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Le 15 septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers, dont la dette atteignait 613 milliards de dollars, a entamé une procédure de mise en faillite. Cet événement est considéré comme le point de départ de la crise financière mondiale de 2008. Les réunions du G-20 ont été alors perçues comme le forum le plus efficace pour diriger les efforts mondiaux visant à contenir la catastrophe et à atténuer ses répercussions. Les causes de cette crise financière sont désormais assez bien identifiées et peuvent se résumer par un excès de l’endettement, à la dilution des risques, à la complexité des produits financiers et à l’insuffisance de la régulation. Mais, cette chronologie pour avoir une vision encore plus ponctuelle devrait inclure aussi les aspects énergétiques, alimentaires, environnementaux, les répercussions produites dans le pays sous-développé, le très haut taux de chômage dans la communauté occidentale, l’augmentation de la pauvreté dans certaines régions du sud de la planète. Cette crise n’est pas la première dans la communauté occidentale, même si elle a été jusqu’à présent la plus visible. Les instruments utilisés jusqu’à maintenant pour résorber la crise ont été multiples : nationalisations temporaires, injection de liquidités, garanties de la puissance publique et protection renforcée des déposants. Mais jusqu’à aujourd’hui, la partie n’est pas encore gagnée.

Le premier sommet des chefs d’État et de gouvernement du G20 s’est tenu à Washington, les 14 et 15 novembre 2008. Ce Sommet sur les marchés financiers et l’économie mondiale a donné naissance au Plan d’action du G20 qui présentait des mesures visant à stabiliser l’économie mondiale et à prévenir d’autres crises ultérieures. Les dirigeants se sont réuni une deuxième fois à Londres, les 1er et 2 avril 2009. Dans le cadre du Sommet de Londres, les dirigeants ont poursuivi le travail qu’ils avaient commencé à Washington et ont annoncé une contribution sans précédent de 1,1 billion de dollars américains afin de rétablir le crédit, la croissance et les emplois dans l’économie mondiale. Cet engagement comprenait un apport de 750 milliards de dollars pour le Fonds monétaire international, de 100 milliards de dollars en prêts supplémentaires pour les banques multilatérales de développement, ainsi que de 250 milliards de dollars pour appuyer le financement du commerce. Seulement après les sommets de Washington et Londres, la communauté internationale a enfin décidé dans un monde globalisé des logiques de coordination sur divers plans : au plan monétaire par l’action concertée des banques centrales sur les taux d’intérêt et l’injection de liquidités; au plan politique par des plans concertés et des initiatives lancées en vue de renouveler les règles du système financier international. Pour donner suite aux mesures adoptées à Londres, les dirigeants du G-20 se réunirent une troisième fois, à Pittsburgh, les 24 et 25 septembre 2009. Le Sommet de Pittsburgh désigna ce forum comme le sujet principal pour la coopération économique internationale. Mais, ce qui n’était pas encore connu à Pittsburgh ils étaient les conséquences tangibles sur l’économie réelle. C’est-à-dire la baisse de la croissance, augmentation du chômage, l’impact sur les finances publiques et les répercussions sur le niveau d’endettement des États, la durée et l’ampleur de la crise.

Sur la durée et l’ampleur de la crise, la question était la suivante : la récession se serait-elle déroulée uniquement en 2009 ou pouvait-elle se prolonger en 2010 ? Mais, entre la fin de l’année 2009 et le milieu de l’année 2010, la crise de la finance privée se convertit en gonflement de la dette publique et en crise sociale surtout en Europe. La crise grecque de mai 2010 fut plus grave que celle de 2008 parce qu’elle concernait d’abord la solvabilité des États et non pas uniquement celle des banques ou l’endettement privé. La crise européenne devenait donc le nouveau problème économique pour les États membres de l’UE, mais aussi pour les domaines clés de l’économie mondiale.

Les chefs d’État et de gouvernement se rencontrèrent successivement au Canada et en Corée en 2010. Au sommet de Toronto, le dilemme fut rigueur opposée à la relance et une recherche très difficile d’un consensus parmi les participants du forum. La déclaration finale du G20 de Toronto fut une subtile synthèse entre les positions américaines et les points de vue européens. Tout le monde uni pour soutenir la croissance, mais tout divisé sur les meilleurs moyens pour consolider les faiblesses de la reprise économique mondiale. Une preuve de bonne volonté à coordonner les politiques à l’échelle planétaire, malgré les désaccords. Au mois de novembre 2010 à Séoul, les chefs d’État et de gouvernement renouvelèrent leur engagement à travailler ensemble à la prospérité de la planète, mais la réunion vit de fortes tensions entre les États-Unis et la Chine. Tensions qui empêchèrent un accord économique contraignant sur les devises et sur le commerce international. Le communiqué final du G20 de Séoul fut le résultat de douze heures de négociations diplomatiques pour ce qui concerne le petit compromis sur les monnaies. Le dossier sur une nouvelle coopération macro-économique visant à résorber les déséquilibres des balances courantes il resta très évasif. Toutefois, au lieu de fixer des objectifs et des sorties certaines pour un retour à l’équilibre, le sommet de Séoul se contenta de charger le FMI de développer et approfondir des indicateurs acceptables par tous et destinés à déterminer à partir de quel niveau d’excédents ou de déficits un pays devient dangereux pour les autres. L’accord de Bâle III, en revanche, qui consolidait les fonds propres et les liquidités des banques, il fut approuvé. Mais, la nouvelle question qui se posa à la communauté internationale fut : un État très endetté peut-il créer de la croissance et de l’emploi ? Un État très endetté peut-il poursuivre ses politiques sociales déjà fragiles ? Après la crise grecque, la contagion en Europe s’installa successivement au Portugal, en Irlande, en Espagne et en Italie.

