Conversation avec Susan Solomon, chimiste, elle est aujourd’hui chef du Chemistry & Climate Processes Group de la division des sciences chimiques du National Oceanic & Atmospheric Administration. Elle a aussi servi en tant que coprésidente du premier groupe de travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Susan Solomon a été une des premières personnes à avoir avancé la responsabilité des chlorofluorocarbures dans la formation du trou de la couche d’ozone. En 1986 et 1987, elle dirige une expédition étudiant le trou dans la couche d’ozone dans le détroit de McMurdo en Antarctique. Son équipe trouve des niveaux d’oxyde de chlore dans l’atmosphère plus élevés que prévu, créés par les chlorofluorocarbures (CFC). Susan Solomon démontre également que les volcans peuvent accélérer les réactions chimiques que produisent les chlorofluorocarbures dans l’atmosphère, et ainsi augmenter les dégâts causés à la couche d’ozone. Son travail est à la base du protocole de Montréal de l’Organisation des Nations Unies, un accord international visant à protéger la couche d’ozone en limitant et régulant les substances l’endommageant. En 2007, elle a reçu le Prix Nobel de la paix pour son travail au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. L’entretien a eu lieu à Bologne, au mois de septembre 2008, près de l’université de Bologne, pendant la IVe réunion du symposium international SPARC (Stratospheric Processes and Their Role en Climate).
Antonio Torrenzano. Le changement climatique avec le pillage de la nature et la pollution, ils sont sans doute les plus dangereuses menaces contemporaines.Votre collègue, Rajendra Pachauri, dans un autre entretien publié sur ce carnet numérique, il m’a répondu que le réchauffement climatique est une menace, mais aussi un problème éthique : « l’intérêt de l’individu doit-il être conjugué avec l’intérêt commun et tous les individus doivent comprendre que sauvegarder l’état de santé de notre planète est un devoir ».
Susan Solomon. Le problème du changement climatique va se poser sur le long terme à côté d’autres questions d’une importance capitale par exemple les changements dans les précipitations, les changements dans les sécheresses, dans les fortes pluies, dans l’intensité des ouragans, des changements dans le niveau de la mer ou dans l’évolution des glaciers. La question sur le réchauffement climatique ce n’est pas que le début.
Antonio Torrenzano. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a produit dans les derniers mois plusieurs rapports sur les recherches effectuées sur les effets du réchauffement global et l’évolution du climat. Pouvez nous expliquer le système d’évaluation du GIEC ?
Susan Solomon. En général, un résultat scientifique est produit par une personne ou une équipe et, avant son édition dans les revues «Science», le résultat obtenu est examiné par deux ou trois spécialistes du secteur de recherche. Ces spécialistes produiront de commentaires et après le résultat sera diffusé. Le processus de vérification du GIEC, en revanche, demande de passer par trois niveaux de vérification, par plus de 600 examinateurs et 30 000 commentaires auxquels l’auteur devra répondre dans une manière très détaillée. Ensuite, un scientifique du GIEC, il se trouvera dans une salle en face à 120 dirigeants et il devra les convaincre de chaque mot et de chaque ligne du résultat qui résume notre position. Ce parcours de vérification soumet le travail scientifique à une surveillance minutieuse et intense. Voila la manière de procéder du GIEC, car son rôle consiste seulement à évaluer de recherches.
Antonio Torrenzano. En 1986 et 1987, vous avez dirigé l’expédition en Antarctique étudiant le trou dans la couche d’ozone dans le détroit de McMurdo. Et avec votre équipe, vous avez trouvé des niveaux d’oxyde de chlore dans l’atmosphère plus élevés que prévu, créés par les chlorofluorocarbures (CFC). Votre découverte scientifique montrait que ces molécules avaient des effets potentiels sur la réduction de la couche d’ozone et elles touchaient la santé de chaque individu avec nombreux risques pour une augmentation en pourcentage de cancer de la peau ou de cataracte. Encore, ces molécules étaient des produits industriels très nocifs pour la santé de tous. Dans ce cas, le protocole de Montréal fut ratifié par un vote unanime presque par toute la communauté internationale. Pour le CO2, au contraire, que tout le monde produit et qui est nocif quand sa concentration est excessive, le protocole de Kyoto n’a pas eu le même destin.
Susan Solomon. Il a été plus facile pour la population de comprendre que les CFC étaient nocifs. La réaction au sujet du climat est différente, sans doute. Mais il ne faut pas mésestimer l’action des individus parce que ce n’est pas la population qui décide de signer ou de ne pas signer de protocoles. Ce sont les gouvernements poussés par d’autres forces et intérêts économiques. Le monde entier est en transition après la crise économique. Dans tout cas, je ne pense pas que cela va arrêter les initiatives de longue durée contre le réchauffement climatique.
Antonio Torrenzano