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Benoît XVI a décidé de quitter ses fonctions. Il l’a lui-même annoncé lundi en fin de matinée. La nouvelle a créé une forte émotion dans toute l’Église catholique. Le Pontife s’est exprimé en latin à la fin d’un Consistoire public convoqué pour l’approbation de trois décrets concernant des canonisations. Le moment était donc bien choisi.

Benoît XVI a reconnu qu’il s’agissait d’une décision de grande importance pour la vie de l’Église. Le Pape démissionne parce qu’il estime que son âge ne lui permet plus d’exercer la mission qui lui a été confiée. Il reconnait son incapacité à bien administrer son ministère. Le Pontife continuera à servir l’Église par une vie consacrée à la prière. À partir du 28 février, le siège sera vacant et un conclave sera convoqué. Benoît XVI continuera à résider au Vatican, dans un monastère cloitré.

Nous avons demandé à Romilda Ferrauto, rédactrice en chef de la section française de Radio Vatican, ses réflexions sur les décisions de Benoit XVI : « Le Pape ne recule pas devant les loups. Il ne fuit pas les nombreuses crises et polémiques qui ont jalonné son pontificat : Vatileaks, le scandale des abus sexuels. Sa démarche, sans précédent, désoriente, certes, une large partie du peuple de Dieu ; mais quand on y regarde de plus près, elle suscite l’admiration. Car il faut du courage pour partir, il faut de l’humilité pour admettre ses limites, il faut beaucoup de finesse et de clairvoyance pour savoir ce dont l’Église a besoin, à ce moment précis de l’histoire. Benoît XVI n’est pas un impulsif qui agit sous le coup d’une émotion. C’est un homme de foi, cohérent, animé par son amour de Dieu et de l’Église. Sa décision profonde et spirituelle est sans aucun doute le fruit d’une longue réflexion, un geste qui lui ressemble. Le Pape aura le temps jusqu’au 28 février d’en expliquer lui-même le sens et la portée. Dès le début de son pontificat, il avait marqué sa différence, alors qu’on le comparait à son prédécesseur Jean-Paul II dont la souffrance, largement relayée par les caméras des télévisions, avait ému le monde entier ».

Peu à peu, précise Romilda Ferrauto, « il a imprimé sa marque dans l’Église faisant preuve de fermeté et de transparence. L’intellectuel austère a tenu la barre avec détermination et n’a jamais donné l’impression de ne plus pouvoir gouverner. Ces dernières semaines, on l’avait vu faiblir, prendre de l’âge ; il apparaissait parfois très fatigué. Or Benoît XVI, estime que les temps ont changé, qu’ils sont plus exigeants. Et il sait que l’Église ne se résume pas à la personne du Pape. Certains commentateurs affirment déjà que sa démission et cette annonce publique et inédite a fait entrer l’Église dans la modernité. Un signe prophétique qui ouvre la porte à des changements ».

Antonio Torrenzano

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Benoît XVI en annonçant sa démission lundi 11 février au matin au cours de la réunion d’un consistoire de cardinaux, il a fait usage de l’article 332 du droit canon de l’Église catholique. Le code de droit canon prévoit deux dispositions en cas de vacance du siège pétrinien : la première en cas de décès d’un pape, la seconde en cas de renonciation. Sur la renonciation, le paragraphe 2 de l’article 332 précise : « S’il arrive que le Pontife Romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu’elle soit dûment manifestée, mais non pas qu’elle soit acceptée par qui que ce soit».

En cas de vacance, voici ce que prévoit l’article 335 : « Quand le siège de Rome devient vacant ou totalement empêché, rien ne doit être innové dans le gouvernement de l’Église tout entière ; les lois spéciales portées pour ces circonstances seront alors observées ». Benoît XVI a parfaitement respecté la lettre de cette disposition. Il a renoncé à sa charge «librement» et l’a déclaré dans un texte très bref, en langue latine, dans lequel le 265e pape de l’Histoire dit qu’en raison de l’avancement de son âge, il « ne se sent plus apte à exercer adéquatement le ministère de Pierre ». Sa démission prendra effet le 28 février. Benoît XVI, élu pape le 19 avril 2005, aura 86 ans le 17 avril 2013.

Quel rôle pour le collège cardinalice ? À noter la loi fondamentale « Universi Dominici Gregis » (« Tout le troupeau du Seigneur ») signée par Jean-Paul II le 22 février 1996 et modifiée par un motu proprio de Benoît XVI en 2007, qui fixait les règles à suivre en cas de vacance du siège apostolique. Elle précise notamment que pendant la vacance du Siège apostolique, le Collège des cardinaux n’a aucun pouvoir ni aucune juridiction sur les questions qui sont du ressort du Souverain Pontife, durant sa vie ou dans l’exercice des fonctions de sa charge et que lorsque que le Siège apostolique est vacant, le gouvernement de l’Église est confié au Collège des cardinaux seulement pour expédier les affaires courantes.

Deux cardinaux auront un rôle-clé depuis le 28 février à 20h : le cardinal camerlingue, en l’occurrence le secrétaire d’État Tarcisio Bertone. Son rôle sera d’expédier les affaires courantes; le doyen du Sacré Collège, le cardinal Angelo Sodano. C’est lui qui sera chargé de présider les congrégations générales préparatoires à l’élection du nouveau pape. Le même devra convoquer le conclave à Rome pour élire le nouveau Pontife et le même présidera le conclave.

