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Conversation avec Vandana Shiva, physicienne, épistémologue, écologiste, écrivain, docteur en philosophie des sciences. Vandana Shiva dirige la Fondation de recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles (Research Foundation for Science, Technology and Natural Resource Policy) et elle est à présent un point de repère dans la défense de l’agriculture paysanne et biologique face à la politique d’expansion sans limites des multinationales agroalimentaires. Dans les années 1980, elle a été une activiste du Mouvement sauvons le Narmada qui s’ est opposé à la construction d’énormes barrages sur la rivière Narmadâ, barrages bouleversant les écosystèmes et obligeant aux déplacements de millions de paysans. Vandana Shiva est aussi engagée dans l’association «Navdanya», association pour la conservation de la biodiversité et la protection des droits des fermiers. La ferme de Navdanya est une banque de semences, qui a permis à plus de 10 000 fermiers d’Inde, du Pakistan, du Tibet, du Népal et du Bangladesh de redécouvrir l’agriculture organique comme on le dit en Inde : principe entre l’agriculture paysanne et l’agriculture biologique. Autrice de nombreux essais, édités dans plusieurs langues diplomatiques, dont «La guerre de l’eau. Privatisation, pollution et profit» 2008; «Le terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament-t-elles le Tiers-monde» avec Marcel Blanc, 2001; «La biopiraterie ou le pillage de la nature et de la connaissance», 2003. Le dialogue a eu lieu dans plusieurs villes italiennes : à Pise pendant la réunion internationale de San Rossore au mois de juillet 2009, à Turin pendant le festival international sur la spiritualité.

Antonio Torrenzano. Un autre modèle dans cette brume de l’avenir est-il possible à Copenhague ?

Vandana Shiva. Les nombreuses crises de l’environnement qui tourmentent notre planète dérivent d’un désaveu du rôle des ressources naturelles. Pour résoudre ces crises, il est nécessaire que les communautés locales récupèrent la surveillance des ressources naturelles afin de construire une vraie économie soutenable. À Copenhague, il faudrait joindre à un accord international pour réduire les émissions de 90% d’ici au 2030. Les engagements pris jusqu’à maintenant par la communauté internationale ils ne me semblent pas suffisants. Il faudra encore construire une nouvelle attitude pour affronter cette urgence qui dérive de nombreux facteurs.Nous avons besoin d’une nouvelle vision holistique des savoirs, la connaissance fragmentée et mécaniste par laquelle le monde a géré ces dernières vingt années elle n’est plus suffisante. Les problèmes inhérents au milieu de l’environnement, à la pauvreté ils doivent devenir prioritaire respect à la croissance économique libériste. Le réseau paysan Navdanya, que je coordonne, il se propose comme une solution de remplacement aux petits paysans indiens menacés par les multinationales du secteur agroalimentaire. Navdanya signifie dans ma langue «neuf graines», un nom qui évoque la richesse de la diversité et le devoir de la défendre devant l’invasion des biotechnologies et des monocultures de l’agriculture industrielle. Les biotechnologies réduisent la diversité des formes de vie au rôle de matières premières pour l’industrie et les profits. Les graines génétiquement modifiées piègent les petits agriculteurs dans une cage de dettes et de mensonges. Les graines, ils sont rendus inféconds de manière telle qui ne peut plus se reproduire et ils doivent être achetés tous les ans à un prix très cher par les paysans.

Antonio Torrenzano. La Terre souffre, notre mère gronde. Elle rougira, demain, de colère. Pour les populations autochtones, le réchauffement climatique sera un renversement radical de situation, un choc. Quant à nous, les conséquences sont imprévisibles. L’occident, malgré le désastre de la crise économique et financière, il continue à chercher de possibles solutions dans une croissance économique effrénée et dans le profit. Quand on parle d’écologie, de protection de l’environnement, mais dit un jour Jean Malaurie, ce sont des considérations qui, avec le temps, deviennent des idées paresseuses. On en parle, elles agitent les esprits et puis l’été passe, Noël arrive et on les oublie.

