complexe, la vision féminine serait une très bonne approche pour ce qui concerne les principes de la transparence, de la responsabilité, de la démocratie. La vision féminine a la capacité à définir les situations de façon simple, à nommer les problèmes de façon claire. La pensée chercheuse est aussi audacieuse ; elle n’a pas peur de se jeter dans le gouffre du néant, d’abattre les idoles ; elle ne recule pas devant le risque du saut. La pensée chercheuse féminine est laborieuse et dynamique. Dans ce temps présent, un nouveau parcours de justice sociale et économique il serait nécessaire.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi le fantôme du fondamentalisme a-t-il rendu aveugle le monde occidental ?

 

Fatima Bhutto. L’occident croit que nous sommes tous des fondamentalistes. Tout le monde, par exemple, il croit encore que mon Pays ne connait pas le principe de la tolérance ou le principe de la sécularisation. Aujourd’hui, cette aggravation des circonstances a bloqué chaque possibilité d’avoir un dialogue durable entre les cultures, mais surtout clairvoyant. Je ne peux qu’exprimer mon embarras. C’est une tragique erreur.

 

Antonio Torrenzano. Votre dernier essai, c’est l’hommage d’une fille à son père trop tôt disparu. Encore, votre livre «Le chant du sabre et du sang» raconte la saga d’une famille de riches propriétaires descendants d’une caste de guerriers du Rajasthan qui deviennent les décideurs politiques du Pakistan. Quel est votre rapport avec la peur ?

 

Fatima Bhutto. Mon rapport avec la peur est long et tourmenté. Dans mon dernier livre, j’en parle. J’avais 14 ans quand mon père a été abattu devant les grilles de notre maison de Karachi. Deuil que je n’oublierai jamais.

 

Antonio Torrenzano

 

 

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Conversation avec Ali Al Isawi, ancien ambassadeur de la Libye en Inde. Aujourd’hui, représentant pour les affaires étrangères du Conseil national de transition (CNT) de Benghazi. L’entretien a eu lieu a Rome pendant la visite du représentant auprès du Ministère des Affaires étrangères italiennes à la fin du mois de mars 2011.

Antonio Torrenzano. Pour le Conseil national de transition existe-t-il une possibilité de solution diplomatique au conflit ? Une négociation avec des médiateurs internationaux désintéressés, sans implications au conflit, pourrait-elle être un point de départ ?

Ali Al Isawi. Pour le Conseil national de transition, il n’ y a pas aucune possibilité de solution diplomatique à cette crise si le régime Ghadafi ne quitte pas le Pays. Nous n’accepterons aucune initiative pour un règlement politique si le départ de Kadhafi et de ses fils de Libye ne figure pas en tête. Comme nous n’accepterons aucune initiative qui peut porter à une division de la Libye.

Antonio Torrenzano. Quel est-il votre étude de réforme pour la Libye?

Ali Al Isawi. Notre révolte veut consolider en Libye un procès de réformes démocratiques. Nous voulons créer de nouvelles institutions dans lesquelles toute la communauté libyenne pourra affirmer son opinion et prendre de décisions démocratiques pour l’avenir de la Libye. Un parcours politique de réformes pour démocratiser notre Pays et mettre fin aux discriminations régionales dans le respect de la souveraineté et le maintien de l’unité du pays.

Antonio Torrenzano. Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), près de 500.000 personnes ont fui les violences en Libye.

Ali Al Isawi. Le conflit, il a provoqué déjà presque de 7.000 morts, 20.000 blessés et 10.000 disparus. Notre priorité est de défendre la population civile.

Antonio Torrenzano

 

 

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Le conflit en Libye est dans une situation d’impasse. Après deux mois de l’insurrection et après un mois de bombardements de la part de l’OTAN, il apparaît clair de plus en plus que la situation dans le terrain est incertaine et désordonnée. Malgré l’appui des frappes de l’OTAN, les insurgés ne parviennent pas à s’imposer. Les familles claniques libyennes sont mécontentes et la communauté internationale occidentale a sous-estimé la structure sociale de la Libye qui est restée fortement tribale. Le danger ? C’est une balkanisation de la méditerranée.

Le conflit en Libye est différent de celui en Tunisie et de celui en Égypte. En Tunisie et en Égypte, les révoltes populaires ont grandi progressivement en quelques semaines, s’organisant peu à peu et s’unifiant sur des revendications claires. Tout ça, il a permis de chasser les tyrans. En Libye, au contraire, la révolte spontanée a été rapidement récupérée et transformée en guerre civile entre tribus. Après la révolution de 1969, le colonel Kadhafi s’est appuyé sur les tribus de l’ouest pour construire son pouvoir en défavorisant les familles claniques de l’est du pays. La révolte d’aujourd’hui est le résultat de ces anciennes discriminations entre régions et entre familles claniques. L’issue du conflit devra donc arriver par une nouvelle et forte négociation diplomatique qui devra recomposer les intérêts et les attentes de toutes les familles claniques du pays.

