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Conversation avec Stefano Zamagni, économiste, professeur à l’université de Bologne, membre de la Pontificale Académie pour les sciences sociales auprès de l’État du Vatican. Auteur des nombreux essais dont La cooperazione, Bologna, editions Il Mulino, 2008; avec l’économiste et prix Nobel Amartya Sen «Markets, money and history. Essays in honor of Sir John Hicks», Cambridge (UK), Cambridge University Press, 2008; «L’economia del bene comune», Roma, Città Nuova, 2007; «Time in Economic Theory», Aldershot, Elgar, 2004. Le dialogue a eu lieu à Reggio Emilia, au mois de septembre 2009, pendant le 1er festival franciscain.

Antonio Torrenzano. Sa sainteté Benoit XVI a affirmé dans sa dernière encyclique «Caritas in veritate» que l’humanité mondialisée a besoin de règles et de valeurs.

Stefano Zamagni. J’espère que le capitalisme occidental ne continuera plus à exclure l’économie solidaire et ses valeurs: c’est-à-dire, ceux de la gratuité et de la charité. Si le capitalisme libéral continue à ignorer ces valeurs, celui-ci sera destiné à imploser. La crise dans laquelle est tombée la planète ou les nombreuses injustices qu’ils serrent les individus du Nord et du Sud du monde, ils soulignent déjà cette faillite. Sa Sainteté Benoit XVI dans sa dernière encyclique indique un modèle précis auquel regarder : l’utilité sociale et le respect de la dignité de chaque individu. Des valeurs très différentes par rapport à la maximisation du profit et à la capacité de rendement à l’intérieur des usines. À ce propos, nous avons déjà des exemples concrets : l’économie sociale, le monde des organisations sans but lucratif, les coopératives. L’activité économique et sociale de ces sujets indique déjà cette direction. Une réalité qu’aujourd’hui en Europe pèse le 10 % du Pib européen et il occupe le 6 % de la main-d’oeuvre.

Antonio Torrenzano. Après l’assemblée générale des Nations Unies, après le sommet de Pittsburgh, la communauté internationale a-t-elle compris l’urgence d’un nouveau système de rapports internationaux ?

Stefano Zamagni. Je crois qu’il y ait encore au moins trois propositions concrètes à développer au-delà de celle-là formulées par les vingt Chefs d’État et de gouvernement à Pittsburgh: ajouter au Conseil de sûreté des Nations Unies un organisme similaire qui s’occupe de problèmes l’eau, de la nourriture et de la santé pour tous les individus. Si nous avions déjà été cet organisme en mesure de fonctionner, nous n’aurions pas eu encore des individus morts pour la faim ou les spéculations financières sur les grains de l’année 2007. La deuxième proposition est celle de créer d’autres deux Agences techniques mondiales pour ce qui concerne les migrations humaines et l’environnement. Dans ces deux domaines, ils servent tutelles, règles, vérifications et sanctions. La troisième et dernière proposition concrète est celle de faire travailler à côté de l’assemblée des Nations Unies une autre assemblée formée par des ONG, des fondations, des institutions de l’économie solidaire. Non pour discuter à l’infini, mais pour décider et pour gouverner les procès urgents avec solutions rapides et définitives.

Antonio Torrenzano. Pour le marché du travail est un moment critique. Où va-t-on ?

Stefano Zamagni. Sa sainteté Benôit XVI s’est rendu compte que la logique de la maximisation du profit est en train de porter la société occidentale à l’affirmation du mythe de la capacité de rendement contre la dignité de l’Homme. L’individu non plus efficace économiquement, il devient marginal. À ce propos, je rappelle un des derniers discours prononcés par Jean Paul II, au mois de novembre 2004, dans lequel Pape Karol Woytila soulignait que : «la logique de la maximisation du profit et la théorie de l’efficacité managériale sont inhumaines autant que celle contre la race, la religion ou la maladie ».