Antonio Torrenzano

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Benoît XVI se démet de ses fonctions, à partir du 28 février 2013. Il l’a annoncé en personne ce matin en langue latine. Ses déclarations en langue française.

« Frères très chers,

Je vous ai convoqués à ce Consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l’Église. Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Évangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Évêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire ».

La décision de Benoît XVI de renoncer à ses fonctions d’évêque de Rome – a précisé le père Federico Lombardi – n’est pas le fruit de pressions extérieures, mais simplement le « désir de rester dans l’obéissance à la Parole de Dieu ». Devant plusieurs centaines de journalistes qui ont pris d’assaut la salle de presse, le père Federico Lombardi a expliqué avec attention les raisons qui ont poussé le Pape a quitté ses fonctions à partir du 28 février à 20h00. Il a également développé les grandes étapes qui vont suivre la démission du Pape jusqu’à l’élection du nouveau successeur de Pierre.

Antonio Torrenzano

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Conversation avec le Cardinal Tarcisio Bertone, salésien, Secrétaire d’État et premier collaborateur du Pape Benoît XVI. Le cardinal Tarcisio Bertone est né à Romano Canavese, diocèse d’Ivrée dans la region italienne du Piémont. Attiré par la vocation salésienne, il est ordonné prêtre en 1960. En 1967, il est appelé à Rome en qualité d’enseignant pour la chaire de Théologie morale spéciale à l’Athénée salésien, devenu plus tard Université pontificale, dont il sera le Recteur entre 1989 et 1991. Dans l’année 1991, le Pape Jean-Paul II l’appelle à gouverner le diocèse de Vercelli. En 1995, l’évêque Tarcisio Bertone devient le Secrétaire de la Congrégation pour la doctrine de la foi. En 2002, le Saint-Père le nomme archevêque de Gênes et il le crée cardinal en 2003. Depuis le 15 septembre 2006, il est le Sécretaire d’État de Sa Sainteté Benoît XVI.

Antonio Torrenzano. Éminence, comment décrieriez-vous la riche personnalité du Saint-Père Benoît XVI ?

S.E.Cardinal Tarcisio Bertone. C’est un grand penseur, riche de sagesse dans le sens biblique du terme et pas seulement de science. C’est un homme très doux, qui communique proximité, spiritualité, amitié: quelqu’un qui sait être ami et qui cultive solidement l’amitié. Lorsqu’il rencontre quelqu’un, il lui donne l’impression de l’avoir déjà rencontré et chacun se sent à son aise.

Antonio Torrenzano. Pour une longue période, vous avez enseigné à l’Université Pontificale Salésienne comme professeur de théologie morale. Voulez-vous nous évoquer certains souvenirs ?

S.E.Cardinal Tarcisio Bertone. J’ai eu la chance de vivre comme étudiant, avant ma période d’enseignement, la très belle période du Concile Vatican II et donc des rencontres avec les Perès conciliaires. J’ai en particulier le souvenir de certains pères polonais, comme le cardinal Wyszynski, le jeune Mrs Karol Wojtyla et l’archevêque Baraniak de Poznan, salésien. La rencontre avec ces pères, avec ces héros de l’Europe orientale, qui venaient des régimes communistes comme courageux témoins de la foi, a été pour moi d’une grande importance. La richesse des dons que nous avons tous reçus pendant le Concile est vraiment incalculable. Mais, après les enthousiasmes est venue l’épreuve surtout pendant les premières années de l’après-Concile, en raison de l’interprétation des documents conciliaires. Des chemins ont ainsi été pris sans cohérence avec la tradition , et cela n’a pas fait du bien à l’Église.

Antonio Torrenzano. La misère atteint l’humanité. Les crises alimentaires dans le continent africain et, plus en général, dans le sud de la planète sont devenues très graves et fréquentes. Le monde dans lequel nous vivons a besoin d’un esprit élevé de service, défense de plus en plus des démunis, de sens de la vie et de recherche de transcendance. Pourquoi la communauté internationale est-elle assez myope pour ne pas s’engager ?

S.E.Cardinal Tarcisio Bertone. Je dois vous dire que les personnalités que je rencontre, non seulement de l’Église, mais du monde politique, des organisations internationales, les Chefs d’État, sont des personnes déterminées, avec des projets constructifs qui méritent appréciation. Ils viennent pour consulter le Pape, le Saint-Siège; ils consultent aussi le Secrétaire d’État pour une évaluation de leurs ouvrages. Certains demandent expressément la prière du Pape, celle de l’Église catholique, pour soutenir leurs actions en vue du bien commun. Ensuite, au-delà des bonnes intentions, parfois les projets les plus beaux butent contre les situations des respectifs Pays, contre les forces parlementaires, mais je crois que nous avons des raisons d’espérer, en raison même de la qualité des personnes qui viennent au Vatican et auprès du Pape.

Antonio Torrenzano

 

*Dans l’image, “Lamentation sur le Christ mort”, tempera sur toile, 68 cm x 81 cm, Pinacoteca di Brera, Milan.Le lecteur pourra suivre les étapes clé du parcours de Andrea Mantegna au Musée du Louvre du 26 septembre au 5 janvier 2009.Le musée du Louvre consacrera, pour la première fois en France, une importante rétrospective à Andrea Mantegna (1431-1506), le principal représentant des idées de la Renaissance en Italie, dont la carrière s’est déroulée entre Padoue et Mantoue durant la seconde moitié du XVème siècle.