Au sommet de Cannes, au mois de novembre 2011, les chefs d’État et de gouvernement cherchèrent à conjurer une propagation de la crise grecque. Les mêmes décidèrent de plus de placer sous surveillance d’autres pays européens. La crise européenne n’était plus circonscrite à la Grèce : le Portugal et l’Irlande avaient déjà reçu leurs propres plans de sauvetage. L’Italie était dans une situation dangereuse pour sa dette. L’Espagne, la cinquième économie du continent, dans la même situation pour son secteur bancaire. Il fallait éviter une nouvelle récession. Le sommet de Cannes, il aurait pu être une très grande occasion pour réfléchir sur l’édification d’une nouvelle gouvernance mondiale comme défi de la complexité, mais l’urgence de la situation renvoya la discussion. Sur la croissance mondiale et pour ce qui concernait l’élaboration d’une nouvelle gouvernance, la déclaration finale de Cannes affirma seulement une action générale sans spécifier des moyens concrets.

À la veille du sommet du G20 à Los Cabos nombreuses seront les questions pour les participants. La réunion abordera-t-elle en priorité la crise économique européenne ? Les pays de la zone euro seront-ils désormais confrontés à l’heure de vérité ? L’équilibre entre croissance économique et redressement budgétaire dans la zone euro sera-t-il discuté ? Encore, le G20 des temps de crise a-t-il accompli un travail considérable ? Le G20 a-t-il apporté des réformes structurelles? La régulation de la finance reste-t-elle seulement une question technique ou stratégique et politique ? Pourquoi cette régulation reste-t-elle encore insuffisante pour ce qui concerne les normes prudentielles et pour ce qui concerne les normes comptables ? 

Antonio Torrenzano

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L’économiste Elinor Ostrom, prix Nobel pour l’économie en 2009, est décédée le 12 juin 2012. Elle avait été la première femme à laquelle la banque de Suède avait attribué en 2009 le prix Nobel pour l’économie. Elinor Ostrom était peu connue dans le monde francophone. Professeure de sciences politiques à l’université d’Indiana aux États-Unis, elle avait mené ses recherches et ses analyses sur l’importance des biens communs. Son travail de recherche avait toujours été multidisciplinaire en combinant travail de terrain, théorie des jeux et économie expérimentale pour mieux affronter la complexité de notre temps présent. Approche multidisciplinaire que Elinor Ostrom soulignait presque toujours pendant ses séminaires avec la suivante affirmation : « there is not yet a single well-developed theory that explains all of the diverse outcomes obtained in microsettings ». Dans son essai « La gouvernance des biens communs » (éd. De Boeck, 2010), publié en français vingt ans après sa publication aux États-Unis, Elinor Ostrom affirmait que le système capitaliste occidental en poursuivant seulement le profit il était en train de détruire la pérennité des ressources communes sans contribuer à nouvelles créations. Ce carnet numérique pour rappeler les recherches d’Elinor Ostrom publie un extrait de la conversation que la chercheuse française Alice Le Roy a eue avec le prix Nobel le 14 juin 2010 à Bloomington aux États-Unis. L’entière conversation peut être lu sur le site de la chercheuse Alice Le Roy à la suivante indication numérique http://www.aliceleroy.net

Alice Le Roy. « Governing the Commons », votre livre le plus connu, a été traduit en français, vingt ans après sa publication aux États-Unis. Dans cet ouvrage, vous vous attaquez à deux théories : la « Tragédie des communs », qui postulent que chaque individu cherche à maximiser ses gains aux dépens de la pérennité d’une ressource commune, et la théorie dite du « Passager clandestin », qui démontre que dans certaines conditions les individus sont incités à profiter d’un bien commun sans contribuer à sa création.

