ActualitéBlogrollWeblogs

La situation catastrophique de la Corne de l’Afrique de ces deux derniers mois peut devenir une source de graves déséquilibres. Près de douze millions de personnes sont aux prises avec la sécheresse et l’insécurité alimentaire. La chute du Mur de Berlin en 1989 et l’apaisement des tensions est-ouest n’ont pas gagné la Corne de l’Afrique. Après l’échec de l’opération Onusom (1992-93) et le retrait des États-Unis, la communauté internationale a laissé la Somalie s’enfoncer dans une guerre civile espérant qu’elle serait restée circonscrite à la péninsule. Toutefois, dans le nouveau contexte international des années 2000, ce conflit régional de basse intensité a enflammé l’ensemble de la Corne de l’Afrique en produisant une instabilité continue, des guerres sanglantes, la mort de nombreux innocents entre lesquels de femmes et des enfants.

Après 20 ans de guerre civile, la Somalie – nation « culturellement » homogène – n’a pas retrouvé son unité à laquelle le Somaliland sécessionniste a renoncé. Curieusement, en revanche, Djibouti, l’Érythrée et l’Éthiopie, États multiculturels avec plusieurs langues, cultures et religions ont affermi, dans une manière unitaire ou bien fédérale, leur unité. La Somalie est l’épicentre de cette horrible famine, mais la crise alimentaire est régionale. Les Somaliens sont à bout. Les Nations Unies ont récemment déclaré que 10% des enfants de moins de 5 ans meurent chaque semaine en Somalie à cause de la famine. Toujours, l’organisation onusienne considère que 11,5 millions de personnes dans la région ont besoin d’aide alimentaire dans les prochains mois. Mais la situation politique et l’insécurité sur le terrain en Somalie sont en train de retarder l’assistance aux populations.

Au cours des vingt dernières années, les famines dans la Corne de l’Afrique ont fait, en trois occasions, irruption sur la scène politique mondiale. En Éthiopie en 1984-1985, au Sud-Soudan en décembre 1988, en Somalie en décembre 1992. Les organisations internationales affirment : «qu’il s’agit cette fois d’une combinaison entre une catastrophe naturelle et une catastrophe provoquée par l’intervention humaine. Il ne faut pas nier que l’ampleur de cette catastrophe résulte d’une grave sécheresse, l’année la plus sèche en six décennies, dans certaines parties de la région. Mais cette crise a été provoquée par l’homme et par la politique que par la nature ». À Mogadiscio, par exemple, la crise alimentaire est liée aux destructions causées par la guerre civile. Les vingt années, de chaos politiques qui ont suivi l’effondrement du régime du président Mohammed Siad Barre, ont empêché les paysans de cultiver leurs sols et d’acheminer leur production. Mais toutes les mesures pour stabiliser la situation en Somalie ne sont pas réalisables sans une amélioration de la situation géopolitique de la région de la Corne.

Combattre la famine est un devoir moral, mais aussi une nécessité politique. Car il n’y aura pas de sécurité durable sans la résolution du conflit somalien qui persiste depuis trop de temps.

Antonio Torrenzano

* Un spécial remerciement à la photoreportère Paula Nelson pour l’image.

ActualitéBlogrollEconomieWeblogs

Conversation avec Noreena Hertz, économiste, essayiste, professeur et doyen associé au Centre for International Business and Management à l’université de Cambridge. Dans les années quatre-vingt-dix, Noreena Hertz a été conseiller économique du Fond monétaire international (FMI) à Moscou. À la fin des années quatre-vingt-dix, l’économiste travaille au Proche-Orient comme responsable de l’ONG Center for Middle East Compétitives Strategy où elle collabore avec l’Autorité palestinienne, le gouvernement Israélien, Jordanien et Égyptien pour le développement de programmes financiers et initiatives économiques pour débloquer la crise dans la région après la mort de Yitzhak Rabin. Autrice de nombreux essais dont « Russian Business Relationships in the Wake of Reform » dans l’année 1997, « The Silent Takeover : Global Capitalism and the Death of Democracy » en 2002, « The Debt Threat : How Debt Is Destroying the Developing World » publié dans l’année 2005. L’argument phare de Noreena Hertz est sur les processus de globalisation, et le pouvoir, sans cesse plus importants des multinationales, qui ont rendu les gouvernements démocratiques impuissants à influencer les décisions clés qui guident la vie quotidienne des gens ordinaires. Le dialogue avec M.me Hertz a eu lieu dans la ville italienne de Reggio Émilia en occasion d’un séminaire organisé par la confédération de sociétés coopératives Legacoop au mois de juin 2011.

