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L’année 2010 est en train de terminer et voilà, encore une fois comme chaque mois de décembre, le temps de faire un bilan. Je veux simplement remercier tous ceux qui m’ont honoré de leur visite sur les pages numériques de ce carnet. Merci à tous mes Lecteurs et Lectrices, qu’il s’agisse de visiteurs ou d’abonnés. Vous avez été nombreux à lire mes billets et visiter mon carnet depuis son lancement au 1er janvier 2007, je vous en remercie du fond du cœur. Merci également à ceux qui laissent des commentaires, des critiques, des suggestions, leurs points de vue. Je tiens à remercier tous les maitres à penser, tous les prix Nobel, tous les écrivains, les professeurs et les fonctionnaires internationaux qui ont bien voulu nous accorder des entretiens et répondre à nos questions. J’espère que par ces conversations et ces dialogues, nous avons pu fixer de nouvelles idées qui pourront être des options pour demain.

Antonio Torrenzano

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Derrick De Kerckhove dirige le programme McLuhan en culture et en technologie et il est professeur au département d’Études françaises de l’Université de Toronto. Parallèlement à ses études, il a collaboré avec le Centre pour la culture et la technologie (1972-1980) où il fût un collaborateur de Marshall McLuhan. Il organise des ateliers sur la connectivité de l’intelligence dans lesquels il propose une nouvelle façon de réfléchir en utilisant les technologies de l’information. La dialogue avec le professeur Derrick De Kerckhove a eu lieu à Milan et dans la ville de Bari au mois de décembre 2010.

Antonio Torrenzano. Après les révélations de Wikileaks et la révolution géopolitique de la Toile, je crois qu’il faudra encore mieux analyser cette évolution dans les conditions de «danger/avantage », pour bien comprendre les effets de la nouvelle ère du virtuel.

Derrick De Kerckove. Le problème est que le concept sur lequel repose le Web 2.0 il est nouveau et, en tout cas, assez décalé par rapport aux analyses que la communauté diplomatique internationale a développées sur ce moyen technique. Les révélations de Wikileaks montrent la force du Réseau Net, sa nature transparente. Une force capable de s’opposer à celle des gouvernements, des grands multinationaux, des banques internationales. Ces sujets ont été pris en contre-pied devant à cette opération médiatique comme celle-ci de Wikileaks. L’intérêt et la curiosité avec lesquels cette histoire est suivie de l’opinion publique, il indique qu’il y a un désir inexprimé de vérité ou au moins d’explications. Explications, qui n’ont pas été données dans les récentes crises économiques, politiques ou pour ce qui concerne les derniers conflits internationaux.

Antonio Torrenzano. Croyez-vous alors que le Réseau Net ne finira plus jamais d’élargir l’espace public ?

Derrick De Kerckove. La Toile a multiplé les informations en temps réel. Je pense, par exemple, aux derniers troubles sociaux en Iran qui ont été racontés et documentés par le site numérique de Twitter. Le web garantit une transparence démocratique contre chaque mauvais traitement, mais il doit être utilisé avec une très grande intelligence et du discernement. Nous sommes en train de vivre un changement anthropologique : les carnets numériques, Twitter autant que les réseaux sociaux sont devenus la nouvelle agora électronique. Nous sommes passés d’un monde dominé par le savoir à un monde dominé par la connaissance. La convergence numérique – comme Pierre Levy affirme – c’est une synergie de plusieurs individus pour parvenir à un objectif. Je pense que c’est une mutation importante. La génération numérique est une génération sans peur sociale, politique, professionnelle. Il me semble qu’il y a là une rupture importante dans la politique : Wikileaks représente un moment crucial et nouveau pour la démocratie occidentale. Une nouvelle phase de la politique.

Antonio Torrenzano. Marshal McLuhan aimait affirmer : il arrivera un moment historique dans lequel une partie du monde sera occupée à surveiller ce qu’il combine l’autre moitié de la planète. Quel sera-t-il l’avenir de la Toile ?

Derrick De Kerckove. En 1918, le Président américain Woodrow Wilson dit : jusqu’au moment où il existera une diplomatie secrète, il n’y aura pas démocratie. Un siècle après, la Toile est presque arrivée au but.