*Un remerciement particulier aux journalistes et amis fraternels de la rédaction centrale GR Heures 14.00 de Radio Vatican pour la précieuse collaboration fournie.

 

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Conversation avec Henri Tincq, journaliste, écrivain, ancien responsable des informations religieuses au quotidien Le Monde. Auteur des nombreux essais traduits en plusieurs langues européennes, Henri Tincq a publié cette année, chez l’édition Grasset, son dernier essai intitulé «Les catholiques». La conversation avec l’auteur fait le point sur les profonds changements de la géographie chrétienne en Occident autant qu’au sud de la planète.

Antonio Torrenzano. J’aimerais commencer notre dialogue en vous demandant pourquoi un livre sur les catholiques et sur les fondements de cette foi que partagent un milliard d’hommes. Encore, comment analysez-vous l’incompréhension parmi les médias et l’Église catholique ?

Henri Tincq. Après nombreuses années de fréquentation des milieux religieux, je me suis dit qu’il était temps de rassembler tout ce que j’avais appris et le mettre à la destination d’un public qui comprend encore assez mal ce qu’est la religion catholique. Un livre dédié au grand public qui ignore encore les trésors et l’histoire de cette Église. Pendant plus de 20 ans, comme responsable des informations religieuses au journal Le Monde, j’ai essayé de maintenir un rendez-vous d’information sur les religions avec la volonté d’être le plus honnête possible. J’espère avoir réussi à prendre la distance nécessaire, tout en respectant les communautés de croyants pour qui j’ai toujours eu beaucoup de respect. Les médias ont une part de responsabilité dans cette vision parcellaire de l’Église. Ils font preuve parfois de paresse intellectuelle et à force de lire les messages des catholiques à travers une grille stéréotypée, ils en répercutent une image déformée. L’incompatibilité entre les médias et l’Église est presque intrinsèque :d’un côté, on a une logique de complexité, qui porte un message nuancé prenant en compte toute la dimension de l’homme, de l’autre une logique de la simplification, qui entraine à la réduction et parfois à la vedettisation. Les références sont si différentes qu’il est difficile de s’entendre. Cela dit, ne tombons pas non plus dans l’excès, ils ne sont pas si mal traité.Il y a peut-être aussi chez eux une vraie difficulté à se percevoir non plus comme majoritaires. Ils sont devenus minoritaires dans le concert mondial des voix d’aujourd’hui.

Antonio Torrenzano. Le Pape Paul VI affirmait que l’Église était «experte en humanité» avec une très forte proximité avec les hommes d’aujourd’hui. Pourquoi, alors, les médias parlent-ils d’archaïsmes de l’Église ?

Henri Tincq. À écouter les médias, le message de l’Église se réduit à l’interdiction du préservatif. C’est une imposture! Pourquoi personne ne cherche-t-il à comprendre l’anthropologie chrétienne qui sous-tend les positions de l’Église? Pourquoi parler d’archaïsmes quand elle ne fait que tirer des sonnettes d’alarme par rapport à une société et même une humanité qui court au suicide? Il y a par ailleurs une grande injustice à n’évoquer que cette dimension morale privée en sous-estimant tout le travail de l’Église en matière sociale et politique. L’Église, c’est aussi le respect des immigrés, l’attention aux exclus. Pourquoi ne pas dire plus souvent que ce sont des priorités jamais démenties dans les Églises d’Occident ? Certes, la situation de l’Église en Occident s’est dégradée. On observe même un effondrement sur trois chapitres : les pratiques régulières, la croyance dans les dogmes fondamentaux du christianisme et l’application des normes morales de l’Église. Mais on ne peut pas juger l’état de l’Église à travers ces seuls signes quantitatifs. Sur ce fond de désaffection, d’autres données qualitatives indiquent des formes de vitalité: le retour de la piété populaire telle que la vénération des reliques ou encore un sentiment d’appartenance revendiqué, comme en témoigne le nombre de pèlerinages ou de temps forts liturgiques qu’on tend à préférer aujourd’hui à l’obligation de la messe.

Antonio Torrenzano. Et les catholiques du sud de la planète ?

Henri Tincq. Il est indéniable que les catholiques changent d’hémisphère et de couleur: le chrétien de demain sera plus africain, brésilien, philippin, coréen ou chinois. Imaginez qu’un quart des Jésuites provient du continent indien. Il est loin le temps où l’Europe et l’Amérique du Nord avaient le monopole des grands théologiens, du clergé, des grandes organisations de laïcs. C’est tout le paradoxe d’un catholicisme qui reste très européo-centré dans son rite et son gouvernement, mais perd ses fidèles dans son centre et les trouve dans des continents lointains. Sans renoncer à son universalité héritée de Jesus Christ, l’Église doit trouver les moyens de mieux faire entendre son message dans la diversité du monde d’aujourd’hui, de ses races, de ses cultures, de ses langues.

Antonio Torrenzano

 

 

*Dans l’image, particulier de la Vergine Annunciata (1475-1476), de Antonello da Messine, huile sur panneau de noyer, Munich, Alte Pinakothek.

*Un remerciement particulier aux journalistes et amis fraternels de la rédaction centrale de KTO Télévision Catholique de France et à la rédaction centrale du magazine Le Messager de Saint Antoine pour la précieuse collaboration fournie.