Les deux extrêmes du dilemme seraient alors : de promouvoir une cessation immédiate des hostilités et le départ de Ghadafi en assurant au colonel l’impunité à l’étranger dans un autre État africain qui ne devra pas être membre du statut juridique de la Cour pénale internationale. De continuer sur la rue de l’intervention militaire et la possible et future incrimination pénale de Ghadafi. La première solution aurait pour objectif de sauvegarder toute la population civile, d’empêcher d’autres victimes et de massacres, un possible retour à la paix par une réunion de toutes les tribus du Pays vers une nouvelle transition historique de la Libye. Mais, de manière évidente, cette solution serait une défaite pour la justice internationale et pour le rôle développé par la même Cour internationale. La deuxième possibilité, au contraire, aurait d’autres graves risques : une progressive usure de la situation, une possible augmentation des victimes civiles, de nouvelles et possibles complications internationales, une victoire pas sûre ni escomptée à présent de la part des insurgés.

Une instabilité durable dans la Mer méditerranéenne est à éviter.

 

Antonio Torrenzano


 

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Conversation avec Stéphane Hessel, écrivain, diplomate, cosmopolite. Né à Berlin, dans une famille d’origine juive luthérienne polonaise prussienne, immigré à Paris à 7 ans, bachelier en philosophie à 15, deux fois reçu à École Normale Superieure, d’abord comme élève étranger puis comme français naturalisé. Arrêté par la Gestapo en 1944, déporté à Buchenwald et Dora, il survivra, comme dit-il toujours, qu’à de constants concours de circonstances favorables. À la Libération, reçu au concours du Quai d’Orsay, il entame une carrière de diplomate auprès des Nations Unies. Le 1945, le voit au service de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme aux Nations Unies, dans la proximité de René Cassin. Sa carrière de diplomate le mènera en Afrique, à Saigon, à Alger, à Genève, à New York, au Burundi au service de thématiques centrées sur la coopération internationale, l’aide au développement (PNUD-ONU), la promotion culturelle des immigrés, la réconciliation entre les hommes. Son combat pour les droits de l’homme et le développement lui a valu en 2004 le Prix nord-sud du Conseil de l’Europe. Auteur de nombreux essais traduits dans plusieurs langues étrangères dont «Danse avec le siècle», autobiographie publiée en 1997 aux éditions Seuil; «Dix Pas dans le nouveau siècle», Paris, éditions Seuil, 2002;«Citoyen sans frontières» conversations avec J.M.Helvig en 2008 et son dernier pamphlet « Indigniez-vous», collection ceux qui marchent contre le vent, Montpellier, Indigène éditions, 2010; «Engagez-vous», entretiens avec Gilles Vanderpooten, Paris, éditions de l’Aube, mars 2011. Le dialogue a eu lieu à Strasbourg au mois de février 2011 pendant la 5e session des Dialogues de Strasbourg en faveur des droits de l’Homme et de la démocratie organisés par le Conseil de l’Europe et la ville de Strasbourg près du Palais de congrès et de la musique. Le débat a été introduit par Mme Maud de Boer-Buquicchio et a été modéré par le journaliste Jacques Fortier.

 

Antonio Torrenzano. Les déferlantes révoltes dans l’Afrique du Nord revendiquent le respect des règles du jeu, la fin du favoritisme et de la corruption généralisée. Les jeunes revendiquent d’être les nouveaux sujets de leurs pays en soulignant avec ces protestations que la classe dirigeante est déconnectée des réalités. Aspirations qui me semblent identiques au reste du monde : liberté de pensée, liberté d’expression, liberté de choisir leurs gouvernants, transparence dans la gestion des biens publics. Encore, ces événements naissent d’attentes de gens ordinaires qui sont tous de jeunes hommes et de jeunes filles. Et dans la Rive-Sud de la Méditerranée, les jeunes sont la société. Ces jeunes réclament avec la force de leurs vingt ans leur avenir.