Antonio Torrenzano. L’économie coopérative est-elle une solution aux instabilités financières et économiques qui ont produit le désastre contemporain ?

Noreena Hertz. L’histoire offre de nombreux exemples de folie financière dans nos pays industrialisés, mais il y a des choses que nous pouvons faire pour atténuer les dégâts. Nous avons besoin d’urgence d’une nouvelle discussion franche et sincère sur les limites du néolibéralisme et du libre-échange. Le capitalisme est instable par nature, mais décider de refuser tout ce qui vient de ce vieux modèle il est probablement faux et inexact. Je crois en effet qu’à l’intérieur de ce modèle, il y a encore quelque chose de favorable. Le capitalisme, il a toujours exalté l’innovation, l’envie d’expérimenter de nouveaux produits, de nouveaux systèmes d’organisation. Cette idée représente encore aujourd’hui une stimulation pour le développement des entreprises et pour la naissance de nouvelles idées. Celui-ci est l’aspect du capitalisme que je ne veux pas repousser. Je repousse en revanche de l’ancien modèle la gestion du profit, limité à un entourage très resserré d’individus. Cet aspect je le trouve terrible et dépassé. La dernière crise financière et économique qui a bouleversé l’Occident, il est selon moi une extraordinaire opportunité pour faire accomplir un énorme pas de type évolutif à ce modèle. L’économie coopérative alors devient une possible réponse.

Antonio Torrenzano. Votre réponse me rappelle d’anciennes analyses du professeur John Kenneth Galbraith qui affirmait : «… je ferai remarquer qu’une crise financière épure le système bancaire, le système industriel et, dans une certaine mesure, le gouvernement de leurs incompétences ». Dans vos analyses économiques autant que dans vos essais, vous affirmez qu’il faut revenir à conjuguer le principe de la solidarité avec celui-ci, de la compétition économique. Mais pour conjuguer solidarité et concurrence la communauté occidentale aurait-elle besoin de nouvelles lois internationales pour une surveillance majeure de la finance et d’institutions économiques mondiales avec un très consistant pouvoir de représentativité ? Sera-t-il possible ?

Noreena Hertz. L’ancien système capitaliste pensait que ces deux idées représentaient deux extrêmes, incompatibles et contraires. La solidarité était considérée d’exclusive valeur de la gauche ou de la doctrine sociale catholique pendant que l’avantage économique concernait seulement qui avait comme seul objectif celui de maximiser du profit. J’ai démontré au contraire dans mes recherches qui si nous mêlons ces deux valeurs, on s’obtient quelque chose d’incroyable.

Antonio Torrenzano. Pouvez-vous nous faire des exemples ?

Noreena Hertz. L’histoire de la Silicon Valley, en Californie, aux États-Unis c’est le premier exemple. Une des histoires de plus grand succès écrites en matière de compétitivité industrielle des dernières vingt années. Une expérience basée entièrement sur un modèle de collaboration dans lequel les petites entreprises se sont divisées la ressource et le système bancaire s’est bien équipé pour les soutenir. Cette culture de la collaboration a permis à ces entreprises d’émerger et de devenir les plus grandes et innovantes du monde. Le deuxième exemple est celui de la région de l’Émilia Romagna en Italie qui est avec son économie coopérative parmi les régions les plus riches de l’Union européenne. Encore une fois ce métissage du principe de la collaboration, de la solidarité, de l’innovation, de l’avantage économique et un système bancaire bien équipé ont permis d’écrire une nouvelle histoire économique. Le dernier exemple est le projet Red en Grande-Bretagne. Cette action a été voulue par l’artiste Bono Vox des U2 avec la participation des entreprises comme GAP, Motorola ou Giorgio Armani. Les produits Red quand ils sont achetés ils destinent un pourcentage de revenu à la lutte contre le sida. Cette action économique depuis deux ans a déjà produit 140 millions de dollars à faveur de la lutte contre la maladie.

