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fillette_camp_zaatri_jourdanie_imageLa secrétaire générale adjointe des Nations Unies aux affaires humanitaires, Valerie Amos, a encouragé la communauté internationale à renforcer le soutien aux efforts pour apporter d’assistance humanitaire aux personnes déplacées en Syrie et aux réfugiés syriens dans les pays voisins avant l’arrivée de l’hiver dans la région. Après d’une visite au camp de réfugiés de Suruc, qui héberge au moment présent 5.000 personnes, Valerie Amos a marqué sa consternation par rapport aux situations des individus qu’elle a rencontrés. « J’ai rencontré une femme qui avait d’abord dû fuir la ville de Homs vers Kobané et ensuite de Kobané vers Suruc. Elle était désespérée et craignait pour les perspectives d’avenir de ses enfants ».

À présent, il y a 900.000 réfugiés syriens enregistrés en Turquie, et le nombre total pourrait être le double selon les estimations. « Près de 200.000 réfugiés syriens ont fui la ville de Aïn Al-Arab (ou Kobané) pour se rendre en Turquie au cours des dernières semaines et les autorités turques ont apporté une aide immédiate », a déclaré la Secrétaire générale adjointe dans un communiqué de presse. « Plus de trois millions de Syriens ont fui leur Pays et ils ont tenté de trouver un refuge dans les pays voisins dont 1,1 million au Liban ce qui représente un tiers de la population. 619.000 sont enregistrés en Jordanie, mais le nombre réel est beaucoup plus élevé», a-t-elle ajouté en soulignant que près de 10 millions de Syriens ont été déplacés soit à l’intérieur du pays, soit dans d’autres nations.

Enfin, selon le HCR et l’UNICEF, les enfants représenteraient la moitié de l’ensemble des réfugiés du conflit en Syrie. La plupart sont arrivés au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Iraq et en Égypte. Les derniers chiffres montrent que plus de 768,000 enfants réfugiés syriens ont moins de onze ans. Les bouleversements physiques, la peur, le stress et les traumatismes qu’ont vécus tant d’enfants ne représentent qu’une partie de cette crise humaine. Les deux organisations ont aussi mis en avant les menaces de travail, de mariage précoce et le risque d’exploitation sexuelle et de traite pesant sur les enfants réfugiés. Les jeunes de Syrie sont en train de perdre leurs foyers, des membres de leurs familles et leur avenir.

Antonio Torrenzano

* Dans l’image du photoreporter Laban Mattei de l’UNHCR, une fillette hébergée au camp de réfugiés de Zaatri en Jordanie.

 

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femmes_kurdes_imageDepuis le 16 septembre 2014, la ville de Kobané est assiégée par l’organisation terroriste de l’État islamique. Kobané est la troisième ville kurde de la Syrie à la frontière avec la Turquie. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) plus de 300.000 habitants ont fui la ville, dont plus de 200.000 personnes sont parties en Turquie et d’autres milliers en Irak.

Depuis un mois et demi, malgré les bombardements sur les positions-clés de l’État islamique (ex-Daech), celui-ci ne paraît d’aucune façon miné. Au contraire, les multiples pressions n’y font rien et le monde découvre avec inquiétude que ce mouvement reste encore corrosif sur le terrain. La coalition internationale découvre son efficacité réduite par ses frappes aériennes, tandis que la Turquie ne s’engage pas en proclamant sa non-ingérence. À terme, la Jordanie pourrait-elle aussi être menacée, tout comme le Liban l’est déjà. Le Front al-Nosra a cessé depuis septembre toute attaque contre l’EIIL et il faut craindre une réconciliation entre les deux mouvements. Sur le terrain, les populations syriennes sunnites continuent de soutenir al-Nosra contre les bombardements et les tribus de la province irakienne d’al-Anbar ne semblent pas prêtes à se retourner contre le califat. Dans ce panorama, la question syrienne demeure d’une gravité très élevée autant qu’en Irak où de nouvelles tragédies similaires à Kobané peuvent s’annoncer très bientôt.