Vandana Shiva. Le modèle économique libériste de la mondialisation a été jusqu’à présent un modèle où le pouvoir absolu des multinationales a dominé la vie de millions d’individus, surtout des pauvres. Un modèle qui n’a pas tout à fait aimé la planète. Ce modèle est totalement différent de mon idée de démocratie. Cette culture de l’exploitation effrénée des ressources naturelles n’a jamais aimé la planète et la même a produit de conflits innombrables. Dans le social, ce modèle a produit une culture de l’exclusion, une culture du refus de l’autre en préférant de rapports sociaux fondés simplement sur les échanges économiques et sur le profit. Ce modèle de développement a nié les plus élémentaires droits humains et il a mis de côté une grande partie de l’humanité. Mon idée de démocratie ? Un système qu’il a du respect pour la biodiversité, la justice sociale et pour une croissance économique soutenable. Le système libériste a saturé déjà toutes les ressources naturelles disponibles et cette saturation est à l’origine de tensions de plus en plus fortes.

Antonio Torrenzano. Est-ce que vous pouvez nous faire des exemples ?

Vandana Shiva. La croissance économique de la Nation indienne, mon Pays, dont on discute sur tous les journaux du monde cache un très haut pourcentage d’expropriations de terre soustraite aux petits paysans et aux plus démunis. Cette terre est achetée à des prix dérisoires des grandes multinationales qui produisent successivement à des prix déchirés. La situation est en train de causer de massives migrations vers les villes où nombreux individus, sans plus de la terre à cultiver ni du travail, ils n’augmentent que le nombre de désespérés qu’ils envahissent déjà les banlieues de mon pays. Dans une brève période, d’ici à cinq ans, cette situation produira de possibles conflits et inattendues situations d’instabilité. Parallèlement, le développement de l’agriculture industrielle, basée sur une massive utilisation de pesticides chimiques ou sur l’imposition des semences modifiées génétiquement, il a été cause de la faillite des petits agriculteurs incapables de soutenir ces coûts et la concurrence des multinationales. En 2004, dans mon pays nous avons eu plus de 16.000 paysans qui se sont suicidés. Les suicides dérivent de l’endettement provoqué par l’augmentation des coûts de production et de l’effondrement des prix des produits agricoles. Les suicides sont les effroyables résultats d’une politique agricole qui protège les intérêts du capitalisme mondial et qui ignore ceux des petits agriculteurs.

Antonio Torrenzano

 

 

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Selon les données statistiques des Nations Unies en 1961, les ressources naturelles de la Terre elles étaient encore suffisantes pour satisfaire nos nécessités. La première année dans laquelle l’humanité a utilisé plus de ressources que de celles offertes par les biocapacités de la planète il a été le 1986, mais cette fois le danger était encore raisonnable. En 1995, il commençait déjà la phase d’une majeure consommation de ressources naturelles qui allait déjà au-delà de la capacité des écosystèmes de se régénérer. Nos prélèvements commençaient à dévorer la richesse naturelle des ressources à disposition.

Depuis le 2005, au contraire, l’humanité use presque le 40% en plus de celui-là que notre planète peut nous offrir sans s’appauvrir. Et selon encore les projections de l’ONU, l’an dans lequel les écosystèmes ne réussiront plus à satisfaire les besoins de l’humanité c’est le 2050, si la communauté internationale ne prendra pas de mesure. À la moitié du XXI siècle, nous aurons donc besoin d’une deuxième planète à disposition pour survivre.

Et, vu qu’il est difficile de supposer à cette époque là un déplacement planétaire, il faudra endiguer et modifier radicalement nos styles de vie en agissant sur un double front: technologies et réduction des consommations. Je voudrais analyser en particulier les styles de vie des pays occidentaux par des exemples : si le modèle de consommation des États-Unis venait étendu à toute la planète, l’humanité entière aurait besoin de 5,4 planètes. Avec le style de vie du Royaume-Uni, on descend à 3,1 Terres, par celui de l’Allemagne à 2,5. Les pays occidentaux ont une dette écologique qu’aujourd’hui elle ne peut plus être soutenue. Nous vivons dans une société mondiale des incertitudes, d’événements bouleversants et d’oxymores. Pourquoi d’oxymores ? Parce qu’une croissance économique infinie dans un monde fini, il est seulement un mensonge. L’humanité est en train de couler. Elle a de l’eau par-dessus la ligne de flottaison. « Le genre homo sapiens, affirme Yves Paccalet, refuse de regarder en face les calamités qu’il se prépare ou que, déjà, il s’inflige. Il ne supporte même pas qu’on les évoque. Il ne veut rien voir ni rien savoir du désastre qui se prépare.»

