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Après trois ans de conflit, la Syrie a subi des dégâts qui seront compliqués à réparer. Les données statistiques disponibles sont minimales, mais une estimation reste possible. Le coût de la guerre aurait été de plus de 100 milliards de dollars jusqu’aujourd’hui, c’est-à-dire 170 % du PIB syrien. Certains économistes prévoient que même si la croissance économique syrienne devait être de 5 % au moins chaque année, il lui faudrait plus de 30 ans pour se remettre de la guerre.

 

Avant le conflit en 2009, le produit intérieur brut se répartissait dans les proportions suivantes : agriculture 19 %, industrie 34 % et services 47 %. Depuis 2010, le PIB a été presque divisé par deux. La Syrie exportait avant la guerre près de 92 % de son pétrole vers l’Union européenne et sa production pétrolière d’avant-guerre était de 400.000 barils par jour. Aujourd’hui elle n’est que d’à peine 15.000 barils. La dévaluation de la monnaie continue : le dollar est passé de 47 à 150 livres syriennes. Le secteur du tourisme, par exemple, dont l’activité s’élevait à six milliards de dollars soit 10% du PIB avant le conflit, n’est plus qu’un souvenir à présent. Au mois d’octobre 2013, l’ONU avait estimé que l’économie syrienne avait perdu 103 milliards de dollars entre le début du conflit et la moitié de l’année 2013, dont 49 milliards pour la seule année 2012. Le chômage s’élevait jusqu’au premier trimestre de l’année 2013 à 2.3 millions de postes de travail (surtout de travailleurs) en raison de l’arrêt de nombreuses usines et la fuite d’hommes d’affaires hors du pays avec leurs capitaux. Le résultat aujourd’hui serait le suivant : le taux de chômage s’approche aujourd’hui au 50% et la moitié des 23 millions de Syriens vivent à présent sous le seuil de pauvreté dont 4,4 millions survivent dans une pauvreté extrême, toujours selon les Nations Unies.

 

Selon l’Economist intelligence unit, le PIB syrien atteindra 34 milliards de dollars en 2014, bien loin des 60 milliards enregistrés en 2010. Les sanctions internationales adoptées depuis 2011 ont largement contribué à paralyser de manière principale le secteur bancaire et le secteur pétrolier autant que tous les autres. La faim et l’indigence sont devenues l’ennemi quotidien des masses populaires dans toute la Syrie. L’économiste Jihad Yazigi, responsable du site d’information économique The Syria Report, explique que «l’économie syrienne s’est radicalement transformée et elle a été en grande partie détruite ». De vastes segments de l’économie syrienne, souligne-t-il Jihad Yazigi « ils ont cessé de produire et de nombreux acteurs économiques ont quitté le pays ».

 

Mais, l’économie syrienne a jusqu’à présent évité l’effondrement complet par l’action financière et économique de la Russie et de l’Iran. L’Iran a ouvert en juillet 2013 une ligne de crédit de 3,6 milliards de dollars à faveur du régime de Damas. Moscou, en revanche, l’autre allié du régime est en train de jouer un rôle de soutien industriel pour l’économie du pays. En décembre 2013, Damas a signé un accord autorisant une compagnie russe à rechercher des hydrocarbures dans ses fonds sous-marins. À tous les niveaux, les pertes donc sont importantes : humaines (plus de 140.000 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme), émigrations, pire situation économique.

Antonio Torrenzano

 

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« À l’instant, je viens de parler avec le président iranien Rohani », par ces mots le président Américain Barack Obama a annoncé hier à tout le monde sa conversation téléphonique avec le président Iranien. Il s’agissait d’une annonce presque inattendue pour le monde, mais pas pour les experts de relations internationales.