Entre le 8 août et le 6 octobre, au moins 250 frappes ont eu lieu en Irak et 90 en Syrie. Les frappes en réalité ont brisé du matériel, des bâtiments éloignés des centres urbains et des colonnes de véhicules qui étaient trop visibles. Désormais, les jihadistes se mélangent en permanence à la population. Les frappes ont eu pour cible des centres vitaux de l’EIIL: Raqqa, Deir ez-Zor en Syrie, ou encore Mossoul, Sindjar, Haditha et Falloujah en Irak, autant de sites sous contrôle jihadiste depuis plusieurs mois. Mais, presque le 30% des opérations de l’aviation américaine a concerné des quartiers d’Erbil, de Kirkouk, Amerli et Bagdad, villes encore épargnées par l’EILL. Au contraire, de violents accrochages ont eu lieu au sud de Kirkouk avec les peshmergas kurdes les 2 et 3 octobre. Dans cette ville, des bâtiments de la 12e armée irakienne ont été soufflés par une explosion le 6 octobre. La ville de Hît, au sud de Haditha, est passée sous contrôle de Daech dans le plus grand silence médiatique.

Il faut ajouter en outre que la plupart des cartes géographiques d’implantation de l’État islamique proposées dans les revues de politique internationale sont erronées. Pourquoi sont-elles erronées ? Parce qu’elles présentent souvent les territoires concernés sous trois appellations: «zones sous contrôle de l’EI»; «zones d’attaques récurrentes de l’EI» et «zones de soutien à l’EI». Ce n’est plus vrai. L’EILL contrôle de facto les deux derniers espaces. Les «zones de soutien» sont de facto les territoires de l’EILL. Cette organisation terroriste est totalement décentralisée, chaque bataillon a son autonomie d’action et multiplie les opérations périphériques, sans nécessairement une concertation avec l’unité centrale. À un Occident réduit à des tactiques aériennes uniformisées et prévisibles s’oppose un jihadisme multipolaire, réactif et flexible dans les différentes situations des lieux de guerre.

Antonio Torrenzano

 

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Staffan_De_Mistura_imageL’Envoyé spécial des Nations Unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a exprimé jeudi 16 octobre à Beyrouth son inquiétude concernant la stabilité du Liban en raison du conflit qui perdure en Syrie.

« La communauté internationale est très préoccupée par la stabilité du Liban qui paie un lourd tribut à cause du conflit actuel en Syrie », a dit de Mistura lors d’une conférence de presse à l’issue d’une rencontre avec le premier ministre de l’État du Liban, Tamam Salam. L’envoyé spécial des Nations unies a également rencontré le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil. «Le conflit en Syrie n’est malheureusement pas encore réglé, et c’est pour cela que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour faire avancer un processus politique. Nous le savons, aucune bataille ne peut être gagnée, il n’y a pas de victoire ou de défaite militaire en Syrie, seulement un processus politique», a-t-il déclaré à l’issue de la rencontre.

A’ Beyrouth, Staffan de Mistura a rencontré également le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem. Une rencontre inédite entre l’émissaire de l’ONU et ce parti libanais depuis le début du conflit syrien il y a plus de trois ans. Cheikh Naïm Qassem a souhaité à De Mistura de réussir dans sa mission en estimant qu’il n’y a pas d’autre solution que politique», a indiqué le parti Hezbollah dans un communiqué. « Les puissances internationales et régionales ont perdu trois ans et demi, durant lesquels les Syriens ont été massacrés et contraints de quitter leurs maisons. Seule une solution politique peut sauver la Syrie, son peuple et tout le monde devra faire des concessions douloureuses pour y parvenir », a dit cheikh Qassem.

L’Envoyé de l’ONU a rappelé que la communauté internationale reste aux côtés du Liban. «Nous sommes pleinement conscients du prix que le Liban et les Libanais paient et ont payé pendant cette période », a-t-il dit. « Nous sommes persuadés qu’avec la communauté internationale le Liban sera une nouvelle fois en mesure de surmonter ce moment. La stabilité du Liban est importante pour la région et la communauté internationale. » Selon Staffan de Mistura, « cela veut dire qu’il faudrait que l’environnement politique libanais se stabilise car plus le Liban sera fort plus il lui sera facile d’affronter une période cruciale » en Syrie.

