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Conversation avec Susan Solomon, chimiste, elle est aujourd’hui chef du Chemistry & Climate Processes Group de la division des sciences chimiques du National Oceanic & Atmospheric Administration. Elle a aussi servi en tant que coprésidente du premier groupe de travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Susan Solomon a été une des premières personnes à avoir avancé la responsabilité des chlorofluorocarbures dans la formation du trou de la couche d’ozone. En 1986 et 1987, elle dirige une expédition étudiant le trou dans la couche d’ozone dans le détroit de McMurdo en Antarctique. Son équipe trouve des niveaux d’oxyde de chlore dans l’atmosphère plus élevés que prévu, créés par les chlorofluorocarbures (CFC). Susan Solomon démontre également que les volcans peuvent accélérer les réactions chimiques que produisent les chlorofluorocarbures dans l’atmosphère, et ainsi augmenter les dégâts causés à la couche d’ozone. Son travail est à la base du protocole de Montréal de l’Organisation des Nations Unies, un accord international visant à protéger la couche d’ozone en limitant et régulant les substances l’endommageant. En 2007, elle a reçu le Prix Nobel de la paix pour son travail au sein du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. L’entretien a eu lieu à Bologne, au mois de septembre 2008, près de l’université de Bologne, pendant la IVe réunion du symposium international SPARC (Stratospheric Processes and Their Role en Climate).

Antonio Torrenzano. Le changement climatique avec le pillage de la nature et la pollution, ils sont sans doute les plus dangereuses menaces contemporaines.Votre collègue, Rajendra Pachauri, dans un autre entretien publié sur ce carnet numérique, il m’a répondu que le réchauffement climatique est une menace, mais aussi un problème éthique : « l’intérêt de l’individu doit-il être conjugué avec l’intérêt commun et tous les individus doivent comprendre que sauvegarder l’état de santé de notre planète est un devoir ».

Susan Solomon. Le problème du changement climatique va se poser sur le long terme à côté d’autres questions d’une importance capitale par exemple les changements dans les précipitations, les changements dans les sécheresses, dans les fortes pluies, dans l’intensité des ouragans, des changements dans le niveau de la mer ou dans l’évolution des glaciers. La question sur le réchauffement climatique ce n’est pas que le début.

Antonio Torrenzano. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a produit dans les derniers mois plusieurs rapports sur les recherches effectuées sur les effets du réchauffement global et l’évolution du climat. Pouvez nous expliquer le système d’évaluation du GIEC ?

Susan Solomon. En général, un résultat scientifique est produit par une personne ou une équipe et, avant son édition dans les revues «Science», le résultat obtenu est examiné par deux ou trois spécialistes du secteur de recherche. Ces spécialistes produiront de commentaires et après le résultat sera diffusé. Le processus de vérification du GIEC, en revanche, demande de passer par trois niveaux de vérification, par plus de 600 examinateurs et 30 000 commentaires auxquels l’auteur devra répondre dans une manière très détaillée. Ensuite, un scientifique du GIEC, il se trouvera dans une salle en face à 120 dirigeants et il devra les convaincre de chaque mot et de chaque ligne du résultat qui résume notre position. Ce parcours de vérification soumet le travail scientifique à une surveillance minutieuse et intense. Voila la manière de procéder du GIEC, car son rôle consiste seulement à évaluer de recherches.

Antonio Torrenzano. En 1986 et 1987, vous avez dirigé l’expédition en Antarctique étudiant le trou dans la couche d’ozone dans le détroit de McMurdo. Et avec votre équipe, vous avez trouvé des niveaux d’oxyde de chlore dans l’atmosphère plus élevés que prévu, créés par les chlorofluorocarbures (CFC). Votre découverte scientifique montrait que ces molécules avaient des effets potentiels sur la réduction de la couche d’ozone et elles touchaient la santé de chaque individu avec nombreux risques pour une augmentation en pourcentage de cancer de la peau ou de cataracte. Encore, ces molécules étaient des produits industriels très nocifs pour la santé de tous. Dans ce cas, le protocole de Montréal fut ratifié par un vote unanime presque par toute la communauté internationale. Pour le CO2, au contraire, que tout le monde produit et qui est nocif quand sa concentration est excessive, le protocole de Kyoto n’a pas eu le même destin.