Antonio Torrenzano


ActualitéBlogrollLivresWeblogs

Conversation avec Paul Auster, écrivain américain, traducteur . En 2007, l’auteur a reçu le titre de docteur honoris causa de l’université de Liège et la Grande Médaille de Vermeil de la ville de Paris en 2010. L’auteur a également travaillé pour le cinéma. De 1965 à 1967, le jeune Paul Auster étudie près de l’Université Columbia pour des cours de littérature française, italienne et anglaise et il commence à traduire des auteurs français en particulier Jacques Dupin et André du Bouchet. Il écrit dans cette période aussi des scénarios pour des films muets qui ne verront pas le jour, mais qu’on retrouvera, plus tard, dans « Le Livre des illusions ». Après la publication des romans «L’invention de la solitude », « L’Art de la faim » en 1982, le recueil en prose « Espaces blancs », suivi du roman « Effigies et Murales » en 1987 et «Disparitions » en 1993, Paul Auster commence à être un écrivain très reconnu. De 1986 (sortie de Cité de verre) à 1994 (avec le roman Mr. Vertigo), il publie ses oeuvres majeures comme « Moon Palace » et «Léviathan ». Avec le roman Léviathan , il obtiendra le prix Médicis étranger en 1993. Il retournera à écrire avec le roman Tombouctou en 1999 dont ils suivront « Le Livre des illusions » en 2002, « La Nuit de l’oracle » en 2004 et l’oeuvre « Brooklyn Follies » l’année suivante. En 2006, Paul Auster a reçu le prix Prince des Asturies pour l’ensemble de son œuvre. L’entretien avec l’auteur a été développé à plusieurs reprises dans la ville italienne de Pordenone pendant la rencontre internationale « Dedica festival » dans l’année 2010 et dans le village italien de Novello (Cuneo) dans la région du Piémont pendant le Festival international « Collisioni » à la fin du mois de mai 2011.

Antonio Torrenzano. La crise économique a été due par des politiques économiques libérales qui ont cru dans un marché sans règles, capable d’autorégulation. La crise financière du 2008 et après la crise économique ont produit un désastre pour l’entière communauté humaine. Pourquoi le monde de demain reste-t-il encore suspendu dans notre imagination ?

Paul Auster. Le désastre financier a eu beaucoup de causes. La première a été surement l’avidité qui a fait retourner en vogue le vieux capitalisme omnivore. Aux États-Unis, quelqu’un affirme que la situation est en train d’améliorer, mais cela il vaut pour les financiers qui ont recommencé à gagner leurs gratifications stratosphériques. Nombreux d’Américains ils sont encore au chômage.

Fabio Gualtieri. Les évènements de la Rive-Sud de la Méditerranée de Tunis à Damas, en passant par Sanaa, Le Caire, Bhengasi, Amman, Riyad, Alger ou Casablanca, nous indiquent-ils que la société arabe s’est réveillée ?

Paul Auster. Je crois que les jeunes de l’Afrique du Nord ont anticipé les nouvelles générations de l’occident. J’attends depuis longtemps quelque chose de ce genre en Amérique et en Europe, mais il n’y a pas de gestes.

Claudio Poletti. Comment trouvez-vous notre temps présent en Occident ?

Paul Auster. La situation devient de plus en plus insoutenable. Et j’observe encore que nos garçons et nos jeunes filles restent immobiles. Nos nouvelles générations elles me semblent aujourd’hui déprimées et découragées.

Antonio Torrenzano. Trouvez-vous que l’Occident est encore dans un temps de restriction ?

Paul Auster. Les effets de cette crise sont en train de produire de longs bouleversements sociaux qui frappent de manière terrible les familles et les communautés dans mon Pays. Je trouve cette situation très troublante .