L’Envoyé de l’ONU a indiqué enfin qu’il se rendra à Téhéran en Iran, puis en Turquie et dans d’autres pays de la région. Pour le diplomate onusien « nous sommes encore dans la situation de comprendre ce qui a changé dans la région après que de nouveaux facteurs sont apparus dans la région, en particulier l’EIIL », a-t-il expliqué. Staffan de Mistura compte également se rendre à Moscou.

Antonio Torrenzano

 

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refugiés_iraq_syrie_imageLe Conseil de sécurité a exhorté vendredi soir la communauté internationale à renforcer la lutte contre l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) après une série d’attaques brutales à Bagdad et Anbar au cours des derniers jours. Dans une déclaration à la presse publiée vendredi soir, les membres du Conseil de sécurité ont appelé à « un effort commun » pour neutraliser la menace posée par l’organisation jihadiste. Les membres du Conseil de sécurité ont exprimé leur consternation face aux nombreuses personnes tuées, violées ou torturées par l’EILL et ils ont appelé la communauté internationale à renforcer les mesures pour lutter contre ce groupe et les groupes associés et assurer que les auteurs de ces crimes soient traduits en justice.

Déjà mercredi 15 octobre, le Représentant spécial du Secrétaire général en Iraq, Nickolay Mladenov, avait condamné le meurtre d’un député tué dans un attentat à Bagdad. Nickolay Mladenov dans cette occasion avait en outre affirmé : « Ceux qui utilisent le terrorisme, la violence et la peur contre la population d’Iraq échoueront. Aujourd’hui l’Iraq et le monde sont unis et vaincront ceux qui cherchent à détruire l’État iraquien et rétabliront la sécurité, la prospérité et la démocratie dans ce pays ».

Sur le terrain la situation reste toujours désastreuse. Le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) a indiqué mardi que presque 180.000 personnes ont fui la ville de Hit située au centre de l’Iraq, après qu’elle est tombée sous le contrôle de l’EILL. Les habitants de cette ville et ceux qui y avaient trouvé refuge auparavant, ont fui vers Ramadi, Khaldiya, Hadithat, Rawa, Ana, Amiryah Rahaliya et d’autres villes de la province d’Anbar, ainsi que plus loin à Kerbala ou à Bagdad, à environ 180 kilomètres vers l’est. Beaucoup sont hébergés par des proches et des amis, alors que d’autres ont trouvé refuge dans des écoles, des mosquées ou des bâtiments publics.

« L’exode depuis la ville de Hit est la quatrième vague majeure de déplacement de population en moins d’un an en Iraq. Par ailleurs, pour beaucoup des personnes faisant partie de cet exode, c’est la deuxième, la troisième voire la quatrième fois qu’elles doivent fuir depuis janvier », a déclaré une porte-parole du HCR, Melissa Fleming, lors d’une conférence de presse à Genève. « Des dizaines de milliers d’Iraquiens désespérés sont désormais pris dans une vague de déplacements multiples à travers les lignes de front changeantes de ce conflit ». Les familles déplacées rejoignent une population de 75.000 personnes déplacées. Elles se trouvent actuellement à Bagdad et leurs principales préoccupations sont le logement, la santé et à trouver une source de revenus. Près de 1,8 million d’Iraquiens sont devenus des déplacés internes rien que cette année.

Parallèlement, dans le nord de l’Iraq, un nombre croissant de Kurdes syriens originaires de la ville frontalière assiégée de Kobané cherchent refuge dans la province de Dohouk après avoir traversé la frontière depuis la Turquie. Environ 5.400 Syriens originaires de Kobané sont désormais entrés en Iraq via la Turquie, y compris 3.600 personnes ces trois derniers jours. L’Iraq accueille déjà près de 214.000 réfugiés syriens dont la grande majorité est hébergée dans la région du Kurdistan iraquien. De son côté, le Sous-Secrétaire général des Nations Unies aux droits de l’homme, Ivan Simonovic, est en visite actuellement en Iraq où il est arrivé dimanche pour une mission d’une semaine afin d’évaluer la situation des droits humains dans ce pays.