Antonio Torrenzano

 

 

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Conversation avec Mario Monti, économiste, professeur d’économie et management, président de l’université Bocconi de Milan depuis le 1994. En 1994, il a été nommé à la Commission européenne en qualité de commissaire pour les secteurs « marché intérieur, services financiers et intégration, droits de douane et taxes ». Quatre ans plus tard, dans son deuxième mandat, sous la présidence de Romano Prodi, il a été commissaire responsable de la concurrence jusqu’à l’année 2004. Il a été aussi membre de différentes institutions de l’État italien, dont celle du Ministère du Trésor pour ce qui concerne le système du crédit. À présent, il est membre du groupe de réflexion «Europe 2020-2030», fondé par le Conseil européen et présidé par l’espagnol Felipe Gonzales et membre du think tank européen Bruegel fondé en 2005. Le dialogue a eu lieu à plusieurs reprises dans les villes de Bologne pendant un séminaire près de l’université américaine Johns Hopkins au mois de mai, à Rome au mois de septembre et à Milan près de l’université Bocconi pendant un autre séminaire au mois d’octobre 2009.

Antonio Torrenzano. Après l’assemblée générale des Nations Unies, après le sommet de Pittsburgh, la communauté internationale a-t-elle compris l’urgence d’un nouveau système de rapports internationaux ?

Mario Monti. Je constate à présent qu’il y a des phénomènes d’intégration régionale comme l’Union européenne où il transparaît la conscience que les États ne sont pas plus aptes à exercer leur souveraineté sur toutes les questions devant à la mondialisation. Au-delà de l’Union européenne, je note qu’aussi le G20 a la même orientation. La communauté internationale travaille pour qu’une institution mondiale ait une vraie autorité et la capacité de décision politique sur sujets qui concernent désormais tous les individus de la planète. La crise a fait percevoir à une grande multitude d’individus que l’ancien système financier était sans des règles et surveillance. L’opinion publique a compris ce qu’elle ne voyait pas avant. La crise est devenue alors l’exemple qui a fait comprendre les pervers mécanismes du système. La récession économique nous a montré au contraire que l’économie de marché ne peut pas être soutenable par l’ancienne vision. Maintenant, nous devons affronter tout de suite les problèmes inhérents aux extrêmes inégalités.

Antonio Torrenzano. Et sur les questions éthiques ?

Mario Monti. Le débat sur les valeurs éthiques reste l’objectif prioritaire de cette nouvelle phase historique. À cause de cette crise, l’éthique est entrée diffusément dans presque tous les documents d’institutions et des banques. Ces institutions ont compris que l’éthique est à la base de chaque action et de chaque décision parce que les valeurs éthiques ne sont pas de règles extérieures à la finance ou plus en général au marché économique. Sur ces principes, tout le monde est en train de converger.

Antonio Torrenzano. Sa sainteté Benoit XVI a affirmé dans sa dernière encyclique «Caritas in veritate» que l’humanité mondialisée a besoin de règles et de valeurs.

Mario Monti. Je trouve très important que l’Église affirme que la dignité de l’homme en économie doit être défendue. Dans les dernières années avant la brutale circonstance du crack financier, nous avions assisté à deux situations contradictoires : d’une part l’élaboration de phénomènes exagérés dans le marché financier avec des actions sans aucune vérification ; de l’autre côté à une rapide croissance d’un volontariat diffus et de l’économie sociale. L’économie sociale s’est énormément développée dans ces dernières années et cette croissance nous indique qu’au-delà de «l’homo oeconomicus» il y a aussi un «Homme» qui veut vivre autrement.

Antonio Torrenzano

 

 

* Un particulier remerciement au Service audiovisuel de la Commission européenne pour l’image de Mario Monti.

 

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Il y a un an, la chute de la banque américaine Lehman Brothers venait tout juste de se produire. L’activité économique partout dans le monde commençait à tomber en chute libre et l’incertitude cédait le pas à la panique. Par rapport à la crise, les États de la communauté internationale ont uni leurs forces pour affronter les problèmes communs avec de nouvelles solutions avec un nouvel esprit de solidarité, mais concernant le chômage nous nous trouvons dans un moment critique.