Fabio Gualtieri  Claudio Poletti

Antonio Torrenzano


ActualitéBlogrollEconomieLivresWeblogs

Conversation avec Amartya Sen, économiste, prix Nobel pour l’économie en 1998 pour ses travaux sur la famine, sur la théorie du développement humain, sur l’économie du bien-être, sur les mécanismes fondamentaux de la pauvreté et sur le libéralisme politique. Le professeur Amartya Sen enseigne à présent auprès de l’université américaine d’Harvard. De 1998 à 2004, il a été professeur et directeur du Trinity College à l’université de Cambridge. Il est le président honoraire de l’ONG Oxfam. Parmi ses nombreuses contributions sur l’économie du développement, Amartya Sen a fait des études sur les inégalités entre les hommes et les femmes. Auteur de nombreux essais, de livres traduits en plus de trente langues, dont «L’économie est une science morale?», Paris, La Découverte, 2004; «Rationalité et liberté en économie», Paris,Odile Jacob, 2005; «La Démocratie des autres : pourquoi la liberté n’est pas une invention de l’Occident», Paris, Payot, 2005;«L’Inde. Histoire, culture et identité» et «Identité et violence», toujours aux éditions Odile Jacob, Paris, 2007. Le dialogue avec le prix Nobel, il a eu lieu dans la ville italienne de Trento à la fin du mois de mai en occasion du Festival international de l’économie 2011 .

Antonio Torrenzano. Comment jugez-vous la situation de l’économie mondiale à présent ?

Amartya Sen. La situation économique mondiale est améliorée, mais la reprise reste encore faible et fragile. Nous avons toutefois besoin de nouvelles analyses économiques et sociales de la situation contemporaine et d’un nouveau modèle de société.

Antonio Torrenzano. L’indice Markit des obligations subprimes est retourné encore une fois à son haut historique depuis la crise financière de 2008. Les investisseurs institutionnels se montrent dans ces mois de l’année 2011 de plus en plus intéressés par la reprise de ces titres qui offrent encore de très hauts rendements. Est-ce que ces titres sont redémarrés comme avant ?

Amartya Sen. La crise financière du 2008 a été produite par une intense déréglementation du marché financier aux États-Unis bien au-delà de celle qui pouvait être justifiée. Le grand nombre de contrats nommés subprimes (pour vous faire un exemple) qui circulait sur les marchés financiers mondiaux, c’était d’un nombre insoutenable. Ces crédits immobiliers produits aux États-Unis entre 2003 et 2007 ont été en effet le déclencheur de la crise. Mais, le mouvement de cette énorme quantité de contrats il a été seulement un aspect du problème. La crise financière a eu de nombreux facteurs causé surtout par l’exagérée déréglementation de l’économie mondiale.

Fabio Gualtieri. La régulation de la finance est une question technique, mais je crois aussi qu’elle est une question politique. L’économie mondiale a-t-elle subi à votre avis une perte de confiance générale ?

Amartya Sen. La crise a produit une énorme perte de confiance de la part des entreprises qui jouaient de manière correcte sur le marché mondial, mais surtout une perte de confiance plus générale et profonde de la part des gens ordinaires. Cette perte de confiance est de nature morale parce que les effets ultimes et dangereux de ce tsunami financier ont produit de désastres dans l’entière communauté humaine.

Claudio Poletti. Pourquoi le système a-t-il perdu l’ancienne valeur d’une équitable redistribution de la richesse pour tous ? Dans votre dernier essai, vous soulignez l’importance de retourner à conjuguer justice et possibilités économiques pour tout le monde.

Amartya Sen. Le système économique contemporain a effacé nombreux de ses aspects originaires : celui par exemple que j’appelle la liberté de réaliser des opportunités pour tous ou rendre les désirs de chacun de nous réels. La vision libérale dans laquelle l’Occident a vécu pour une longue période historique a été inadéquate et injuste. Cette vision a effacé un aspect considérable de la liberté de chaque individu: c’est-à-dire la capacité d’obtenir quelque chose qui est très raisonnable de désirer. Dans plusieurs Pays riches, il existe encore de groupes d’individus qui vivent dans une situation de misère et de cohésion sociale. À la même manière, la pauvreté, la dénutrition, l’analphabétisme, l’absence d’accès à la santé sont des exemples de violations de la liberté humaine de se réaliser. Nous devons dépasser cet horizon limité pour rendre justice à l’aspect des avantages et des occasions favorables pour tous.