Isabelle Stengers, pendant d’un séminaire international en 2007 à Rimini, elle soulignait qu’il était très urgent surmonter le système de production et consommation contemporaine et créer de nouvelles connexions. D’explorer de nouveaux interstices… bref de rouvrir l’espace de la politique en regardant vraiment à l’avenir. Le protocole de Kyoto, élaboré en 1997, a été asphyxié de l’égoïsme forcené des riches et ses résultats ont été dramatiquement modestes.On voudrait qu’en 2010 on n’injecte pas dans l’atmosphère plus de gaz à effet de serre qu’on n’en envoyait en 1990. Une ambition minimale, au regard de la santé de la planète. L’administration américaine de Barack Obama a déclaré dans ces derniers jours, avant de se rendre dans la capitale danoise, de s’engager sur une réduction chiffrée des émissions de gaz à effet de serre afin de ne pas être le bouc émissaire d’un possible échec du sommet de Copenhague. La Chine dit «oui» du bout des lèvres et regarde ailleurs. L’Indie accepte, mais l’État asiatique a déjà proposé nombreuses limitations en cas d’accord international ambitieux. Et l’Europe ? L’Union européenne s’est engagée, dès décembre 2008, à réduire ses émissions de 20 % d’ici 2020 par rapport à l’année 1990. Bruxelles a indiqué qu’elle pourrait porter ce chiffre à 30 % en cas d’un haut accord diplomatique. La plupart des Pays trainent déjà leurs pieds, prennent du retard dans les négociations de façon que jamais rien n’aboutisse.

La communauté internationale ignore que les décisions qui seront prises au sommet de Copenhague, elles demeureront essentiellement sur un projet éthique. Sur la vertu. Sur la recherche de nouvelles valeurs sociales dont l’exercice et les responsabilités du pouvoir devront répondre.

Antonio Torrenzano

 

** Un remerciement particulier à l’artiste Esquivel Arcadio pour l’illustration.

 

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Du 7 au 18 décembre 2009, à Copenhague se tiendra la quinzième conférence des Nations Unies sur le climat. Ce sommet international devra porter toute la communauté internationale à la signature d’un nouvel accord international qui devra succéder au Protocole de Kyoto.

Copenhague est un moment charnière dans l’histoire mondiale. Éviter une catastrophe internationale sans précédent reste possible. Tous les pays se réuniront pour décider des objectifs à atteindre en matière de réduction des gaz à effet de serre, et de la façon dont les politiques climatiques doivent être soutenues dans les pays en voie de développement. La réunion des Nations Unies dans la Capitale danoise est donc un rendez-vous capital pour le changement climatique et une occasion historique pour les politiciens de montrer leur volonté de lutter contre le réchauffement de la planète. À Copenhague, les représentants des gouvernements des Pays qui participeront aux négociations ils seront 170.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Alain Touraine, sociologue, écrivain,directeur d’études à l’École des Hautes Études en sciences sociales de Paris. Alain Touraine est docteur honoris causa des Universités de Cochabamba (1984), Genève (1988), Montréal (1990), Louvain-la-Neuve (1992), La Paz (1995), Bologne (1995), Mexico (1996), Santiago (1996), Québec (1997), Córdoba (Argentine, 2000). Auteur des nombreux essais traduits dans plusieurs langues diplomatiques, il vient de publier «Penser autrement» (éditions Fayard, 2007) et «Si la gauche veut des idées» avec Ségolène Royal aux éditions Grasset. Le dialogue a eu lieu dans la ville de Turin pendant le festival «Biennale Democrazia», au mois d’avril 2009.

Antonio Torrenzano.Je voudrais revenir avec vous sur la période qui s’est ouverte au milieu des années soixante-dix jusqu’à la chute du mur de Berlin. Quelle est votre analyse ?