Antonio Torrenzano

 

 

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Conversation avec Jean-Luc Nancy, philosophe, écrivain, professeur de philosophie à l’Université Marc Bloch de Strasbourg, auparavant aux Universités de Berlin et de Californie. Il a été membre du Conseil national des universités, section philosophie. Par ailleurs, il est membre du conseil éditorial de l’Espace Maurice Blanchot. Auteur de nombreux essais traduits dans plusieurs langues étrangères, il a publié entre autres :« La création du monde ou la mondialisation » et «La pensée dérobée» aux éditions Galilée ; «L’expérience de la liberté » et «Impératif catégorique »aux éditions Flammarion; « Sur le commerce des pensées », illustrations de Jean Le Gac, Paris, Galilée, 2005; « Juste impossible », Paris, Bayard, 2007, « Vérité de la démocratie », Paris, Galilée, 2008.« Démocratie, dans quel état ? », avec Giorgio Agamben, Alain Badiou, Daniel Bensaïd, Wendy Brown, Jacques Rancière, Kristin Ross et Slavoj Žižek, Paris, édition La Fabrique, 2009. Le dialogue a eu lieu à Modène pendant le festival international de la philosophie sur la fortune, organisé par la Fondation San Carlo, au mois de septembre 2010.

Antonio Torrenzano. Panique financière, crise économique, crises politiques, guerres et conflits, violations de droits humains, pauvreté … et les listes seraient encore plus longs. Ces crises, pourtant, ils sont en train de bouleverser la communauté occidentale depuis le 2008. Dans ces deux dernières années, la communauté occidentale est en train de gérer plusieurs cauchemars qui ne sont pas encore terminés. L’ancien avatar de la fortune et non celle de la clairvoyance, utilisé dans les années passées par plusieurs individus de la finance et des hommes politiques, il me semble maintenant néfaste.

Jean-Luc Nancy. La fortune est bonne ou mauvaise. Elle est riche ou pauvre, heureuse ou malheureuse. Elle est indifférente au bien et au mal. Elle n’est même rien d’autre que cette indifférence et la distribution aveugle des heurs et des malheurs. C’est-à-dire, selon l’origine du mot, ce qui est de bon ou de mauvais augure, ce qui s’annonce comme faste ou néfaste. Lorsqu’on organise une rencontre comme celle-ci, comme toutes les rencontres qui sont organisées précisément en vue de la rencontre, on monte une sorte de dispositif pour se donner la chance d’une rencontre, de plusieurs rencontres, contacts de pensées et de corps entre lesquels on souhaite qu’il « se passe » quelque chose ou que quelque chose « arrive ». Quelque chose de cet accueil est inscrit çà ou là dans les langues, lorsque le grec tukhè désigne d’abord, dans l’histoire de la langue, la rencontre ou l’occasion favorable, comme le font aussi le latin fortuna (audaces fortuna juvat…) et le français chance. Les langues ne se laissent pas ainsi réduire. Elles ne sont ni psychologiques ni idéologiques. Les langues ne croient pas à l’attente de sens : elles sont précisément le lieu où on peut apprendre l’infini carrousel des significations et l’éternelle échappée du sens. N’est-ce pas ce que fait la poésie, et n’est-ce pas parce que les langues parlent au-delà de nos demandes de signification qu’elles sont capables de poésie – non seulement capables, mais incessamment, obstinément poussées vers la poésie. C’est pourquoi le poème de Valéry nous dit : « Patience, patience. Patience dans l’azur ».

Antonio Torrenzano. La patience pour Valéry signifie savoir attendre, savoir rester vigilants, savoir demeurer sur place en état de disponibilité.