 

Déjà de son élection au mois de juin, le président Hassan Rohani avait multiplié ses manifestations politiques et diplomatiques pour une nouvelle collaboration avec la communauté internationale et une ouverture de son Pays envers les autres États. Ouverture diplomatique réelle avec les États-Unis en collaborant de manière concrète sur le dossier de la production nucléaire et aussi affirmant à être disponible à une table de négociation sur cette délicate question. La rencontre annuelle aux Nations Unies pouvait être le premier moment utile pour ce dialogue avec les Américains. La rencontre à New York entre les deux chefs d’État il n’y a pas eu lieu, mais la conversation téléphonique a été un geste très important pour les relations entre les deux pays et pour la paix dans la région du Proche-Orient. Le président iranien s’est entretenu avec Barack Obama juste avant son départ en avion pour Téhéran. Le gouvernement iranien a ensuite confirmé le dialogue téléphonique, appel annoncé également sur son compte Twitter par le président Hassan Rohani.

 

Cette conversation téléphonique historique, durée plus d’une quinzaine de minutes, entre les présidents américain et iranien a fait naitre l’espoir d’un début de dialogue constructif entre Téhéran et Washington. Il n’ y avait pas eu d’échange à ce niveau entre les deux pays depuis 1979. C’est-à-dire, depuis la révolution islamique et la rupture des relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Iran. La plupart des journaux iraniens ont largement salué aujourd’hui ce contact téléphonique évoquant la fin d’un tabou vieux de 35 ans. Barak Obama et Hassan Rohani ont notamment discuté des tentatives en cours pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien. Ces déclarations constructives ont été relevées par Washington, qui a toutefois exigé des actes concrets pour envisager une levée des sanctions qui ont eu un effet dévastateur sur l’économie iranienne.

 

Les deux présidents « ont insisté sur la volonté politique de résoudre rapidement la question nucléaire et de préparer la voie pour résoudre d’autres questions ainsi que de coopérer sur les affaires régionales », a annoncé le site Internet de la présidence à Téhéran. Selon le site, les deux présidents se sont aussi mis d’accord pour confier à leurs chefs de la diplomatie – le ministre iranien des affaires étrangères Mohammad Javad Zarif et le secrétaire d’État américain John Kerry – la mission de préparer «dès que possible» les conditions pour une «coopération nécessaire». Selon Bernard Hourcade spécialiste de l’Iran, directeur de recherche émérite au CNRS de Paris : « Des deux côtés, aux États-Unis comme en Iran, affirme-t-il, il y a une volonté politique forte de sortir de 34 ans d’impasse. Les Iraniens comme les Américains et tout le monde ont l’intérêt à ce que les choses se rééquilibrent au Moyen-Orient et que donc la longue crise iranienne trouve une fin. Il ne peut y avoir de stabilité dans le Moyen-Orient, souligne encore Bernard Hourcade, sans un Iran stable et fort avec lequel il y ait des relations normales. C’est le début d’un processus de normalisation, qui ne sera pas facile, mais qui est un signe très important pour la paix dans la région».

 

Pour Bernard Hourcade « la prochaine étape est la résolution de la crise nucléaire. Elle pourrait arriver presque tout de suite dans la mesure où tout le monde reconnaitra le droit de l’Iran à avoir de l’uranium civil, une industrie civile. Les suspicions de programme militaire peuvent être résolues si l’Iran signe et applique le protocole additionnel au Traité de non-prolifération. Et s’il permet des inspections inopinées, à tous moments, dans n’importe quelles installations en Iran et donne des garanties quasiment totales sur l’absence d’un programme clandestin ».

 

Antonio Torrenzano

 

 

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En deux ans et demi, la révolte en Syrie contre le régime de Bachar al-Assad, écrasée dans le sang, s’est muée en une guerre civile destructrice. Plus de 110.000 morts, six millions de personnes déracinées, un pays en ruine. Tout commence au mois de mars 2011 quand un petit souffle de vent du printemps arabe en provenant de la Tunisie et de l’Égypte fait entrer une partie des Syriens en rébellion contre le régime de Bachar El-Assad.