Elinor Ostrom. Dans l’article « La Tragédie des communs », Garrett Hardin prend l’exemple d’une zone de pâturage. Selon lui, le bien commun, ouvert à tous, est promis à la ruine, chaque éleveur ayant intérêt à agrandir son troupeau puisqu’il retire intégralement le bénéfice de chaque animal supplémentaire, alors qu’il ne subit qu’une fraction des coûts collectifs. Avec cet article, ainsi qu’avec la théorie du « passager clandestin », énoncée par Mancur Olson, on a affaire à une démonstration théorique, plutôt qu’empirique. Cette théorie de l’action collective, qu’en plaisantant j’appelle théorie de l’inaction collective, prédit à son tour que les individus chercheront à profiter des efforts collectifs des autres sans y apporter de contribution. La conclusion était qu’il fallait donc soit essayer d’imposer des droits de propriété privée, soit faire appel au gouvernement pour qu’il impose une solution. Dans « Governing the Commons », je ne nie pas que le modèle hiérarchique fondé sur l’intervention gouvernementale peut fonctionner, dans certains cas, tout comme les solutions basées sur le marché. Mais ce qui importe, c’est d’analyser ces questions sans idées préconçues. Est-ce que les solutions envisagées correspondent vraiment aux conditions locales ? Le marché, le gouvernement, une communauté, peuvent être créés comme des fictions. Mais imposer une fiction sur une situation réelle ne mène en général pas à la réussite.

Alice Le Roy. Vous avez démontré qu’il était important de déterminer les limites biophysiques d’une ressource avant de déterminer un mode de gestion.

Elinor Ostrom. Oui. Il est important d’en connaître les contours. Pour les nappes phréatiques dans le sud de la Californie, nous savions où était l’océan, mais on ne savait pas grande chose d’autre. Quelle était l’histoire de l’utilisation de la ressource dans le passé ? Et comment peut-on faire pour faire reconnaître cela de manière incontestable ? Une fois que le débat contradictoire a abouti à un consensus, ça reste compliqué de parvenir à un accord. Mais au moins, cela devient possible.

Alice Le Roy. Vous avez grandi pendant la Dépression, le New Deal puis la Deuxième Guerre mondiale. Vous avez déclaré avoir découvert à ce moment-là que les individus pouvaient être motivés par autre chose que la seule recherche du profit individuel.

Elinor Ostrom. J’ai découvert ça avec ma mère, avec qui je jardinais dans un Victory Garden pendant la guerre à Los Angeles (NDR : les Victory Gardens étaient des jardins potagers qui devaient permettre d’augmenter l’autosuffisance alimentaire des Américains pendant la Deuxième Guerre mondiale). C’était assez dur d’ailleurs, surtout quand il fallait mettre les fruits en conserve alors qu’il faisait plus de 30 degrés. Mais c’est aussi là que j’ai beaucoup appris sur la nécessité d’investir pour l’avenir.

Alice Le Roy. Vous employez des méthodes inhabituelles. En plus de mener des recherches sur le terrain, vous travaillez dans un cadre pluridisciplinaire.

Elinor Ostrom. Mon jury de thèse était composé d’un sociologue, d’un géologue, d’un économiste et d’un ingénieur hydrographe. Notre sentiment de frustration lié au manque de travail pluridisciplinaire dans le monde universitaire nous a ensuite poussé Vincent Ostrom et moi à démarrer un séminaire mêlant économie et science politique. Les travaux de recherche à l’Atelier de théorie et d’analyse des politiques publiques font aussi appel au droit, souvent à l’anthropologie, et maintenant nous travaillons de plus en plus souvent avec des géographes, des chercheurs issus d’écoles de gestion, des spécialistes de la théorie des jeux, de l’économie expérimentale, et bien d’autres.

Alice Le Roy. Pourquoi l’approche pluridisciplinaire est-elle si peu répandue ?

Elinor Ostrom. Pour beaucoup, il est plus rassurant de se cantonner à sa discipline, on publie plus aisément. Pour être nommé professeur, pour avoir une promotion, il vaut mieux que vos pairs reconnaissent votre contribution à un domaine. Cela dit, je ne conseille pas à mes étudiants de maîtriser sept ou huit approches différentes pour leur thèse. Ce que je leur dis, c’est d’utiliser des méthodes multiples, qu’ils en connaissent au moins deux très bien et qu’ils se familiarisent avec deux autres, situés à la lisière de leur discipline. Je pousse ceux des étudiants qui envisagent d’utiliser les systèmes d’information géographique (SIG) et la détection à distance de le faire avec sérieux. Ça ne s’apprend pas en quelques semaines, il faut au moins un an d’apprentissage.

Alice Le Roy. Dans vos travaux vous n’utilisiez jamais les mots « capitalisme » . Pourquoi ?

Elinor Ostrom. Eh bien parce que lorsque vous voulez diagnostiquer un problème dans le corps humain, l’utilisation d’un seul terme suffit rarement. Je pense que, de la même manière, nous devrions nous pencher plus sérieusement sur les problèmes dans le corps social. Il faut se poser beaucoup de questions avant d’avoir une bonne idée de la manière d’établir un diagnostic. La méthode diagnostique me semble d’ailleurs très importante dans le domaine des sciences sociales.

Alice Le Roy. Votre travail de recherche s’est tourné vers la connaissance, envisagée comme un bien commun. Quelles sont les principales pistes de réflexion dans ce domaine ?