Jean-Luc Nancy. Oui, la patience consiste à savoir attendre non pas au sens où l’attente est demande d’aboutissement, et en cela inévitable impatience, mais au sens où elle est manière de demeurer sur place en état de disponibilité. « Sur place », ici, c’est « l’azur ». Dans le poème, intitulé Palme, cet azur peut être référé au ciel entrevu à travers les feuilles d’un palmier vues du sol. Pour notre lecture, l’azur est le lieu vide et ouvert – ce lieu qui ne hante pas seulement Mallarmé, mais qui étend sur nous toute la hantise du ciel, c’est-à-dire de l’espace infini, du « bleu adorable » de Hölderlin, cet autre poète. Le ciel, c’est ce qui se sépare essentiellement de la terre. Sa séparation ouvre l’écart à toutes les lois du monde, à toutes leurs nécessités, leurs sens, leurs accomplissements. Le ciel n’est rien, aucun lieu, mais seulement cet écart ouvert et infini.C’est là ou bien c’est de là que peuvent venir des rencontres inouïes et à vrai dire inaudibles. Toutes renvoient d’une manière ou d’une autre à l’infini. Ce sont les rencontres ou les occasions, les fortunes, les heurs que nous nommons chances en comprenant par là ce qui s’offre à être saisi, ce qu’il est opportun de savoir accueillir. Être chanceux signifie le plus souvent être favorisé par un sort particulier, voire par une magie bienfaisante. Cette signification reconduit la chance au pur automaton et à toutes les computations. Mais la tukhè et la chance disent autre chose : elles disent la capacité à les accueillir. Essentiellement, elles désignent une puissance passive – une dunamis tou pathein, pour parler encore Aristote – qui donne l’occasion à l’élan d’une puissance active. Ainsi la rencontre de quelqu’un ou celle d’une situation, d’un imprévu, d’une contrariété même, voire d’une maladie ou d’un malheur. Aucune transfiguration ici de la peine en bonheur, mais un «savoir recevoir » qui peut faire chance dans la malchance. Sans consolation, sans résolution, sans sublimation.

Antonio Torrenzano

 

 

 

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Dans une « démocratie parfaite », le système politique, le système financier et le système économique sont trois éléments inséparables. Les trois systèmes interagissent quotidiennement entre eux et, dans une gestion politique saine, s’équilibrent eux-mêmes compensant les erreurs de l’un et bénéficiant du succès de l’autre. Depuis le mois de septembre 2008 à aujourd’hui, paniques financières, récession économique, crises politiques et crises diplomatiques sont en train de bouleverser la communauté occidentale et de miner définitivement sa crédibilité. 

Les crises politiques et diplomatiques ne sont pas nouvelles dans nos démocraties occidentales autant que les paniques financières et les récessions économiques dans notre capitalisme.  Mais, depuis le mois de septembre 2008 à aujourd’hui, les trois systèmes ont produit une série innombrable de dommages et effets négatifs dont nous ne connaissons pas encore le montant final ni le bilan entier. Chaque Pays avant la mondialisation avait toujours géré à sa manière ses systèmes politique, économique et militaire. Chacun d’eux possédait ses élites qui étaient chargées d’en assurer le fonctionnement. Mais, dans l’ère de la mondialisation, selon la théorie du chaos d’Edward Lorenz : « le battement d’ailes d’un papillon au Brésil, il peut provoquer une tornade au Texas ». De la dernière panique financière en 2008 aux dernières révélations Wikileaks, ces éléments imprévus montrent encore une fois que la mondialisation est elle-même un accélérateur de crise.

Mais, il y a encore d’autres coïncidences très ironiques ! La crise financière en 2008, commencée aux États-Unis elle est devenue une crise économique mondiale. Les révélations des télégrammes de la diplomatie américaine par le site Wikileaks, commencées toujours aux États-Unis, ils risquent de provoquer une possible crise planétaire de légitimité de l’Administration américaine et de miner les mêmes relations diplomatiques entre les membres de l’OTAN. Depuis deux années, nous vivons donc une crise économique mondiale et une crise diplomatique globale qu’elles me semblent étroitement liées à cause de plusieurs raisons complémentaires. Premièrement, de façon qualitative, la crise économique s’est propagée au-delà des limites pour le comportement de l’élite financière américaine, qui a profité des complexités du système légal pour s’enrichir à la place des actionnaires et des clients, vis-à-vis desquels ils étaient supposés être responsables. Deuxièmement, toujours de façon qualitative, les révélations Wikileaks soulignent que l’élite politique américaine est responsable d’une opacité et d’intérêts qui ne sont pas sûrement d’idéaux très élevés d’une «démocratie parfaite». Un exemple ? L’affaire d’espionnage aux fonctionnaires ONU et au même secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon voulu de l’ancienne Administration du président George W. Bush,mais aussi de l’Administration américaine du président Barack Obama. 