Antonio Torrenzano

 

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refugies_ville_kobané_imageLe secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, est en train de suivre avec une grande préoccupation l’offensive actuelle de l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) contre la ville d’Aïn al-Arab (Kobané en langue kurde), au nord de la Syrie. L’offensive a déjà entraîné des déplacements massifs de civils en Turquie et de nombreux morts et blessés.

« À la lumière des violations flagrantes et généralisées des droits de l’homme et du droit humanitaire international qui ont été commises par le groupe terroriste dans les zones tombées sous son contrôle en Syrie et en Iraq au cours de sa campagne barbare, il demande instamment à tous ceux qui ont les moyens de le faire de prendre des mesures immédiates pour protéger la population civile assiégée d’Aïn al-Arab », a dit son porte-parole dans une déclaration à la presse.

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) s’est également dit mardi très alarmé par la situation à Kobani. « Il y a trois ou quatre jours, il y avait encore environ 10.000 civils qui ne s’étaient pas réfugiés en Turquie et bien que la plupart l’aient fait désormais, il est possible que certains soient encore restés là-bas », a dit le porte-parole du HCDH, Rupert Colville, lors d’une conférence de presse à Genève. Le même s’est dit très préoccupé pour la sécurité des civils qui sont restés à Kobané ou dans la zone frontalière près de la ville, ou encore dans les villages alentour.

Antonio Torrenzano

 

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kobané_femme_kurde_quittelaville_imageNous assistons avec tristesse à l’œuvre meurtrière d’Etat islamique, continue à répéter plusieurs fois Cafer Seven, un Kurde turc témoin des bombardements depuis le poste-frontière turc de Mursitpinar. Nos frères sont dans une situation très difficile, c’est très violent. C’est un massacre commis sous les yeux du monde entier, affirme un autre témoin des combats, Burhan Atmaca. Pourquoi le monde reste-t-il silencieux alors que les Kurdes sont massacrés ? Lui non plus n’espère rien de la Turquie : nous n’avons plus confiance dans la Turquie, nous allons devoir nous débrouiller tout seuls, déplore-t-il. Les réticences du gouvernement turc montrent l’hostilité de l’État turc envers les Kurdes.

Sans intervenir militairement, la Turquie surveille de près la situation. Des responsables kurdes ont dénoncé cette passivité, accusant Ankara de laisser faire les jihadistes, au moment dont la presse britannique rapportait que les 46 otages turcs libérés fin septembre par l’EI pourraient avoir fait l’objet d’un échange contre 180 jihadistes, dont plusieurs seraient originaires de pays européens.

Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), la ville de Kobané s’est «vidée à 90% de ses habitants» et les villages environnants sont désormais «quasiment déserts et contrôlés par l’EI. Terrorisés par l’avancée des djihadistes, des centaines de civils résidant dans les Quartiers Est ont fui vers la Turquie voisine», a-t-il précisé l’Observatoire. Selon l’OSDH, il ne resterait que quelques milliers de civils à Kobané, qui comptait 70.000 habitants avant la guerre et avait accueilli un nombre équivalent de réfugiés. S’ils conquièrent Kobané, les djihadistes de l’État islamique s’assureront le contrôle sans discontinuité d’une longue bande de territoire à la frontière syro-turque.

La coalition américano-arabe, qui a entrepris ses raids en Syrie le 23 septembre, n’a mené qu’un nombre limité de frappes dans le secteur, ne permettant pas d’arrêter l’avancée de l’EI. Les raids sont insuffisants pour battre les terroristes au sol, a déploré un responsable kurde, Idris Nahsen, réclamant des armes et des munitions. L’offensive de l’EI dans la région a déjà fait des centaines de morts dans les deux camps depuis le 16 septembre et poussé à la fuite quelque 300.000 habitants, dont 180.000 ont trouvé refuge en Turquie.