 

L’Histoire retiendra que tout avait commencé à Sidi Bouzid en Tunisie. C’était le mois de décembre 2010. Depuis quelques jours, il tombait Zine el-Abidine Ben Ali, le dictateur tunisien. En quelques mois, Hosni Moubarak était démissionné en Égyptie. Depuis deux ans et demi, Bachar el-Assad, le dictateur syrien, il se transformait dans le despote de Damas.

 

Mais aux méthodes, les plus effroyables d’un régime sanguinaire répondent aujourd’hui les crimes odieux et bestiaux commis par plusieurs factions de l’opposition, comme le reportage du New York Times a souligné hier. Crimes bestiaux ? Ce serait manquer du respect au monde animal des prédateurs qui ont des règles de conduite plus vertueuses. La spirale de la violence ne connaît pas de répit. Dans ce contexte, les Occidentaux ont du mal à trouver une position commune. Loin d’être une simple crise nationale ou régionale, la guerre civile syrienne a rapidement pris un accent international en impliquant États-Unis, Chine, Russie, Iran, Liban et même l’organisation terroriste d’Al-Qaida.

 

Selon un nouveau bilan de l’Observatoire syrien des Droits de l’Homme (organisation basée à Londres), publié le 1er septembre 2013, au moins 110.371 personnes ont été tuées depuis mi-mars 2011. Le nombre de réfugiés dépasse désormais les deux millions; plus de six millions de personnes au final ont été déracinées par le conflit. C’est-à-dire plus du quart des 22 millions d’habitants que compte le pays. Selon les experts, la guerre civile a aussi engendré une inflation record qui dépasse 200% aujourd’hui. Les investissements, le tourisme et le commerce extérieur sont proches de zéro et la production pétrolière a chuté presque de 95%.

 

Antonio Torrenzano

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La crise syrienne n’a pas été nommée dans la déclaration finale du G20 de Saint-Pétersbourg. La situation en Syrie a été au cœur des conversations bilatérales et multilatérales et pendant le dîner du G20 à Strelna. Le dîner, qui a duré deux heures de plus que prévu, il n’a pas trouvé aucun accord. Selon l’expression du premier ministre italien Enrico Letta, le sommet économique s’est transformé en sommet « syrien ». Le président américain Obama a dit d’avoir franchement parlé de la Syrie avec Poutine. «Nous avons eu une conversation franche et constructive. Nous avons parlé de la Syrie, principal sujet de notre dialogue. Je lui ai dit : je ne pense pas que nous arriverons à nous mettre d’accord, même si après la publication du rapport de l’ONU il lui est plus difficile de rester sur ses positions sur les preuves des attaques chimiques. Nous devons donc aller de l’avant ensemble, même si nous ne sommes pas tous d’accord. L’important est de continuer à travailler ensemble, car par exemple la situation des réfugiés syriens ne fait que s’aggraver. Tout ça, ce n’est pas dans l’intérêt de personne».

 

La guerre civile syrienne a complètement écrasé les sujets économiques. Pourquoi ce silence et cette omission dans la déclaration finale ? Les sherpas ont souligné que le dossier n’était pas officiellement à l’ordre du jour de la réunion du G20. Mais, cette omission énonce au contraire et de manière claire les très grandes divergences parmi les Pays du G20 sur le conflit syrien.

 

Le dossier syrien nous aide de plus à réfléchir encore sur l’utilité ou l’inutilité de ce forum économique. Au-delà de la déclaration politique finale, la question reste toujours la même : le G20 est-il un forum consultatif ou un sommet décisionnaire ? Cette institution internationale sans statut, mais qui s’est réunie à plusieurs reprises depuis le novembre 2008, est-elle un pas en avant sur la voie de l’augmentation du niveau de coordination entre les principaux acteurs mondiaux ?