Cette situation imposerait en effet de la discipline et une très forte moralisation. Les crises politiques – il a affirmé dans un article récent le professeur George Friedman – apparaissent lorsque les téméraires semblent profiter des crises qu’ils ont eux-mêmes causées, tandis que le reste de la société soutient le poids de leur inconscience. Qu’est-ce qu’on s’attend la société civile de sa part ? Je crois de nouvelles limites à ces comportements qui sont très embarrassants. Parce que si toutes les valeurs se valent – il écrivait Claude Lévi-Strauss – le cannibalisme n’est qu’une affaire de goût .

Antonio Torrenzano

 

** Un remerciement particulier à l’artiste et dessinateur Patrick Chappatte pour l’illustration. 

 

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Le site web Wikileaks commence ses activités sur la Toile en 2006. Dans l’année 2006, l’équipe dans son profil affirme que le but du groupe est celui de divulguer de documents réservés sur les gouvernements autoritaires des Pays de l’Afrique et de l’Asie. Le nom Wikileaks dérive d’un nom composé par deux paroles : « Wiki » en se référant à l’encyclopédie ouverte et collaborative sur la Toile et la parole « Leaks » que signifie taupe. Le modèle historique auquel s’inspire le site numérique, il est celui des «Pentagon Papers». Les Pentagon Papers étaient des documents réservés qu’en 1971 montrèrent les arrière-scènes de la guerre au Vietnam et ils en accélérèrent plus rapidement la fin.

La philosophie Wikileaks, comme il affirmait l’équipe, c’était la collaboration et l’anonymat entre les différents activistes. Le serveur principal du site web était hébergé en Suède dans la ville de Stockholm, mais le site disposait et il dispose encore d’un réseau de serveurs informatiques situés dans beaucoup d’endroits de la planète. Wikileaks a déclaré toujours d’avoir eu une équipe de cinq personnes qui travaillaient à temps plein et presque 1200 activistes occasionnels. Le site web soutient encore de disposer d’un budget annuel de presque 200.000 dollars et de recevoir cet argent comme de donations à travers le site numérique PayPal. Le site numérique PayPal, il a cependant suspendu le service de transfert de monnaie après la publication des télégrammes réservés que le corps diplomatique américain envoyait à son Département d’État à Washington.

Le premier dossier qui procure une certaine notoriété au site, c’est la publication au mois de février 2008 de documents qui dénoncent la Banque Suisse Julius Baer de favoriser l’évasion fiscale aux États-Unis. L’action juridique produite par l’institut de crédit suisse ne produit pas cependant de résultats concrets. La deuxième publication de documents secrets arrive au mois de juin 2010 en ayant comme objet les mauvais traitements et les violations des droits humains par les troupes américaines dans la guerre en Iraq et, en particulier manière, le meurtre d’un journaliste de l’agence de presse Reuters à Bagdad. Le dossier était titré «Colateral Murder». Dans la même année, mais au mois de juillet 2010, le site divulgue un nouveau dossier sur la guerre en Afghanistan. La taupe de ces deux derniers dossiers, c’était l’analyste militaire américaine Bradley Manning. Le militaire a été déjà arrêté pour avoir soustrait documents réservés dans les archives du pentagone et avoir révélé à l’extérieur de renseignements secrets. Le militaire maintenant il est détenu dans une base au Koweït.

Il faut encore rappeler que Wikileaks a reçu nombreux de prix journalistiques. En 2008, le «New Media Award » de l’hebdomadaire britannique The Economist. Dans l’année 2009, le siège anglais d’Amnesty International l’a récompensé pour le dossier sur les violations de droits humains de la police au Kenya. Le 19 novembre 2009, le journal The National écrivait : «Wikileaks a probablement produit dans sa brève vie plus exclusivités du Washington Post dans les derniers 30 ans ». Au mois de mai 2010, un autre quotidien américain le New York Daily News couronne encore une fois le site comme meilleur média numérique qui a changé la manière de faire journalisme. Jusqu’à l’année 2010, les États-Unis et la Grande-Bretagne ont été les principaux mécènes, mais jusqu’à la publication de dossiers sur l’Iraq et sur l’Afghanistan. Après ces dossiers, comme nous avons déjà remarqué, ces États veulent arrêter Julian Assange qui est devenu un fugitif.