Susan Solomon. Il a été plus facile pour la population de comprendre que les CFC étaient nocifs. La réaction au sujet du climat est différente, sans doute. Mais il ne faut pas mésestimer l’action des individus parce que ce n’est pas la population qui décide de signer ou de ne pas signer de protocoles. Ce sont les gouvernements poussés par d’autres forces et intérêts économiques. Le monde entier est en transition après la crise économique. Dans tout cas, je ne pense pas que cela va arrêter les initiatives de longue durée contre le réchauffement climatique.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Vandana Shiva, physicienne, épistémologue, écologiste, écrivain, docteur en philosophie des sciences. Vandana Shiva dirige la Fondation de recherche pour la science, les technologies et les ressources naturelles (Research Foundation for Science, Technology and Natural Resource Policy) et elle est à présent un point de repère dans la défense de l’agriculture paysanne et biologique face à la politique d’expansion sans limites des multinationales agroalimentaires. Dans les années 1980, elle a été une activiste du Mouvement sauvons le Narmada qui s’ est opposé à la construction d’énormes barrages sur la rivière Narmadâ, barrages bouleversant les écosystèmes et obligeant aux déplacements de millions de paysans. Vandana Shiva est aussi engagée dans l’association «Navdanya», association pour la conservation de la biodiversité et la protection des droits des fermiers. La ferme de Navdanya est une banque de semences, qui a permis à plus de 10 000 fermiers d’Inde, du Pakistan, du Tibet, du Népal et du Bangladesh de redécouvrir l’agriculture organique comme on le dit en Inde : principe entre l’agriculture paysanne et l’agriculture biologique. Autrice de nombreux essais, édités dans plusieurs langues diplomatiques, dont «La guerre de l’eau. Privatisation, pollution et profit» 2008; «Le terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament-t-elles le Tiers-monde» avec Marcel Blanc, 2001; «La biopiraterie ou le pillage de la nature et de la connaissance», 2003. Le dialogue a eu lieu dans plusieurs villes italiennes : à Pise pendant la réunion internationale de San Rossore au mois de juillet 2009, à Turin pendant le festival international sur la spiritualité.

Antonio Torrenzano. Un autre modèle dans cette brume de l’avenir est-il possible à Copenhague ?

Vandana Shiva. Les nombreuses crises de l’environnement qui tourmentent notre planète dérivent d’un désaveu du rôle des ressources naturelles. Pour résoudre ces crises, il est nécessaire que les communautés locales récupèrent la surveillance des ressources naturelles afin de construire une vraie économie soutenable. À Copenhague, il faudrait joindre à un accord international pour réduire les émissions de 90% d’ici au 2030. Les engagements pris jusqu’à maintenant par la communauté internationale ils ne me semblent pas suffisants. Il faudra encore construire une nouvelle attitude pour affronter cette urgence qui dérive de nombreux facteurs.Nous avons besoin d’une nouvelle vision holistique des savoirs, la connaissance fragmentée et mécaniste par laquelle le monde a géré ces dernières vingt années elle n’est plus suffisante. Les problèmes inhérents au milieu de l’environnement, à la pauvreté ils doivent devenir prioritaire respect à la croissance économique libériste. Le réseau paysan Navdanya, que je coordonne, il se propose comme une solution de remplacement aux petits paysans indiens menacés par les multinationales du secteur agroalimentaire. Navdanya signifie dans ma langue «neuf graines», un nom qui évoque la richesse de la diversité et le devoir de la défendre devant l’invasion des biotechnologies et des monocultures de l’agriculture industrielle. Les biotechnologies réduisent la diversité des formes de vie au rôle de matières premières pour l’industrie et les profits. Les graines génétiquement modifiées piègent les petits agriculteurs dans une cage de dettes et de mensonges. Les graines, ils sont rendus inféconds de manière telle qui ne peut plus se reproduire et ils doivent être achetés tous les ans à un prix très cher par les paysans.

Antonio Torrenzano. La Terre souffre, notre mère gronde. Elle rougira, demain, de colère. Pour les populations autochtones, le réchauffement climatique sera un renversement radical de situation, un choc. Quant à nous, les conséquences sont imprévisibles. L’occident, malgré le désastre de la crise économique et financière, il continue à chercher de possibles solutions dans une croissance économique effrénée et dans le profit. Quand on parle d’écologie, de protection de l’environnement, mais dit un jour Jean Malaurie, ce sont des considérations qui, avec le temps, deviennent des idées paresseuses. On en parle, elles agitent les esprits et puis l’été passe, Noël arrive et on les oublie.