Alain Touraine. Cette période avait commencé avec la crise du pétrole, autrement dit après un déplacement massif de ressources venues du Japon et de l’Europe occidentale en direction des pays pétroliers, qui placèrent leurs réserves dans des banques de New York afin de générer des intérêts, ce qui témoignait déjà d’une forme de globalisation de l’économie. Depuis un tiers de siècle au moins, malgré l’agressivité du camp soviétique au début de la période, le monde occidental a pris une avance considérable dans presque tous les secteurs de la vie industrielle et économique, où les États-Unis ont acquis une position de plus en plus dominante. Une vision économique de l’histoire s’est alors imposée, conférant de plus en plus d’importance aux facteurs économiques et technologiques du changement social. La mondialisation des marchés, la croissance des entreprises transnationales, la formation de réseaux (networks) dont Manuel Castells a bien souligné l’importance capitale, et la nouvelle efficacité d’un système financier capable de transmettre les informations en temps réel, la diffusion par les mass media, par la publicité et par les entreprises elles-mêmes de biens culturels de masse le plus souvent américains, tous ces faits, maintenant bien connus de tous, ont créé cette globalisation caractérisée à la fois, aux yeux de nombre d’analystes, par un élargissement rapide de la participation aux échanges internationaux et par l’emprise d’un grand capitalisme dont les centres de décision sont le plus souvent américains. Pourtant, dès le début, la société civile souligna l’impossibilité d’une généralisation de ce modèle, et rapidement des protestataires se manifestèrent dans toutes les parties du monde,tandis que se multipliaient les soulèvements contre les États-Unis. Plus récemment, les graves conséquences de la crise financière et de la crise économique, elles ont accentué la défiance à l’égard des grandes entreprises qui sont apparues moins comme l’avant-garde de la modernisation que comme les agents d’une spéculation effrénée, ou comme des sources d’enrichissement direct pour leurs dirigeants.

Antonio Torrenzano. L’élément de la mondialisation de l’économie, en termes historiques, afin de pouvoir comprendre les effets de la désagrégation dès nos sociétés contemporaines.

Alain Touraine. Si le thème de la globalisation a acquis une importance politique centrale, c’est pour une raison qui n’est pas économique, mais idéologique : ceux qui ont chanté le plus fort la gloire de la globalisation ont en effet voulu imposer l’idée qu’aucun mode de régulation sociale ou politique d’une économie mondialisée n’était plus ni possible ni souhaitable, puisque l’économie se situait à un niveau mondial et qu’il n’existait pas d’autorité capable d’imposer des limitations à l’activité économique à ce niveau-là. L’idée même de globalisation portait en effet en elle la volonté de construire un capitalisme ultime, libéré de toute influence extérieure, exerçant son pouvoir sur l’ensemble de la société. C’est cette idéologie d’un capitalisme sans limites qui a suscité tant d’enthousiasme et tant de contestation. Malgré ces résistances, le nouveau «mode de modernisation», fondé sur la libre entreprise et le rôle central du marché dans l’allocation des ressources, s’est vite installé partout. Ces rapides indications nous permettent de dégager les principales implications culturelles et sociales de la mondialisation.

Antonio Torrenzano. Quelles sont-elles, alors selon vous, les principales implications culturelles et sociales ?

Alain Touraine. La plus manifeste est la formation d’une société de masse dans laquelle les mêmes produits matériels et culturels circulent dans des pays de niveaux de vie et de traditions culturelles très variés. Le premier d’entre eux est l’influence culturelle exercée par les grandes entreprises de consommation et de loisirs : Hollywood est bien l’usine à rêves du monde entier. Mais on constatera aussi qu’elle ne fait pas disparaître pour autant les productions circonscrites à un lieu. Car on assiste, d’un autre côté, à la diversification de la consommation dans les pays les plus riches. À New York, Londres ou Paris, il y a plus de restaurants étrangers qu’autrefois, et l’on peut y voir davantage de films en provenance d’autres pays du monde. Enfin, on assiste aussi à une résurgence de formes de vie sociale et culturelle traditionnelles ou nourries par la volonté de sauver une culture régionale ou nationale menacée. Mais partout, comme un effet de ces tendances opposées s’accélère le déclin des formes de vie sociale et politique traditionnelles et de la gestion nationale de l’industrialisation.