 

Depuis la crise du 2008, la communauté internationale semble encore avoir quelques difficultés à imaginer l’architecture d’une possible institution de discussions sur les problèmes du monde. Les réunions internationales du G8, G20, par exemple, peuvent-elles être la nouvelle architecture pour gérer les problèmes de cette nouvelle période historique ? Pas du tout ou pas encore ? Reste à savoir si trouver le bon point « G », comme affirme depuis longtemps Hubert Vedrine, changera véritablement quelque chose à la représentativité et à la marche du monde. On s’achemine vers un système baroque fait de multiplication de «G» dans tous les sens. Mais pour autant, continue Hubert Vedrine, pas de gouvernance ni de communauté internationale. Pas de solutions ni de préconisations mondiales. Parce qu’il n’y a pas d’autorité mondiale, pas de vainqueur, comme après la guerre. Pas d’harmonisation d’un monde fondé sur des valeurs communes.

 

Antonio Torrenzano

 

 

 

 

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La réunion du G20 à Saint-Pétersbourg a pris fin. La déclaration finale du sommet souligne les problèmes de la stabilité de la croissance de l’économie mondiale et la création de nouveaux emplois. Le président de Russie Vladimir Poutine a déclaré pendant sa conférence de presse qui est nécessaire de créer les conditions afin d’améliorer la situation dans l’économie mondiale.

 

Poutine a affirmé : « l’essentiel est d’assurer les conditions de base pour assainir l’économie mondiale par le biais de son développement qualitatif ». Le président russe a noté que pour cette raison « les questions relatives à la stimulation de la croissance économique et de la création d’emplois ont été au centre de la présidence russe dans le G20 ».

 

L’économie mondiale a besoin d’un développement stable et non pas d’une assurance contre les crises, a encore déclaré le président Vladimir Poutine. La ville australienne de Brisbane accueillera le prochain forum du G20 en novembre 2014.

 

Antonio Torrenzano

 

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Sur l’évasion fiscale, les chefs d’État et de gouvernement réunis à Saint-Pétersbourg ont trouvé une consistante unanimité en approuvant la règle de l’échange automatique d’informations parmi les administrations fiscales pour traquer les fraudeurs.

 

« Sur l’évasion fiscale, le communiqué final du G20 sera très ferme et complet », a affirmé la délégation de l’Organisation de coopération et de développement économiques. Ce plan d’action élaboré par l’organisation et approuvé avec quelques difficultés par la réunion des grands argentiers à Moscou en juillet 2013 sera parmi les conclusions endossées par le G20. Cette mesure ne sera pas un simple répertoire de bonnes intentions, mais une liste de 15 actions très concrètes. Le changement … « le plus radical du système fiscal depuis les années 1920 » assure l’OCDE.

 

L’un des éléments clefs de ces lignes d’action toujours selon l’OCDE : ce sera celle de faire du ménage dans les accords bilatéraux permettant aux multinationales de ne pas payer deux fois les impôts sur leurs revenus dans deux pays différents. Par ces textes, certains groupes ont profité pour non seulement ne pas payer deux fois, mais pour ne pas payer du tout.

 

Le forum économique a déjà élaboré un calendrier précis pour la mise en application:d’ici juin 2014, mettre au point une sorte de guide pratique très concret sur les modèles d’échanges de ces informations, notamment au niveau des banques, et sur les autorités compétentes pour les appliquer. Pour l’OCDE « ce plan d’action est un succès du G20. Ce ne sont pas seulement des mots, mais du concret ». C’est la première fois depuis les réunions de la crise du 2007/2008, que le G20 mit sous surveillance des concentrations d’entreprises, des structures d’investissement opaques, les multinationales. Selon Anton Siluanov, ministre russe des finances, il n’était plus possible de tolérer que certains groupes (comme Google ou Amazon) «puissent faire de l’argent dans un pays et payer des impôts plus bas dans d’autres ». Ces mesures avaient été proposées par l’OCDE.

 

Antonio Torrenzano

 

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Le dossier syrien a été le principal thème abordé pendant la première journée des travaux du forum du G20 à Saint-Pétersbourg. Comme c’était déjà prévisible et comme beaucoup d’analystes l’avaient déjà souligné dans les jours précédents, l’affaire Syrie a dominé l’ouverture de la réunion économique.

