La réunion internationale du G20 de Toronto de samedi et dimanche 26 et 27 juin, elle devra aborder principalement deux priorités : le maintien d’une action concertée par rapport à la crise mondiale et la réforme du système financier international. À présent, le seul corollaire dont tous les acteurs internationaux se sont déclaré d’être d’accord est qu’une meilleure coordination des politiques nationales et une plus grande cohérence à l’échelle internationale sont nécessaires. Cette coordination est nécessaire pas seulement pour intervenir en temps de crise, mais aussi pour assurer la croissance mondiale et la stabilité financière en général. Le monde a besoin d’une finance régulée qui remplit de façon efficace les fonctions clés de l’activité financière. La régulation de la finance est donc, une question technique, mais aussi stratégique et politique. Les États du G20 réunis à Pittsburgh les 24 et 25 septembre 2009 n’ont que partiellement clarifié les principes de régulation de la finance internationale. La réunion internationale de Pittsburgh a produit nombreuses recommandations et décisions, mais de nombreux sujets n’ont pas été abordés.
Les sujets non abordés à Pittsburgh sont par exemple : la question sur les déséquilibres des balances courantes entre pays, au-delà d’une mission d’évaluation confiée au Fond monétaire international; la question sur la modification des règles commerciales pour y intégrer les écarts de droits sociaux et environnementaux entre les pays membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC); la question sur les paradis réglementaires, au-delà des paradis fiscaux; l’engagement très faible sur les normes comptables, sur les normes prudentielles contracycliques à présent inexistantes, ou sur la titrisation. Le sommet de Pittsburgh n’a pas traité tout à fait la question sur la gestion planétaire des ressources naturelles. Le sommet américain a traité de façon incomplète la réforme des institutions multilatérales et de leur mandat et dans une manière fragmentaire le dossier sur les agences de notation qui devra être mieux contrôlées par une inscription auprès des régulateurs de chaque pays et l’adoption d’un code de conduite de l’Organisation internationale des commissions de valeur. Si des progrès ont été réalisés, la communauté internationale est encore loin d’un cadre complet de régulation économique et financière au plan mondial. Au-delà de ce consensus apparent et des discussions très intenses, le débat n’a encore rien produit à ces sujets. Le sommet G20 de Toronto pourra-t-il donner une accélération à ces réformes ?
Mais, la rencontre canadienne s’ouvrira à la fin de la semaine avec de nouvelles inquiétudes : la crise de la dette publique en Europe, la chute de la monnaie unique, les incertitudes sur le moteur économique américain, les discussions sur la croissance et la relance de l’économie mondiale, la possibilité de convaincre la Chine de contribuer à la sortie de crise par la réévaluation de sa monnaie. Sur ce dernier point, la Chine a déjà annoncé l’abandon du lien fixe du yuan avec le dollar en ouvrant la voie à une appréciation limitée de sa monnaie. Les doutes restent, au contraire, nombreux sur la question des plans de relance. La vision américaine est totalement keynésienne, c’est-à-dire maintenir avant que la reprise mondiale ne soit établie, toutes les mesures nationales adoptées depuis le début de la crise en 2008. Cette vision a été ultérieurement clarifiée par la dernière lettre que le président Barack Obama a adressée aux membres du G20, mais dans une manière particulière à l’Europe. Les États-Unis s’inquiètent de l’effet que pourraient avoir les mesures européennes d’austérité sur la croissance. Mesures prises par les 27 États membres de l’UE au mois de juin. Aussi sur ce point donc, l’opposition entre l’Europe et les États-Unis n’a jamais été aussi grande. Sur cette question, la réunion de Toronto pourra-t-elle remédier ? Par quels moyens ? Ceux déjà adoptés ou des nouveaux ? Malgré une augmentation de la croissance depuis le début de l’année, la reprise mondiale a donné jusqu’aujourd’hui des signes inquiétants de fragilité. La communauté internationale se trouve à présent dans un carrefour névralgique pour la construction d’une nouvelle architecture de l’économie mondiale. Le sommet de Toronto pourra-t-il produire des avancées réelles ? Le consensus théorique montré par la communauté internationale dans les « G » de Washington à Pittsburgh deviendra-t-il pratique ?
Antonio Torrenzano