 

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C’était le 11 février 1858 que tout commençait. Bernadette Soubirous est une petite fille comme sa soeur, elle n’a pas une enfance facile et son père, meunier, est ruiné. Les conditions de vie de la famille sont dures. Le 11 février, ce jour-là, Bernadette va ramasser du bois sur les bords du Gave quand elle voit une belle-dame au-dessus d’une grotte.

Entre le mois de février jusqu’au 16 juillet 1858, la belle-dame reviendra 18 fois pour lui parler. Le 24 février, elle ordonnera à la petite fille de bâtir dans le même lieu des rencontres une chapelle. Le lendemain, Bernadette gratte sur la terre les indications de la belle-dame, et met à jour une source d’eau pure qui ne s’est jamais tarie. À la seizième apparition, la Dame révèlera d’être l’Immaculée Conception confirmant le dogme proclamé quatre ans plus tôt par le Pape Pio IX. Le 18 janvier 1862, l’évêque de Tarbes, Mrs Laurence, communique le jugement de l’Église : «la Vierge Marie est réellement apparue à Bernadette Soubirous.» Pour tout le monde, Lourdes devient un symbole de purification, pour les chrétiens, un rappel du baptême. Pour le Pape Jean-Paul II, la date du 11 février est également devenue la Journée mondiale du malade, une manière d’officialiser un lien entre ceux qui souffrent et la Grotte de Messabielle.

Pour vivre le 150e anniversaire des apparitions, l’évêque de Lourdes invite les pèlerins de cette année à effectuer une véritable démarche. Un chemin en quatre étapes sur les pas de Bernadette Soubirous : la première à l’église paroissiale où Bernadette a été baptisée le 9 janvier 1844, dans le haut de la ville. La deuxième étape est la petite maison où vivait la famille Soubirous en 1858, dans la rue des Petits-Fossés. Le troisième lieu est la Grotte de Messabielle, lieu par excellence de la prière et de la confidence. Enfin, le pèlerin est appelé à se rendre à l’ancien hospice (l’actuel hôpital de la ville), parce que c’est dans la chapelle de l’hospice que Bernadette Soubirous a pris sa première communion, le 3 juin 1858, avant la dernière apparition.

Aujourd’hui – souligne l’évêque de Lourdes, Mgr Jacques Perrier – les hauts lieux spirituels sont de plus en plus nécessaires, dans un monde de calcul, de paillettes et de violence. Pour les chrétiens, un pèlerinage est un moyen de redonner du dynamisme à son baptême. Lourdes redonne de l’élan pour affronter la vie. Et cent-cinquante ans après, les foules n’ont jamais cessé de grossir devant la grotte de Messabielle, jusqu’aux six millions de pèlerins annuels d’aujourd’hui.

Antonio Torrenzano

 

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sua_santità_Dalai_Lama_imageConversation avec Sa Sainteté Tenzin Gyatso, 72 ans, dont 48 ans en exil, quatorzième réincarnation du Dalaï-Lama, guide spirituel du bouddhisme tibétain. L’interview a eu lieu à Milan le huit décembre 2007, pendant la visite de Sa Sainteté en Italie.

Antonio Torrenzano. Votre Sainteté comment vit-il votre peuple ? Les récents rapports d’Amnesty International parlent de moines contraints à abjurer ou forcés à s’expatrier.

Sa Sainteté Dalaï-Lama. La République populaire de la Chine gouverne le Tibet avec des lois semblables à la terreur. Ils nous empêchent de pratiquer notre religion. L’exploitation menace notre territoire et l’environnement. Liberté d’expression n’existe pas et il n’existe pas la liberté de presse. La violation des droits humains est continue. Je crois que ces violations peuvent avoir conséquences négatives pour l’unité et la stabilité de la même République populaire chinoise. Depuis 2002, nous avons eu avec le gouvernement de Pékin six rencontres: à la cinquième rencontre, ils ont reconnu que nous ne cherchions pas l’indépendance, mais l’autonomie comme il recommande la loi fondamentale de l’État chinois. J’avais joui, mais à la fin du juin 2007, ils nous ont accusés de nouveau de séparatisme et intensifié encore une fois la répression.

Antonio Torrenzano. Qu’est-ce qu’il peut faire l’Union européenne ?

Sa Sainteté Dalaï-Lama. L’Union européenne, qui promeut la valeur des droits humains, elle pourra toutes les fois qui rencontreront les dirigeants du gouvernement de Pékin rappeler ces valeurs. Je tourne cet appel aussi aux intellectuels,au monde académique, aux hommes d’affaires qu’ils ont importants rapports d’affaires avec la République populaire chinoise. Je crois que se taire, troquer justice et vérité pour l’argent, il soit une forme de loi du silence et de corruption. J’ai déjà affirmé ma pensée au Président des États-Unis, Mr George W. Bush, au Chancelier allemand M.me Angela Merkel, à Vienne au Chancelier social-démocrate, M. Gusenbauuer. Nous désirons seulement prier et vivre librement au Tibet. Je veux un monde plein de paix, de fraternité entre les hommes et d’un dialogue religieux constructif pour l’avenir.

Antonio Torrenzano. L’homme parfait n’est pas intéressant, ce sont les imperfections de la vie qui se font aimer. Est-ce qu’il existe un point de clairvoyance au-delà des frontières de l’illusion ?