 

Stéphane Hessel. C’est souvent à travers des formes plus ou moins organisées de la société civile qu’émergent dans le champ politique les nouvelles questions. Les révoltes montrent que tous les pouvoirs sont justiciables et tenus de rendre des comptes. En particulier, tout pouvoir public est justiciable. Toute souveraineté est limitée et chaque État est tenu de rendre des comptes non seulement à ses propres citoyens, mais aussi aux instances internationales compétentes. Ces mouvements de contestation sont parvenus à faire précipiter des autocrates vers leurs chutes. Le manque du respect des règles du jeu a révélé de manière exemplaire un défaut de cohérence et un déficit majeur de légitimité. Ces initiatives populaires devraient maintenant susciter l’organisation d’une réunion régionale pour un nouveau consensus partagé des peuples des deux rives.

 

Fabio Gualtieri. L’accessibilité de l’information par l’action de nouvelles technologies et de médias a déjà permis aux jeunes de construire leurs propres points de vue sur la réalité du monde. Comment faire alors pour donner aux jeunes la gestion et la responsabilité de ces nouveaux défis ?

 

Stéphane Hessel. Les actions de jeunes déjà existantes pour le changement social sont innombrables. La responsabilité et la participation des nouvelles générations dans la construction du monde d’aujourd’hui et de demain sont plus que jamais fondamentales.Les jeunes n’ont pas seulement une grande énergie, mais aussi une vision commune de l’avenir. Malheureusement, cette force n’est pas considérée à sa juste valeur. Les jeunes sont particulièrement conscients des nombreux défis auxquels ils sont confrontés, de la complexité et de la gravité des problèmes dans le monde présent et à venir. Ils ne sont pas satisfaits des systèmes contemporains : politiques, économiques, sociaux. Toutefois, ils sont prêts à s’occuper du monde tel qu’il est et à prendre la responsabilité de le changer. Ils sont parfaitement conscients de leur responsabilité dans une telle démarche.

 

Antonio Torrenzano. Alexis de Toqueville disait : « Il faut prendre garde de juger les sociétés qui naissent avec les idées de celles qui ne sont plus ». L’analyse de notre temps présent est-elle donc correcte ? Croyez-vous que la classe dirigeante a elle bien compris cette nécessité ?

 

Stéphane Hessel. Ce sont les nouvelles générations qui devront apporter, comme toutes les autres, leur contribution au chef d’oeuvre de la vie sur cette planète. Il est important de donner cette responsabilité à cette nouvelle génération pour la construction du XXIe siècle. La vision des jeunes doit être prise en considération de façon sérieuse.

 

Claudio Poletti. Avons-nous besoin d’une organisation des Nations Unies encore plus forte et solide ?

 

Stéphane Hessel. Nous avons terriblement besoin de cette Organisation mondiale forte et qui puisse surmonter ces faiblesses. L’ONU n’est pas une entité abstraite. À mon sens, il ne s’agit pas d’améliorer l’ONU, il s’agit de réaffirmer le primat de cette institution sur les États membres. Le système des Nations Unies constitue, aujourd’hui, le maillon faible de l’élaboration de règles mondiales. Nous devons nous engager pour un nouveau processus évolutif et pragmatique de réforme des Nations Unies qui s’inspireraient de la démarche suivie par la Communauté européenne. Nous devons stimuler ce débat afin d’avoir une formulation complète.

 Fabio Gualtieri, Claudio Poletti,

Antonio Torrenzano

 

*Un remerciement particulier au service de presse du Conseil de l’Europe pour l’image de Stéphane Hessel. L’image est du photoreporter Candice Imbert.

 

 

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Le texte « Penser la Méditerranée et méditerranéiser la pensée » est un extrait d’un colloque tenu par le professeur Edgar Morin pour la Chaire Averroes, Université Cadi Ayayad, éditions de l’UNESCO, au mois de décembre 2001. Au vu de ce vent de changement soufflant sur la région, l’Europe doit penser à revoir les bases sur lesquelles seront reconstruites ses politiques moyen-orientales. Ce carnet numérique retient que cette analyse est encore très contemporaine. Un point de repère pour l’Europe duquel partir de nouveau. Espérons-le… !

 

« Le monde est de plus en plus soumis à une pensée à la fois linéaire, quantitative, spécialisée. Une telle pensée ne perçoit que la causalité mécanique alors que tout obéit de plus en plus à la causalité complexe. Elle réduit le réel à tout ce qui est quantifiable, devient aveugle à la souffrance, la joie, la passion, la poésie, le bonheur et le malheur de nos vies. Elle produit l’aveuglement, non seulement sur l’existence, le concret, l’individuel, mais aussi sur le contexte, le global, le fondamental.