Vandana Shiva. Le modèle économique libériste de la mondialisation a été jusqu’à présent un modèle où le pouvoir absolu des multinationales a dominé la vie de millions d’individus, surtout des pauvres. Un modèle qui n’a pas tout à fait aimé la planète. Ce modèle est totalement différent de mon idée de démocratie. Cette culture de l’exploitation effrénée des ressources naturelles n’a jamais aimé la planète et la même a produit de conflits innombrables. Dans le social, ce modèle a produit une culture de l’exclusion, une culture du refus de l’autre en préférant de rapports sociaux fondés simplement sur les échanges économiques et sur le profit. Ce modèle de développement a nié les plus élémentaires droits humains et il a mis de côté une grande partie de l’humanité. Mon idée de démocratie ? Un système qu’il a du respect pour la biodiversité, la justice sociale et pour une croissance économique soutenable. Le système libériste a saturé déjà toutes les ressources naturelles disponibles et cette saturation est à l’origine de tensions de plus en plus fortes.

Antonio Torrenzano. Est-ce que vous pouvez nous faire des exemples ?

Vandana Shiva. La croissance économique de la Nation indienne, mon Pays, dont on discute sur tous les journaux du monde cache un très haut pourcentage d’expropriations de terre soustraite aux petits paysans et aux plus démunis. Cette terre est achetée à des prix dérisoires des grandes multinationales qui produisent successivement à des prix déchirés. La situation est en train de causer de massives migrations vers les villes où nombreux individus, sans plus de la terre à cultiver ni du travail, ils n’augmentent que le nombre de désespérés qu’ils envahissent déjà les banlieues de mon pays. Dans une brève période, d’ici à cinq ans, cette situation produira de possibles conflits et inattendues situations d’instabilité. Parallèlement, le développement de l’agriculture industrielle, basée sur une massive utilisation de pesticides chimiques ou sur l’imposition des semences modifiées génétiquement, il a été cause de la faillite des petits agriculteurs incapables de soutenir ces coûts et la concurrence des multinationales. En 2004, dans mon pays nous avons eu plus de 16.000 paysans qui se sont suicidés. Les suicides dérivent de l’endettement provoqué par l’augmentation des coûts de production et de l’effondrement des prix des produits agricoles. Les suicides sont les effroyables résultats d’une politique agricole qui protège les intérêts du capitalisme mondial et qui ignore ceux des petits agriculteurs.

Antonio Torrenzano

 

 

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Riccardo Petrella, écrivain, juriste, professeur près de l’université catholique de Louvain en Belgique. En 1967, il travaille à Vienne (Autriche) au Centre européen de Recherches en Sciences sociales de l’UNESCO dont il sera nommé Directeur en 1970. Ses champs de recherche sont le développement régional, l’innovation technologique, la recherche comparative transnationale. En 1978,il rejoint la Commission Européenne dans le cadre du Programme FAST (Forecasting and Assessment in Science and Technology).Directeur de ce programme de 1979 jusqu’en 1994. Conseiller à la Commission européenne en matière de politique de la science et de la technologie entre 1997 et décembre 2003. Il a été aussi le fondateur et le premier secrétaire général de la European Interuniversity Association for Education on Society, Science and Technology (connue en tant que ESST) regroupant 15 universités européennes. Il a été également pendant trois ans professeur au Collège d’Europe à Bruges et à l’Université de Liège. Fondateur du Comité mondial de l’eau, Riccardo Petrella a été aussi “visiting professor” dans plusieurs universités au Canada, aux États-Unis, au Brésil, en Argentine, en Corée du Sud et dans de nombreux pays d’Europe occidentale. La conversation a eu lieu auprès de l’université italienne de Udine au mois de février 2009. 

Antonio Torrenzano. L’eau est-elle devenue une ressource plus que rare ?