 

Des têtes à têtes parmi tous les chefs d’État et de gouvernement se sont développées tout l’après-midi. Une discussion officielle, au contraire, a eu lieu jeudi soir à l’initiative de Vladimir Poutine pendant le diner de gala du G20. Diner traditionnellement consacré aux questions économiques dans les passées éditions. La journée de jeudi a été consacrée à des discussions bilatérales. Barack Obama a rencontré le Premier ministre japonais Shinzo Abe. François Hollande s’est entretenu avec le chef du gouvernement turc Recep Tayyip Erdogan lui aussi favorable à une intervention militaire. Juste avant le diner d’hier soir, les représentants des cinq pays européens présents se sont réunis avec les dirigeants de l’Union européenne pour trouver une position commune. La question syrienne s’annonce compliquée aussi à l’échelle diplomatique.

 

La poignée de main entre le président américain et le président russe à l’ouverture du forum a résumé toute seule la tension qui domine cette réunion internationale de Saint-Pétersbourg. Un autre signe ? Lors du dîner de gala, Vladimir Poutine et Barack Obama auraient dû se retrouver à côté en vertu de l’alphabet cyrillique. Afin de les séparer, c’est l’alphabet romain qui a été employé au dernier moment… Une ambiance glaciale digne de la guerre froide. Pour Moscou et Pékin, les deux Pays qui détiennent un droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, « la situation au moment présent montre que la solution politique est la seule voie possible pour régler la crise», a ainsi déclaré un porte-parole de la délégation chinoise.

 

Antonio Torrenzano

 

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Le G20 a ouvert ses portes aujourd’hui à Saint Saint-Pétersbourg au palais Costantin, l’ancienne résidence d’été de Pier Le Grand. La réunion internationale risque d’être une rencontre très médiatisée plus politique qu’économique.

 

La Syrie reste au cœur des débats bilatéraux et multilatéraux parmi les chefs d’État et de gouvernement de 20 pays présents autant que les enjeux et les possibles solutions pour la région. Pour la première fois depuis les années 2008/2009, les questions économiques ne sont pas le sujet principal. Mais, la large part accordée au dossier syrien ne peut pas faire oublier les dossiers économiques.

 

L’économie européenne n’est pas encore en bonne santé. L’Europe n’est pas sortie du tout de la crise et tous les facteurs de déséquilibres sont encore là. La croissance économique européenne reste très fragmentaire en se développant encore à plusieurs vitesses. Toutes les économies de l’Europe du sud sont encore en difficultés comme l’Italie. Même s’il y a une timide croissance, les économies des pays à la périphérie de la zone euro restent fragiles. L’économie américaine, en revanche, n’arrive pas à créer suffisamment d’emplois malgré une croissance économique qui revient.

 

Et les BRICS ? Ces nations sont en train de vivre un ralentissement des leurs économies. La Chine a rééquilibré son économie pour ne pas être trop dépendant par ses exportations. Mais, le Pays chinois doit encore corriger une autre distorsion : il a trop investi et trop peu consommé. Le défi pour l’économie chinoise sera alors de réussir à avoir une juste croissance entraînée par la consommation et non seulement par les investissements ou les exportations. L’Inde au contraire a un problème de choix de modèle de croissance tandis que le Brésil n’a pas encore corrigé les inégalités parmi ces classes sociales. La société brésilienne, par exemple, reste encore très inégale malgré les efforts des présidents Luiz Inácio Lula da Silva et de Dilma Rousseff aujourd’hui.

 

Il y a enfin le dossier brûlant d’une vraie et définitive régulation du système bancaire et financier. Ce dossier n’a pas trop avancé ni à l’échelle mondiale ni à l’échelle européenne. Sur ce thème, les discussions sont au point mort. Les inquiétudes restent totales, car la finance non régulée a été le poison de la crise en 2007/2008.