 

Elle entraîne un morcellement, une dilution et finalement une perte de la responsabilité. Elle favorise à la fois les rigidités de l’action et le laxisme de l’indifférence. Elle contribue fortement à la régression démocratique dans les pays occidentaux où tous les problèmes devenus techniques échappent aux citoyens au profit des experts et où la perte de la vision du global et du fondamental laisse libre cours, non seulement aux idées parcellaires les plus closes, mais aussi aux idées globales les plus creuses, aux idées fondamentales les plus arbitraires, y compris et surtout chez les techniciens et scientifiques eux-mêmes (d’où le primat du programme au détriment de la stratégie, l’hyperspécialisation au détriment de la compétence générale, la mécanicité au détriment de la complexité organisationnelle).

 

Elle ignore l’individu vivant et sa qualité de sujet, donc les réalités humaines subjectives. La logique d’efficacité, prédictibilité, calculabilité, hyperspécialisation, chronométrie s’est répandue hors du secteur industriel, notamment dans le monde administratif où son organisation était déjà préfigurée dans l’organisation bureaucratique. Elle s’est emparée de nombreux domaines de l’activité sociale : comme l’a dit Giedeon, la mécanisation prend les commandes.

 

Elle devient maîtresse d’abord dans le monde urbain, puis dans le monde rural où elle transforme les paysans en agriculteurs et banlieusardise bourgs et villages… Elle envahit la vie quotidienne: elle règle voyages, consommation, loisirs, éducation, services et provoque ce que George Ritzer appelle la macdonaldisation de la société. Elle se répand sur la planète. Ainsi, la rationalité close produit de l’irrationalité. La « pensée unique » n’est qu’un rameau économique de la pensée réductrice disjonctive qui règne dans tous les domaines et qui commande également les pourfendeurs de cette pensée unique. La pensée disjonctive et la pensée réductrice, incapables de relever le défi des problèmes planétaires, sont tout aussi incapables de traiter les problèmes méditerranéens. La pensée quantitative ne peut qu’être aveugle aux qualités méditerranéennes.

 

C’est le Nord qui a hyper développé la pensée réductrice, quantitative, disjonctive. La pensée du Nord anglo-saxon est faite pour aménager, traiter la prose de la vie, les problèmes d’organisation techniques, pratiques, quantifiables. Or la prose fait survivre alors que la poésie est vivre : une pensée méridionale, comme l’a dit justement Cassano, intègre en elle l’art de vivre, la poésie de la vie. C’est la Méditerranée qui a besoin d’une pensée qui relie, qui reconnaît et défend les qualités de la vie, qui sont art de vivre, clairvoyance, poésie, compréhension.

 

La pensée méridionale, que propose Cassano, est précisément une pensée complexe. La pensée complexe devient nécessairement une pensée méridionale, c’est-à-dire méditerranéenne ».

Edgar Morin.

 

 

 

 

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La vague de protestations déferlant sur le monde arabe marque une nouvelle ère pour les peuples de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient. Il est rare qu’un désir de justice se réalise dans cette manière devant nos yeux et concrètement. Nombreux médias, ils ont soutenu que pour la Tunisie a été la première fois. Mais, déjà en 1994, dix-huit intellectuels et universitaires, dont les juristes Ali Mezgheni, Iyad Ben Achour et Abdelwahab Meddeb par une lettre ouverte à l’ancien président Ben Ali, ils dénonçaient la désertification de l’espace politique et la fermeture d’une confrontation d’opinions et d’idées avec un très haut risque de révoltes et de besoin de liberté. Dans cette occasion, la lettre fut reçue comme une insulte par l’ancien autocrate et la même communauté internationale sans mot dire elle resta muette. Seize ans après,tout ça s’est produit.

La révolte tunisienne s’est diffusée après en Égypte,Barehien, en Libye et dans presque tout le Proche-Orient. Pour ce qui concerne la Libye, au contraire, les récents événements ont pris une tournure inattendue, violente et encore très incertaine. Toutefois, ces mouvements de contestation conduite par des citoyens pacifiques sont parvenus à faire précipiter les autocrates vers leurs chutes. Le monde a constaté que c’est chose faite. Les communautés nationales de la Rive-Sud de la Méditerranée confrontées à leurs tyrans redécouvrent que c’est possible.