L’histoire des crises précédentes démontre que l’impact sur le chômage est décalé par rapport à la reprise elle-même et les dernières prévisions confirment à ce titre le maintien d’un chômage élevé jusqu’en 2011 inclus. L’incertitude des chômeurs vers l’avenir est évidente. La dignité de chaque individu est blessée autant que la dignité de leurs familles. À présent, nous devons absolument saisir cette occasion pour repenser le monde d’après la crise pour ce qui concerne les marchés du travail. Marchés du travail qui sont pris en tenailles par la crise.

La crise n’est pas finie. La reprise sera très molle et la demande privée n’est pas encore suffisante pour s’entretenir d’elle-même. Sur le front de la demande, la consommation est encore timide surtout dans les pays où les bilans des ménages restent fragiles. Dans ce panorama, le manque de travail risque d’être tenace et, même si la croissance repart, il faudra du temps pour que l’emploi fasse la même chose. Les enjeux sont particulièrement élevés pour les pays européens et pour les pays de l’OCDE qui devraient doubler au cours des dix-huit prochains mois le taux en pourcentage de chômeurs.

La même organisation estime presque 50 millions de personnes tombées dans la misère à cause de la crise dans le continent européen. Compte tenu de l’insuffisance des anciens moyens de protection sociale à l’ère de la mondialisation, ce n’est pas seulement de hausse du chômage ou de baisse du pouvoir d’achat qu’il s’agisse ici, mais vraiment d’une question de vie ou de mort. Il est indispensable de mettre au point des stratégies de sortie crédibles aussi pour le marché du travail avant qu’il est trop tard pour les appliquer. Je pense encore qu’une autre société est possible et je reste par un intérêt commun à ceux qui envisagent un avenir différent. Mais l’expérience nous a montré – affirme Jean-François Kahn – que la seule autre société possible est celle qui émerge de la société existante et en fait germer les plus prometteuses semences. On espère !!!

Antonio Torrenzano

 

 

* Un particulier remerciement au photoreporter Claudia Dias pour l’image.

 

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Conversation avec Richard Sennett, économiste, sociologue, professeur à l’université de New York et à la Londoin School of Economics, également romancier et musicien. Poussé vers la sociologie par Hannah Arendt, il reconnait l’influence de Michel Foucault sur son travail. Il est fondateur avec Susan Sontag et à Joseph Brodsky, auprès de l’université de New York de l’institut for the Humanities. Comme conseiller a travaillé pour l’UNESCO et il a été président de l’American Council on Work. Ses analyses conduisent dans un premier temps à la vie ouvrière en milieu urbain, abordent des questions d’architecture, puis élargissent son champ à l’étude de la corrosion du caractère induite par l’instabilité des parcours professionnels dans le capitalisme flexible. Il se fonde sur les récits de vie, notamment de travailleurs condamnés à la mobilité qui ne leur laissera pas la possibilité de nouer des liens durables. Il a pour épouse la sociologue Saskia Sassen. Richard Sennett est conseiller du Président des États-Unis Barack Obama. Auteur de nombreux essais traduit dans plusieurs langues étrangères, le professeur Richard Sennett s’est toujours intéressé de l’identité et des classes sociales dans la société moderne dont «Les Tyrannies de l’intimité», Paris, Seuil, 1979; «La Famille contre la ville : les classes moyennes de Chicago à l’ère industrielle 1872-1890, Paris, Encres édition, 1981 ; «Palais-Royal» , Albin Michel, 1988; «La Conscience de l’œil : urbanisme et société» , Verdier, 2000; «Le travail sans qualité : les conséquences humaines de la flexibilité», Albin Michel, 2000; «Respect de la dignité de l’homme dans un mode d’inégalité», Albin Michel, 2003. Hachette, 2005;« La culture du nouveau capitalisme», Paris, Albin Michel, 2006. Son nouveau livre en langue anglaise «The craftsman» a été publié en 2009 dans le marché éditorial anglo-saxon. Le dialogue a eu lieu à Modène pendant le festival international de la philosophie au mois de septembre 2009.