Riccardo Petrella. L’eau est essentielle sur le plan biologique autant que l’air. Vous pouvez substituer tout ce que vous voulez pour vivre sauf ces deux éléments. Cette essentialité de ces deux éléments en fait des biens communs pour tout le monde. Ces deux éléments sont aussi un droit pour chaque individu. L’eau ne peut pas être considérée comme un bien économique or comme l’or bleu du XXIe siècle. Personne ne peut avoir le droit de la faire devenir objet d’appropriation privée. La raréfaction de l’eau est le résultat de nos actions dilapidatrices et déprédatrices. Nous la rendons rare parce que les prélèvements que nous faisons sur les ressources hydriques en terme de pompage de l’eau de nappe ou de surface sont plus importants que le renouvellement naturel de l’eau.Si nous continuons avec notre mode de production à haute intensité énergétique nous produirons un colossal désastre. L’effet de serre qui participe au réchauffement de la planète fait fondre les glaciers. Donc, il fait monter le niveau de la mer. L’eau douce va ainsi devenir de moins en moins importante à cause de la pénétration de l’eau salée. Si on continue comme ça, les études montrent qu’en 2032, 60 % de la population mondiale vont vivre dans des régions à forte pénurie d’eau, contre 25 % à l’heure actuelle.

Antonio Torrenzano. Dans quelles régions du monde le problème de l’eau est-il devenu crucial ? 

Riccardo Petrella. Les statistiques montrent qu’il y a trois pays qui pourront avoir de gros problèmes au niveau de l’approvisionnement de l’eau dans les 30 prochaines années : la Chine, l’Inde et les États-Unis. Ces trois pays ont abusé de leurs réserves d’eau. Beaucoup de fleuves sont ainsi devenus secs. Le Colorado, par exemple, aux États-Unis est le premier fleuve au monde qui ne porte plus l’eau à la mer. En 2020, le risque sera que 60% de la planète se trouvera sans plus d’eau potable. Les mots clés sont connus : limiter la consommation domestique d’eau, reconvertir le développement, rééduquer les gouvernements à considérer l’eau comme ressource publique et un bien commun qui va s’épuiser. Le noeud est tout à fait politique. Dans certaines régions du Moyen-Orient,par exemple, une bouteille d’eau est plus chère qu’un litre de pétrole. Il peut sembler absurde, mais c’est au contraire une réalité. Tout cela parce qu’on ne veut pas reconnaître que l’eau est un bien commun. La communauté internationale devra se doter de nouveaux instruments politiques, financiers et techniques pour résoudre le problème de manière efficace. L’eau ne peut pas devenir une boisson comme une autre.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Rajendra Pachauri, ingénieur, économiste indien, né à Nainital un petit village du Himalaya, directeur de l’agence technique IPCC (intergovernmental panel on climate change) des Nations Unies. Prix Nobel pour la Paix 2007 pour les efforts et les études développés sur le global warming. Rajendra Pachauri a été associé à divers établissements universitaires et instituts de recherche. Il a été membre : du Comité exécutif du Centre international de l’Inde, New Delhi (1985), du Conseil d’administration de l’India Habitat Centre toujours à New Delhi, de la Cour des gouverneurs de l’Administrative Staff College de l’Inde (1979-1981). En 2007, le prix Nobel de la paix a été attribué à Rajendra Pachauri et Al Gore pour leurs actions liées au changement climatique. La conversation a eu lieu au mois de mars 2009 pendant une visite du prix Nobel auprès du Parlement européen.

Antonio Torrenzano. L’agence technique IPCC a produit dans les derniers mois plusieurs rapports sur les effets du réchauffement global et l’évolution du climat. Changement climatique, qui est sans doute la plus grande menace contemporaine. Est-ce que selon vous, les questions relatives aux changements climatiques devront être traitées aussi comme questions éthiques ?

Rajendra Pachauri. Nous sommes devant à un problème éthique, où l’intérêt de l’individu doit être conjugué avec l’intérêt commun. Tous les individus doivent comprendre que sauvegarder l’état de santé de notre planète est un devoir. Pour une longue période, dans beaucoup de nations du monde, on a préféré éviter le sujet, sujet aujourd’hui devenu dangereux pour la santé de la planète. Les changements climatiques vont probablement affecter grandement la disponibilité en eau à travers le monde. Pourquoi ? Parce que les modèles de précipitations vont changer, les glaciers vont fondre et la demande en eau va augmenter. Plusieurs régions dans le monde risquent d’entrer en conflit pour le contrôle de ressources naturelles telles que l’eau. Nous devons faire savoir à chaque habitant de notre planète que nous nous trouvons devant à un gros problème. Nous avons été clairs sur les conséquences du changement climatique: elles seront pires. Nos documents soulignent le sens d’urgence et ils exposent aussi que les coûts des actions ne sont pas élevés et les solutions accessibles.

Antonio Torrenzano. Est-ce que vous croyez qu’il faudra agir tout de suite au maximum avec la conférence sur les Changements climatiques des Nations Unies qui se déroulera au Copenhague dans le prochain mois de décembre 2009 ?