 

Antonio Torrenzano

 

 

 

 

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Conversation avec Jeremy Rifkin, écrivain, économiste. Il est également fondateur et président de la Fondation pour les tendances économiques basée à Washington. Auteur de nombreux essais, publiés dans plusieurs langues étrangères, dont «Le rêve européen», Fayard, 2005; «L’économie hydrogène : après la fin du pétrole, la nouvelle révolution économique», La Découverte, 2002 ; «L’âge de l’accès : la vérité sur la nouvelle économie», La Découverte, 2000; «Le siècle biotech : le commerce des gènes dans le meilleur des mondes», La Découverte, 1998; «La Fin du travail», toujours aux éditions la découverte, 1996, et «Les apprentis sorciers : demain la biologie » écrit en collaboration avec Ted Howard), aux éditions Ramsay, 1979. Le livre «La Fin du travail», paru en 1995 à New York, est encore un livre à gros tirage aux États-Unis avant de rencontrer le même succès en Europe. La conversation a eu lieu à Reggio Émilia en Italie, au mois d’avril 2013, pendant un colloque scientifique auprès de l’université de la ville.

Antonio Torrenzano. Après trois ans et demi de crise économique, de tensions accrues et d’une constante instabilité de l’économie mondiale, l’avenir de l’occident reste incertain. Quelle serait alors la bonne nouvelle ? Je note de toute façon qu’une prise de conscience de l’amplitude, de la profondeur et de la complexité de la crise économique est en cours.

 

Jeremy Rifkin. C’est la crise économique contemporaine la plus grave que le genre humain est en train de vivre et d’affronter. Mais, elle pourrait représenter une opportunité immense. L’être humain est une espèce belliqueuse, voire prédatrice : il cherche l’autonomie et le plaisir, il a une vision utilitaire de la nature. Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Ma conviction ? Si nous poursuivons sur cette voie, si nous restons agressifs et prédateurs les uns avec les autres et avec la nature, alors nous avons oublié le concept de futur. Face à la menace d’un désastre écologique, notre civilisation devra revoir son modèle. Il faudra que tout le monde comprenne qu’une autre histoire est possible. Je crois qu’il est urgent d’acheminer un vrai débat mondial sur ce thème en assumant toutes nos responsabilités. Je reste confiant.

 

Antonio Torrenzano. Le paradoxe – soutiens Edgar Morin – est aussi l’incertitude cognitive et l’incertitude historique sur ce qui s’est produit. Les économistes ont appris la connaissance des limites de leurs connaissances. La crise contemporaine reflète des problèmes qui dépassent la conduite de la politique monétaire et la réglementation du secteur financier; elle a révélé des erreurs plus générales dans la façon de comprendre le fonctionnement des marchés. Tout le monde était convaincu par exemple que des marchés sans limites juridiques pouvaient, par eux-mêmes, s’autocorriger rapidement et être efficaces. Encore, cet échec a produit d’importantes externalités négatives sur la production et l’emploi. Il est clair encore que revenir au statu quo ante sera impossible. Pour que le monde émerge de cette épreuve avec une croissance équilibrée et durable, il est essentiel que la communauté occidentale entreprenne des réformes radicales. Dans un monde où la satisfaction de l’individu est la seule valeur partagée, y a-t-il encore un espace pour vivre ensemble ?

 

Jeremy Rifkin. Dans mes cours d’économie, je souligne à mes étudiants que le marché n’est pas omnipotent. Le marché est seulement un moyen. Un moyen utile à la culture et au développement de la société. Le marché n’est pas une institution primaire.Le débat reste ouvert. Mais, je constate que, parmi les PDG de grands groupes et les chefs d’État que je conseille, beaucoup sont conscients de la nécessité de changer de modèle. Évidemment, quand un ancien système économique atteint son apogée ou il se sent menacé, certains de ses dirigeants prennent peur. La résistance sera peut-être dure et aveugle, mais une nouvelle révolution industrielle se fera. C’est à ce prix que nous pourrons sauver notre espèce.