Antonio Torrenzano

 

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réfugiés_kurdes_kobané_imageL’État islamique qui est actuellement bombardé par la coalition internationale à Raqa et Deir Ezzor dans le nord-est de la Syrie, et combattue par les peshmergas en Irak semble vouloir consolider ses positions autour de Kobané.

Cette troisième ville du Kurdistan syrien se retrouve à présent au cœur d’une bataille stratégique. Perdre Kobané aurait de graves conséquences pour presque deux millions de Kurdes syriens qui vivent dans la région. D’ores et déjà 140.000 d’entre eux, majoritairement des femmes et des enfants, ont dû fuir la menace jihadiste en trouvant refuge en Turquie. S’ils prenaient la ville de Kobané, les djihadistes contrôleraient une longue bande territoriale continue au nord de la Syrie, le long de la frontière turque. La ville de Kobane est donc importante pour sa position géographique et stratégique. Si Kobané tombe, la continuité territoriale kurde risquerait d’être rompue.

Sur le terrain, le rapport de force est actuellement favorable à l’État islamique. En progressant vers Kobane, les jihadistes ont gardé toute leur force de pénétration. Avec leurs chars, blindés et artilleries, ils sont bien équipés autant qu’une armée régulière. En face d’eux, les troupes kurdes disposent d’un armement obsolète et quasiment inefficace contre leur ennemi. Les États-Unis, qui poursuivent également les frappes en Irak pour aider les troupes fédérales et kurdes à repousser les djihadistes, ont prévenu qu’il ne serait «ni facile, ni rapide» de venir à bout de ce groupe extrémiste sunnite qui occupe désormais de larges portions de territoires en Syrie et en Irak.

Durant les derniers jours, les Kurdes syriens avaient demandé à la coalition internationale de frapper les positions de l’organisation État islamique situées aux portes de Kobané. La réponse avait été négative parce que la coalition ne pouvait pas mener des bombardements à l’aveugle. Les raids aériens en effet nécessitent un travail de reconnaissance et de renseignement qui peut prendre beaucoup de temps : les combattants de l’État islamique ne se déplacent plus en larges groupes à ciel ouvert, mais se dispersent pour éviter d’être frappés depuis les airs, selon le pentagone. Selon des témoignages sur le terrain, les raids menés par la coalition ne sont pas encore efficaces.

Pour aider la ville de Kobané, des volontaires kurdes du monde entier sont en train d’y arriver. Abdullah Ocalan, le chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a lancé un appel à la mobilisation générale. Des volontaires, hommes et femmes, venus de Turquie, d’Europe, d’Asie, mais aussi des États-Unis ont répondu à l’appel et arrivent en grand nombre à Kobané pour combattre les jihadistes. L’assaut pour prendre Kobané, lancé le 16 septembre, il a entraîné un exode de la population, au moins 160.000 personnes ayant traversé la frontière pour se réfugier en Turquie. Près de 70 villages ont été pris par les djihadistes sur le chemin menant à Kobané. La Turquie, qui a renforcé son dispositif militaire au poste-frontière de Mursitpinar, a finalement déposé un projet de mandat autorisant l’intervention de son armée en Irak et en Syrie, aux côtés de la coalition internationale menée par Washington et à laquelle participent à différents niveaux une cinquantaine de pays. Le parlement turc débattra jeudi l’étude d’intervention.

Antonio Torrenzano

 

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al-baghdadi-irak-syrie-eiil-etat_islamique_en_irak_et_au_levantIl y a quelques jours, le ministre américain de la Défense a déclaré à propos de l’État islamique (proclamé en juin dernier par son chef, Abou Bakr al-Baghdadi) qu’il incarnait une menace allant « au-delà de tout ce que nous avons déjà connu » jusqu’à présent. Derrière les images d’horreur et la violence barbare, il existe une vraie propagande organisée de L’État islamique vers la communauté internationale et vers les puissances régionales au Proche-Orient.

