Après trois ans de conflit, la Syrie a subi des dégâts qui seront compliqués à réparer. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le coût de la guerre aurait été de plus de 100 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5 % au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre.
Avant le conflit en 2009, le produit intérieur brut se répartissait dans les proportions suivantes : agriculture 19 %, industrie 34 % et services 47 %. Depuis 2010, le PIB a été presque divisé par deux. La Syrie exportait avant la guerre près de 92 % de son pétrole vers l’Union européenne et sa production pétrolière d’avant-guerre était de 400.000 barils par jour. Aujourd’hui elle n’est que d’à peine 15.000 barils. La dévaluation de la monnaie continue : le dollar est passé de 47 à 150 livres syriennes. Le secteur du tourisme, par exemple, dont l’activité s’élevait à six milliards de dollars soit 10% du PIB avant le conflit, n’est plus qu’un souvenir à présent. Au mois d’octobre 2013, l’ONU avait estimé que l’économie syrienne avait perdu 103 milliards de dollars entre le début du conflit et la moitié de l’année 2013, dont 49 milliards pour la seule année 2012. Le chômage s’élevait jusqu’au premier trimestre de l’année 2013 à 2.3 millions de postes de travail (surtout de travailleurs) en raison de l’arrêt de nombreuses usines et la fuite d’hommes d’affaires hors du pays avec leurs capitaux. Le résultat aujourd’hui serait le suivant : le taux de chômage s’approche aujourd’hui au 50% et la moitié des 23 millions de Syriens vivent à présent sous le seuil de pauvreté dont 4,4 millions survivent dans une pauvreté extrême, toujours selon les Nations Unies.
Selon l’Economist intelligence unit, le PIB syrien atteindra 34 milliards de dollars en 2014, bien loin des 60 milliards enregistrés en 2010. Les sanctions internationales adoptées depuis 2011 ont largement contribué à paralyser de manière principale le secteur bancaire et le secteur pétrolier autant que tous les autres. La faim et l’indigence sont devenues l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que «l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite ». De vastes segments de l’économie syrienne, souligne-t-il Jihad Yazigi « ils ont cessé de produire et de nombreux acteurs économiques ont quitté le pays ».
Mais, l’économie syrienne a jusqu’à présent évité l’effondrement complet par l’action financière et économique de la Russie et de l’Iran. L’Iran a ouvert en juillet 2013 une ligne de crédit de 3,6 milliards de dollars à faveur du régime de Damas. Moscou, en revanche, l’autre allié du régime est en train de jouer un rôle de soutien industriel pour l’économie du pays. En décembre 2013, Damas a signé un accord autorisant une compagnie russe à rechercher des hydrocarbures dans ses fonds sous-marins. À tous les niveaux, les pertes donc sont importantes : humaines (plus de 140.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme), émigrations, pire situation économique.
Antonio Torrenzano