Antonio Torrenzano.Un an après le début de la crise, le monde en a-t-il tiré les enseignements?

Richard Sennett. Nous vivons dans une économie qui produit de la richesse, mais elle détruit en même temps les qualités de chaque individu, sa créativité et ses savoirs dans le monde du travail. Le capitalisme jusqu’à la crise, il a eu seulement intérêt pour un profit de brève période et il a produit de stratégies de court terme. Ce capitalisme ne s’est pas préoccupé de la formation des travailleurs dans la longue période ou de l’imagination et des améliorations que les mêmes travailleurs pouvaient apporter au système. Au contraire, le système a renversé ces énergies seulement sur de la main-d’oeuvre au bas coût dans les économies émergentes surtout en Chine et en Inde. Dans mon dernier livre que je viens de publier («The craftsman»), j’ai essayé de voir s’il existe encore cette dimension artisanale dans ce système. Dimension artisanale qui pousse chaque travailleur à désirer une exécution parfaite et gratifiante dans son activité.

Antonio Torrenzano. Dans les interviews développés avec les travailleurs américains et anglais, quelles sensations émergent-elles ?

Richard Sennett. Les travailleurs dans leurs interviews affirment qu’ils travaillent beaucoup et toujours sous pression, mais en même temps qu’ils perçoivent leurs activités vides, dépourvues de sens, sans qualité. Il n’y a plus dans cette économie de l’espace pour un travail bien fait. Les interviewés font partie de la classe moyenne, ils ne sont ni riches ni pauvres. Ils sont de techniques spécialisés, ils travaillent à Londres autant qu’à New York, ils s’occupent de communication, de publicité, d’économie numérique. Par rapport à la crise présente, ils sont très préoccupés évidemment de perdre leur travail. Pourtant, en même temps, ils essaient une sorte de soulagement pour le fait que le système qui les a opprimés et dominés pour beaucoup de temps, il a subi un événement historique bouleversant. Ils regardent leur avenir avec de la préoccupation,mais ils désireraient trouver un travail différent, plus stable. Ils désirent changer de route et se libérer de la pression. L’aspect le plus intéressant, dont je suis en train de m’occuper, c’est qu’ils voudraient devenir artisans et retrouver un sens de satisfaction et récompense dans leur travail.

Antonio Torrenzano. Réécrire les règles de la finance peut être un premier pas. Mais reformuler l’entier système capitaliste en ayant comme objectif la dignité de chaque individu il me semble encore une chimère.

Richard Sennett. Nombreux économistes, ils ont raconté que le capitalisme mondialisé pouvait augmenter les possibilités de tous. Ce n’est pas vrai. À présent, je constate qu’une grande majorité d’individus se sent inutile, vidée, paupérisée des propres capacités. L’économie capitaliste que nous avons eue jusqu’à l’année passée a détruit le système de la rémunération, augmenté la discordance entre les revenus de dirigeants et celle de leurs subordonnés. C’est le drame de notre temps.

Antonio Torrenzano

 

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Au-delà de la déclaration politique finale consistante l’officialisation du G20 comme principal forum de coopération économique internationale, plusieurs questions restent encore sans réponse. La première: le G20 est une institution internationale sans statut, mais qui s’est réunie à trois reprises depuis novembre 2008 (Washington, Londres et Pittsburgh), avec de nombreux problèmes à régler pour ce qui concerne son organisation à l’intérieur. «C’est en 2010 que nous essaierons de discuter de la nouvelle architecture du G20», les dirigeants ont affirmé. Mais, quels pays devront-ils devenir membres? Encore à quelle fréquence devra-t-il se réunir le sommet ? Aux prochains sommets du G20, les économies émergentes participeront à la gouvernance mondiale, pourquoi les Pays en développement resteront-ils au dehors ?