Rajendra Pachauri. Il faudra agir très bientôt. Si nous voulons que la température terrestre ne dépasse pas les 2° Celsius à la fin de ce siècle, il devra y être une nette diminution nette de gaz à effet de serre d’ici à l’an 2015. Il n’y a pas beaucoup de temps. Nous devons aborder cette question par une approche sociale, puis avec une approche biophysique. Une autre menace concerne les événements extrêmes, comme des inondations, la sécheresse, des vagues de chaleur, qui vont augmenter en fréquence et en intensité. De grands mouvements de population pourraient être causés aussi par le manque de ressources naturelles comme l’eau avec de graves conséquences pour la production agricole. Les ressortissants de ces régions du monde sans une suffisante production agricole, ils n’auraient d’autres choix que de se déplacer au risque de provoquer des conflits. Les années plus chaudes dans l’histoire de météorologie, elles ont été concentrées parmi le 1995 et le 2006. L’augmentation de la température a été ainsi élevée, qu’on enregistre aussi l’élévation des températures océaniques à la profondeur de trois kilomètres. Au Pôle Sud, par exemple, pour cette élévation de température, il commence à manquer du krill, la nourriture des pingouins. De plus, l’Organisation météorologique mondiale a établi que depuis dix ans le nombre d’événements extrêmes, selon leur définition, a doublé. Les effets du réchauffement planétaire soulignent aussi la vulnérabilité des sociétés dans les Pays du sud du monde.

Antonio Torrenzano. Concernant les glaciers, devons-nous être inquiets à tel sujet ? De quelles menaces s’agit-il ?

Rajendra Pachauri. À l’échelle planétaire, nous ne pouvons vraiment pas ignorer ces questions, car lorsque vous regardez les effets des changements climatiques, vous devez réellement prendre en considération ses effets sur les individus qui sont les moins bien équipés pour y faire face. Dans certaines régions du monde, l’approvisionnement stable de l’eau par les réseaux de fleuves et des rivières, il provient par ces glaciers. C’est le cas de l’Asie du Sud ou des certaines régions de la Chine. Tout cela pourrait influer et réduire les ressources d’eau dans ces régions. Un autre problème lié aux glaciers, il serait la hausse du niveau de la mer. Cela est déjà commencé en raison de la dilatation thermique des océans causée par les températures plus élevées. Si les grands blocs glacés de l’Antarctique de l’Ouest ou les glaciers du Groenland posés sur les terres venaient à s’effondrer, tout cela se traduirait par une hausse du niveau de la mer. On ne peut pas le prédire, mais la possibilité existe. Le réchauffement global et l’évolution du climat sont une source de préoccupation pour l’histoire récente de notre planète. Il faut agir, agir très vite. Je ne crois pas que la communauté internationale puisse encore attendre pour réduire ses effets sur le climat. Nous devons prendre des mesures vigoureuses.

Antonio Torrenzano

 

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« Les écosystèmes arctiques, dont l’espèce la plus connue est lours blanc, sont menacés. Les populations autochtones, notamment les Inuits, voient aussi leur condition de vie se dégrader avec la fonte de la banquise. Les glaces sont le témoin des évolutions climatiques mais leur disparition aura des conséquences qui iront au delà des régions polaires : la fonte des calottes glaciaires entraînera une montée du niveau des océans qui modifiera les littoraux du monde entier Les écosystèmes arctiques, dont l’espèce la plus connue est lours blanc, sont menacés. Les populations autochtones, notamment les Inuits, voient aussi leur condition de vie se dégrader avec la fonte de la banquise. Les glaces sont le témoin des évolutions climatiques mais leur disparition aura des conséquences qui iront au delà des régions polaires : la fonte des calottes glaciaires entraînera une montée du niveau des océans qui modifiera les littoraux du monde entier » .

 

* Un spécial remerciement au photographe, reporter et écologiste français Yann Arthus-Bertrand pour la video sur l’Arctique.

 

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Le réchauffement global est un problème contemporain concernant le monde entier et strictement lié à d’autres sujets comme la pauvreté, le développement économique et la croissance de la population. L’ignorer, dans cette circonstance, serait pire parce que la température moyenne sur Terre a augmenté de 0.6° Celsius depuis la fin des années 1800. On s’attend qu’elle puisse encore d’augmenter de 1.4 à 5.8° Celsius d’ici à l’an 2100. Tout ça constitue un rapide et profond changement.