Selon Romain Caillet, chercheur sur les questions du Moyen-Orient auprès de l’Institut français du Proche-Orient, cette organisation islamiste est différente d’al Qaïda ou Al Nosra. Quelles différences existent-elles alors entre al-Qaïda et l’EIIL ? Selon Romain Caillet : «les deux groupes ont des repères idéologiques communs, mais ils restent deux organisations différentes. On peut retenir trois critères de divergence d’ordre générationnel, politique et doctrinal. Les deux mouvements ont en effet des stratégies militaires et un agenda politique distincts. Premièrement, l’expérience de référence d’al-Qaïda reste celle du jihad afghan contre les Russes dans les années 1980 et de la lutte contre l’Occident. Pour les partisans de l’EI, la référence, plus récente, est celle du jihad en Irak contre l’invasion américaine de 2003.

Contrairement à al-Qaïda, l’EI estime qu’il vaut mieux combattre les ennemis d’aujourd’hui, plutôt que ceux d’hier, autrement dit, l’Iran et ses velléités expansionnistes, les Chiites autant que l’Occident. Deuxièmement, il y a des divergences politiques en concernant au mode d’administration et de gouvernance. L’EILL est favorable à l’administration immédiate du territoire conquis et à la mise en place de la charia, avant même que le conflit n’ait pris fin. Al-Qaïda prône au contraire un jihad déterritorialisé dont la cible principale reste l’Occident. Troisièmement, l’EI se distingue par sa cohérence idéologique interne qui tranche avec l’hétérogénéité caractéristique des multiples branches d’al-Qaïda, notamment Jabhat al-Nusra».

Comment a-t-il évolué l’État islamique respect à al-Qaïda ? Pour Romain Caillet : «Pour comprendre l’évolution de l’EILL, il convient de revenir sur la genèse du mouvement. Tout d’abord, le précurseur de l’État islamique d’Irak est un jihadiste jordanien, Abû Mus’ab az-Zarqâwî (1966-2006), gracié en 1999 à l’occasion du couronnement du roi Abdallah II de Jordanie. Il fonda son propre camp d’entraînement en Afghanistan dans la région d’Herat, indépendant du groupe al-Qaïda avec lequel il ne semblait pas partager pas les mêmes aspirations. L’offensive américaine d’octobre 2001 en Afghanistan le poussa à traverser l’Iran et à se réfugier au Kurdistan irakien en 2002, où il mit ses hommes au service d’Ansar al-Islam – un groupe fondamentaliste sunnite proche d’al-Qaïda. Lors de l’invasion américaine en Irak en 2003, le jihadiste jordanien forma un groupe du nom de tawhid al-Jihad, « monothéisme et jihad », qui reprenait le nom de son camp d’entraînement en Afghanistan. Il mena sa première grosse opération le 19 août 2003 contre le siège de l’ONU à Bagdad, et dont il revendiqua publiquement la responsabilité le 8 décembre 2003. L’attentat suicide au camion piégé avait couté la vie à 22 personnes dont Sergio Vieira de Mello, Représentant spécial de l’ONU en Irak.