Fabio Gualtieri  Claudio Poletti

Antonio Torrenzano


ActualitéBlogrollWeblogs

Les chefs d’État et de gouvernement des pays du G8 ont renouvelé à Deauville à rester concentrés sur la consolidation de leurs finances publiques et de la reprise économique mondiale, qui restent selon eux soumises à des risques de rechute. Ils estiment également que les déséquilibres financiers internes et externes demeurent une source de préoccupation et que la forte augmentation des prix des matières premières et leur volatilité excessive gênent considérablement la reprise. Sur ce point, les huit pays ont renouvelé leur engagement à travailler ensemble et se disent résolus à prendre les mesures nécessaires, collectivement et individuellement, pour faire face aux défis de l’économie mondiale. Nous veillerons également à ce que nos politiques macroéconomiques favorisent une croissance économique saine, ils ont ajouté en s’engageant à veiller à ce que ces lignes d’action favorisent l’emploi.

Soutien aux pays du printemps arabes et aides financières à la Tunisie et à l’Égypte. Dans la Déclaration du G8 sur le réveil arabe, les membres du groupe affirment : « Nous, membres du G8, soutenons vigoureusement les aspirations des « printemps arabes », ainsi que celles du peuple iranien. Nous entendons la voix des citoyens, soutenons leur exigence d’égalité et appuyons leur appel légitime à la mise en place de sociétés démocratiques et ouvertes et à une modernisation économique qui profite à tous. Nous saluons particulièrement le rôle joué par les jeunes et les femmes dans ces mouvements de transformation. Sur la base des objectifs que nous partageons pour l’avenir, nous avons lancé aujourd’hui le « Partenariat de Deauville » avec les peuples de la région d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, en présence des Premiers ministres de l’Égypte et de la Tunisie, les deux pays à l’origine du mouvement, et du Secrétaire général de la Ligue arabe. Nous sommes prêts à ouvrir ce partenariat global et de long terme à tous les pays de la région qui amorcent une transition vers une société libre, démocratique et tolérante («les Pays du Partenariat »), en commençant par l’Égypte et la Tunisie, en association avec les pays qui souhaitent soutenir la transition dans la région. Ce Partenariat consacre nos valeurs communes de liberté et de démocratie et se fonde sur le respect de la souveraineté des États et des peuples, dont il est de la responsabilité des gouvernements d’assurer la protection. Il s’appuie sur des initiatives déjà lancées par des membres du G8 ». Un fond spécial de 40 milliards de dollars financera la stabilisation des nouvelles démocraties dans la Rive-Sud de la Méditerranée et au Proche-Orient.

Dans la déclaration finale, les chefs d’État et de gouvernement des pays du G8 exigent une rapide cessation de l’usage de la force de la part du régime de Mouammar Ghadafi contre les civils en Libye. Le chef libyen – ils affirment – a perdu toute légitimité et qu’il doit partir .Les membres du G8 se disent encore dans ce texte horrifiés par la mort de nombreux manifestants résultant de l’usage massif de la violence par les autorités syriennes, ainsi que par les violations graves et répétées des droits de l’Homme. Si les autorités syriennes n’entendent pas cet appel, les leaders envisageront une action au Conseil de sécurité de l’ONU. En ce qui concerne les négociations commerciales multilatérales du cycle de Doha auprès de l’OMC, la situation reste encore paralysée, sans réponse et les négociations ne progressent pas de manière satisfaisante.

La prochaine réunion du G8, sous la présidence des États-Unis, se déroulera l’année prochaine.

Antonio Torrenzano


ActualitéBlogrollWeblogs

L’aide au développement pour l’Afrique sera le thème de la deuxième journée du sommet de Deauville. Hommage des pays du G8 aux démocraties émergentes dans le monde arabe comme en Afrique. Les présidents de la Côte d’Ivoire, du Niger et de la Guinée, récemment élus, seront à Deauville les 26 et 27 mai en qualité d’invités du G8. Les trois chefs d’État africains auront un déroulement prévu très chargé : outre la négociation de partenariats avec les pays du G8, ils retrouveront d’autres dirigeants africains à l’origine de la création du nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (Nepad). Un traité international régional qui comprend déjà l’Algérie, l’Égypte, l’Éthiopie, le Nigeria, le Sénégal et l’Afrique du Sud.