Sa Sainteté le Dalaï-Lama. Il y n’aura pas une paix entre les peuples et il y n’aura pas une paix entre les individus sans justice et vérité et un dialogue entre tous. La justice est un droit inaliénable ! Avoir une vénération pour la vie développe une culture du respect vis-à-vis de chaque vie. En Italie, il a y eu quelque embarras pour ma visite, de l’autre côté, partout j’aille, les dirigeants chinois posent des problèmes aux Pays qui me reçoivent.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Andrea Riccardi, fondateur de la communauté Sant’Egidio,romain de naissance, professeur d’histoire du catholicisme, il incarne le nouveau profil du laïc servant l’Église, à la tête d’un mouvement atypique, s’inspirant d’un humanisme pragmatique et d’une spiritualité œcuménique, héritage de mai 1968 et du Vatican II. La communauté Sant’Egidio associe ostensiblement prière, apostolat et bénévolat caritatif dans les champs les plus divers: prestation de repas, prise en charge des personnes âgées, des handicapés, des drogués, des malades du sida ou des immigrés en quête de papiers, d’emploi ou de logis.La communauté née à Rome,s’est développée d’abord dans toute l’Italie, puis dans le reste de l’Europe et, enfin,sur tous les continents. Présent aujourd’hui dans quelque soixante pays, leur mouvement mobilise presque trente mille personnes. La communauté Sant’Egidio partie de Rome, elle s’est éparpillée dans le monde en une myriade de petites communautés, surgies spontanément, dans les milieux les plus variés (urbain, rural, universitaire), souvent dans la mouvance du catholicisme, mais aussi d’autres religions, se portant audacieusement au cœur des conflits, raciaux, sociaux politiques religieux, avec un souci constant d’universalisme, d’ouverture, d’œcuménisme. Le dialogue a eu lieu à Paris auprès de l’UNESCO pendant la présentation du dernier essai du professeur, “vivre ensemble”.

Antonio Torrenzano. Comment vivre ensemble? Je pense au frère Roger de Taizé qui affirmait: “La voie? Parler au coeur de l’homme”.

Andrea Riccardi. La certitude de devoir vivre ensemble, elle doit être cultivée par le dialogue. C’est ainsi que nous travaillons depuis des années à ce rapprochement entre mondes religieux et cultures, en tissant un réseau d’échanges et d’amitié entre hommes et femmes de confessions différentes. Par la connaissance revient la sympathie. Malgré beaucoup d’épisodes douloureux, on retrouve la paix inscrite au plus profond de la grande tradition religieuse du monde. Le dialogue suscite la sympathie, conduit à la cohabitation, et tarit les sources de conflits. Le dialogue entre les religions et l’humanisme laïc, partie intégrante de la civilisation contemporaine, est une école de tolérance et rappelle la signification des valeurs. Le manque de tolérance interdit toute sympathie réciproque: cette méfiance, ce mépris, ces préjugés, qui semblent d’inévitables héritages du passé, deviennent alors un terrain favorable au développement de dangereuses passions. La différence, on ne peut pas la réduire par des conflits. Nous ne croyons pas à une conciliation à l’amiable, à un relativisme à bon marché, à la création en laboratoire de vérités toutes faites, bonnes pour tous. Nous connaissons les profondes différences. Mieux, en contemplant parmi nous toutes ces différences religieuses, nous en comprenons la leçon: il n’y a rien dans ce monde, ni même une religion, qui peut être hégémonique. Pas une culture, pas un pays, pas une civilisation, pas une religion, pas une idéologie: ils ne peuvent pas être hégémoniques. Notre monde, malgré la globalisation, est profondément pluriel. Nous sommes nombreux et différents.Notre monde a donc besoin du réalisme du dialogue, comme d’un art de faire la paix et de vivre ensemble.Le Président de la République du Mozambique, Armando Emilio Guebuza, a eu le courage du dialogue pour faire sortir son pays d’une guerre civile qui l’étranglait. Le Mozambique nous offre une leçon sur la valeur de l’art du dialogue pour construire la paix. Mais il nous offre aussi une leçon sur la capacité de collaborer avec tous afin de réaliser une vie meilleure pour son peuple. Le dialogue c’est la reconnaissance des diversités. Ce n’est pas toujours facile et parfois douloureux à accepter. Il y a donc deux voies: la voie de la folie qui veut plier les diversités et les combattre ou celle de la sagesse, c’est-à-dire, les accueillir dans une vision large et pacifiée du monde. Souvent, les terribles simplificateurs nous montrent un monde réduit aux chocs de civilisation et religion. Mais ce n’est pas ainsi. Nous sommes tous liés en profondeur, même si différents. Un tissu métis, culturel et spirituel, nous enlace tous, même si différenciés par nos identités. Être soi-même, fidèles à sa foi, ne contredit pas la recherche du dialogue. Le dialogue entre les croyants est nécessaire, tout comme celui entre croyants et humanistes. Un grand écrivain français, laïque, né en Algérie, Albert Camus, disait à des religieux chrétiens lors d’un entretien: “le monde a besoin de vrai dialogue. Le contraire du dialogue, c’est du mensonge comme le silence et, il y n’a pas d’autres dialogues possibles que celui entre gens qui restent ce qu’ils sont et qui parlent sincèrement “. Le dialogue réclame que les croyants soient de vrais croyants. Il faut parler avec courage au coeur des hommes et des femmes: il faut parler de la sainteté de la paix et de la malédiction du mépris et de la haine. Haine et mépris labourent sur le terrain où poussent les graines de violence.