Le mouvement prit une importance croissante et devint à l’octobre 2004 la branche irakienne d’al-Qaïda. En janvier 2006, le groupe d’Abû Mus’ab az-Zarqâwî fut intégré à une coalition de plusieurs factions jihadistes rassemblées au sein du Conseil consultatif des Mujâhidîn d’Irak dont l’Irakien ’Abd Allâh Rashîd al-Baghdâdî prit le commandement. Le but de cette réorganisation était d’«irakiser» le jihad en Irak contre l’occupation américaine, jusqu’alors géré par des étrangers. Après la mort d’Abû Mus’ab az-Zarqâwî en juin 2006, l’Égyptien Abû Hamza al-Muhâjir (1968-2010) prit sa succession à la tête d’al-Qaïda en Mésopotamie en faisant parti du Conseil Consultatif des mujahideen, soumis à l’autorité de ’Abd Allâh Rashîd al-Baghdâdî. Le 15 octobre 2006, le conseil consultatif des Mujâhidîn s’élargit en intégrant une trentaine de tribus irakiennes ainsi que de nouveaux groupes jihadistes en prenant à cette occasion le nom d’État islamique d’Irak et annonçant la dissolution d’al-Qaïda en Mésopotamie. À partir de 2007, l’EIIL connut des difficultés notamment face aux troupes américaines et à la résistance de groupuscules opposés à leur autoritarisme politique et religieux. Implanté en Irak, l’EII observait de loin les événements en Syrie dès 2011. Il prit la décision de dépêcher un petit groupe en Syrie qui prit le nom de Jabhat al-Nusra fin 2011. Le mouvement devint si puissant que l’émir n’écoutait plus le chef de l’EIIL. Il ne fit pas sécession, mais devint quasiment une branche autonome de l’organisation. En avril 2013, le chef de l’EII, Abû Bakr al-Baghdâdî (à la tête de l’organisation depuis 2010), annonça que Jahbat al-Nusra et l’EII étaient qu’une seule et même organisation. Ils supprimèrent alors les deux appellations – État islamique d’Irak (EII) et Jabhat al-Nusra – pour former l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL). Le lendemain de cette déclaration, le chef de Jahbat al-Nusra, Abû Muhamad al-Jûlânî, reconnut qu’il avait combattu pour l’EII en Irak et bénéficié de son soutien financier et militaire en Syrie, mais il désapprouva la fusion des deux unités. La majorité des combattants rejoignit l’EIIL. Le 9 juin 2013, Zawahiri annonça la dissolution de l’EIIL et stipula que l’EIIL devrait quitter la Syrie au profit de Jahbat al-Nosra, dont il reconnut officiellement son affiliation avec Al-Qaïda. Le 10 juin 2013, le chef de l’EIIL, Abu Bakr al-Baghdadi, invalida cette décision affirmant que l’EIIL resterait en Irak et au Levant. Les relations se dégradèrent entre les deux mouvements. En mars 2014, la prise de contrôle de plusieurs bases pétrolières en Syrie par l’EIIL précipita la déclaration de guerre entre l’EIIL et Jabhat al-Nusra, menacé dans son poumon économique de la région de Deir ez-Zor».

Quelles dates faudra-t-il retenir ? Trois sont les dates comme explique toujours Romain Caillet : le 15 Octobre 2006, date de la création de l’État Islamique d’Irak (Dawlat al-’Irâq al-Islâmiyya) ; puis, avril 2013, l’extension de l’EII en Syrie qui devient l’État Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Enfin, le 29 juin 2014 où le mouvement prend le nom d’État Islamique (EI) lorsqu’il annonce la restauration du califat. Une nouvelle appellation sans précision géographique qui témoigne de la volonté du mouvement d’établir un califat universel.

Antonio Torrenzano

 *Dans l’image le portrait de rue d’Abou Bakr al-Baghdadi, leader de l’État islamique en Irak et au Levant (EILL).

 

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réfugiés_frontière_syroturque_imageDepuis quelques mois, les États-Unis, plusieurs pays européens, mais aussi la Turquie, le Canada et l’Australie multiplient les consultations pour trouver les possibles solutions, y compris par des moyens militaires, au défi posé par l’État islamique.

Sur le terrain, l’État islamique continue son avancée. Depuis dimanche, les jihadistes assiégeaient une ville-clé kurde syrienne à la frontière turque : Aïn al-Arab, après avoir pris une soixantaine de villages à la suite d’une offensive fulgurante qui a poussé à la fuite des dizaines de milliers de Kurdes syriens vers la Turquie. La prise d’Aïn al-Arab, troisième agglomération kurde de Syrie, est cruciale pour l’EI car elle lui permettrait d’administrer une large portion de la frontière syro-turque sans discontinuité.