Depuis la fin de l’année 2010, l’économie mondiale a montré des signes de reprise après la crise financière, mais l’impact négatif de la récession mondiale dans les pays à faible revenu du continent africain a été très marquant. Cette crise est en train encore de produire pauvreté et instabilité dans l’Afrique subsaharienne, mais aussi en Guinée ou au Niger. Ces deux derniers États, par exemple, font partie des pays les plus pauvres du monde malgré leurs importantes richesses minières. Pour les États africains, la baisse des revenus provenant du commerce et du flux de capitaux privés, elle a entrainé une réduction des ressources intérieures. Mais la crise n’a pas seulement produit des répercussions économiques. La récession en Afrique a aussi un aspect humain qui touche les moyens de subsistance de millions de personnes avec l’évidente augmentation d’un grand nombre des individus vivant dans un état de pauvreté.

Les positions africaines présentées antérieurement au G20 de Toronto et soulignées au sommet de Séoul revendiquaient déjà un possible accroissement des ressources à destination du continent. Comme encore la question politique d’intégrer au mieux les perspectives africaines dans les discussions mondiales dans le domaine technique qu’en matière politique et économique. La participation des pays africains aux réunions du G20 reste encore limitée et les points de vue du continent viennent seulement transmis à la présidence du sommet auparavant à chaque réunion. Les deux derniers sommets de Toronto et de Séoul n’ont pas abordé ces nombreuses questions et ces revendications restent encore sans des solutions concrètes ou de réponses exhaustives. Affaires, donc, d’une grande actualité à Deauville.

Antonio Torrenzano


ActualitéBlogrollWeblogs

Le groupe des huit grands pays industrialisés se réunira jeudi et vendredi à Deauville pour son 37e sommet. La France cumule cette année les présidences du G8 et du G20. Déchargé de la gestion des grands dossiers économiques, désormais traités à l’échelon du G20 avec les pays émergents, le G8 est en quête d’une nouvelle légitimité. Le groupe cependant représente encore 65% de la richesse économique mondiale et les deux tiers du commerce international.

Pour que le G8 continue à vivre, la présidence française a proposé de revenir à « l’esprit de Rambouillet », du nom du lieu du premier sommet de ce qui n’était alors que le G6, en 1975. La France a retenu comme priorités pour ce sommet, prélude à celui du G20 au mois de novembre à Cannes, les enjeux d’internet, la sécurité dans le monde et l’aide au développement de l’Afrique. Sur ce dernier point, neuf chefs d’État et de gouvernement du continent africain ont été invités vendredi à Deauville. Mais les événements internationaux de ces cinq derniers mois ont largement modifié l’ordre du jour de Deauville. L’économie mondiale, par exemple, reste encore très volatile et cette faiblesse demeurera aussi dans les années qui viennent. La reprise des pays du G7 n’a pas été chorale, malgré une politique de relance de grande ampleur. Aux États-Unis par exemple, malgré les très forts efforts, le chômage reste stable autant que dans certains Pays de l’Europe. Parallèlement, le déficit et la dette sont augmentés tant en valeur absolue qu’en comparaison avec les pays émergents et les primes de risque liées à la dette des pays avancés dépassent en moyenne celles des pays émergents. Que ce soit aux États-Unis ou en Europe, cette situation ne répond pas à l’attente des responsables politiques et économiques qui avaient focalisé leurs efforts de politique économique sur la stimulation de la croissance dans la période qui a suivi la crise.C’est une économie mondiale dans laquelle il faudra naviguer prudemment.

Le réveil du monde arabe autant que la situation en Syrie, en Libye et au Yémen sera au centre du dîner de jeudi soir, ainsi que les possibles et nouvelles relations avec le monde islamique. La Tunisie revendique 25 milliards de dollars sur cinq ans et l’Égypte évalue entre 10 et 12 milliards ses besoins pour tenir jusqu’à mi-2012. Aussi les insurgés libyens exigent une aide financière. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a pour sa part annoncé son intention de développer ses activités vers l’Afrique du Nord et le Proche-Orient. Selon l’Élysée, le sommet du G8 devrait s’engager dans un « partenariat de longue durée » avec les pays du printemps arabes, comme celui qui avait été instauré avec les ex-pays communistes d’Europe centrale et orientale après la chute du mur de Berlin en 1989. La région Méditerranée est en train de vivre une transformation politique monumentale et les manifestations populaires dans les pays de la Rive-Sud ont entamé un premier processus d’instauration de la démocratie. De manière sans doute moins visible à tous, la Méditerranée est en train de connaitre une autre renaissance, tout aussi important en matière de géopolitique.