D’autres questions pratiques restent en suspens: le G20 devrait-il comporter un secrétariat permanent de façon à assurer le suivi de ses travaux? Quel pouvoir aura-t-il ? Ses décisions auront-elles force de loi ? Comment ce forum économique international pourra-t-il faire respecter ces engagements vers les Pays membres ? Sur ces deux questions, le Fonds monétaire international, dont les décisions ont force de loi, gardera-t-il toutes ses prérogatives? À cette question, Dominique Strauss-Kahn, directeur général du FMI, ne cesse de le répéter.

Concernant le chômage, le pire est à venir. Mais de tout ça, la réunion n’a rien affirmé. L’expérience des crises précédentes démontre que l’impact sur le chômage est décalé par rapport à la reprise elle-même ; les dernières prévisions confirment à ce titre le maintien d’un chômage élevé jusqu’en 2011 inclus. L’Organisation internationale du travail (OIT) prévoit une augmentation du nombre de chômeurs de près de 59 millions d’ici la fin de l’année à travers le monde. Le chômage dans les pays de l’OCDE devrait globalement doubler au cours des dix-huit prochains mois et continuer d’augmenter, avec des taux à deux chiffres sur une grande partie de l’année 2011. Plus de 200 millions de travailleurs pourraient sombrer dans l’extrême pauvreté – surtout dans les pays en développement et dans les pays émergents, où les filets de sécurité sociale sont rares ou inexistants –, ce qui ferait monter le nombre total de travailleurs pauvres dans le monde à 1,4 milliard. Le chômage constitue aujourd’hui la principale menace à la reprise économique. Pourquoi alors la réunion de Pittsburgh n’a-t-elle pas pensé à organiser un sommet des ministres de l’Emploi du G20 à court terme consacré à l’impact sur l’emploi ? Pourquoi la réunion de Pittsburgh n’a-t-elle pas envisagé de créer un Groupe de travail sur l’emploi et adopter le Pacte mondial pour l’emploi, négocié par l’Organisation internationale du Travail des Nations Unies ?

Les marchés du travail sont pris en tenailles par la crise. Les taux de chômage ont continué d’augmenter et devraient atteindre des valeurs à deux chiffres dans l’ensemble des pays de l’OCDE d’ici la fin de l’année. Les jeunes, en particulier, sont frappés de plein fouet, avec des taux de chômage supérieurs à 20% dans plusieurs pays du G20. Les milliers de jeunes qui ont terminé leurs études l’été passé risquent fort d’être condamnés à l’inactivité. Compte tenu de la menace d’une crise prolongée de l’emploi, il faut définir d’urgence une stratégie de relance axée sur l’emploi et coordonnée à l’échelle internationale. Est-ce que le capitalisme occidental veut encore renverser ces énergies seulement sur de la main-d’oeuvre au bas coût dans les économies émergentes ? Si oui, pourquoi continuer alors de discuter de Droits Humains pour tous ?

Antonio Torrenzano

 

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Les pays du G20, réunis à Pittsburgh, aux États-Unis, ont établi à la fin de la troisième réunion les premières réponses par rapport à la crise économique et financière. La réunion a aussi dessiné les bases d’une nouvelle gouvernance économique et financière. Dans un communiqué final, le G20 s’est engagé à assurer un modèle de croissance mondiale plus équilibré. Situation économique mondiale: la nécessité de maintenir les plans de relance reste encore une priorité. L’amélioration de l’économie mondiale n’est pas encore suffisamment robuste pour baisser la garde. « Le sentiment de retour à la normalité ils ont affirmé,il ne doit pas nous conduire à un excès de confiance».