Ces mouvements ont prudemment reçu le soutien moral de l’Union européenne, de ses États membres et d’autres nations occidentales. Toutefois, ces révoltes invitent encore une fois l’Europe à s’interroger sur le sens de ces événements et sur les nouvelles solutions pour relancer un vrai chantier politique euroméditerranéen. Nombreuses sont les questions auxquelles répondre. Par exemple, l’Europe est-elle obligée à repenser les bases sur lesquelles devront être reconstruites ses nouvelles politiques moyen-orientale et nord-africaine ? Au vu de ce vent de printemps, la même finance et l’industrie européennes sont-elles obligées à repenser leurs conduites menées jusqu’à aujourd’hui ? Les relations économiques étroites de certains de ses États membres de l’UE avec le gouvernement Kadhafi influent profondément sur la crédibilité de l’Union européenne ainsi que les objectifs et les valeurs de la politique méditerranéenne. Encore, l’Europe est-elle vraiment prête à faire face à une nouvelle pensée politique avec la Rive-Sud au long terme en vue d’obtenir des avantages de démocratie et stabilité ?

Pour ce carnet numérique, l’Europe a déjà de nombreux moyens culturels pour le faire. L’Europe doit commencer de nouveau par sa «pensée méridienne» parce que la Mer Méditerranée signifie « mer au milieu des terres ». Que signifie le terme « pensée méridienne»? La pensée méridienne est la pensée qui veut raisonner à propos du Sud. Le sud étant dans ce cas-ci la Méditerranée. L’homme méditerranéen – affirme Franco Cassano – vit toujours entre terre et mer, il limite l’une grâce à l’autre; dans son regard technologique et dans ses vices, il y a une mesure que d’autres ont perdue ». Avec ses caractéristiques, la Méditerranée est et reste à présent un centre vital de la grandeur et des richesses de la civilisation européenne. Cette mer a la capacité de protéger et de relier les différences. Intérioriser la mer, c’est savoir qu’il n’existe pas qu’un seul horizon, un seul pays et un seul accent, que des visions divergentes peuvent coexister. Pourquoi l’Europe a-t-elle oublié cette pensée, plusieurs fois soulignée d’Albert Camus et Pierpaolo Pasolini ? Edgar Morin conclurait de manière lucide:« nos espoirs, sans être autant utopiques, sont improbables. Mais l’improbable a toujours eu ses chances historiques. Sachons donc espérer l’inespéré et œuvrer pour l’improbable.»

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Angelo Del Boca , essayiste, historien italien auprès de l’Institut d’histoire du temps présent de Piacenza et de Milan, journaliste, spécialiste de la période coloniale italienne. Il est également directeur de la revue d’histoire contemporaine. Après avoir participé à la résistance au fascisme, Angelo Del Boca devient journaliste et il se consacra des années 1960 à nos jours, à étudier l’histoire coloniale italienne en Libye, Éthiopie, Érythrée pendant la première moitié du XXe siècle. Ses recherches se sont développées notamment sur les méfaits causés par l’emploi de gaz et la création de camps de concentration dans les anciennes colonies. Récemment, il a regretté que la traduction en langue arabe de sa dernière étude consacrée à la colonisation italienne de la Libye par le titre « Naissance de la nation libyenne», aux éditions Milelli en 2008 , elle ait été interdite. Comme auteur il a publié nombreux essais en langue italienne dont « Gli italiani in Africa orientale », Milan, édition Mondadori 2000; « Le guerre coloniali del fascismo », Rome, édition Laterza, 1991; « L’Africa nella coscienza degli italiani. Miti, memorie, errori, sconfitte », Rome, édition Laterza, 1992 ; « Gli italiani in Libia », Volume 1 et Volume 2, Milan, édition Mondadori, 1997; « Gheddafi. Una sfida dal deserto », Rome, Laterza, 2001; « L’impero africano del fascismo. Nelle fotografie dell’Istituto Luce», ensemble Nicola Labanca, Rome, Editori Riuniti, 2002; « La storia negata. Il revisionismo e il suo uso politico », aux éditions Neri Pozza en 2009. Le dialogue a eu lieu dans la ville de Piacenza et Milan.

Antonio Torrenzano.Comment jugez-vous la situation en Libye ?

Angelo Del Boca. Les dernières nouvelles nous indiquent que le Pays il est fendu en deux. Les villes de la région de la Cyrénaïque, elles sont dans les mains des insurgés. Dans le Désert oriental, les tribus Zuwayya et les habitants menacent Tripoli de bloquer les exportations de pétrole si la violence ne cesse pas. Après l’est du pays et de nombreuses villes de l’ouest, la résistance gagne toujours plus de terrain. La situation est au contraire tout à fait différente dans la région occidentale de la Nation. Mais le clan Kadhafi tient toujours Tripoli. Nous ne savons pas encore exactement le numéro des victimes,les numéros de réfugiés et le grand nombre de travailleurs égyptiens qui sont à la frontière avec la Tunisie pour retourner dans leur Pays. La situation reste très incertaine.