La démission du directeur général du Fonds Monétaire International et sa succession pèseront enfin jeudi et vendredi à Deauville sur un sommet du G8 déjà bousculé par une économie mondiale encore très volatile, le printemps arabe et la catastrophe nucléaire de Fukushima. L’Union européenne paraît décidée à obtenir qu’un Européen succède à Dominique Strauss-Kahn. Une perspective contestée par certains grands pays émergents, qui toutefois seront absents à Deauville. La station balnéaire alors offrira-t-elle aux dirigeants français, allemand, britannique et italien une occasion de convaincre leurs homologues américain, canadien, japonais et russe ?

Antonio Torrenzano


ActualitéBlogrollWeblogs

fatima_bhutto_image_02.1303411329.jpg

Conversation avec Fatima Bhutto, écrivaine, journaliste. Héritière de la puissante famille des Bhutto qui a longtemps dominé la vie politique pakistanaise. Comparés aux Kennedy, les Bhutto sont une riche et puissante famille qui a dominé la vie politique du Pakistan. Zulfiqar Ali Bhutto, le père de Benazir, a dirigé le Pakistan dans les années 1970 avant d’être renversé par un coup d’État et exécuté par le dictateur Zia ul-Haq. Fatima Bhutto avait seulement 14 ans lorsque son père a été abattu devant les grilles de leur maison de Karachi, à quelques encablures de la chambre où la jeune fille se cachait avec son petit frère. Elle n’a pas oublié. Elle a vécu l’assassinat de sa tante, treize ans plus tard, comme une répétition de la malédiction tragique qui semble frapper sa famille. Fatima Bhutto est également autrice de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues étrangères, dont «Le chant du sabre et du sang». L’entretien avec l’autrice a eu lieu à Rome au mois de mars 2011.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi la voix des femmes est-elle presque absente de la politique mondiale ?

 

Fatima Bhutto. Dans ce temps de pensée complexe, la vision féminine serait une très bonne approche pour ce qui concerne les principes de la transparence, de la responsabilité, de la démocratie. La vision féminine a la capacité à définir les situations de façon simple, à nommer les problèmes de façon claire. La pensée chercheuse est aussi audacieuse ; elle n’a pas peur de se jeter dans le gouffre du néant, d’abattre les idoles ; elle ne recule pas devant le risque du saut. La pensée chercheuse féminine est laborieuse et dynamique. Dans ce temps présent, un nouveau parcours de justice sociale et économique il serait nécessaire.

 

Antonio Torrenzano. Pourquoi le fantôme du fondamentalisme a-t-il rendu aveugle le monde occidental ?

 

Fatima Bhutto. L’occident croit que nous sommes tous des fondamentalistes. Tout le monde, par exemple, il croit encore que mon Pays ne connait pas le principe de la tolérance ou le principe de la sécularisation. Aujourd’hui, cette aggravation des circonstances a bloqué chaque possibilité d’avoir un dialogue durable entre les cultures, mais surtout clairvoyant. Je ne peux qu’exprimer mon embarras. C’est une tragique erreur.

 

Antonio Torrenzano. Votre dernier essai, c’est l’hommage d’une fille à son père trop tôt disparu. Encore, votre livre «Le chant du sabre et du sang» raconte la saga d’une famille de riches propriétaires descendants d’une caste de guerriers du Rajasthan qui deviennent les décideurs politiques du Pakistan. Quel est votre rapport avec la peur ?

 

Fatima Bhutto. Mon rapport avec la peur est long et tourmenté. Dans mon dernier livre, j’en parle. J’avais 14 ans quand mon père a été abattu devant les grilles de notre maison de Karachi. Deuil que je n’oublierai jamais.

 

Antonio Torrenzano

 

 

ActualitéBlogrollWeblogs

ras_lanouf_image.1303400413.jpg

Conversation avec Ali Al Isawi, ancien ambassadeur de la Libye en Inde. Aujourd’hui, représentant pour les affaires étrangères du Conseil national de transition (CNT) de Benghazi. L’entretien a eu lieu a Rome pendant la visite du représentant auprès du Ministère des Affaires étrangères italiennes à la fin du mois de mars 2011.