Les principales raisons de cette montée de température ont été un siècle et demi d’industrialisation effrénée et sans règles qui a conduit la planète à manifester les premiers signes d’un possible collapsus. Ces activités ont augmenté les quantités de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en particulier le dioxyde de carbone, le méthane et l’oxyde nitreux. Ces gaz sont essentiels à la vie sur terre ; ils empêchent une partie de la chaleur solaire de retourner dans l’espace et, sans eux, la planète serait un lieu froid et aride. Mais en quantités toujours croissantes, ces gaz sont en train d’augmenter la température globale à des niveaux artificiellement élevés qui modifient le climat. Le niveau de la mer a augmenté de 10 à 20 cm au cours du XXe siècle et une hausse supplémentaire de 9 à 88 cm est prévue d’ici l’an 2100. Si cette prévision devenait une réalité, la mer pourrait déborder dans des zones côtières fortement peuplées de pays comme le Bangladesh ou il pourrait aussi causer la disparition d’entières nations comme l’État des îles des Maldives en ayant comme conséquence la massive migration de milliards de personnes.

La tendance contemporaine du réchauffement est prévue pour causer encore des extinctions d’espèces. De nombreuses espèces de plantes et d’animaux, déjà affaiblies par la pollution et la perte de leur habitat, pourraient disparaître dans les 100 prochaines années. Les récentes tempêtes, inondations et sécheresses, par exemple, ont tendance à démontrer ce que les modèles d’ordinateurs prédisent comme fréquents événements météorologiques extrêmes. Pour éviter des effets irréversibles, l’adoption d’un nouveau traité international sur le climat est nécessaire. Les chefs d’État et les représentants des gouvernements doivent travailler ensemble pour atteindre un accord pour la protection de la Planète et assurer que les émissions globales de gaz à effet de serre soient stabilisées d’ici à l’an 2015. La conférence sur les Changements climatiques des Nations Unies qui se déroulera au Copenhague dans le prochain mois de décembre 2009, elle sera peut-être la dernière possibilité.

Le diagnostic est sévère et la communauté internationale devra probablement faire face à des difficultés de plus en plus grandes. Mais, avec un peu de courage et le maximum de bon sens, il est encore possible de construire l’avenir autrement.

Antonio Torrenzano

 

* Un particulier remerciement au service de presse de l’organisation UNFCCC des Nations Unies pour la documentation fournie.

 

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Du 7 au 18 décembre 2009, à Copenhague se tiendra la quinzième conférence des Nations Unies sur le climat. Ce sommet international devra porter toute la communauté internationale à la signature d’un nouvel accord sur le climat qui devrait succéder au Protocole de Kyoto.

Pourquoi le sommet de Copenhague est-il si important ? Parce que la réunion de Copenhague est vitale pour le climat. Il s’agira pour la communauté internationale de s’entendre sur un nouveau «global deal» et pour déterminer la façon dont nous agirons prochainement contre le changement climatique. Le sommet des Nations Unies du 7 au 18 décembre 2009 sera alors un moment charnière dans l’histoire mondiale. Un rendez-vous capital pour le changement climatique où toute la communauté internationale devra décider les objectifs à atteindre en matière de réduction des gaz à effet de serre, et de la façon dont les politiques climatiques doivent être soutenues dans les pays en voie de développement. Si le protocole de Kyoto a été une première étape importante dans la lutte contre le changement climatique et le réchauffement de la Terre, un nouvel accord sera indispensable afin d’éviter une catastrophe internationale sans précédent.