Antonio Torrenzano. Après les révoltes en Tunisie et en Égypt, en Libye pouvions-nous prévoir ces événements ?

Angelo Del Boca. Pour ce qui concerne la région de la Cyrénaïque, je réponds sans hésitation oui ! Sans hésitation pour de nombreuses raisons : la très forte influence forte de la confrérie politique religieuse de la famille clanique de Senoussi, mais aussi pour les anciens événements du 1996 quand le régime bloqua dans le sang la révolte islamiste de la population de cette région avec une violence inouïe.

Antonio Torrenzano. Sur la révolte du 1996 nos avons encore peu d’informations.

Angelo Del Boca. Sur la révolte du 1996, la communauté internationale n’est jamais venue à la connaissance du numéro de victimes et du numéro des individus arrêtés. Dans la révolte du 1996, l’aviation tira aussi des coups contre la Montagne verte qui est le symbole pour la population de cette région du héros Omar Al Muhtar. En Cyrénaïque, il y avait donc un ressentiment très ancien vers le régime de Mouhammar Ghadafi.

Antonio Torrenzano

 

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Après la Tunisie et l’Égypte, la contestation du monde arabe a gagné la Libye. Mais, la révolte éclatée à Tripoli, au contraire des conflits tunisien et égyptien, elle semblerait être d’origine tribale et clanique. Les contestations en Libye ne viennent pas des intellectuels ou des travailleurs plutôt des tribus qui pourraient arranger l’action définitive pour détrôner le régime du Colonel Mouhammar Ghadafi. Le rôle du tribalisme dans la politique libyenne a été toujours bien évident et il a représenté un pilier fondamental du pouvoir de Muhammar Gheddafi depuis 40 ans. La société libyenne se compose de quasi 140 familles claniques qui incluent presque toutes les six millions d’habitants. Sur une population totale de six millions, presque les quatre-vingt-cinq pour cent d’individus ils appartiennent à une tribu. Les plus importantes sont les tribus de Warfala, de Zintan, de Rojahan, d’Orfella, de Riaina, al Farjane, al Zuwayya et la famille tribale de Tuareg. De tribus très anciennes et riche d’histoire dont leur rôle était déjà présent en Libye pendant la société précoloniale, durant la colonisation italienne et après l’accession à l’indépendance. Le tribalisme constitue donc la structure principale de cette communauté.

Quand on parle de tribus, il s’agit d’un ensemble social polyvalent singulièrement adapté aux conditions écologiques du milieu géographique et climatique de la région où ce groupe social vit. Une analyse interne de différents groupes nous relève encore l’absence du concept de classe sociale. Cette caractéristique a des raisons précises, parce qu’elle rend possibles l’homogénéité et la cohérence d’un groupe clanique. La propriété tribale ou familiale par exemple elle prévaut sur la propriété personnelle qui est reléguée au second plan. La lutte victorieuse contre la colonisation italienne modifia radicalement les relations entre toutes les tribus libyennes avec l’apparition de l’État. L’apparition de l’État (dans le sens juridique occidental) modifia leurs relations, leurs intérêts et les enjeux. L’État apparaît comme: le symbole de richesse, le pouvoir extraordinaire, l’employeur. En d’autres termes, l’État représente l’argent, le travail, l’épée. Dans leur rivalité, les tribus tendent par le jeu des influences et des alliances à s’assurer la maîtrise de l’appareil de l’État. Et cette domination signifia avant tout appropriation des privilèges et non-enrichissement des possibilités offertes. Par définition, l’État et la tribu constituent deux entités antithétiques.

Comment alors Mouhammar Ghadafi a-t-il pu gouverner pour 40 ans ? Pour un motif simple : parce que chaque tribu a exercé son pouvoir dans les différentes fonctions publiques suite à sa projection et sa localisation spatiale dans le pays. Toutes les tribus, par exemple, ont toujours eu leurs leaders politiques dans l’establishment militaire autant que dans les Comités populaires et révolutionnaires constitués par le colonel après la prise du pouvoir en 1969. Il a été ce pacte qui a permis au régime de gouverner. Mais ce pacte tribal depuis quelques mois s’est brisé en produisant les révoltes de ces jours et une nouvelle possible alliance. La tribu Tuareg participe à la révolte ensemble à la tribu Warfala. Les tribus Zuwayya du Désert oriental menacent Tripoli de bloquer les exportations de pétrole si la violence ne cesse pas. Actions que les nombreuses tribus de la Cyrénaïque ( Zuwayah, Awaqir, Abid, Barasa, Majabrah, Awajilah, Minifah, Abaydat, Fawakhir) ont déjà produites. Toutes les tribus de la Cyrénaïque, il faut ajouter encore, elles ont toujours considéré le coup d’État de 1969 contre le Roi Idris et la monarchie Senussi comme une action d’hégémonie des tribus occidentales sur la destinée du pays.