Elinor Ostrom. Il reste de nombreuses énigmes. Nous savons par exemple que certains brevets protègent ceux qui font de nouvelles découvertes, mais que si on n’y prend garde, la législation sur la propriété intellectuelle peut entraîner la création d’un monopole qui exclut des usagers pendant de très nombreuses années. Dans le domaine de la connaissance, il se passe en même temps des choses très enthousiasmantes, comme le copyleft et les licences sous Creative Commons, qui permettent d’empêcher que des données ou un texte soient utilisés sans en citer la référence. Je suis très heureuse que mes travaux circulent sur le Net, et je suis également contente d’y trouver beaucoup de recherches. Cela devrait nous obliger à adopter une attitude respectueuse vis-à-vis du travail de longue haleine fourni par d’autres.

Alice Le Roy

 Bibliographie électronique.

Elinor Ostrom, « La gouvernance des biens communs : Pour une nouvelle approche des ressources naturelles », Paris, Ed. De Boeck, 2010.

Elinor Ostrom, « Governing the Commons: The Evolution of Institutions for Collective Action », Cambridge University Press, 1990.

Elinor Ostrom, Larry Schroeder et Susan Wynne, « Institutional Incentives and Sustainable Development: Infrastructure Policies in Perspective », Oxford, Westview Press, 1993.

Charlotte Hess et Elinor Ostrom, « Understanding Knowledge as a Commons: From Theory to Practice», The MIT Press, Cambridge, Massachusetts, 2007.

Roy Gardner, Elinor Ostrom et James Walker « Rules, Games, and Common Pool Resources » , University of Michigan Press, 1994.

Elinor Ostrom, « Understanding Institutional Diversity », Princeton, Princeton University Press. 2005.

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Le sommet 2012 du G20 aura lieu à Los Cabos, au Mexique, les 18 et 19 juin. Cette septième édition de la réunion du G20 sera la première à se dérouler en Amérique latine. L’année dernière, le sommet s’était déroulé à Cannes. Le G20 réunit les principales économies avancées et émergentes du monde. Le forum est composé de 19 pays : l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, l’Italie, l’Inde, l’Indonésie, le Japon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie et la Turquie et de l’Union européenne. Ensemble, ses membres représentent environ 90 % du PIB mondial et deux tiers de la population mondiale. Les rencontres du G20 se déroulent toujours avec la participation du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque Mondiale.

L’agenda officiel de la présidence mexicaine du Sommet G20 à Los Cabos, où se réunissent les chefs d’État et de gouvernement, prévoit des réunions sur la croissance durable, sur le développement et sur tous les domaines clés de l’économie mondiale. Le sommet devra aborder aussi la crise économique européenne au lendemain des nouvelles élections législatives en Grèce après un premier scrutin au mois de mai, qui décidera du maintien ou non du pays dans la zone euro. Les deux autres domaines prioritaires à Los Cabos, depuis la réunion de Washington en 2008, seront de poursuivre le renforcement de l’architecture financière internationale et d’obtenir de nouvelles avancées substantielles dans la réforme des marchés financiers. Au contraire, pour ce qui concerne le domaine de l’augmentation de la croissance et de l’emploi, ce sujet avait déjà été traité pendant la dernière réunion du G8 de Camp David, les 18 et 19 mai 2012.

Sur ce dernier thème, la France rappelle qu’il y a un ordre du jour mondial de croissance et d’emploi sur lequel travailler sans se faire laisser déborder par l’urgence. Les autres domaines du programme seront la sécurité alimentaire et la nutrition pour faire sortir presque 50 millions de personnes de la pauvreté au cours des dix années à venir, les engagements pour soutenir les pays arabes en transition et des actions sur l’environnement. En outre, le Mexique confirmera sa proposition de renforcer le libre-échange en tant qu’instrument de la croissance économique mondiale, comme le président Felipe Calderon a ajouté pendant une conférence de presse.

Les participants du sommet au Mexique réussiront-ils à adopter un plan d’action économique à long terme ? La réunion du G20 au Mexique s’inscrira-t-elle dans la suite des sommets précédents ? La crise économique reste bien profonde et la situation est encore très préoccupante dans plusieurs pays de l’occident.

Antonio Torrenzano

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Dialogue avec Asma Jahangir, avocate, présidente de l’Association du barreau de la Cour suprême pakistanaise, présidente de la Commission des droits de l’homme de son Pays. Asma Jahangir est également rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction et écrivain. Lauréate du prix Prix UNESCO/Bilbao pour la promotion d’une culture des droits de l’homme 2010 et du Prix Four freedon award dans la même année. Asme Jahangir est autrice de nombreux essais, publiés en langue anglaise, dont « Divine Sanction? The Hudood Ordinance » en 1988 et «Children of a Lesser God: Child Prisoners of Pakistan » en 1992. L’entière conversation, recueillie par la journaliste Irina Zoubenko-Laplante (fonctionnaire international à la division des droits de l’homme, de la philosophie et de la démocratie) a été publiée sur la revue « Le courrier de l’UNESCO », numéro 02, mois avril-juin 2011, 64e année, dirigée par Éric Falt. Tous les numéros de la version électronique du Courrier de l’UNESCO peuvent être lus à la suivante indication numérique http://www.unesco.org/fr/courier

Irina Zoubenko-Laplante. Au début des années 1980, vous avez créé le centre d’assistance juridique AGHS géré exclusivement par des femmes.