Après cette brève synthèse, les doutes demeurent nombreux autant que différentes questions. Par exemple, comment une petite équipe formée par cinq individus a-t-elle géré un site avec de très hauts numéros de dossiers ? Est-ce qu’un budget annuel de 200.000 dollars est suffisant pour un tel travail ? Dernièr doute: comment a-t-il pu un simple groupe d’activistes mettre en crise l’ancienne superpuissance américaine ? Dans l’épigraphe de son dernier roman « Our Kind of Traitor », l’écrivain John Le Carré affirme: «Les Princes haïssent les traîtres, même s’ils aiment la trahison ».

Antonio Torrenzano

 

 

Un remerciement particulier à l’artiste et dessinateur suédois Olle Johansson pour l’illustration. Son site numérique : http://www.tecknar-olle.se

 

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Après le sommet de Pittsburgh qui a officialisé le G20 comme principal forum de coopération économique internationale, plusieurs questions restent encore sans réponse. La première : le G20 est une institution internationale sans statut, mais qui s’est réunie à quatre reprises depuis novembre 2008 (Washington, Londres, Pittsburgh et Toronto), avec de nombreux problèmes à régler pour ce qui concerne son organisation à l’intérieur.

«C’est en 2010 – les dirigeants affirmaient à Pittsburgh – que nous essaierons de discuter de la nouvelle architecture du G20». Mais, à aujourd’hui, quels pays devront-ils devenir membres? Encore à quelle fréquence devra-t-il se réunir le sommet ? Aux prochains sommets du G20, les économies à faible développement participeront-elles à la gouvernance mondiale? D’autres questions pratiques restent toutefois en suspens: le G20 devrait-il comporter un secrétariat permanent de façon à assurer le suivi de ses travaux? Quel pouvoir aura-t-il ? Ses décisions auront-elles force de loi ? Comment ce forum économique international pourra-t-il faire respecter ses engagements vers les Pays membres ? Encore, quelles seront-elles les relations entre le G20 et l’ONU ?

Sur cette dernière question, un groupe d’une trentaine de petits États, dont la Suisse, a lancé des propositions à l’ONU à New York pour mieux coopérer avec les pays du G20. Le président de l’Assemblée générale de l’ONU, Joseph Deiss, a lui souhaité des réunions près des Nations Unies avant chaque sommet et après chaque réunion internationale du G20. Ce groupe de travail est retourné à souligner cette urgence pendant sa troisième réunion ministérielle en marge de l’Assemblée générale de l’ONU au mois de septembre 2010. À cette réunion, la Corée du Sud et la France, hôte du prochain sommet à Cannes, ont participé comme invités à la rencontre autant que le président de l’Assemblée générale Joseph Deiss. Le groupe soutient qu’établir un rapport constructif entre le G20 et l’ONU est désormais devenu crucial. Pourquoi ? Parce que les plateformes internationales de l’ONU déjà existantes devraient mieux interagir dans les efforts du G20. Il ne s’agit pas de nier le rôle que peuvent jouer les sujets membres du G20, mais la crise économique et financière a montré l’importance d’une réponse coordonnée et rapide. Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-Moon a lui aussi reconnu ce défi et insisté sur le fait que l’organisation doit rester la « boussole morale » du monde.

Selon Michael Hodin, chercheur près du Council on foreign relations de New York, le G20 fait désormais concurrence à l’ONU. Le même analyste pronostique encore que les Nations Unies resteraient un endroit pour faire des discours, mais les activités pour la prospérité économique proviendraient du G20. Mais le G20 comme forum principal de la coopération économique internationale, a-t-il vraiment réussi ? Le G20 pourra-t-il être un forum de la pensée multilatérale ? L’ambition du mandat après la réunion de Pittsburgh, elle semble contraster avec les maigres résultats obtenus à Toronto. Il faut encore rappeler que le Fond monétaire international et la Banque mondiale, parmi d’autres, ont déjà les ressources et le mandat pour fournir tous les éléments nécessaires à la concertation. Il est évident, dans ces conditions, que redéfinir les rôles de ces deux institutions reflète la nouvelle réalité géopolitique et économique. La crise a amplifié les déséquilibres mondiaux, et par là même le besoin de solutions globales.