Dans la brève durée, les perspectives d’une stabilisation politique pour la Libye sembleraient très incertaines, mais c’est sûr que la communauté internationale devra dialoguer avec ces anciennes tribus pour ce qui concerne la Libye d’après Ghadafi… Au moins pour conjurer une nouvelle Somalie.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Shirin Neshat, vidéaste, photographe, Lion d’or de la XVIIIe Biennale de Venise. Shirin Neshat a quitté l’Iran pour étudier l’art aux États-Unis et en Europe. Après ses études universitaires, elle a travaillé à New York, San Francisco, Los Angeles. Son travail artistique se rapporte aux codes sociaux, culturels et religieux des sociétés musulmanes et à la complexité du temps présent. Le travail de Shirin Neshat analyse les dimensions sociales, politiques et psychologiques de la vie des femmes dans les sociétés islamiques contemporaines. Mais, Sherin Neshat n’offre jamais des représentations stéréotypées de la société musulmane. Ses objectifs artistiques ne sont pas formellement polémiques. Plus exactement, son travail reconnaît la complexité des forces intellectuelles et religieuses formant l’identité des femmes musulmanes dans le monde. Shirin Neshat est devenue internationalement connue en 1999, quand elle a obtenu le Lion d’or de la XVIIIe Biennale de Venise avec Turbulent et Rapture, un ouvrage avec 250 figurants, produit par la galerie Jérôme de Noirmont. Avant Venise, elle avait déjà rencontré un grand succès critique et de public après son avant-première mondiale à l’Institut d’art de Chicago au mois de mai de la même année. Ses oeuvres récentes sont : Fervor, ans 2000. Installation vidéo et sonore sur deux écrans; Passage, ans 2001. Installation vidéo; Logic of the Birds, ans 2002 (une performance multimédia);The Last Word, ans 2003 (installation vidéo); Zarin, ans 2005 (installation vidéo); Munis, de l’année 2008 (film vidéo) et le film vidéo Faezeh dans la même année. Comme photographe ses principales expositions individuelles ont été en 1998 près de la Maison européenne de la photographie à Paris, en 1999 avec Rapture à l’Art Institute de Chicago et au Kunstmuseum de Bonn, en 2001 au Musée d’art contemporain de Montréal, en 2002 auprès du Castello di Rivoli de Turin, en 2005 avec «Women without Men and Other Works» à la Neue Nationalgalerie de Berlin. Le dialogue a eu lieu à Rome, Venise et Berlin au mois de janvier 2011.

 

Antonio Torrenzano. Les prétentions des individus de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient,elles me semblent identiques au reste du monde : liberté de pensée, liberté d’expression, liberté de choisir leurs gouvernants. Encore, la transparence dans la gestion des biens publics !

 

Shirin Neshat. Les jeunes désirent seulement que leur avenir soit meilleur. Cette nouvelle génération bien éduquée est en train de dénoncer la corruption, la censure, le déclin économique, l’absence d’un dialogue démocrate, la liberté d’expression. Au mois de décembre, je me trouvais en Égypte et je comparais la force des jeunes Égyptiens à la volonté des jeunes Iraniens d’obtenir de changements sociaux et économiques.

 

Antonio Torrenzano. Les jeunes sont-ils exaspérés d’un quotidien sans avenir ?

 

Shirin Neshat. Les protestations des nouvelles générations arabes en Tunisie, en Égypte, en Algérie ou les mêmes revendications des partis d’opposition dans mon Pays : l’Iran, ils n’ont rien d’idéologique. Ces revendications désirent simplement un changement social.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi la voix des femmes est-elle presque absente de la politique?

 

Shirin Neshat. Le travail des artistes et des intellectuels femmes consiste à raconter une possible et nouvelle société musulmane. Mon travail artistique, par exemple, il reflète ma propre vie, mes propres anxiétés et mes désirs. Mon intérêt pour une certaine narration du monde et l’analyse de certains sujets, il reflète ma sensibilité et ma vision politique au féminin. Mes sujets racontent de situations sociales, ils racontent des désirs, mais aussi la complexité d’un passé très ancien et riche et d’un avenir incertain pour les sociétés du Proche-Orient. Le Proche-Orient peut avoir un avenir meilleur et les femmes ont déjà perçu depuis longtemps cette nouvelle vision du changement.