Asma Jahangir. Lorsque j’ai terminé mes études, mon diplôme de droit de l’Université du Penjab en poche, j’ai réalisé que je n’allais pas trouver de cabinet juridique pour m’engager. Je me suis dit que la meilleure solution serait certainement de monter mon propre cabinet. Je me suis alors associée avec deux amies, puis avec ma soeur, Hina Jilani. C’était une époque où les femmes faisaient l’objet d’une oppression totale. Le mouvement des femmes était en train de naître, mais il y avait aussi un mouvement des avocats. Nous nous sommes retrouvées au centre de ces deux groupes et nous avons commencé à militer assez rapidement.

Irina Zoubenko-Laplante. Que peut-on faire pour améliorer la condition de la femme ?

Asma Jahangir. Avant tout, promouvoir les droits économiques des femmes, qui manquent cruellement dans de nombreux pays. Les femmes n’ont pas le même statut que les hommes. Même si elles travaillent, elles ne reçoivent pas le même salaire que leurs équivalents masculins à travail égal. De plus, la violence contre les femmes est rampante. Nous devons commencer par mieux informer les femmes de leurs droits, un domaine dans lequel d’énormes progrès ont déjà été réalisés. Et ensuite, nous devons effectuer un travail de sensibilisation sur les droits des femmes auprès de différents acteurs, comme le pouvoir judiciaire, le parlement, les médias, etc. Nous avons obtenu des avancées, mais elles ne sont pas suffisantes.

Irina Zoubenko-Laplante.La promotion de l’égalité des genres peut-elle contribuer à atteindre les Objectifs du Millénaire, en particulier de réduire la pauvreté ?

Asma Jahangir. Je pense que cette aspiration des Nations Unies est louable, mais il est évident qu’il sera impossible d’atteindre ces objectifs d’ici à l’échéance prévue, en 2015. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il faille baisser les bras. Je pense que le problème des enfants et de la pauvreté est particulièrement grave à l’heure actuelle. Je suis persuadée que les enfants sont les premières victimes de la pauvreté, qu’il s’agisse des enfants défavorisés, des enfants victimes d’abus sexuels, des enfants utilisés pour mendier (une pratique de plus en plus courante) ou des enfants vendus.

Irina Zoubenko-Laplante. D’après votre expérience en tant que rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de religion ou de conviction, que pensez-vous des capacités humaines de tolérance et d’ouverture ?

Asma Jahangir. Ce mandat très délicat et intellectuellement stimulant m’a beaucoup appris. Par exemple, il n’existe aucun pays au monde où les préjugés n’existent pas et en même temps, il n’existe aucun pays au monde où personne ne lutte contre l’intolérance. Nous devons être conscients de cette réalité aux différents échelons du pouvoir qui doivent édifier des politiques de lutte contre les préjugés et l’intolérance. L’éducation joue un rôle particulièrement important, mais encore faut-il savoir de quel type d’éducation on parle. Dans la région du monde d’où je viens, des personnes ont été radicalisées et militarisées au nom de l’éducation. Nous souhaitons une éducation de qualité, qui ne repose pas simplement sur les manuels, mais aussi sur les interactions entre les enfants de diverses communautés. L’éducation ne doit pas se contenter d’enseigner des tabous, mais plutôt inculquer un vrai respect de la dignité humaine. Par exemple, on n’enseigne pas aux enfants que les gens peuvent s’habiller différemment, qu’un homme peut s’habiller comme une femme, sans s’attirer le mépris des autres, ou qu’une femme peut porter le voile sans que cela signifie qu’elle pense différemment. Je ne vois pas ce type d’enseignements dans aucun manuel scolaire, que ce soit en Occident ou en Orient. À cause des conflits, certains pays se retrouvent isolés et n’ont plus de relations avec leurs voisins, qui sont pourtant fondamentales. En même temps, je pense que le monde doit maintenir sa diversité et ses différentes idéologies, mais il est nécessaire d’insister sur les limites à ne pas franchir. Je ne peux pas forcer une personne à penser comme moi sous la menace d’une arme : je peux la convaincre dans le respect de certaines limites, qui excluent l’abus et la menace. Si je commence à agir ainsi, je fais évidemment preuve d’intolérance. Et si l’on établit des lois discriminatoires, on fait évidemment preuve d’intolérance. Quant à justifier des lois sur la base des normes sociales et de la religion, c’est quelque chose que les pouvoirs publics devront reconsidérer. C’est faire insulte à son propre peuple que de lui dire qu’il est moins digne que les habitants d’autres pays. La question de la dignité est universelle.