Antonio Torrenzano. Pouvons-nous analyser cette phase comme une situation de transition pendant laquelle les nombreux acteurs (institutions internationales, États occidentaux) feront tout ce qu’il est possible pour retrouver l’équilibre ?

Alain Touraine. Le plus urgent, aujourd’hui, c’est de redonner à la société de nouveaux moyens de se reconnaître et de se représenter. Une société divisée en castes n’est plus une démocratie. De quelle démocratie pourrions-nous discuter sans une égalité des ressources ou une égalité de possibilités ?

Antonio Torrenzano

 

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Le mur de Berlin, symbole de la guerre froide, a partagé en deux l’Allemagne pendant plus d’un quart de siècle, du 13 août 1961 jusqu’à l’ouverture des frontières entre l’Ouest et l’Est de ce fameux 9 novembre 1989. Un événement que l’Institut National de l’Audiovisuel (http://www.ina.fr) a souhaité de commémorer en retrouvant en vidéos l’histoire de ce mur de la honte, depuis sa construction jusqu’à son effondrement.

La consultation en ligne du dossier sur la chute du mur de Berlin près du site numérique de l’Institut National de l’Audiovisuel, il est accessible au suivant adresse: http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/grandes-dates/dossier/1424/chute-du-mur-de-berlin.20090331.fr

 

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Réflexions de l’historien Eric Hobsbawm, historien, écrivain, professeur au Birkbeck College de l’université de Londres et membre de la British Academy sur la chute du mur de Berlin. Auteur de nombreux essais, traduit dans plusieurs langues européennes, dont «The Age of extremes. The short Twentieth Century, 1914-1991», London, 1994; «L’historien engagé», Paris, édition de l’Aube, 2000; «Les Enjeux du XXe siècle», entretien avec Antonio Polito, Paris, édition de l’Aube, 2000; «L’Optimisme de la volonté», Paris, éditions le bord de l’eau, 2003; «Aux armes, historiens. Deux siècles d’histoire de la Révolution française», postface inédite de l’auteur, traduit de l’anglais par Julien Louvrier, Paris, éditions la Découverte,2007.

 

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Le 9 novembre 1989, les nombreuses générations qui avaient tissu leurs toiles de Penelope elles avaient du mal à comprendre ce qu’il était resté de leur Histoire. Le cauchemar de la guerre froide, des chars d’assaut, des murs, des divisions parmi les individus, ils s’évanouissaient pour toujours sans guerres civiles, sans conflits, sans circonstances brutales. L’effondrement du mur de Berlin abattait la dernière signalisation qu’il distinguait le désaccord entre les individus, entre les États, entre l’Ouest et l’Est.

L’effondrement du mur nous donnait de nouveaux lieux unifiés, des nouveaux États. Un Nouveau Monde, mais privé de sens et en même temps des nouveaux labyrinthes. Cette chute peluchée, cette évaporation du conflit Ouest/Est, cette dissolution rapide de 70 ans d’histoire du système communiste, ils laissaient aux sciences sociales d’instruments d’analyse pour de conflits qu’ils s’étaient liquéfiés et aucun nouveau moyen pour de nouveaux conflits qu’ils étaient en train de naître et pour lesquels n’avions pas encore de noms. Les fautes en politique étrangère des Administrations américaines des deux présidents George Bush et George W. Bush sont un exemple luisant autant que l’incapacité de l’Europe, à la limite de la lâcheté, pour ce qui concerne les conflits dans l’ex-Yougoslavie, les guerres du Caucase, la première guerre du Golfe, la guerre en Irak, la crise de l’ONU, la Corne de l’Afrique ou les nombreuses guerres civiles pour les ressources rares dans le Continent africain.