Antonio Torrenzano

 

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Les chefs d’État et de gouvernement des pays du G20 ont renouvelé à Séoul leur engagement à travailler ensemble à la prospérité de la planète. La réunion a vu de fortes tensions entre les États-Unis et la Chine. Tensions qui ont empêché un accord économique contraignant sur les devises tandis que le dossier du déséquilibre du commerce international. Le communiqué diplomatique final affirme: « Nos efforts incessants de coopération ces deux dernières années ont donné des résultats solides. Nous devons cependant rester vigilants. Les risques persistent (…). Une croissance inégale et des déséquilibres croissants augmentent la tentation d’abandonner des solutions communes au profit d’actions non coordonnées ». Le communiqué final a été le résultat de douze heures de négociations diplomatiques pour ce qui concerne le petit compromis sur les monnaies. Compromis qui montre les tensions entre Américains et Chinois sur le yuan et le dollar. Le G20 appelle à «renforcer la flexibilité des taux de change», afin qu’ils «respectent mieux les fondamentaux économiques». Mais, aucun moyen ne forcera Pékin à apprécier plus sa devise.

Le dossier sur une nouvelle coopération macro-économique visant à résorber les déséquilibres des balances courantes, il reste très évasif. Cette question sera un chantier pour la présidence française du G20 qui devra définir, au premier semestre 2011, avec le travail du Fond monétaire international, de nouveaux indicateurs permettant de juger si un excédent ou un déficit courant est excessif ou non. «Cela ne sera pas facile, a affirmé le président de la République Nicolas Sarkozy. Croyez-moi! Le G20 des temps de crise a accompli un travail considérable; le G20 d’après crise doit apporter des réformes structurelles ». Toutefois, au lieu de fixer des objectifs et des sorties certaines pour un retour à l’équilibre, le sommet de Séoul se contente de charger le FMI de développer et approfondir des indicateurs acceptables par tous et destinés à déterminer à partir de quel niveau d’excédents ou de déficits un pays devient dangereux pour les autres. L’accord de Bâle III, en revanche, qui consolide les fonds propres et les liquidités des banques, a été approuvé.

De sa part, le directeur général du Fond monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, a qualifié cette réunion du G20 comme « le premier G20 de l’après-crise » en soulignant toutefois que la crise n’était pas du tout terminée. Le forum du G20 trouve encore sur sa table de travail les problèmes qui ont provoqué la crise en 2008 : excès de crédit, d’exportation, de consommation et les déficits budgétaires. La prochaine réunion du G20, sous la présidence française, se déroulera à Cannes en novembre 2011.

Antonio Torrenzano

 

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Avant le sommet de Séoul, le G20 avait déjà tenu quatre rencontres : à Washington, le 15 novembre 2008, à Londres le 2 avril 2009, dans la ville de Pittsburgh les 24 et 25 septembre 2009 et à Toronto les 26 et 27 juin 2010. Il faut encore rappeler que le G20 regroupe les pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne Grande-Bretagne, France, Italie et Canada), du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), ainsi que l’Union européenne, la Turquie, l’Australie, l’Argentine, le Mexique, l’Arabie Saoudite, l’Afrique du Sud, l’Indonésie et la Corée du Sud.

Les résultats du sommet de Toronto, cinq mois après, peuvent se résumer par la même déclaration officielle des pays membres : unis pour soutenir la croissance, mais divisés sur les meilleurs moyens pour consolider les faiblesses de la reprise économique mondiale. La déclaration officielle a été donc une preuve de bonne volonté dialectique à coordonner les politiques à l’échelle planétaire, malgré les désaccords. La formule diplomatique utilisée : «Nous avons reconnu qu’il existe une série d’approches stratégiques à cet égard. Certains pays ont choisi une taxe financière. D’autres ont adopté une approche différente » souligne de façon claire ces maigres résultats.

Quels seront-ils alors les thèmes à l’ordre du jour du sommet du G20 à Séoul ? Le sommet aura principalement deux orientations. La première concerne les sujets qui sont toujours en discussion depuis le sommet de Pittsburgh : une nouvelle coopération macro-économique parmi les États, la réforme des systèmes de réglementation financière, la réforme des institutions financières internationales. Les institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale, elles se sont réévaluées pendant la crise financière. Mais, la structure dominante de ces organismes donne encore la priorité aux pays développés qui est l’un des objets de la réforme. Fondées en 1945, ces institutions ne reflètent plus la structure contemporaine de l’économie internationale et on discute désormais de nouveaux parcours pour faire obtenir un nouveau rang aux pays en développement dans la réforme interne de ces institutions.