Irina Zoubenko-Laplante

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Conversation avec Mona Eltahawy, journaliste, blogueuse, professeur en sciences de la communication auprès de l’université New School de New York, de l’université de l’Oklahoma et également de l’université des Nations Unies en Costa-Rica. Née à Port Said en Égypte, Mona Eltahawy a 44 ans. Elle a vécu au Royaume-Uni, en Israël, en Arabie Saoudite avant de s’établir aux États-Unis dans les années 2000. Dans les années quatre-vingt-dix, elle a été journaliste correspondante pour l’agence de presse Reuters au Caire et à Jérusalem. Successivement, ses écrits ont été publiés sur les principaux quotidiens américains, anglais et canadiens comme le Toronto star, le Washington Post, The New York Times , International Herald Tribune et The Guardian. En 2009, Mona Eltahawy a été lauréate du prix Samir Kassir de l’Union européenne pour la liberté de presse et l’année suivante du Prix de la fondation Anna Lindh. La conversation a eu lieu à Turin (circolo dei lettori)) et à Bologne (près de l’université, faculté de sciences de la communication) au mois de mars 2012 pendant deux séminaires tenus par Mona Eltahawy dans les deux villes italiennes. Le site numérique de Mona Eltahawy est http://www.monaeltahawy.com

Antonio Torrenzano. Les révoltes au Proche-Orient représentent-elles un changement historique unique ?

Mona Eltahawy. Les révoltes au Proche-Orient sont des révolutions. Il faut effacer l’image du « printemps arabe » qui distrait et qui réduit la vraie nature du changement social et politique en cours. Encore, ces révolutions ne sont pas non plus de révolutions virtuelles. Ces révoltes ont provoqué de la violence, des individus tués, des individus arrêtés et tapés, du monde qui a été intoxiqué de gaz lacrymogènes. La révolte n’a pas été seulement un printemps qui passe, mais un phénomène social et politique dont les effets ont désormais atteint des endroits très lointains de Place Tahrir.

Antonio Torrenzano. Vous avez vécu les protestations de Place Tahrir. Ces protestations vous les avez racontées sur les quotidiens internationaux et dans les réseaux sociaux. Dans le même lieu public, vous avez été arrêtée par les forces de l’ancien régime. Les femmes ont-elles risqué plus d’autres individus ?

Mona Eltahawy. J’ai été arrêtée et j’ai été frappée. Et après mon arrestation, j’ai subi des violences psychologiques et sexuelles. Les anciennes dictatures arabes opprimaient hommes et femmes de la même façon. Les femmes égyptiennes par leurs protestations ont montré un très haut courage. Du courage tout au féminin pour la liberté, pour les droits humains, pour leur dignité. Courage qui m’a fait oublier la peur quand je racontais comme journaliste les événements de ces jours là.

Antonio Torrenzano. Les réseaux sociaux et le Net ont-ils été de moyens importants pendant la révolte?

Mona Eltahawy. La révolte en Égypte n’a pas été seulement une révolution numérique comme beaucoup d’observateurs internationaux ont affirmé. La révolte a vu une immense foule des femmes et des hommes descendre dans la rue pour réaliser leur rêve de liberté. Cette foule a été tapée, elle a subi de violence de manière réelle et non virtuelle. Une chose toutefois est certaine ; en Égypte, les réseaux numériques ont permis à tout le monde d’affirmer : j’existe et je compte. De trouver dans le Net d’autres individus qui pensaient la même chose et qui avaient les mêmes idées. Les réseaux sociaux alors ont offert l’occasion à cette communauté de dialoguer et puis de se retrouver dans la rue.

Antonio Torrenzano. Cet usage du numérique, vous venez d’affirmer, il a été utile, mais non décisif. A-t-il été décisif dans les autres révoltes de la région ?

Mona Eltahawy. L’usage des moyens numériques en Égypte ou dans le Bahreïn n’est pas comparable à celui du Yémen ou à ce que nous voyons dans ces jours en Syrie, où la censure est presque totale.

Antonio Torrenzano

* Un remerciement particulier au photoreporter Christian Als pour l’image de Mona Eltahawy.

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Conversation avec Tawakkol Karman, prix Nobel de la paix, journaliste, blogueuse, militante non violente. La journaliste yéménite a été une des trois lauréates du prix Nobel de la paix en partageant l’hommage du comité Nobel norvégien avec les Libériennes Ellen Johnson Sirleaf et Lemah Gbowee. Par ses écrits, cette jeune Femme de 32 ans, mère de trois enfants, a fait connaitre tous les acteurs du printemps arabe et les événements de la contestation au Yémen, mais aussi le sentiment d’injustice de 22 pays arabes. De la Libye à l’Égypte en passant par la Tunisie et la Syrie. Tawakkol Karman par ses écrits est la témoin du printemps arabe qui veut en finir avec des régimes corrompus. En 2005, elle crée l’association Femmes journalistes sans chaînes (WJWC), un groupe de défense de la liberté de pensée et d’expression. Experte de nouvelles technologies, elle a été la première à utiliser le téléphone portable pour faire circuler des minimessages sur la situation des droits de l’homme dans son pays. À la journaliste a été également le prix International Woman of Courage aux États-Unis en 2011. L’entretien a eu lieu dans la ville de Turin près du Conservatorio Giuseppe Verdi, le sept février 2012 pendant un séminaire du prix Nobel sur le thème « La paix et les droits humains ». Un spécial remerciement à la mairie de Turin pour l’image de Tawakkol Karman.

Antonio Torrenzano. Les femmes, quel rôle jouent-elles dans les changements en cours au Proche-Orient ? Le « génie féminin » pourra-t-il être le moteur du changement social et politique ?