Antonio Torrenzano. Pour le Conseil national de transition existe-t-il une possibilité de solution diplomatique au conflit ? Une négociation avec des médiateurs internationaux désintéressés, sans implications au conflit, pourrait-elle être un point de départ ?

Ali Al Isawi. Pour le Conseil national de transition, il n’ y a pas aucune possibilité de solution diplomatique à cette crise si le régime Ghadafi ne quitte pas le Pays. Nous n’accepterons aucune initiative pour un règlement politique si le départ de Kadhafi et de ses fils de Libye ne figure pas en tête. Comme nous n’accepterons aucune initiative qui peut porter à une division de la Libye.

Antonio Torrenzano. Quel est-il votre étude de réforme pour la Libye?

Ali Al Isawi. Notre révolte veut consolider en Libye un procès de réformes démocratiques. Nous voulons créer de nouvelles institutions dans lesquelles toute la communauté libyenne pourra affirmer son opinion et prendre de décisions démocratiques pour l’avenir de la Libye. Un parcours politique de réformes pour démocratiser notre Pays et mettre fin aux discriminations régionales dans le respect de la souveraineté et le maintien de l’unité du pays.

Antonio Torrenzano. Selon le Haut Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR), près de 500.000 personnes ont fui les violences en Libye.

Ali Al Isawi. Le conflit, il a provoqué déjà presque de 7.000 morts, 20.000 blessés et 10.000 disparus. Notre priorité est de défendre la population civile.

Antonio Torrenzano

 

 

ActualitéBlogrollWeblogs

libyan_flag_image.1303383431.jpg

Le conflit en Libye est dans une situation d’impasse. Après deux mois de l’insurrection et après un mois de bombardements de la part de l’OTAN, il apparaît clair de plus en plus que la situation dans le terrain est incertaine et désordonnée. Malgré l’appui des frappes de l’OTAN, les insurgés ne parviennent pas à s’imposer. Les familles claniques libyennes sont mécontentes et la communauté internationale occidentale a sous-estimé la structure sociale de la Libye qui est restée fortement tribale. Le danger ? C’est une balkanisation de la méditerranée.

Le conflit en Libye est différent de celui en Tunisie et de celui en Égypte. En Tunisie et en Égypte, les révoltes populaires ont grandi progressivement en quelques semaines, s’organisant peu à peu et s’unifiant sur des revendications claires. Tout ça, il a permis de chasser les tyrans. En Libye, au contraire, la révolte spontanée a été rapidement récupérée et transformée en guerre civile entre tribus. Après la révolution de 1969, le colonel Kadhafi s’est appuyé sur les tribus de l’ouest pour construire son pouvoir en défavorisant les familles claniques de l’est du pays. La révolte d’aujourd’hui est le résultat de ces anciennes discriminations entre régions et entre familles claniques. L’issue du conflit devra donc arriver par une nouvelle et forte négociation diplomatique qui devra recomposer les intérêts et les attentes de toutes les familles claniques du pays.

Les deux extrêmes du dilemme seraient alors : de promouvoir une cessation immédiate des hostilités et le départ de Ghadafi en assurant au colonel l’impunité à l’étranger dans un autre État africain qui ne devra pas être membre du statut juridique de la Cour pénale internationale. De continuer sur la rue de l’intervention militaire et la possible et future incrimination pénale de Ghadafi. La première solution aurait pour objectif de sauvegarder toute la population civile, d’empêcher d’autres victimes et de massacres, un possible retour à la paix par une réunion de toutes les tribus du Pays vers une nouvelle transition historique de la Libye. Mais, de manière évidente, cette solution serait une défaite pour la justice internationale et pour le rôle développé par la même Cour internationale. La deuxième possibilité, au contraire, aurait d’autres graves risques : une progressive usure de la situation, une possible augmentation des victimes civiles, de nouvelles et possibles complications internationales, une victoire pas sûre ni escomptée à présent de la part des insurgés.

Une instabilité durable dans la Mer méditerranéenne est à éviter.

 

Antonio Torrenzano