A.T. Nous en tant qu’européens, sommes-nous en mesure de représenter encore quelque chose sur la scène du monde? L’Union Européenne vit un passage politique très délicat, la même politique révèle un renoncement à l’insignifiance avec le résultat que sur la scène d’un monde globalisé, plusieurs fois, nous sommes absents.

Andrea Riccardi. Il y a dans notre monde contemporain un besoin incroyable d’Europe! Oui, un grand besoin d’Europe! Il y en a besoin sur les frontières de la paix. Au Proche-Orient. En Afrique. Il y en a besoin comme présence culturelle capable d’une médiation dans une mondialisation qui aplatit tout. Notre Europe, à travers son histoire complexe, a la capacité de créer une civilisation où marché et solidarité sociale vont de pair; elle a la capacité de mettre ensemble les racines religieuses avec la laïcité; elle maintient le pluralisme linguistique par la “traduisibilité” des cultures et des langues; elle a des ressources précieuses pour ceux qui croient encore dans l’humanisme. L’Union Européenne, alors, veut dire paix. Paix entre les européens qui ont lutté entre eux pendant des siècles, spécialement pendant deux guerres mondiales qui ont ensanglanté le continent et dévoré avec la Shoa, le peuple juif et d’autres groupes européens. Paix entre les européens, mais elle veut dire paix aussi pour les non européens: c’est-à-dire un message qui va au-delà de nos frontières. La Paix est une richesse que les classes dirigeantes n’évaluent pas toujours à long terme, en dehors du débat politique quotidien éphémère et épuisant. Mais qu’avons-nous fait de cette paix? C’est une question qui me pèse, surtout après avoir vu s’évanouir la grande occasion de la fin de la guerre froide sans ouvrir une saison de paix, donnant lieu au contraire à la prolifération de conflits et à une nouvelle considération de la guerre. C’est une question qui m’habite depuis que j’ai vu comment la Communauté de Sant’Egidio (je pense en particulier au processus qui a mis fin au conflit du Mozambique avec son million de morts) a pu expérimenter que la paix est possible et n’est pas une utopie de rêveurs.

A.T. Et notre confrontation avec les cultures proches à nos frontières?

Andrea Riccardi. Il faut reparcourir les frontières de l’altérité en Europe. Les frontières avec l’orient orthodoxe, intérieur comme la Grèce, mais extérieur, comme la Russie. Sans cet Orient, il n’y a pas d’Europe parce qu’elle est dans un état d’asphyxie. Et, pour continuer, comment ne pas réfléchir sur les frontières de l’altérité avec l’Islam? On doit le faire devant le risque d’une rhétorique de l’affrontement et d’une réalité d’antipathie de masse et de terrorisme. Cette Europe, ne doit-elle pas avoir une stratégie de dialogue avec l’islam intérieur et surtout extérieur, avec la religion qui est en train de devenir la plus grande religion du monde? J’arrive enfin aux frontières de l’altérité de la pauvreté: l’Afrique, à laquelle beaucoup de pays européens ont tourné le dos. Le continent africain est réduit à présent à simple terrain de guerres et du SIDA. L’engagement pour libérer l’Afrique de la fin du futur est un banc d’essai primaire pour la civilisation européenne. L’émigration nous le dit chaque jour. Émigration qui n’est pas une question de frontières, mais l’expression d’une perte de confiance des Africains en leurs pays et le début d’une grande invasion, comme Jean-Baptiste Duroselle écrivait lucidement il y a des années. Devant ces frontières de l’altérité (il pourrait y en avoir d’autres),je mesure les réticences européennes. L’Europe a une histoire de projection universelle marquée par l’impérialisme et le colonialisme dont nous sommes touchés au vif par les erreurs du passé. Mais est-ce que cela veut dire renoncer à l’universel? Dans un monde globalisé, peut-on renoncer paradoxalement à l’universel?

Antonio Torrenzano. Quel avenir… au-delà de nulle part?

Andrea Riccardi. Il y n’a pas un dogme, pas de formule scientiste ou idéologique pour indiquer cette voie d’avenir : un humanisme de paix, une civilisation où on vit ensemble dans la diversité. Rien et personne ne peut unifier : ni par la force, ni par l’économie, ni par la puissance culturelle. Tout découle d’une convergence convaincue dans la liberté. La liberté, celle de chacun et des groupes, est une réalité inviolable. Un grand spécialiste de l’Islam, le tunisien Mohammed Talbi, a écrit : “quand se brisent les stylos, ne restent que les couteaux“. L’aventure de la liberté ne nous effraye pas, parce que nous savons que les croyants sont porteurs d’une force spirituelle d’amour et de miséricorde. Long est le chemin de la composition des différences. Mais c’est la voie de la paix. Il y n’a pas d’humanité sans paix, c’est la paix qui rend humain ce monde. La paix est le nom du destin commun des hommes et des peuples. C’est ce que nous disent les grandes traditions religieuses. C’est ce que nous suggère aussi une réflexion raisonnable sur l’Histoire. Nous espérons, mais il y a nombreux sourds et beaucoup de fois la voix est basse.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Fabio Della Seta, journaliste, écrivain.Il a été pour dix ans rédacteur en chef de l’hebdomadaire Israël. Directeur de la siège RAI (radio télévision d’état italien) en Amérique Latine, il a produit et dirigé nombreuses pièces radiophoniques et d’émissions d’actualité culturelle. Comme auteur, il a publié de nombreux livres parmi lesquels un essai historique sur les origines de l’État juif “Antico Nuovo Israele”,l’histoire de l’école juive de Rome pendant les années de persécution “L’incendio del Tevere”, le roman “Agnus Dei” et le recueil de récits “Rivedere Petra”. Le dialogue a eu lieu en occasion de la publication de son dernier roman “Les silences de Joe”, édité par la Maison d’édition Portaparole, en langue française et langue italienne.