Tawakkol Karman. Les femmes sont engagées dans ces changements autant que les hommes. Les femmes sont détentrices de savoirs cruciaux qui peuvent produire un vrai changement social. Elles sont dans les rues, dans toutes les manifestations pacifiques pour réclamer un véritable changement. Elles ont également donné leur vie pour la liberté. Toutes les femmes au Proche-Orient sont en première ligne. Les femmes ont leurs idées et elles veulent les expliquer dans la vie politique, dans les élections, dans la rédaction d’une nouvelle constitution par exemple dans mon Pays. Nous voulons exprimer nos opinions et participer à la construction d’États arabes contemporains. Les capacités féminines doivent être des moteurs de changement social pour le bien de tout le monde. Je suis optimiste.

Antonio Torrenzano. Vous avez rencontré après le prix Nobel de la paix la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, le premier ministre britannique David Cameron et le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé, quel message avez-vous porté à ces représentants politiques ?

Tawakkol Karman. D’écouter les nouvelles générations du monde arabe et leurs rêves.

Antonio Torrenzano. Les femmes risquent-elles plus d’autres individus ?

Tawakkol Karman. Le risque est bien réel, mais nous sommes prêtes à nous battre. La plupart de femmes connaissent très bien les risques qu’elles courent et les difficultés du quotidien. La révolte arabe est une révolution morale. Cette révolte est portée par la société civile et une foule des gens ordinaires. Pauvres, riches, jeunes, vieux, femmes : ils sont sortis dans la rue sans le soutien des partis politiques et loin d’analyses politiques ou idéologiques. Tout le monde veut seulement réaliser leur rêve de dignité et de liberté.

Antonio Torrenzano. Croyez-vous que la communauté internationale occidentale comprenne ce changement historique et unique en cours ?

Tawakkol Karman. Je pense que la communauté internationale n’arrive plus à suivre ce qui se passe dans le monde arabe. Les pays occidentaux sont toujours dépassés par les événements et leurs analyses ne dépassent pas la semaine. Les Occidentaux préféreront-ils être les alliés d’une jeunesse porteuse d’un nouveau projet d’avenir ou les partenaires de régimes dépassés ? Personne ne pourra s’opposer à la volonté des jeûnes. Nous sommes en train d’apprendre la démocratie par étapes. La démocratie arrivera dans le monde arabe.

Antonio Torrenzano

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Conversation avec Michelle Bachelet, chirurgienne de formation, ancienne présidente du Chili du 2006 au 2010. Michelle Bachelt est la première Secretaire générale adjointe et directrice exécutive d’ONU Femmes. L’ancienne présidente chilienne est à la tête de la nouvelle agence des Nations Unies, depuis le 14 septembre 2010. L’entière conversation, recueillie par la journaliste Jasmina Sopova, a été publiée sur la revue « Le courrier de l’UNESCO », numéro 02, mois avril-juin 2011, 64e année, dirigée par Éric Falt. Tous les numéros de la version électronique du Courrier de l’UNESCO peuvent être lus à la suivante indication numérique  http://www.unesco.org/fr/courier

Jasmina Sopova. Quelle est la place de l’égalité des genres dans les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ? Comment pensez-vous pouvoir lui donner plus d’importance ?

Michelle Bachelet. Parvenir à l’égalité des genres, objectif numéro trois des OMD, est primordial pour la réalisation de tous les autres objectifs. Nous continuerons à faire valoir, d’ici à 2015 – année butoir des OMD – le lien crucial existant entre l’égalité des genres et tous les autres objectifs, qu’ils concernent la pauvreté, la santé, l’éducation ou l’environnement. Un des problèmes prioritaires qui nous concernent est la mortalité maternelle. Sur le plan mondial, nous sommes loin d’avoir progressé suffisamment. Nous pouvons – et devons – faire plus. Sauver davantage de vies lors de l’accouchement demande des connaissances élémentaires et des moyens peu chers qui pourraient être facilement disponibles partout, si les gouvernements et la communauté internationale décidaient vraiment d’en faire une priorité.

Jasmina Sopova. Avez-vous l’intention de vous engager davantage dans certains pays? Pour quelles raisons ?

Michelle Bachelet. Nous allons travailler avec tous les États membres de l’ONU qui font appel à nous, que ce soit des pays développés ou en développement. L’ONU Femmes est actuellement présente à des niveaux variables dans environ 80 pays, et nous aurons besoin de renforcer notre présence dans les pays qui en ont le plus besoin. Nous allons le faire progressivement, notamment au fur et à mesure que nous développerons nos capacités et ressources institutionnelles.Dans chaque pays, une des priorités sera d’atteindre les groupes de femmes les plus marginalisées. Ce sont elles qui ont le plus besoin du soutien de l’ONU Femmes et les atteindre peut être la meilleure façon d’utiliser nos ressources. Comme l’UNICEF a commencé à le démontrer, la méthode la plus efficace consiste à investir dans la partie de la population la plus exclue.