Sur ces premières questions, l’Asie revendique son propre modèle de croissance et elle veut qu’il soit mieux représenté sur la scène internationale. Lors d’un débat organisé auprès du World Economic Forum à Tianjin au mois d’octobre (le Davos chinois), Cui Tiankai et son compatriote Zhu Min, conseiller spécial de Dominique Strauss-Kahn au Fonds monétaire international, ont insisté sur la nécessité d’avoir une meilleure représentation des pays asiatiques et africains tant au G20 qu’au Fond monétaire international. Selon eux, non seulement leurs modèles de croissance ont prouvé leur efficacité durant la crise, mais c’est surtout toute la philosophie occidentale et l’approche de l’économie de marché qu’il faut repenser de nouveau. Cui Tiankai a affirmé, pendant le même forum, «qui est important pour le G20 d’apprendre des pays asiatiques et non de continuer à appliquer des théories économiques dépassées».

La deuxième partie, en revanche, sera consacrée aux nouveaux thèmes proposés par la Corée du Sud pour que le G20 lutte contre la crise avec succès et sur les questions liées au développement des pays émergents et des autres nations qui ne sont pas membres du G20. Le sommet du G20 à Toronto en juin 2010 avait eu pour but d’obtenir des résultats concrets sur ses thèmes afin de montrer l’efficacité du groupe. Mais, pour qu’il devienne véritablement le premier forum, il est nécessaire au G20 de prendre en considération les pays qui ne peuvent pas participer à ces réunions internationales. Bien que les pays en développement aient un faible pouvoir économique au rang international, il n’y a aucun doute qu’ils représentent les nouvelles ressources pour la croissance de l’économie internationale. Par conséquent, l’aide à ces pays sera l’un des thèmes que le G20 de Séoul devra aborder pour une possible croissance durable de l’économie globale.

Antonio Torrenzano

 

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Le prochain sommet du G20 s’ouvre à Séoul du 11 au 12 novembre 2010 après la rencontre des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales qui s’est déroulée du 22 au 23 octobre passé. La Corée du Sud est le premier pays parmi les non-membres du G8 à organiser le sommet du G20. Alors que les trois derniers sommets se sont concentrés sur la lutte contre la crise économique, le sommet à Séoul devra cette semaine être un endroit de propositions pour les orientations futures. Cette réunion internationale se distinguera d’autres dans la mesure où les dirigeants traiteront de questions fondamentales comme le nouveau modèle à créer pour une croissance durable et équilibrée de l’économie internationale.

La crise dans laquelle nous nous trouvons depuis 2008 a encore plusieurs noms. Dans un premier temps, presque tous les médias l’ont appelée  « crise de subprime », après on a parlé de « crise Lehman » pour se concentrer sur l’événement principal de la panique financière, en Asie on parle simplement de « crise atlantique ». Pour Marc-Olivier Padis, rédacteur en chef de la Revue internationale Esprit, parler en Asie de crise atlantique, c’est aussi marquer les distances avec le monde occidental, le monde euro-américain et affirmer l’évolution historique de cette nouvelle ère. La création de richesse se déplace vers l’Asie et une période nouvelle s’ouvre. Les Pays émergents ne se voient plus comme des émergents, mais comme reprenant la place qui était la leur pendant un millénaire d’histoire économique : la première. La crise atlantique n’est pour eux qu’un épisode qui accélère leur retour au rang des principales puissances économiques. Pour l’Europe, en revanche, il y a une double prise de conscience : dans l’économie contemporaine, elle est en recul; vue d’Asie, c’est la fin d’une parenthèse historique. Dans la longue durée, en effet, la croissance européenne n’est qu’un cas parmi d’autres développements économiques et décollages de prospérité : l’Empire musulman (632-1005), la Chine de Song (960-729) ou encore la région de l’océan Indien aux XIIIes et XIVes siècles en sont d’autres exemples.

Le sommet de Séoul représente tout ceci. L’histoire économique de ces derniers trois ans a presque dessiné aujourd’hui cette nouvelle ère et ses effets géopolitiques : l’Asie et l’Amérique latine se développent jour après jour, l’Europe affiche toutes ses divisions, les États-Unis sont contestés dans leurs interventions. La mondialisation n’est plus un fait occidental. La crise économique a enfin un sens historique pour l’Occident : sa crise de légitimité vers toute la communauté internationale. Un proverbe chinois affirme: «lorsque souffle le vent du changement, certains construisent des murs, d’autres des moulins à vent ».