L’effondrement du mur laissait à la communauté internationale un nouvel espace unifié, mais vide. Mais pourquoi vide ? Pourquoi privé de sens comme Zaki Laidi le définissait dans son essai en 1994 ? Ces fautes dérivent de la désorientation, de la disproportion entre une richesse d’événements historiques et la pauvreté de moyens et de nouvelles idées en notre possession pour gérer la nouvelle ère. La toupie de l’Histoire a tourné ainsi rapidement et en sens autonome que nombreux de nous et même les actions des chancelleries, ne la comprirent pas. Sauf peut-être deux hommes: le prix Nobel pour la paix Willy Brandt et l’écrivain Ernesto Balducci que déjà au début des années 1980, dans leurs écrits (le Rapport Brandt sur le dialogue Nord/Sud du Monde et l’essai de Ernesto Balducci sur l’Homme planétaire), ils affirmaient que l’opposition Est/Ovest serait très bientôt devenue une collision Nord/Sud du monde. L’Histoire, dans le bien ou dans le mal, elle a toujours eu une infinie imagination.

Qu’est-ce qui a caractérisé alors le monde dans ces vingt ans de transition ? Qui a de la mémoire, il a du mal à comprendre ce qu’il est passé, mais surtout quoi est-il resté sur le châssis du XXe siècle. Ce nouvel horizon historique a produit des vertiges comme quand, il s’observe par le haut un ravin. Le XXe siècle par l’effondrement du mur disparaît dans le XXIe siècle en laissant de nombreux événements historiques sur lesquels nous n’avons encore ni noms ni étiquettes. Vingt ans se sont déjà écoulés et nul ne sait encore comment qualifier cette ère nouvelle dans laquelle nous sommes entrés.

Tous ceux qui sur les décombres du mur – affirme Ignacio Ramonet – annoncèrent la naissance d’un nouvel ordre mondial se sont trompés. Les principales mutations provoquées, directement ou indirectement, par le séisme de 1989, elles ne permettent pas d’entrevoir un quelconque nouvel ordre. Au contraire, le monde est devenu plus dangereux, plus complexe. Complexité que la mondialisation a amplifiée. Et comme a affirmé Vaclav Havel dans les pages de ce carnet numérique : « nous sentons que tout est possible, mais que plus rien n’est certain ». Le défi de trouver une nouvelle imagination politique pour remédier aux injustices d’aujourd’hui et aux injustices survécu, il reste encore à un stade de projet.

Antonio Torrenzano

 

Bibliographie électronique.

*Un dossier électronique sur la chute du mur de Berlin a été réalisé par la Fondation Sciences Po de Paris. Il est accessible au suivant adresse http://bibliotheque.sciences-po.fr/fr/produits/bibliographies/1989/bibliographie.html

 

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Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989, devant les appareils des télévisions du monde entier, de jeunes Allemands de l’est et de l’ouest brisent le Mur de la honte qui divise Berlin depuis le 13 août 1961. L’effondrement du mur (3,60 mètres de haut, 160 kilomètres de long et 300 miradors) met fin à cinquante ans de séparation et d’antagonismes entre les deux parties de l’Allemagne, la République fédérale allemande (RFA) et la République démocratique allemande (RDA). Dans l’enthousiasme général, personne ne s’inquiète encore des lendemains difficiles de la réunification et nul ne sait encore comment qualifier cette ère nouvelle dans laquelle nous sommes entrés.

Les principales mutations provoquées par le séisme de 1989 ont été nombreuses : guerre du Golfe, explosion de l’URSS, conflits dans l’ex-Yougoslavie, guerres du Caucase, le 11 septembre 2001, la guerre en Irak, la guerre en Afghanistan, le terrorisme international. À tous ces bouleversements, nous devons encore ajouter les conflits anciens et endémiques, comme ceux du Proche-Orient et du Continent africain.

Il est plus difficile, mais encore plus nécessaire de définir ce qui oppose cette courte période, qu’on peut définir de manière théorique comme celle qui s’étend symboliquement de la chute du mur de Berlin en passant par la destruction des tours du World Trade Center jusqu’à la crise du capitalisme d’aujourd’hui. Nous avons découvert peu à peu dans ces vingt ans que les événements, les conflits politiques, les crises sociales qui se produisent près de nous sont commandés par des événements lointains. Les circonstances locales ne portent pas vraiment le sens des événements qui s’y déroulent, bien que la situation particulière ajoute un sens secondaire à des événements qui s’expliquent avant tout dans le domaine de la mondialisation.

Ce carnet numérique, vingt ans après l’effondrement du mur, tente donc de discerner les fractures et les principales mutations provoquées par le séisme de 1989 qui se dessinent à présent .

Antonio Torrenzano