Jasmina Sopova. Le nombre de femmes élues à la tête des États, des gouvernements et des agences de l’ONU est en hausse ces dernières années. Ce phénomène a-t-il déjà des effets positifs sur les questions les plus brûlantes concernant les femmes dans le monde ?

Michelle Bachelet. Dans une perspective historique, des progrès immenses ont été accomplis. Bien qu’il reste toujours des défis, l’égalité des genres est entrée dans une dynamique qu’elle n’a jamais connue par le passé. Cela est vrai à la fois sur le plan international et au sein de la majorité des pays. La raison en est que les femmes ont pris en main la défense de l’égalité des genres, à différents niveaux, aussi bien au sein de leur communauté qu’à la tête des États. Les femmes dirigeantes ont fait en sorte qu’un nombre croissant de personnes comprennent que les femmes doivent être impliquées dans l’économie, que la violence dont elles sont l’objet doit être endiguée, et leur capacité à être des moteurs de changement encouragé pour le bien de tous. Et, bien entendu, que nous devons fournir les moyens et entreprendre les actions nécessaires pour atteindre ces objectifs – comme nous l’avons fait en partie avec la création de l’ONU Femmes, promue «championne » de la défense des droits de la femme dans le monde.

 Jasmina Sopova

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La condition de la femme a beaucoup évolué depuis longtemps, mais l’égalité des genres dans la planète reste encore une question ouverte à réaliser. L’égalité des genres est au coeur des droits humains et des libertés fondamentales qui sont des valeurs essentielles à la dignité de chaque individu, à la prospérité des sociétés. Rejoindre une vraie égalité est donc vital. Selon Irina Bokova, directrice générale de l’UNESCO, elle est nécessaire pour lutter contre la pauvreté extrême, atténuer les effets du changement climatique, parvenir à un développement durable et à une paix consistant dans le globe.

Pour l’écrivaine Toni Morrison, lauréate du prix Nobel pour la littérature en 1993, « être femme… c’est encore une blessure ouverte qui ne peut guérir ». Femmes et jeunes filles sont encore les premières victimes des conflits armés, les premières victimes qui souffrent de manière disproportionnée toutes les situations d’émergence et de reconstruction qui précèdent le retour à la vie civile de chaque sanglant conflit. Et bien souvent, ce sont elles-mêmes qui oeuvrent le plus efficacement en faveur de la réconciliation dans leurs pays. Elles restent toutefois encore rares à la tête des démocraties de la communauté internationale. Sur la scène politique, la marche vers la parité des sexes reste lente.

Les Nations unies ont fait valoir ces raisonnements dans les derniers deux ans dans les nombreuses réunions internationales : pendant le Sommet sur les objectifs du millénaire au développement qui a eu lieu à New York au mois de septembre 2010, au Sommet G20 organisé à Séoul, pendant le Forum économique mondial de Davos en 2011. Selon l’Union interparlementaire de Genève, les femmes progressent sur les bancs des assemblées du monde avec une présence moyenne de 19,1% des sièges dans toutes les chambres des parlements.

Mais, l’Union interparlementaire affirme encore que « l’objectif d’arriver à l’équilibre entre hommes et femmes en politique soit encore lointain dans de nombreux pays ». Ce carnet numérique a déjà raconté des histoires remarquables il y a deux ans et en 2011. Ce carnet a déjà raconté des histoires des femmes pionnières. Femmes, qui à la tête de leur pays, ont-elles encouragé d’autres femmes à se faire entendre. C’est l’exemple de Michelle Bachelt, ancien président du Chili, qui se souvient très bien de son travail de pionnière. «Comme jeune mère – affirme Michelle Bachelet – j’ai connu la difficulté d’avoir à équilibrer carrière et vie de famille et j‘ai vu que l’impossibilité de faire garder ses enfants empêchait les femmes d’accéder à un emploi rémunéré ».

Ou encore Ellen Johnson Sirleaf, entrée dans l’histoire en 2006 lorsqu’elle fut élue présidente du Libéria, une première dame en Afrique. Ellen Johnson Sirleaf, prix Nobel de la paix en 2011, femme engagée pour les droits humains et les droits des femmes, a connu dans presque plus de 30 de carrière la prison et l’exil, mais elle a fait preuve d’une robuste détermination pour imposer la paix à son pays ravagé par dix ans de guerre civile. Les parcours de Michelle Bachelet et de Ellen Johnson Sirleaf sont parcours de femmes d’exception pour la persévérance, pour le sens d’engagement, pour le pragmatisme, pour la vision de l’avenir. Mais, pourquoi restent-elles encore des exceptions ?

Antonio Torrenzano

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Le monde est en train de vivre de profonds changements. Changements pas seulement financiers et économiques, mais aussi politiques, sociaux et institutionnels. Est-il urgent de réinventer un nouveau modèle de croissance ? Est-il urgent de mettre fin aux inégalités et à la pauvreté qui rongent le lien social? Est-il urgent de renouer un fort idéalisme pour redonner du sens à la vie ?

Le sociologue Alain Touraine, directeur d’études à l’EHESS, prix Prince des Asturies en 2010, nous donne ses réflexions et ses points de vue pendant le colloque tenu près de l’École Normale Supérieure.