 

Antonio Torrenzano

 

* Dans l’image, Shirin Neshat avec Silvia Lucchesi pendant un séminaire à Rome.

 

 

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Conversation avec Wassyla Tamzali, écrivaine, ancienne directrice des droits de femmes à l’UNESCO de Paris, avocate à Alger. Aujourd’hui, elle partage son temps entre l’écriture et les actions militantes au sein du mouvement féministe maghrébin et pour un dialogue entre les peuples de la Méditerranée. En qualité d’autrice, elle a publié « Une éducation algérienne », en 2007 et pour les éditions Gallimard « Une femme en colère, lettre d’Alger aux Européens désabusés » 2009. Wassyla Tamzali a reçu le Prix Méditerranéen pour la Culture 2008 pendant une cérémonie qui s’est déroulée au Complesso Museale Santa Maria La Nova de Naples. La Fondazione Mediterraneo lui a assigné le Prix pour avoir su exprimer, à travers son œuvre de témoignage de la guerre de libération algérienne, sur les multiples dimensions et contradictions de la Rive Sud de la Méditerranée et pour avoir donné voix aux femmes victimes d’abus. Le dialogue a eu lieu en plusieurs fois dans la ville de Rimini auprès de la Fondation Pio Manzù pendant les journées internationales d’étude, dans la ville de Naples près de l’université Federico II-L’orientale et dans la ville de Erice au mois de juillet 2010.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi la voix des femmes est-elle presque absente de la politique mondiale ?

 

Wassyla Tamzali. Dans ce temps de complexité, la vision féminine serait une très bonne approche. Les pays du nord et du sud de la planète auraient besoin de la vision politique des femmes comme nouvel élément pour la gestion politique. Les femmes ont une très grande sensibilité par laquelle elles analysent les problèmes sous multiples aspects. La sensibilité féminine pourrait apporter à la communauté internationale une nouvelle manière pour dialoguer parmi les États et de nouvelles valeurs. Je crois vraiment que le XXIe siècle a besoin de la vision féminine pour retrouver la juste orientation. Les femmes possèdent de nouveaux éléments qui manquent dans le panorama politique contemporain.

 

Antonio Torrenzano. Et dans le Continent africain et l’Afrique du Nord ?

 

Wassyla Tamzali. L’Afrique a besoin des femmes. Le rôle de la femme en Afrique a eu un rôle très important dans la période avant la colonisation. Annie Lebeuf, mais aussi Catherine Coquery-Vitrovich, historiennes et spécialistes pour ce qui concerne le rôle de la femme en Afrique, elles décrivent la femme comme point de repère, comme mère du territoire où elle déroule son action politique, sociale et économique. La femme africaine a été une souveraine très influente dans la période avant la colonisation. Déjà au XVIe siècle, dans certaines sociétés africaines, ils existaient de cercles et de comités féminins qui discutaient et résolvaient les possibles problématiques. Puis, dans la période coloniale et successivement dans la période moderne, tous les préjugés importés par le colonialisme pour ce qui concerne l’identité féminine, ils commencèrent à se développer de manière négative. Dans la période moderne, au contraire, avec l’entrée de la femme africaine dans l’univers féminin mondial, on pourrait affirmer de ses soumissions ou exclusions presque totales de la gestion politique et sociale du continent. De plus, la femme africaine aujourd’hui est encore tourmentée par le problème de son identité et elle n’a pas encore trouvé son espace et une image très claire de soi-même.

 

Antonio Torrenzano. Vous avez affirmé que la situation est devenue pire dans la première décennie du siècle XXIe. Pourquoi le fantôme du fondamentalisme a-t-il rendu aveugle le monde occidental ?

 

Wassyla Tamzali. Sans doute. D’une manière plus générale, j’y vois un aveuglement pour tout ce qui relève à tort ou à raison de l’Islam. L’islam est devenu le continent noir de la pensée occidentale. À tous les échelons de la société. Cela est tellement répandu que j’y vois, sinon de la discrimination du moins de l’ethnicisme. Le monde européen a oublié peut-être Fernad Braudel qui affirmait : « Quatre ou cinq siècles durant, l’Islam fut la civilisation la plus brillante de tout l’Ancien Monde ». Aujourd’hui, cette aggravation des circonstances a bloqué chaque possibilité d’avoir une démocratie durable dans tout le continent africain et aussi dans l’Afrique du Nord. Les gouvernements, effrayés par ces faits marquants, ils ont blindé le dialogue.

 

Antonio Torrenzano