Le 15 septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers, dont la dette atteignait 613 milliards de dollars, a entamé une procédure de mise en faillite. Cet événement est considéré comme le point de départ de la crise financière mondiale de 2008. Les réunions du G-20 ont été alors perçues comme le forum le plus efficace pour diriger les efforts mondiaux visant à contenir la catastrophe et à atténuer ses répercussions. Les causes de cette crise financière sont désormais assez bien identifiées et peuvent se résumer par un excès de l’endettement, à la dilution des risques, à la complexité des produits financiers et à l’insuffisance de la régulation. Mais, cette chronologie pour avoir une vision encore plus ponctuelle devrait inclure aussi les aspects énergétiques, alimentaires, environnementaux, les répercussions produites dans le pays sous-développé, le très haut taux de chômage dans la communauté occidentale, l’augmentation de la pauvreté dans certaines régions du sud de la planète. Cette crise n’est pas la première dans la communauté occidentale, même si elle a été jusqu’à présent la plus visible. Les instruments utilisés jusqu’à maintenant pour résorber la crise ont été multiples : nationalisations temporaires, injection de liquidités, garanties de la puissance publique et protection renforcée des déposants. Mais jusqu’à aujourd’hui, la partie n’est pas encore gagnée.
Le premier sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 s’est tenu à Washington, les 14 et 15 novembre 2008. Ce Sommet sur les marchés financiers et l’économie mondiale a donné naissance au Plan d’action du G20 qui présentait des mesures visant à stabiliser l’économie mondiale et à prévenir d’autres crises ultérieures. Les dirigeants se sont réuni une deuxième fois à Londres, les 1er et 2 avril 2009. Dans le cadre du Sommet de Londres, les dirigeants ont poursuivi le travail qu’ils avaient commencé à Washington et ont annoncé une contribution sans précédent de 1,1 billion de dollars américains afin de rétablir le crédit, la croissance et les emplois dans l’économie mondiale. Cet engagement comprenait un apport de 750 milliards de dollars pour le Fonds monétaire international, de 100 milliards de dollars en prêts supplémentaires pour les banques multilatérales de développement, ainsi que de 250 milliards de dollars pour appuyer le financement du commerce. Seulement après les sommets de Washington et Londres, la communauté internationale a enfin décidé dans un monde globalisé des logiques de coordination sur divers plans : au plan monétaire par l’action concertée des banques centrales sur les taux d’intérêt et l’injection de liquidités; au plan politique par des plans concertés et des initiatives lancées en vue de renouveler les règles du système financier international. Pour donner suite aux mesures adoptées à Londres, les dirigeants du G-20 se réunirent une troisième fois, à Pittsburgh, les 24 et 25 septembre 2009. Le Sommet de Pittsburgh désigna ce forum comme le sujet principal pour la coopération économique internationale. Mais, ce qui n’était pas encore connu à Pittsburgh ils étaient les conséquences tangibles sur l’économie réelle. C’est-à-dire la baisse de la croissance, augmentation du chômage, l’impact sur les finances publiques et les répercussions sur le niveau d’endettement des États, la durée et l’ampleur de la crise.
Sur la durée et l’ampleur de la crise, la question était la suivante : la récession se serait-elle déroulée uniquement en 2009 ou pouvait-elle se prolonger en 2010 ? Mais, entre la fin de l’année 2009 et le milieu de l’année 2010, la crise de la finance privée se convertit en gonflement de la dette publique et en crise sociale surtout en Europe. La crise grecque de mai 2010 fut plus grave que celle de 2008 parce qu’elle concernait d’abord la solvabilité des États et non pas uniquement celle des banques ou l’endettement privé. La crise européenne devenait donc le nouveau problème économique pour les États membres de l’UE, mais aussi pour les domaines clés de l’économie mondiale.
Les chefs d’État et de gouvernement se rencontrèrent successivement au Canada et en Corée en 2010. Au sommet de Toronto, le dilemme fut rigueur opposée à la relance et une recherche très difficile d’un consensus parmi les participants du forum. La déclaration finale du G20 de Toronto fut une subtile synthèse entre les positions américaines et les points de vue européens. Tout le monde uni pour soutenir la croissance, mais tout divisé sur les meilleurs moyens pour consolider les faiblesses de la reprise économique mondiale. Une preuve de bonne volonté à coordonner les politiques à l’échelle planétaire, malgré les désaccords. Au mois de novembre 2010 à Séoul, les chefs d’État et de gouvernement renouvelèrent leur engagement à travailler ensemble à la prospérité de la planète, mais la réunion vit de fortes tensions entre les États-Unis et la Chine. Tensions qui empêchèrent un accord économique contraignant sur les devises et sur le commerce international. Le communiqué final du G20 de Séoul fut le résultat de douze heures de négociations diplomatiques pour ce qui concerne le petit compromis sur les monnaies. Le dossier sur une nouvelle coopération macro-économique visant à résorber les déséquilibres des balances courantes il resta très évasif. Toutefois, au lieu de fixer des objectifs et des sorties certaines pour un retour à l’équilibre, le sommet de Séoul se contenta de charger le FMI de développer et approfondir des indicateurs acceptables par tous et destinés à déterminer à partir de quel niveau d’excédents ou de déficits un pays devient dangereux pour les autres. L’accord de Bâle III, en revanche, qui consolidait les fonds propres et les liquidités des banques, il fut approuvé. Mais, la nouvelle question qui se posa à la communauté internationale fut : un État très endetté peut-il créer de la croissance et de l’emploi ? Un État très endetté peut-il poursuivre ses politiques sociales déjà fragiles ? Après la crise grecque, la contagion en Europe s’installa successivement au Portugal, en Irlande, en Espagne et en Italie.
Au sommet de Cannes, au mois de novembre 2011, les chefs d’État et de gouvernement cherchèrent à conjurer une propagation de la crise grecque. Les mêmes décidèrent de plus de placer sous surveillance d’autres pays européens. La crise européenne n’était plus circonscrite à la Grèce : le Portugal et l’Irlande avaient déjà reçu leurs propres plans de sauvetage. L’Italie était dans une situation dangereuse pour sa dette. L’Espagne, la cinquième économie du continent, dans la même situation pour son secteur bancaire. Il fallait éviter une nouvelle récession. Le sommet de Cannes, il aurait pu être une très grande occasion pour réfléchir sur l’édification d’une nouvelle gouvernance mondiale comme défi de la complexité, mais l’urgence de la situation renvoya la discussion. Sur la croissance mondiale et pour ce qui concernait l’élaboration d’une nouvelle gouvernance, la déclaration finale de Cannes affirma seulement une action générale sans spécifier des moyens concrets.
À la veille du sommet du G20 à Los Cabos nombreuses seront les questions pour les participants. La réunion abordera-t-elle en priorité la crise économique européenne ? Les pays de la zone euro seront-ils désormais confrontés à l’heure de vérité ? L’équilibre entre croissance économique et redressement budgétaire dans la zone euro sera-t-il discuté ? Encore, le G20 des temps de crise a-t-il accompli un travail considérable ? Le G20 a-t-il apporté des réformes structurelles? La régulation de la finance reste-t-elle seulement une question technique ou stratégique et politique ? Pourquoi cette régulation reste-t-elle encore insuffisante pour ce qui concerne les normes prudentielles et pour ce qui concerne les normes comptables ?
Antonio Torrenzano