Les 170 chefs d’État et les représentants des gouvernements qui participeront aux négociations à Copenhague, ils devront rejoindre un accord honnête, efficace, et tenant compte des données scientifiques les plus récentes. Un accord reste possible, mais la communauté internationale a l’obligation de prendre des décisions définitives pour mieux gérer la santé de la planète.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Edgar Morin, écrivain,sociologue, directeur de recherche émérite au CNRS. Edgar Morin est docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde dont de l’université de Natal, Université de Porto Alegre et Université de Joa Pessoa au Brésil. Son travail a exercé et il continue à exercer une forte influence sur la réflexion contemporaine, notamment dans le monde méditerranéen et en Amérique latine. Il a créé et préside l’Association pour la pensée complexe (APC). Il est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la Décennie de la culture de paix et de non-violence. Il soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif Non-Violence XXI. Auteur de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues étrangères, nous rappelons les derniers: «Éduquer pour l’ère planétaire, la pensée complexe comme méthode d’apprentissage dans l’erreur et l’incertitude humaine» (avec Raul Motta, Émilio-Roger Ciurana), Balland,2003; «Université, quel avenir?» (avec Alfredo Pena-Vega), Paris, éditions Charles Léopold Mayer, 2003; «Pour entrer dans le XXIe siècle», réédition de Pour sortir du XXe siècle publié en 1981, éditions Le Seuil, 2004; «L’an I de l’ère écologique» (avec la collaboration de Nicolas Hulot), Paris, Tallandier, 2007; «Vers L’abîme», Paris, L’Herme, 2007. Le dialogue a eu lieu à Rome au mois de janvier 2008 et à Paris au mois de septembre 2008.

Antonio Torrenzano. Comment l’école devrait-elle éduquer les nouvelles générations à l’ère planétaire ?

Edgar Morin. L’école n’enseigne pas comment affronter l’incertitude ou vivre dans une époque mondiale. L’école offre une fragmentation de savoirs qui tuent la curiosité. Je vous fais un exemple. Il y a quelque temps en France, il était de mode la sémiotique. Les professeurs de langue française ne faisaient plus lire des textes : Racine, Voltaire, Molière, Pascal. Ils prenaient quelques pages des textes et ils les analysaient par la méthode sémiotique. Le résultat ? Les jeunes qui aimaient lire, après ce parcours didactique, ils ne voulaient plus lire. L’école n’a pas d’âme. L’Émile de Rousseau dit: je veux apprendre à vivre. L’école manque, en outre, de passion. Sans passion, nous ne pouvons pas transmettre aux garçons et aux jeunes filles ni de savoirs ni la curiosité du futur . Enseigner est une mission. Une mission laïque, comme aussi d’autres métiers: le médecin, l’infirmier, le magistrat.

Antonio Torrenzano. Comment expliquez-vous la crise de l’école secondaire dans presque tout l’occident démocratique ?

Edgar Morin. La crise de l’école secondaire parcourt presque tout l’ouest démocratique. Cette crise est si violente et elle a la même intensité dans tous les Pays du continent européen. Elle est différente seulement dans la manière dont chaque nation et culture décline la façon de l’affronter et de la résoudre. Une crise de ce genre n’a pas précédents: plus virulente du 1968. Nous sommes en train de vivre une crise profonde et, dans les moments de crise, les adolescents sont les plus faibles engrenages de la société. Aujourd’hui, je constate que la situation est plus grave respect au passé. Le nihilisme du présent a produit un manque de sens de l’avenir. La crise de la société occidentale n’a jamais été si aiguë. Cette situation est comparable à un fort état décadent et les jeunes, ils subissent plus que d’autres ce manque d’avenir. L’école, toute seule, elle ne suffit pas. Le problème est multidimensionnel et l’école devrait enseigner l’histoire et les cultures de tous. De qui est né au Kabul, à Palerme, à Paris, à Helsinki, à Pékin. Il faut que l’histoire mondiale soit unie aux histoires locales. Les jeunes sont égaux dans le monde entier : ils sont des êtres humains faits de biologie, de curiosité intellectuelle, de poésie. Il faut espérer dans une nouvelle renaissance, une redécouverte humaniste des valeurs du monde entier. Les jeunes de cette génération n’ont pas de certitude; devant à eux, il existe seulement le chômage. Et personne, il ne répond pas à leurs questions.

Antonio Torrenzano. Pour apprendre, j’ai toujours pensé qu’il fallait le faire avec passion et respect vers mes étudiants. J’ai eu de la chance ou je me suis trompé ?

Edgar Morin. Il faut avoir beaucoup d’amour et passion. Ce n’est pas mon idée, je me réfère à Platon. Il faut réveiller dans les jeunes la curiosité, le sens de l’invention, l’étude par une méthode interdisciplinaire.