Antonio Torrenzano. Dans votre production littéraire, il y a une grande partie d’essais qui réfléchissent sur l’histoire hébraïque, sur les tragiques événements de ce peuple,sur la recherche, comme toutes les minorités persécutées, d’une propre identité. Tragiques événements que vous-même, vous avez vécus pendant les lois raciales et le temps de restrictions en Italie. Une période personnelle et historique amplement décrit dans votre essai “l’incendio del tevere” où vous racontez les persécutions de l’école juive de Rome.Dans votre dernier essai “les silences de Joe”, en revanche, vous posez l’attention sur votre rapport avec le divin et la divinité, avec la religion des Pères. Est-ce qu’on peut affirmer que votre roman est sur la recherche de l’homme et de sa dimension symbolique et sacramentelle.

Fabio Della Seta. Jusqu’à l’âge de quinze ans, j’avais une idée très vague de quoi, il signifiait pour moi être juif. Pendant ma jeunesse, je me demandais souvent par exemple parce que je quittais ma classe du lycée à Rome pendant les leçons de religion catholique. Moi et mes copains, nous nous sommes plusieurs fois demandés que valeur avait ce mot:être juif. Nous avons trouvé la réponse par le long itinéraire de ma culture : cinq millénaires, par l’analyse et l’étude des documents, l’écoute des témoignages, pour nous reconnaître enfin membres d’une culture des racines très anciennes. Culture, qui est partie essentielle dans notre ADN et qu’elle n’exclut pas, au moins pour qu’il me concerne, toutes les confluences qui viennent d’autres manières de penser. On vit la pratique religieuse comme une propre expérience intérieure, mais il y a aussi une optique différente pour regarder les choses du monde : la pratique historienne. Par cette élaboration intime, chacun de nous a choisi sa propre route de vie. Un groupe de mes camarades a choisi la voie de l’expérience de type collectiviste dans un kibbuz, en pleine observance religieuse; j’ai choisi une rue différente.

Antonio Torrenzano. Alessandro Guetta, professeur d’histoire de la pensée hébraïque à l’Institut de langues et civilisations orientales de Paris, il a écrit de ce livre:”c’est une manière typiquement hébraïque de rechercher l’existence de Dieu en se tournant vers lui”. Quoi pensez-vous?

Fabio Della Seta. Mon dernier travail est la tentative d’un dialogue entre Sam (le personnage) et son Dieu. Sam est à la recherche de Dieu.Où qu’il puisse être. Sous quelque aspect qu’il se manifeste.Pour lui poser des questions,beaucoup de questions. Pour l’obliger une bonne fois à répondre. Sam, pour lui contraindre à répondre, il lui a aussi donné un prénom, le plus affectueux des noms, pour chercher d’avoir des réponses et dépasser le voile impénétrable d’obscurité. Le roman est un parcours, une conception de fond sur les grands points obscurs que depuis toujours ils tourmentent l’homme: qui sommes-nous, d’où venons-nous, que sens ont-ils le mal et le bien, nos mêmes existences.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Soeur Nirmala Joshi,73 ans, depuis la mort de Mère Teresa, guide la congrégation des Missionnaires de la Charité.Née dans une famille “bramini”, hindoue convertie, a succédé à Mère Teresa en tant que supérieure générale des Missionnaires de la Charité, le 13 mars 1997.Aujourd’hui, les Missionnaires de la Charité sont environ 4600 dans le monde, dont la moitié à peu près en Inde. Elles vivent dans 133 pays et 739 maisons. Depuis la mort de Mère Teresa, d’autres ont été ouvertes dans douze nouveaux pays: Finlande, Mali,Nouvelle-Zélande, Israël, Algérie, Tchad, Norvège, Djibouti, Soudan, Thailande.Les vocations, elles aussi, continuent d’affluer:281 novices sont dans la congrégation dont 109 à la maison mère, au janvier 2007. Pour répondre aux besoins physiques et spirituels des pauvres, Mère Teresa fonda également les Frères missionnaires de la Charité et une branche de laïques, les coopérateurs de Mère Teresa.Le dialogue avec la Supérieure générale de la Congrégation a eu lieu à Rimini,auprès du centre de recherche Pio Manzù.

Antonio Torrenzano. Le 5 septembre 1997, Mère Teresa décède à Calcutta d’un arrêt cardiaque.Ce jour-là, c’est tout un peuple qui perd sa mère. Au point que l’Indie déclare deux jours de deuil national. Dix ans plus tard, l’image de cette Femme est toujours aussi vivante. Est-ce que quel est-il, selon vous, la vraie fonction de chaque bénévole catholique ?

Soeur Nirmala Joshi. Notre destin? Devenir partie d’un nouveau Ciel et d’une Terre nouvelle. De ne pas avoir jamais peur, d’être toujours prêts, dans cet étroit trottoir du monde, à aider qui souffre. La voie vers notre Père,elle passe à travers le secours des frères et des soeurs plus pauvres et démunis.