Réforme du système financier: le sommet s’est engagé à édifier un système financier international plus sûr, pour réduire les déséquilibres de développement. Pour ce qui concerne les banques, la réunion a prévu des normes plus rigides sur les fonds propres assurant leurs activités. Le G20 a aussi essayé de renforcer la régulation financière afin d’éviter une nouvelle crise. «Là où l’inconscience et l’absence de responsabilité ont entraîné la crise, ils ont affirmé dans le communique final, nous n’autoriserons pas un retour aux pratiques bancaires antérieures». Les règles retenues par le G20 pour encadrer les primes des courtiers reprennent point par point les normes françaises. En concret : pas de bonus garantis au-delà d’un an; un versement différé sur trois ans; introduction d’un «malus» en cas de contre-performance de l’opérateur de marché . La vérification de ces bonnes pratiques, elle sera de compétence des régulateurs nationaux,lesquels pourront imposer des sanctions. Les Européens ont également obtenu que des sanctions puissent être prises à partir de mars 2010 vers les paradis fiscaux qui n’auront pas signé les douze accords fiscaux aux normes OCDE.

Rôle des Pays émergents au sein du Fond monétaire international: les pays émergents auront plus de poids au sein du FMI : 5 % des parts de cette institution devraient changer de main, après une première réallocation de 2,7% déjà décidée en 2008. Le FMI devra encore jouer un rôle crucial pour promouvoir la stabilité financière mondiale et rééquilibrer la croissance. L’institution internationale devra encore surveiller les déséquilibres et promouvoir des recommandations de politique économique aux pays qui devront prendre des mesures correctives adaptées.

La réunion de Pittsburgh a décidé que le G20 deviendrait désormais le principal forum de la coopération économique internationale et ce forum substituera les réunions du G8. Les prochaines rencontres devraient avoir lieu en 2010 au Canada puis en Corée du Sud.

Antonio Torrenzano

 

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La prochaine réunion internationale du G20 se tiendra à Pittsburgh du 24 au 25 septembre dans la suite du sommet de Londres d’avril 2009. Pour deux jours, la ville américaine de la Pennsylvanie recevra le troisième sommet depuis celui de Washington et de Londres.

Plusieurs les thèmes à l’ordre du jour de la réunion internationale qui seront discutés par les Chefs d’État et de gouvernement parmi lesquels le renforcement de la transparence et la responsabilisation, l’amélioration de la bonne réglementation, la promotion de l’intégrité dans les marchés financiers, le renforcement de la coopération internationale, la réforme des institutions financières internationales, les progrès accomplis depuis le sommet de Washington et de Londres, faire le point sur le possible repris de la crise financière et économique mondiale. Douze mois plus tard au choc financier, les interrogations prioritaires portent sur la sortie de crise et la situation, encore extrêmement fragile de la conjoncture. Les réponses du sommet de Pittsburgh devront donc décider sur un certain nombre de réformes financières. Mais ces réponses, même si la chose est paradoxale, trouvent encore les résistances de sujets financiers et politiques des grands pays frappés par cet événement.

Pour ce qui concerne le financement complémentaire du FMI, les Allemands et les Français ont déjà publiquement proposé que l’Europe apporte 50 milliards d’euros de plus des 75 milliards déjà décidés, car l’objectif global fixé à Londres de 500 milliards d’euros de ressources supplémentaires n’est pas atteint. Le dossier du financement de la lutte contre le changement climatique sera également abordé. Le dossier sur le réchauffement de la Terre, par exemple, sera-t-il seulement une occasion d’énoncer de grands principes à Pittsburgh ? Ces possibles grands principes seront-ils appliqués à Copenhague pendant la prochaine conférence internationale sur le climat ? Le quotidien New York Times, dans ces jours, qui a eu accès à des documents préparatoires, a publié un article sur cette question, sous un titre sans équivoque : «Les documents pour Pittsburgh posent plus de questions qu’ils n’apportent de réponses ».