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Umberto Galimberti, écrivain, professeur de philosophie de l’histoire et de psychologie dynamique auprès de l’université Cà Foscari de Venise, membre de l’International Association of analytical psychology, éditorialiste au quotidien italien «La Repubblica». Auteur de nombreux essais, traduits en allemand, espagnol, portugais, grec et japonais, dons nous rappelons : « Il tramonto dell’Occidente nella lettura di Heidegger e Jaspers (1975-1984)», « Il corpo» 1983, «Gli equivoci dell’anima» 1987, «Psiche e Techne. L’uomo nell’età della tecnica» 1999, «Le cose dell’amore» 2004, « La casa di psiche. Dalla psicoanalisi alla pratica filosofica» 2005, « L’ospite inquietante. Il nichilismo e i giovani» 2007 et la dernière publication « Il segreto della domanda. Intorno alle cose umane e divine» Rome, Apogeo éditions, 2007. Il est encore auteur du «Dictionnaire de psychologie» Milan, Utet éditions 1992. Le dialogue a eu lieu à Reggio Emilia et Venise auprès de l’université Cà Foscari.

Antonio Torrenzano. Pourquoi les nouvelles générations ont-elles peur de l’avenir ? L’école déroule-t-elle encore son vrai rôle ?

Umberto Galimberti. Les dernières générations ont devant le rien qui s’annonce. Ils vivent dans une absence de sollicitations, qui porte cette génération à s’enivrer par de fortes émotions, de musique et images violentes, de sensations synthétiques, mais artificielles. Même s’ils ne le savent pas, les jeunes vivent très mal leur temps présent. Les horizons sont opaques, leurs âmes sont dans un état de lassitude et leurs sentiments ne brûlent pas dans le coeur comme, par contre, il devrait arriver à cette période de la vie. Le problème est le nihilisme. Les valeurs se sont maintenant écroulées, voilà le problème. Attention, parce que les valeurs dont je parle avec vous, ils ne sont pas affirmés dans le sens spirituel ou moral. Le sens, que j’attribue ici à la parole, est le manque de cohésion sociale, de relations humaines, de reconnaissance de l’autre. Facteurs que notre société contemporaine a perdus au long de la rue. Nous vivons dans une sorte de solitude de masse, où l’avenir est impénétrable. Les nouvelles générations n’ont plus un parcours guidé de croissance émotive ni à l’école ni chez eux avec les parents. Quand l’école n’accroît pas l’émotion, mais seulement les données mnémoniques, les jeunes ne connaissent plus les sentiments. À la place du dialogue succède le geste, qui est un revenir aux origines. Dans le monde primitif, les gestes remplaçaient le conflit exercé avec les mots. Mais si les garçons ne connaissent plus de sentiments ni de mots, le geste finit d’être le seul élément agrégeant.

Antonio Torrenzano. Le nihilisme, dont parlez-vous dans vos derniers essais, est-il en train de priver les nouvelles générations des énergies nécessaires pour construire l’avenir ?

Umberto Galimberti. À la base du nihilisme des nouvelles générations, il y a l’absence de l’avenir. Avenir qu’ils ne voient pas. Futur qui n’attire plus, parce que l’avenir est au-delà de nulle part. Les parents, de leur côté, ils renoncent à leurs autorités et ils deviennent contractuels: si tu prends un bon vote, par exemple, nous te donnons la motocyclette. La situation devient très préoccupante. Les jeunes ne vont pas en avant, mais pour un mécanisme de logique infernale. À mes temps, l’avenir s’annonçait comme espoir; pour eux, le futur est décourageant. Ils devraient réussir à découvrir une ancienne pratique des Grecs: connaitre soi-même. C’est-à-dire ta spécificité, ta vertu, tes capacités uniques. L’ancien proverbe grec affirme que chacun de nous, il vient au monde avec un mandat précis, une fonction. Si chacun de nous réussit à trouver son mandat précis: chacun de nous atteindra son démon, son étoile polaire, son nord. Cet exemple, il fait comprendre l’idée d’eudaimonia, comme les Grecs disaient. C’est-à-dire notre bonheur, la bonne réalisation de notre démon.

Antonio Torrenzano. Mais la société contemporaine a-t-elle aussi la faute de barrer aux jeunes la possibilité de s’exprimer ?

Umberto Galimberti. Si la société réelle ne convoquait pas très bientôt les nouvelles générations à oser, à croire à l’avenir, à créer une nouvelle forme de vivre ensemble, à mettre à disposition de tous leur créativité, alors ils continueront à s’exprimer dans la société virtuelle. La croissance très rapide du Réseau Net, des carnets numériques, de toutes les nouvelles formes de culture électronique donnent une visibilité, une reconnaissance, une identité qu’aujourd’hui est barrée à eux dans l’espace social et politique de la réalité.

Antonio Torrenzano