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Shirin Ebadi, avocate iranienne, écrivaine, prix Nobel pour la paix en 2003. Shirin Ebadi a été la première Iranienne à recevoir ce prix. En 1974, elle fut la première femme à devenir juge en Iran et a enseigné droit à l’université de Téhéran en particulier pour la défense des droits des enfants et des femmes, mais elle est aussi connue pour prendre la défense des dissidents. Pour son action politique, elle a obtenu le prix Rafto en 2001 avant d’obtenir en 2003 le prix Nobel pour la paix. Trois ans plus tard, au mois de novembre 2006, elle a reçu du président français Jacques Chirac la Légion d’honneur. En mars 2010, la Mairie de Paris l’a faite citoyenne d’honneur de la Ville. Elle est aussi membre de la fondation PeaceJam. Autrice de nombreux essais, traduits dans plusieurs langues étrangères, dont « Iranienne et libre : mon combat pour la justice », avec Azadeh Moaveni, traduction de Laure Manceau, Paris, édition La Dècouverte, 2006; « La cage dorée », traduction de Joseph Antoine, Paris, édition l’Archipel, 20010. Le dialogue a eu lieu à Rimini, près de la Fondation Pio Manzù pendant la XXXVIe édition des journées internationales d’étude au mois d’octobre 2010.

Antonio Torrenzano. Je voudrais commencer ce dialogue en vous demandant comment la pauvreté bloque la vie et l’avenir des individus. Quand on n’est plus capable, le mot “avenir” risque de devenir une parole vide.

Shirin Ebadi. Dans nombreux Pays de la planète, la pauvreté absolue est en train de modifier l’avenir des garçons et jeunes filles. La pauvreté est en train de modifier pour toujours leurs rêves. La pauvreté a créé une situation de haute vulnérabilité encore plus accrue par la crise économique et financière. Nous devons réduire de la moitié le numéro d’individus qui vivent en pauvreté, qui souffrent la faim. Aujourd’hui, la pauvreté emprisonne en esclavage presque 800 millions d’individus. Presque 400 millions sont des enfants. Nous sommes dans une situation critique dont effacer la pauvreté pourra avoir d’impacts favorables. Nombreux de pays ils sont dans cette condition très pénible. Nombreux d’individus ont perdu leur dignité et leurs Droits Humains. Je pense aux réfugiés, aux femmes, aux enfants. Le pire est pour les enfants qui ne disposent pas d’un accès suffisant à une alimentation proportionnée, à l’eau, à la sauvegarde de la santé, à structures hygiéniques. Les enfants sont le groupe le plus vulnérable parmi les vulnérables.

Antonio Torrenzano. Le dernier sommet financier du G-20 à Toronto, il n’a donné aucune réponse sur ces questions brulantes. Pauvreté, faim, violation de la dignité de l’homme, interdépendances nord/sud de la planète, malnutrition, tous ces problèmes sont-ils de questions oubliées.

Shirin Ebadi. Au rang mondial, il y a environ 400 millions d’enfants qui souffrent la faim. Dix millions d’enfants âgés au-dessous de cinq ans ils meurent tous les ans à cause de la pauvreté, de la malnutrition ou par d’autres pathologies corrélées. Plus des cinquante pour cent de ces décès, chaque année, sont causés par la pauvreté. Les enfants ne peuvent plus attendre. L’accès à une alimentation pour tous, c’est un Droit Humain. La vie d’un enfant a une dimension complètement différente respect à celle d’un adulte. Si nous n’apportons pas de changements au milieu humain planétaire dans des temps très rapides, chaque jour beaucoup d’enfants seront destinés à devenir adultes sans avoir reçu une assistance proportionnée, sans avoir pu disposer d’un milieu certain et protecteur dans lequel vivre. Pendant la crise financière, les 27 pays de l’Union européenne ont libéré presque de 1.600 milliard d’euros pour le crédit interbancaire afin d’augmenter la liquidité monétaire. Savez-vous, combien d’argent il suffirait pour éliminer les huit tragédies indiquées par les Nations Unies ? Il suffirait seulement le 1% de ces 1.600 milliards.

Antonio Torrenzano