 

Antonio Torrenzano. Qu’est ce qu’il s’est passé avec la révolution numérique ? Pourquoi le monde de demain est-il encore suspendu dans l’imagination de la génération Y et non de la «politique », au sens traditionnel de l’expression ?

 

Jeremy Rifkin. La révolution digitale a connecté le système nerveux de trois milliards d’individus. Grâce aux réseaux sociaux : Facebook, Twitter, les individus du monde entier ont été touchés dans leur chambre par le tsunami japonais, le printemps arabe, les violences en Syrie. La toile peut réduire autant qu’augmenter la capacité d’attention de chacun : c’est une source ininterrompue de stimulation, mais aussi de dispersion, et la pensée a besoin de profondeur et d’attention. La génération du millénaire, elle ne parle jamais d’idéologie ! Quand on lui soumet une idée, elle analyse le projet de manière collaborative, «open source», transparent et «non-excluant». Pour la génération digitale, les projets doivent être collaboratifs. Si oui, parfait! Sinon, passez votre chemin!

 

Antonio Torrenzano. Je retourne encore une fois sur la politique, la «politique» au sens traditionnel du terme. Terme presque absent dans vos essais ?

 

Jeremy Rifkin. La politique est encore idéologique même si la confrontation capitalisme-communisme est disparue. Nous avons aujourd’hui d’autres contrastes, d’autres questions, mais très différents. La politique répond encore aux enjeux contemporains par l’ancien modèle de gestion de la révolution industrielle du XIXe et du XXe siècle avec sa distribution d’énergie et d’information organisée de façon verticale, centralisée et hiérarchisée. Il faudra que la politique contemporaine comprenne qu’une autre histoire est possible que celle qu’a racontée jusqu’ici.

 

Antonio Torrenzano

 

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Croissance, lutte contre les paradis fiscaux, régulation financière, chômage seront les principaux thèmes économiques de l’agenda officiel du G20 de Saint-Pétersbourg. Au palais Constantin, ancienne résidence d’été de Pier le Grand, Vladimir Poutine reçoit aujourd’hui et demain les chefs d’État et de gouvernement des vingt plus grandes économies mondiales.

 

Mais, la destinée de l’économie mondiale semble intéresser pas trop l’opinion publique russe à quelques jours d’une possible attaque américaine en Syrie et de la délicate situation en général au Moyen-Orient. L’opinion publique russe regarde avec le même intérêt comme les relations russo-américaines se dépasseront. Relations très glaciales et à leur minimum historique depuis les années 1960. La goutte qui a fait déborder le vase a été la récente affaire d’Edward Snowden, mais en réalité cette rupture parmi les deux Pays est due au manque de progrès sur des questions vitales comme le dossier nucléaire iranien, la Syrie, la défense antimissile, les relations commerciales, les questions de sécurité internationale et les droits de l’homme. Selon d’experts, l’affaire Snowden a été plutôt la conséquence que la cause des mauvaises relations entre les deux États. Longue serait la liste de désaccords qui se sont accumulés depuis le retour au Kremlin de Poutine en mai 2012.

 

Dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine alors ne manquera pas de mettre le dossier syrien sur la table. Mais, dans quelle manière pour le chef de la diplomatie russe ? Le chef du Kremlin défendra le droit international et les principes de non-ingérence en demandant aux autres leaders politiques des efforts pour une résolution politique du conflit et en condamnant toutes les éventuelles opérations militaires développées au dehors des pouvoirs du Conseil de sécurité de l’ONU.

 

Et les marchés quoi s’attendent-ils de cette réunion internationale ? Ils n’attendent presque rien de cette réunion.Ce forum économique très efficace en 2008 et 2009 pendant l’apogée de la crise financière et le début de la récession économique, il semble de plus en plus aveugle devant la situation contemporaine.

 

Antonio Torrenzano