De nouveaux engagements concernant la coopération internationale sont aussi attendus par cette troisième réunion des chefs d’État du G20. Pour plus d’informations et pour suivre toute l’actualité en numérique: http://www.pittsburghsummit.gov

Antonio Torrenzano

 

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Conversation avec Jeremy Rifkin, écrivain, économiste, futurologue. Il est également fondateur et président de la Fondation pour les tendances économiques basée à Washington. Auteur de nombreux essais, publiés dans plusieurs langues étrangères, dont «Le rêve européen», Fayard, 2005; «L’économie hydrogène : après la fin du pétrole, la nouvelle révolution économique», La Découverte, 2002 ; «L’âge de l’accès : la vérité sur la nouvelle économie», La Découverte, 2000; «Le siècle biotech : le commerce des gènes dans le meilleur des mondes», La Découverte, 1998; «La Fin du travail», toujours aux éditions la découverte, 1996, et «Les apprentis sorciers : demain la biologie » écrit en collaboration avec Ted Howard), aux éditions Ramsay, 1979. Le livre «La Fin du travail», paru en 1995 à New York, est encore un livre à gros tirage aux États-Unis avant de rencontrer le même succès en Europe. Le dialogue a été développé à Reggio Émilia où Jeremy Rifkin a été reçu auprès de l’université de la ville et de Modène dans le printemps 2009.

Antonio Torrenzano. Je voudrais commencer cet entretien par le un votre essai paru en 1998 et titré «Le siècle biotech». Selon vous le XXIe siècle sera-t-il une époque des biotechnologies ou une période historique de l’information ?

Jeremy Rifkin. L’économie mondiale est en train de vivre une transformation bien profonde. De la mise en commun de l’informatique et de la génétique est en train de se manifester une puissance techno-économique qui sera le fondement du siècle biotech. Nos futurologues, nous avions défini par une manière trop restrictive le XXI siècle comme l’ère de l’information numérique. Désormais, les ordinateurs sont de plus en plus mis à contribution pour décoder et organiser l’énorme masse d’informations génétiques qui constituent la matière première de la nouvelle économie mondiale.

Antonio Torrenzano. Quelle nouvelle économie mondiale ? La croissance globale pour l’année 2009 est négative avec une dépression d’au moins 5% aux États-Unis et 4% en Europe. Cette crise n’est pas la première dans l’Histoire, elle est simplement la première qui est véritablement planétaire. Je me permets de vous souligner aussi que cette crise est la première de la mondialisation et elle explique très largement l’incapacité de la communauté internationale jusqu’à aujourd’hui à corriger la finance.

Jeremy Rifkin. La pensée libérale qui estimait le marché comme dernier arbitre final, elle est terminée. Pour moi, l’idée de laisser le marché et les consommateurs décider de notre futur était et c’est encore… la plus terrifiante des perspectives. Le reste dépend de nous ! L’avenir appartient maintenant à la nouvelle génération en particulier. Cette nouvelle génération devra poser des questions, débattre, faire entendre sa voix dans la rue, devant les tribunaux. Je ne suis ni optimiste, ni pessimiste. Je ne sais pas si la génération actuelle saura faire le bon choix. Mais je suis plein d’espoir. Il y a d’autres chemins pour amener le changement que de compter sur les institutions, qui entretiennent le statu quo. Le militantisme ne se limite pas à manifester dans la rue. Nous ne devons pas seulement formuler notre désaccord, mais aussi proposer une vision alternative. À bref, par exemple, le monde agricole sera le théâtre d’une confrontation très violente entre le Nord et le Sud de la planète.

Antonio Torrenzano. L’opinion publique peut-elle jouer un rôle important dans le changement ?

Jeremy Rifkin. Je pense qu’il n’y a pas encore d’opinion publique. Nous sommes dans une période de transformation bien profonde. Pourtant, chacun sent bien qu’un événement bouleversant soit en cours. D’une certaine façon, chacun devine que quelque chose de très profond dans mode de vie et notre manière de penser est confusément en train de changer. L’attention des citoyens est devenue beaucoup plus haute et le débat se développera très rapidement.

Antonio Torrenzano