Fort de quelque 35.000 hommes recrutés dans plusieurs pays, notamment occidentaux, ce groupe ultra radical sunnite continue de s’emparer de régions en Syrie comme en Irak, malgré l’annonce prise au sommet de Paris par la communauté internationale de détruire cette organisation par une large coalition. Selon le chef de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, la ville d’Ain al-Arab est «totalement assiégée». Ils «ont encore progressé et se trouvent à certains endroits à une dizaine de kilomètres seulement d’Ain al-Arab». Ces affrontements ont fait déjà au moins 39 morts. «La grande majorité des jihadistes tués sont des non-Syriens, dont des Tchétchènes et des ressortissants du Golfe», selon M. Abdel Rahmane.

Devant l’intensité des violences et les craintes des exactions des jihadistes, les civils kurdes de la ville et de ses environs, qui comptaient quelque 450 000 habitants avant les violences, continuaient de fuir vers la Turquie, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Depuis vendredi, quelque 70.000 civils kurdes ont déjà trouvé refuge dans ce pays, selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR). Haut Commissariat qui a aussi évoqué l’arrivée de centaines de milliers de personnes supplémentaires. De sa part, le tout nouveau Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme de l’ONU le Jordanien Zeid Ra’a al Hussein a mis en garde la communauté internationale d’un possible nettoyage ethnique.

Mais en Irak, les djihadistes de l’État islamique ne combattent pas seulement les personnes. Ils luttent également contre tout ce qui représente pour eux le mal. Comme les taliban afghans qui ont détruit nombre de représentations de Bouddha à travers le pays, l’EI s’attaque aux monuments qui ne cadrent pas avec sa doctrine. Les destructions d’édifices religieux se multiplient ainsi. Des bâtiments chrétiens sont visés par l’État islamique, comme à Mossoul, où l’archevêché des syriaques catholiques a été incendié. Des mosquées chiites et sunnites sont aussi dynamitées. L’EILL a même institutionnalisé ces destructions dans sa charte. L’article 13 stipule que les sculptures de Mossoul sont condamnées à disparaître, car elles ont été adorées avant l’Islam. Ces disparitions sont une perte immense pour le patrimoine archéologique irakien et pour toute l’Humanité.

Antonio Torrenzano

 

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conference_paris_irak_imageRéunis hier à Paris pour la conférence internationale sur la paix et la sécurité en Irak, une trentaine de pays se sont engagés à fournir une « aide militaire appropriée » à Bagdad afin de lutter contre l’État islamique. Convoquée par le président français François Hollande, qui s’était rendu à Bagdad la semaine dernière, la conférence de Paris a réuni les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU et une vingtaine d’autres pays. Tous les participants à la conférence ont exprimé leur attachement à l’unité, à l’intégrité territoriale et à la souveraineté de l’Irak. Lors de cette réunion au Quai d’Orsay à Paris et qui aura duré près de 3 heures, les participants ont répété que l’EI est «une menace non seulement pour l’Irak, mais aussi pour toute la communauté internationale».

Le communiqué final n’apporte pas plus de précision sur la forme ou l’importance que prendra cette aide militaire. « Les participants à la conférence de Paris ont affirmé que l’EILL constitue une menace pour l’ensemble de la communauté internationale ». Les chefs d’État et de gouvernement, ils ont encore souligné « l’urgente nécessité de mettre un terme à la présence de l’EIIL dans les régions où il a pris position en Irak», poursuit le texte. Dans cet objectif, ils se sont engagés à soutenir, par les moyens nécessaires, « le nouveau gouvernement irakien dans sa lutte contre EILL, y compris par une aide militaire appropriée, correspondant aux besoins exprimés par les autorités irakiennes».

Les participants à la Conférence ont également rappelé leur détermination à mettre en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies relatives à la lutte contre le terrorisme et ses sources de recrutement et de financement, notamment la résolution 2170. Pour combattre contre l’EILL, ils ont aussi évoqué la nécessité de prendre des mesures afin de prévenir la radicalisation en coordonnant l’action de tous les services de sécurité et en renforçant la surveillance des frontières. Ils ont également envisagé de travailler à un plan d’action pour s’opposer au financement du terrorisme.

Antonio Torrenzano