A.T. Vous n’avez jamais voulu être appelée “mère” en maintenant le surnom de “soeur” pour laisser à la fondatrice ce titre qui exprimait son amour pour l’humanité entière et sa force dans la défense des plus pauvres.Quels souvenirs conservez-vous de Mère Teresa après une vie vécue presque à côté d’elle?

Soeur Nirmala Joshi. Une femme qui essayait un énorme amour pour Dieu. Le même tendre amour que pendant toute sa vie et de ses journées, elle a cherché de transmettre à n’importe qui dans son apostolat. Mère Teresa alla avant jusqu’au but. Pour nous toutes, on était impossible de la faire reposer, aussi quand elle n’avait pas la force pour se tenir debout. Elle désirait chaque jour voir tous les malades du couvent.Pendant l’été 1982, par exemple, elle arriva à l’improviste à Castel Gandolfo, car elle souhaitait recevoir la bénédiction de Jean-Paul II avant de partir pour le Liban. Le Saint-Père qui était en train de recevoir à ce moment-là des jeûnes; il la fit asseoir à côté de lui et il expliqua aux jeunes que Mère Teresa se rendait dans un pays déchiré par la guerre civile. Mère Teresa partit en emportant une bougie sur laquelle était gravée une image de la Vierge Marie. Une fois arrivée à Beyrouth, elle obtint un cessez-le-feu tout le temps où la bougie resterait allumée; elle réussit ainsi à mettre à l’abri une soixantaine d’enfants handicapés, presque tous musulmans. Sa force représentera toujours un encouragement pour nous toutes à accomplir jusqu’au but notre mission et la volonté du Père. “Soyez l’expression vivante de la bonté de Dieu, elle affirmait toujours, soyez bons et miséricordieux”. Les trois principes qui sont aux coeur de notre mission:confiance aimante, abandon total et joie sont les voeux de Mère Teresa.

A.T. Le monde dans lequel nous vivons a besoin d’un esprit élevé de service, défense de plus en plus des démunis, de sens de la vie et recherche de transcendance. Quelle était-elle la force de Mère Teresa pour donner secours à tous, donner un sourire sans jamais se tirer en arrière?

Soeur Nirmala Joshi. Quand Mère Teresa s’apercevait que quiconque était arrivé près de la congrégation pour la rencontrer, elle était toujours là prête. Elle disait à n’importe qui: “quand tu veux, tu viens me trouver. Chaque individu est précieux aux yeux du Père. L’homme même est pupille du Père, il est oeuvre d’art de Dieu dans la création de l’univers physique”. Son exemple était continu, aussi devant la fatigue ou à sa maladie, elle ne se tira jamais en arrière. Je me rappelle encore qu’elle ajoutait: “ne jamais perdre l’harmonie, la foi, ne jamais renoncer aux propres objectifs aussi quand ceux-ci semblent élevés, difficiles, impossibles. L’homme qui veut être patron de soi-même, de sa vie et de sa destinée, il détruit soi-même et la communauté dans laquelle habite”. Dans nos centres, les bénévoles laïques apprennent qu’ils ne sont pas là pour du travail social avec les malades, mais ils sont chez nous pour une rencontre avec leurs frères et, c’est en priant, qu’on apprendra aux aimer. La priorité n’est pas guérir la maladie ou l’infection, mais de rendre à la personne sa dignité.Á aimer pour aimer, à aider pour aider et à accepter que nous ne sommes pas capables de grand-chose.

Antonio Torrenzano. Mère Teresa nourrit toujours l’espoir de pouvoir ouvrir un centre des Missionnaires de la Charité en Chine. Quelles difficultés restent-elles aujourd’hui à surmonter ?

Soeur Nirmala Joshi. L’espoir est resté identique. Mère Teresa ne perdit jamais la confiance et l’espoir de pouvoir ouvrir en Chine une Maison des Missionnaires de la Charité. Dans chaque circonstance, elle exprima ce désir et elle tâcha de faire le possible pour le porter à l’accomplissement.À chaque soeur qui était presque même à la mort, elle demandait:”quand tu rencontreras le Père, parle-lui de la Chine. De mon espoir d’aller là à soigner et soutenir les plus faibles.” Dans les derniers ans de son existence, elle demandait à n’importe qui de prier pour son désir. Maintenant, il touche à nous réaliser cet ancien désir et pouvoir entrer dans le pays chinois afin de dérouler notre opéré.L’activité de la congrégation continue son apostolat avec le même esprit de sa fondatrice. Nous donnons exécution à l’appel de Christ pour soigner les gens les plus fragiles. Je crois que par l’action heureuse de Dieu, nous continuons à être fidèles aux tels débuts. Mère Teresa représente notre point de contact avec le Ciel, elle continue à être notre Mère adoptive. Elle s’est pris soin de tous pendant sa vie terrestre, maintenant nous continuons le même parcours avec son attention spirituelle. Chaque individu dans sa profondeur, il a faim et soif de Dieu, il y a la recherche multiple du sens du propre être au monde, du sens de l’existence terrestre. Nos coeurs sont agités tant qu’ils ne trouvent pas leur repos dans le Père. L’homme peut avoir mille commodités, il peut posséder la richesse la plus inouïe, mais sans Dieu c’est un individu perdu et seul.

 

Antonio Torrenzano